(hot) les yeux revolver. (carmin)

☆ ☆ ☆
{ les yeux revolver }
crédit/ tumblr ☆ w/@Carmin Fletcher   

Et je ne sais pas ce qui restera,
demain matin, quand on se réveillera,
que peut-être, on réalisera,
que c’est déjà trop tard,
que le danger,
il ne vient pas de nos corps entremêlés,
mais bien de nos âmes entrelacées.

Les corps-à-corps effrénés, elle les connaît. Elle les laisse rarement l’amadouer. Cassey, on ne l’accroche pas avec le corps. C’est au cœur qu’elle se suspend, au cœur et aux âmes en fusion. Blottie tout contre lui, dans un instant empreint d’une tendresse nouvelle, c’est là qu’elle est le plus en danger. C’est là, qu’elle se met à s’attacher. Mais elle n’en a pas conscience, la poupée, trop prise dans ce qu’ils sont en train de partager. Elle affiche un sourire en coin, sans un mot, quand il prend soin de sécher sa chevelure avec une bienveillance qu’il ne semble même pas remarquer. « C’est vrai, je suis extrêmement curieuse. » Et il y a tant de choses que je veux savoir de toi. Tant de choses que je ne sais pas. Mais elle n’est pas de ceux qui ont besoin de tout savoir, tout de suite. Elle se laisse bercer par les relations plus qu’elle ne les maîtrise, Cassey, elle les laisse venir à leur rythme. Et pour les hommes, aussi. C’est peut-être même pour cette raison qu’elle arrive si aisément à approcher des limites imposées. Qu’elle est capable de se rapprocher d’un homme qui semble avoir toujours maintenu tout le monde éloigné. Silencieuse, donc, la nymphe écoute les confidences de son prêtre, elle s’en imprègne pour mieux le comprendre. Tente d’imaginer le petit blondinet qu’il était, fasciné par les gens et leur psychologie, et puis par la beauté des églises. « Je pense que tu aurais fait un très bon psy… » Curieuse, encore, intriguée de l’entendre évoquer cette vie qui s’est mêlée de lui et de ses envies, elle ne lui pose toutefois pas la question. Il en a déjà dit beaucoup, plus qu’elle ne l’aurait cru. Un rire cristallin vient s’ajouter à celui plus grave de Tybalt alors qu’elle éprouve à cet instant l’envie de retrouver son regard. Elle se retourne pour lui faire face, la crinière à nouveau libre, quelques ondulations qui apparaissent déjà. « Je trouve que tu es un homme très intéressant. » pour ne pas dire captivant. Elle le contemple, ses grands océans qui se noient dans les siens, un petit sourire en coin. « Pour le moment… oui. » elle aura d’autres interrogations, d’autres questions. Mais elle n’y songe pas à cet instant. Sa tête qu’elle enfouit instinctivement dans le cou de son amant, elle y dépose un baiser à peine perceptible, plus focalisée sur l’odeur qui émane de lui. Seulement c’est Carmin, à son tour, qui semble avoir envie d’obtenir plus d’informations à son sujet. Et là, il lui pose une colle, sans s’en douter. Elle recule à peine son visage, juste pour croiser à nouveau ses opales. « Un truc sur moi… » elle répète, le temps qu’elle s’accorde pour y réfléchir. La vérité, c’est qu’elle ne sait pas parler d’elle, Cassey. Ou juste, à travers les autres. À travers des futilités, des histoires anodines comme celles qu’elle a pu déjà lui raconter. Mais elle. Elle, toute seule. Elle ne sait pas. Et c’est peut-être la chose qui en révèle le plus sur l’âme en suspension. « Dis-moi ce que tu veux savoir, plutôt, non ? C’est un peu vaste comme question. » elle avoue à demi-mots son désarroi mais, devinant plus qu’elle ne voit la frustration d’une telle réponse, elle reprend assez rapidement. « Je crois que… j’ai toujours été ce qu’on a voulu que je sois. Pour mon père, j’étais la fille modèle à l’éducation irréprochable. Au lycée, j’étais la fille populaire. La cheerleader par excellence, tu vois le cliché. » elle s’en amuse, sourire aux lèvres, mais laisse apparaître malgré elle un plus profond malaise. Une recherche d’identité perpétuelle. « Et puis, j’ai été la maman. L’amie fêtarde. La séductrice, parfois. Je crois que pour certains hommes, je suis celle qui mérite un conte de fées. Et pour d’autres, je suis celle qui s’ennuierait terriblement dans une vie trop parfaite. » et là, elle parle trop. Elle évoque Owen, et puis Luis. Et puis tous ceux qui l’ont plongée dans un rôle où elle ne s’est jamais sentie totalement à sa place. Prisonnière éternelle d’une case, quand elle n’a la sensation d’appartenir à aucune, Cassey. « Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça… » elle reprend soudainement, un petit rire gêné sur les lèvres, consciente d’un épanchement qui ne lui est pas habituel. Cassey, elle ne parle jamais d’elle. Peut-être juste parce qu’elle a trop peur de décevoir l’image qu’on peut lui donner. Peut-être juste qu’elle a trop peur, de ne pas être aimée.

