(eli) les maux du coeur

Les doigts qui poussent la porte, ce théâtre qui en camoufle trop. Des corps à vendre, des corps à donner. Il n’aimait que celui de sa muse, de sa douce, mais elle a crevé entre ses doigts par sa faute. C’est la tourmente dans sa tête, dans son coeur et il joue avec sa vie Teodor. Il n’en a qu’un et il s’amuse à tester les limites. La mort qui ne veut pas de lui, malgré les conneries. Se crever pour la retrouver, mais il faut croire que la vie veut encore de lui.
Il le cherche lui. Eli. Un gamin dont il prend le corps. Un petit dont il goûte les lèvres tendres, mais rien de plus. Que de nuit voler. Que lui pour oublier, pour la faire partir de sa tête. Les mots qui ne viennent plus, les papiers qui traînent dans son appartement. Personne pour observer les décombres de son univers. Des carcasses d’alcool, des cigarettes sur le sol et des papiers froissés.

Il entre, les bruits se percutent au tympan et à la tête encore douloureuse de la veille. Ça cogne. L’alcool fort dans le fond de la gorge. Cet endroit, il n’y aurait jamais mis les pieds, mais maintenant ça ne lui importe plus. Elle n’est plus là. Il n’a plus rien pour le retenir.
Il connaît le chemin, ce n’est pas la première fois qu’il foule le plancher de la maison close. Ce n’est pas la première fois qu’il vient prendre le corps d’Eli, le poète perdu. Il ne sait pas pourquoi. Il ne se pose plus de question l’écrivain raté. Un souffle. Les yeux qui contemplent les formes, les filles qui se font belles dans cet endroit malsain. Les femmes enfermées pour exploiter leurs corps. Ca l’aurait rebuté par le passé, mais maintenant il est un fidèle client. Eli, il ne le voit qu’ici. Pas autre part. Pas dans son semblant d’appartement. Pas dans sa vie à lui. Il ne mélange pas les choses. Les attaches, ce n’est pas pour lui. Parce qu’il ne peut plus perdre personne, parce qu’il n’a plus envie de ressentir ce foutu vide dans le fond de son âme.

Il pousse la porte d’une petit pièce, une chambre simple et l’odeur des rapports charnels viennent lui percuter les narines. Les billes sombres qui se posent sur le corps, le visage qu’il détaille. - Salut. Rien de plus. Pour dire quoi? Le poète ne parle pas de sa vie, les mots lui semblent fades et intéressants. Il n’a rien à dire. Il ne veut rien dire. La paume se pose sur le bois afin de fermer la porte et se retrouver dans cette étrange intimité. Qu’est-ce qu’il fait là Teodor? Les pas sur le sol afin de s’approcher et il se pose sur le bord du lit. Il est ici pour une chose, il faut croire. Pour tenter de ressentir, pour tenter de survivre à ce foutu enfer qu’il a créé de ses mains. Ce serait plus simple de passer à autre chose, de refaire sa vie, mais il n’y arrive pas. Les mots perdus qui ne reviennent pas, qui ne reviendront pas. - J’ai vu que tu n’étais pas occupé, alors je suis rentré. Il est tôt et il ressent encore les séquelles de la veille, de son abus d’alcool. Il n’a pas dormi Teodor, que les rêves d’elle pour l’empêcher de rejoindre les bras de Morphée.

Les billes qui observent les formes du corps qu’il commence à connaître sur le bout des doigts. Que des manques d’inspiration, que des manques de tout pour survivre à cette vie. Il ne veut pas, mais elle se joue de lui, elle désire le garder entre ses bras.
Il bouge, il déambule, il se pavane devant les yeux du mort-vivant. Il se contente de rester assis, alors que la scène se déroule sous ses yeux.
Le froid contre son torse, mais le corps qui ne réagit pas. Ce n’est pas la première fois qu’il joue avec sa vie et la majeure partie de son être désire disparaître de cette planète. Il crevait d’envie que ce dernier appuie sur la gâchette. Ça lui faciliterait la tâche. Teodor, il ne réagit pas. Il devrait avoir peur, mais ce n’est pas le cas. Que le échos de la mort dans le fond du torse, dans le fond de la poitrine.

