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| On soufflera les maux (Cosima) | |
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Céleste Gainsborough;
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Nastya Kusakina WALDOSIA (avatar) Grisha, Virgil, Orphée, Messaline, Eleusis 303 969 33 Elle n’a d’yeux que pour son mari. Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet.
| Sujet: On soufflera les maux (Cosima) Mar 23 Fév - 10:40 |
| On soufflera les maux Un songe au goût d'alcool. Un songe lourd de sang ; d'un sang épais comme une boue. Alors le gisant attend que se délie ce songe, que s'allège et se calme son sang, et que le ciel et la terre coordonnent à nouveau leurs mouvements. Sa froideur provoquait l’exclusion, on lui parlait sans grande conviction, des paroles superficielles, pour être sympathique afin de lui dire, peut-être, qu’ils ne lui en voulaient pas. Céleste se connaît, un peu, elle sait qu’elle arbore cette distance implacable, une défense qu’elle s’est collée au corps, un corps tendu, un corps timide, un corps invisible. Recouverte de ses vêtements larges, ses longs cheveux nattés descendant sur ses reins, la femme ressemble à un ange livide et pâle, si blanche qu’elle disparaît sous le soleil d’hiver, plutôt chaud en cette saison où la neige devrait tapisser la terre. Et dans les pensées l’angoisse d’un changement soudain, une métamorphose qui balaierait les hommes, les destituerait de la planète. Une justice impénétrable. Une fatalité appréciée. Céleste s’est longuement demandé ce qu’elle faisait ici, sur cette terre, avant de rencontrer Césaire, ce qu’elle devait faire, quel était ce sens de poser dans les bras d’une mère un nourrisson. Il respirait, il vivait, il agissait. Parfois, quelques rares élus changeaient les mœurs, par leur écrit, par leur art, par leur provocation, par leur pensées, par leur idéal. Mais quel était le sens à tout cela, cet maelstrom que l’on nommait vie faute d’un mot plus précis ? Céleste marche, elle ne regarde rien. Ni les hauts monuments qui s’exhibent, ni les passants sur la chaussée. Elle n’entend pas les cris des bambins ni les discussions sur le pas de la porte des voisins.
Plongée dans ses ruminations, elle se dirige vers une maison inconnue, rendre visite à une amie de longue date. La femme ne se considère pas comme rigoureuse, enfermée dans un monde solitaire, les journées sans lui, elle construit ses heures de musique et de peinture, cette passion, cette respiration, pour l’art. Créer se répète-t-elle chaque matin semble bien mon salut à cette société de misère. Elle arrive, hésitante, observe les lieux, repère une issue. Sa profession d’antan lui a permis de gérer une angoisse, celle de la mort, par des détails. Une sortie rassure. Elle risquerait de faire perdurer le silence par son aura macabre, celle qui se dégage d’elle quand elle s’assoit toujours éloignée des autres. Ils sentent le doute, ils sentent le manque de confiance et, beaucoup, l’ont inlassablement réprimandé, impose-toi Céleste avant que quelqu’un ne le fasse pour toi. Dieu que cette discipline et ce milieu dans lequel tu travailles doit être conquis par la persévérance et les bruits. Son ancien mentor fronçait ses sourcils, semblait peiné par la discrétion de ce jeune talent. Je ne comprends pas Céleste, tu as piraté avec brio notre site, tu as récupéré des informations capitales mais tu es incapables de te soulever contre la connerie de Gérard.
Elle sonne, patiente. Des pas s’arrachent au mutisme, il y a dans cette villa luxueuse une personne qui combat la fatigue, qui combat les tourments, il y a les pas précipités, traversant les pièces pour ouvrir la porte, défigurée par les cicatrices, par ces plaies du passé, Cosima l’accueille avec le sourire mordoré de l’insomnie. Céleste ne recule pas mais ne semble pas vouloir pénétrer l’immense demeure sans l’autorisation de son ancienne collègue, par respect pour sa tristesse, se maintenir à distance. « Si ce n’est pas le moment Cosima je peux revenir plus tard. » Malgré le doute d’elle-même les paroles ne tremblent jamais, elle a appris à poser un ton neutre, doux, bienveillant, pour chacun. Dans le regard de Céleste se mélangent l’inquiétude, la préoccupation, la compassion. Elle pénètre enfin, suit Cosima dans la cuisine, enlève son manteau, s’installe près de la table. « Tu ne te sens pas trop seule ici ? » Pour s’échapper à l’émotion qui l’étreint et qui ne lui appartient pas, Céleste questionne toujours. Rationaliser empêche l’énervement. Céleste pose ses mains sur le bois, toujours le regard rivé sur Cosima.