Et je ne sais pas pourquoi,
je te dis tout ça,
je ne sais pas pourquoi,
je me confie à toi,
juste, peut-être, parce que toi,
tu as l’air de ne rentrer dans aucune case,
juste parce que toi,
tu me comprendras.

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{ les yeux revolver }
crédit/ tumblr ☆ w/@Cassey Warren   

Tellement si belle, je t'aime tellement si fort.

Un regard sans conséquence
Un sourire sans qu'on n'y pense
Nos deux âmes soudain en transe
Et nos souvenirs en transparence...

Voilà pour notre première danse.

Qu'est-ce qui s'est passé? Quelle fée a donné de la poudre magique à Cassey pour qu'elle en souffle au nez de Carmin et l'assagisse. Elle a réveillé un corps qui dormait depuis longtemps, un esprit qui s'était endormi à tout jamais, en le pensant. Et pourtant, voilà qu'il est là, vif et accroché au bout de ses lèvres. De ses mains, il est câlin, presque mièvre. De son regard, il est tendre, méconnaissable.

Cassey confirme sa curiosité sans qu'il ne réponde rien à cela. Autrefois Fletcher aurait souligné qu'il s'agissait d'un vilain défaut et l'aurait utilisé à son avantage. Là, il comprend l'accès d'envie de savoir. Là, il pardonne et plus encore, il avance avec elle. Il se révèle sans qu'elle n'ait besoin d'insister. Devant la douceur de la voix féminine, il plisse les yeux, comme incapable d'accepter ce qu'il prend pour un compliment. « Il est vrai que j'ai toujours eu une facilité à comprendre les mécanismes humains...  » et à les utiliser à mon avantage, pour mon profit, taît-il ensuite. Est-il nécessaire de rappeler qui il est et comment il est? Il préfère se taire cette fois. « En vérité, avant le Master en théologie, j'ai beaucoup hésité, j'aurais pu décider de le faire en psycho, j'avais assez de crédits à mon actif.   » Les Etats-Unis sont ainsi faits que l'université est recouverte de cours à suivre et que l'étudiant choisit ceux qu'il veut en se dirigeant vers une majeure. Cela lui permet aussi de se réorienter parfois. Carmin avait étudié la philosophie mais dans les cours choisis, il y avait énormément de philosophie liée aux cours de psycho. La plupart de ses professeurs pensaient qu'il finirait par s'orienter vers cette majeure. Ses vices avaient poussé dans un autre sens. Son job étudiant au presbytère lui avait ouvert une voie et il l'avait suivie, trop heureux de pouvoir rire au nez d'Hazel quand il avait annoncé à leurs parents qu'il était étudiant en théologie.

« Je ne sais pas si je suis intéressant mais si je suscite ton intérêt, c'est déjà pas mal pour ce soir.  » Il sourit avec ce sourire en coin qui lui sied si bien. Ses mèches légèrement humides lui coulent sur le visage et il passe une main désinvolte dans sa chevelure, éparpillant le tout de manière sauvage sur son crâne. Carmin relance Cassey, cherchant à en savoir plus sur elle. Il en sait déjà beaucoup mais il essaie de la faire s'ouvrir, d'elle-même. Que ne lui a-t-elle jamais dit? Qu'est-ce qu'elle ne partage pas avec ses soupirants? Il secoue la tête quand elle lui demande de préciser mais elle se ravise avant qu'il n'ait le temps de commenter. Tandis qu'elle se livre, des images dansent dans les yeux du blond. Il voit la cheerleader sautiller sur les dalles du lycée, puis la jeune femme qui porte un bébé, il voit la mère qui séduit au détour d'un cocktail sucré et puis il entend les dernières vérités. Celles-ci semblent l'affecter, comme si elles étaient plus récentes. « Parce que je te l'ai demandé.  » Il penche la tête en remontant sa couette sur eux, de peur qu'elle n'attrape froid. « Et toi? Toi tu vois comment?  » Sous le drap qu'il vient de remonter, il cherche sa main et enlace ses doigts. « J'ai du mal à t'imaginer dans un conte de fées et je doute que la perfection soit ce que tu recherches. Mais ce n'est pas à moi de te dire comment je te vois. Ce n'est à personne de décider. » Il se tait et attend qu'elle lui dise elle-même sa vision d'elle, de ce qu'elle veut et de ce qu'elle cherche dans sa propre vie.