j'ai un cadeau pour toi. La scène bouge, elle change et elle se transforme en quelque chose d’autre. Il a envie de rire, parce qu’il ne comprend rien de ce qui est en train de se produire. Parce qu’il ne comprend plus rien depuis quatre ans, depuis qu’elle ne fait plus partie de sa vie. Sa muse. Sa femme. La bague qu’il garde à son doigt parce qu’il n’arrive pas à se défaire du passé. Il ne sait plus vivre dans le moment présent, mais que dans les souvenirs, que dans la foutue tristesse. Il n’a plus la force de s’en défaire. - Pourquoi donc aurais-je droit à un présent? Il ne comprend pas. Un client comme les autres. Un con qui vient prendre ce dont il a besoin pour se sentir en vie, mais ça ne suffit pas.
Le papier qui vient se loger dans la veste et le tissu qui vient se percuter sur le sol. Les sensations du corps qui lui semblent encore engourdis, qui lui semble ainsi depuis trop longtemps. Il ne contrôle plus rien. Il ne sait plus rien.
Maintenant, il n’a simplement pas envie de ressasser les fantômes du passé. Elle. Sa femme. Sa perle. Sa muse.
Ici. Maintenant. Ce lui permet de penser à autre chose. - Est-ce que j’aurai au moins droit à un indice? ou tu me garde dans le mystère absolu? Sourire en coin. Le visage qui se déforme un moment parce qu’il ne sait plus sourire, parce que cela ressemble plus à une grimace qu’autre chose.

De si près, il sent le parfum familier. Ses paumes se laissent prendre au jeu de venir se perdre sur l'épiderme pendant un moment pour en goûter la saveur. Un souffle. Son coeur qui vacille un moment. Cette impression de pouvoir respirer, ce vide qui vient prendre place au fond de l'estomac. Parce qu'il ne ressasse pas le passé, parce qu'il ne se joue pas ce scénario sans cesse. Les yeux qui observent, les yeux qui demandent et le corps qui se lève pour venir réduire la distance entre eux. Que le néant pour les séparer. Que la distance qu n'existe plus pendant un moment.
Le bouche qui se perd dans le cou. Quelques baisers volatiles. Quelques bout de peau volés pour oublier, pour ne plus penser à lui. Foutu égoïste de service. C'est ce qu'il est maintenant. Un trou sans fond. Impossible à combler. Impossible à remplacer. 

faut croire que t'es spécial. faut croire que t'es spécial. ll ne l’est pas. Que les échos d’un passé dans la tête. Semblant d’homme en quête du passé. Que le vision déformé sur la réalité pour guider ses pas, ses actions. Des conneries, il ne pense plus correctement. Il tente d’oublier, alors que ls regret le ronge encore. Que des conneries à faire, que des conneries à donner. Teo, il pense qu’à lui seulement, parce qu’il est triste. Le pauvre.
Il demande, mais les mots ne viennent pas, les réponses reste en suspens et lui, il a besoin d’oublier les sensations, les émotions. Parce qu’en même temps, ca lui fait un mal de chien d’être sans elle. Il agit en con. Il agit en égoïste.

Cette envie d’apprécier, mais le corps est amorphe. Pousser la limite, la limite de son corps. Pendu à la vie comme un damné, incapable de s’en détacher réellement. Que des foutus conflits intérieurs. La fausse douceur des draps viennent caresser le dos. Ce moment où le corps oublis, ces moments pour repousser les limites. Ca lui fait oublier, un peu. Des mains qui se baladent sur le corps. Il ne dort plus depuis des mois, les fantômes dans la tête qui le hante. chercher invraisemblablement à ne plus y penser pendant un instant. C’est ce qu’il fait ici. Les paumes qui demande, le corps qui vient chercher. Moment en suspens dans le temps.Où il ne pense plus, où il ne vit plus vraiment. Les baisers, les corps qui s’agitent.
Pourtant, la réalité des remords, elle revient toujours hanter la tête.
D’elle.
Il se détache Teo. La bague au doigt, la brûlure maudite dont il ne se détache. Le passé dans les pensées. - J’aurais surement pas dû venir
Pourquoi? Parce qu’il est con. En même temps, il ne sait pas vraiment ce qu’il fait là.