(c) corvidae |
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| Sujet: Re: On soufflera les maux (Cosima) Ven 2 Avr - 15:18 |
| On soufflera les maux Avec une rage infâme, elle a jeté la robe rouge qu’elle portait lors de l’étreinte, elle s’est douchée par trois fois en une mécanique maniaque comme pour se laver de ses torts et pourtant, aucun regret n’est venu la tourmenter. Aucun si ce n’est celui de ne pas avoir su le retenir avant qu’il ne s’en aille. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas été tenu dans les bras d’un homme, qu’elle n’avait rien senti en elle que ses propres caresses dans la défonce, le brouillard la laissant chuter dans l’agonie d’une extase qu’on oublie vite et qui n’excite plus grand chose une fois qu’elle est passée. Femme aux besoins viscéraux, elle se mire dans la psyché embuée, les cheveux humides, la rage plein les prunelles, le blanc éclatée par l’héroïne dont elle manque évidemment, amaigrie, laide et brûlée. Voilà ce qu’il a touché et voulu et elle manque de vomir à nouveau, comme elle le fit une fois qu’elle fut seule. Elle manque de se laisser tomber pour hurler car elle est imbibée de cette furie rouge qu’il faut sortir dans la violence pure. Frapper quelque chose pour ne plus ressentir. Alors elle a bousculé la pièce dans laquelle elle s’est perdue auprès de Médée, renversant statue et objets divers dans une frénésie qu’on ne peut soupçonner quand on la voit apparaître. Elle est d’un faux calme qu’on croit ne pas savoir briser, que sa voix douce et délicate, comme de l’eau douce, ne saurait laisser percevoir toute la hargne de la fille des rues qu’elle fut un jour, des poings capables de s’user contre les visages, des cadavres que ses yeux noirs ont vu, de la misère, de la gerbe qui s’amoncelait dans des cellules, de la crasse humaine qui pouvait tacher les vêtements des allégories de parents qui voulaient d’elle pour un chèque. Elle était l’enfant trimballée de famille en famille jusqu’à ce que les Black veulent bien d’elle et l’apaisent, tant bien que mal.
Tous les beaux atours du monde n’aurait pu lui enlever cette aura de violence, cette manière parfois brutale et froide d’affronter le monde et de le détruire par sa franchise aiguisée. Elle voulait haïr le monde et s’est mis à l’aimer aux côtés d’une mère mélancolique mais qui dessinait de jolies choses sous ses doigts qui effleuraient avec une ferveur paradoxale les touches d’un piano. Et elle en pleurait, de joie, de détresse face à cette passion qui animait sa mère, véritable artiste capable de l’aimer, capable d’aimer vraiment même avec retenue. C’est bien tout ce que l’enfant voulait et elle l’eut. Elle l’eut jusqu’à tout disparaisse et que sa vie parte en brumes roses et grises sous les flammes. Dans un mouvement fiévreux, elle se détourne d’elle-même, s’appuyant contre le lavabo où elle a manqué de déverser sa bile, résistant à la piqûre. Elle refuse que Céleste la découvre sous un plus mauvais aspect encore, ses doigts blessés par sa rage passée l'inquièteront bien assez. Si les plaies picotent, elle n’en sent pas grand chose lorsqu’elle s’habille enfin de ce grand pull dont le col noir cache une partie de son cou embrassé par l’incendie mais qu’il embrassa malgré tout. Elle ferme les yeux, se refusant à céder aux réminiscences de la nuit qui est passée, voulant affronter la réalité et la visite angélique sans flancher, sans être trop fébrile. Finissant de boutonner son jean, elle soulève la tête lorsqu’elle perçoit le gravier s’agiter sous les pas de quelqu’un. Céleste a le pas léger et elle semble toujours aussi belle même de loin, même au-delà des limites des murs. Quelque chose en elle sourit à la place de ses lèvres, son visage fatigué ne pouvant exposer grand chose. Entre elles est née quelque chose qui s’approche d’une amitié qu’elle ne pensait pas pouvoir tisser auprès d’une femme qui semblait détacher du monde autant qu’elle, obsédée par son travail, autant qu’elle et si Céleste portait bien son nom, semblant toujours plus proche de la Lune que de la terre ferme, la fille Black était celle qui foulait le sol avec la vindicte d’un soldat, qui n’a jamais hésité à se plonger sur le terrain. Lorsque l’on a tout perdu, on n’a plus peur de grand chose.