Je te sonde, te questionne
Mais dans nos têtes, ça résonne
Car une seconde, un moment
Et tout redeviendra comme avant.

« Tu sais, pour ma part, je t'avoue que je ne sais pas exactement qui je suis. A mener une double vie, tu te perds entre les sentiers et tu ne sais même plus s'il y en a un qui est vraiment le tien. » Et en vérité, aucun de ces chemins ne lui appartient. Ni le connard, ni le prêtre, Tybalt n'est pas ce que Carmin montre et affiche.

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{ les yeux revolver }
crédit/ tumblr ☆ w/@Carmin Fletcher   

C’est la douceur d’un moment hors-norme,
c’est la chaleur de son corps,
c’est la tendresse de ses mains,
c’est la volupté dans chaque seconde qu’elle vit avec Carmin.

Tout paraît surréaliste et, à la fois, si facile. Blottie contre lui, l’aura masculine bien plus utile pour la réchauffer que le drap qui entoure sa silhouette fine. Elle pourrait, aisément, s’endormir dans ses bras. Mais elle savoure l’instant, elle savoure surtout ses confidences. Elles lui permettent de le connaître un peu plus et, aussi, de le comprendre un peu plus. « C’est pour ça que je t’ai pris pour mon psy plus d’une fois. » elle rétorque, le sourire malice. Naïve. Poupée candide entre les bras de l’enfant du mal, elle se sent trop bien pour remettre en cause sa place. Tout doucement, Tybalt lève le voile sur la personne qu’il est derrière la soutane. Elle a saisi, Cassey, que ses intentions n’étaient pas pures quand il a choisi de devenir prêtre. Il n’empêche qu’elle se rappelle, toutes les fois où il a été là pour elle. Elle se rappelle, toutes ces fois où il lui a apporté sa lumière. Elle se souvient, de la manière dont il a tenu à graver sa main, là-bas, sur ce meuble abandonné. Elle se souvient, aussi, comme il s’est emporté, il y a une heure à peine, quand elle ne daignait pas se protéger suffisamment de lui… comme s’il était un être démoniaque, mais qui s’empêchait malgré tout de lui faire du mal.

Je me souviens de chaque instant avec toi, Carmin,
je ne dirais pas seulement que tu es quelqu’un de bien,
un homme bien meilleur que le monstre que tu dépeins,
tu es, juste, un être humain.