Et pourtant, la voilà qui tremble de ne pas paraître ni présentable, ni encore digne de son amitié lorsqu’elle ouvre enfin la porte d’une antre ne lui appartenant même pas. Elle a laissé la femme de ménage nettoyer le salon, toutes les pièces mais a fermé à clé la pièce où elle a laissé toute sa furie se déverser en tsunami d’émotions et face à la pâle apparition, elle esquisse un sourire qui ne perdure pas, faisant se plisser les poches sous ses yeux, secouant déjà la tête « Non ! Non, ça va aller. Reste, s’il te plait. » Elle ne veut pas supplier mais la voilà incapable de la laisser repartir tout de suite, elle refuse d’être seule, elle refuse d’être taraudé davantage par tout ça, son arme en évidence sur la tablette près de l’entrée, comme une menace pour les premiers qui voudraient entrer et elle en saisit la crosse pour la ranger dans le holster qui ceinture ses hanches, en un geste qui vient de l’habitude. La guidant, gênée, jusqu’à l’immense salon silencieux, elle se détourne face à cette question, le jour filtrant au travers de toutes les baies vitrées qui les encerclent et qui laissaient venir le bleu de la piscine qui dort désormais. James est parti et il a prit avec lui bien plus que ces quelques soupirs. Elle n’ose même pas lui proposer de s’asseoir là où ils s’étreignirent, lui proposant plutôt la cuisine d’un signe de la main « Je … Non, ça va. » D’un placard, elle déloge deux verres avant de cesser tous ses mouvements, se trouvant alors bien idiote de mentir, comme par automatisme, esquissant un sourire amer « Enfin, si … J’me sens affreusement seule. » Et elle pourrait pleurer mais ne le fera pas, élevant ses yeux vers Céleste, la scrutant pour enfin se déloger de son propre mal-être « Toi … Comment tu vas ? Vraiment. » Car elles ne sont pas là pour se raconter quelques bobards autour d’un verre. Elle refuse d’entretenir des amitiés stériles où les confidences sont interdites. Tout peut se dire à son oreille, tout car elle serait bien incapable de juger. Ayant ganter sa main brûlée de cuir, elle s’adosse contre le plan de travail, croisant ses bras sous sa poitrine, comme elle pouvait le faire lors des réunions qui réunissaient leurs deux unités. « Merci. Merci d’être venue. » Abaissant les yeux et la tête, ses cheveux bien courts suivant le mouvement contre sa joue, elle avoue alors « J’ai couché avec un homme. Et je crois que c’est l’ex d’une fille avec qui j’ai couché aussi, y'a quelques jours. » Et la réalité s’emballe, la ramenant à ce début de soirée étrange, secouant la tête « Céleste, il … Il est entré comme ça. Il est entré par effraction chez moi et je l’avais d’jà vu avant ça. Et j’savais qu’il était important pour elle, pourtant … Pourtant, j’ai rien fait pour lui résister. » Si la tristesse emprunte le chemin de son visage qu’elle détourne, elle expire un rire qui se moque d’elle « Alors, si tu vois, j’me sens tellement seule que je fais que d’la merde. J'suis même communément ce qu'on appellerait une salope. » Un silence. Un long silence avant qu’elle ne demande, ses yeux n’osant toujours pas s’exposer à ceux de celle à qui elle confie ce qu’elle peut « T’as jamais eu la sensation de frôler la folie et de ne pas savoir comment t’en reculer ? »
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