Le sourire en coin, elle dévore le sien. Ses azurs ne prennent plus la tête de s’en empêcher, ce n’est vraiment plus la peine désormais. C’est d’un baiser qu’elle lui répond, avant qu’il ne retourne la conversation. Sujet bien moins intéressant, elle et ses contradictions. Elle commence à parler, comme lui, avec facilité. Elle se surprend, même, à en dévoiler bien plus qu’elle ne le fait jamais. Les fêlures d’une âme qu’on a trop souvent cherché à posséder, sans jamais vraiment observer. Elles sont là, ouvertes, béantes devant le prêtre. Il pourrait l’enfoncer sans prévenir, utiliser ses faiblesses sans qu’elle ne puisse s’en prémunir. Il pourrait… si facilement atteindre un cœur trop fragile. Mais Carmin, il fait tout le contraire. C’est d’elle qu’il parle, d’elle et de ce qu’elle éprouve, elle. « Je ne sais pas trop comment je me vois… je suis peut-être un mélange de tout ça… » un brin intimidée, plus qu’embarrassée, elle laisse ses doigts caresser la peau de son amant devenu confident. Des formes imaginaires, juste pour éviter de croiser ses prunelles. Ses caresses s’interrompent quand il glisse ses phalanges entre les siennes. Et elle ne peut pas s’empêcher, à cet instant, de relever la tête. Ses mots l’atteignent, ils la bouleversent. Parce que c’est peut-être la première fois de sa vie qu’on les lui dit, à Cassey. Qu’elle a le droit d’être ce qu’elle est, sans personne d’autre pour décider. C’est certainement ce qui lui donne l’élan nécessaire pour continuer. « Je crois que… Il y a une dualité entre moi. Il y a une partie de moi qui voudrait être heureuse, peut-être pas vivre un conte de fées mais… avoir une vie saine. Avec quelqu’un qui m’attend chez moi. Quelqu’un pour me faire un massage si j’ai mal au dos, tu vois. » elle esquisse un sourire, et puis poursuit. « Mais il y a aussi cette partie de moi qui aime… le fait que je sois capable de me débrouiller seule. Que je suis une femme forte, un peu, parfois en tout cas. » tout en nuances, Cassey, jamais dans les extrêmes. C’est presque amusant de la part d’une femme qui vit tout à l’excès. « Je crois que je suis quelqu’un de libre. Mais que, parfois, je voudrais l’être un peu moins. » se sentir accrochée. À quelque chose, à quelqu’un. Être quelqu’un dont on a besoin. Mais, aussi, quelqu’un qu’on laisse respirer, virevolter. Elle veut peut-être l’impossible, Cassey. Un soupir s’échappe de ses lippes, comme un effort qu’elle viendrait de faire en se livrant autant à lui. Un effort qui n’a jamais été aussi naturel, aussi facile. Mais elle est contente, quand il commence à lui parler de lui. Ses deux billes s’ancrent aux siennes alors qu’elle l’écoute avec une attention certaine. Et comprend, qu’ils se ressemblent peut-être plus qu’ils en ont l’air. « Je comprends ce que tu veux dire… mais, peut-être que ce que tu es, c’est juste celui qui arrive quand tu arrêtes de réfléchir. » Carmin, Tybal. Le prêtre, l’imposteur. Ils ne sont que des images, des visions façonnées, par les gens, par lui. Si loin de ce qui doit se passer en lui. « J’aime aussi l’intelligence, le sens de déduction, le calme du prêtre. Mais j’aime aussi la fougue de Tybalt, et sa manière de dire les choses brut. » et puis, aussi… « Mais j’aime beaucoup aussi celui que je vois en ce moment. » un peu trop, assurément.

Et peut-être que tu es un mélange des trois,
ou peut-être rien de tout ça,
peut-être que je ne sais encore rien de toi,
mais tout ce que je vois,
je l’aime déjà,

un peu trop, assurément.

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{ les yeux revolver }
crédit/ tumblr ☆ w/@Cassey Warren   

Tellement si belle, je t'aime tellement si fort.

Il suffirait qu'un verre tombe, qu'un morceau de glace s'écrase au sol, ou même juste d'un courant d'air pour tout envoyer en l'air.

Cette quiétude que tu goûtes là, avec lui, elle est éphémère.

Tu le sais, n'est-ce pas? Tu dois le savoir. Car quand la porte claquera, tout ce qu'il te restera, c'est ton désespoir.

Lentement, ils s'ouvrent l'un à l'autre. C'est une danse qui a perdu de sa lascivité pour se transformer en honnêteté. Cassey Warren expose sa vie, ses cogitations internes, montre qui elle est sans plus mettre un voile sur ce qui l'angoisse ou la complexe. De là à dire qu'ils n'ont plus rien de secret l'un pour l'autre, il n'y aurait qu'un pas. Mais ce dernier pas est certainement le plus dur qui soit. Car avant la totalité, avant l'entièreté de leurs âmes consumées ensemble, il faudrait que l'infâme soit brûler, ne soit plus que cendres. Et Carmin écoute les mots de la douce blonde autant que Tybalt. C'est Tybalt qui réagit aujourd'hui mais qu'en sera-t-il demain ou la semaine prochaine? Quand le vice réapparaîtra, que fera-t-il de toutes ces failles qu'il vient de récolter au creux de son oreiller?

Pour le moment, Carmin se tapit dans l'ombre d'un corps qui est détendu, qui l'a oublié partiellement. Tybalt savoure cette première fenêtre de liberté pour une personnalité trop longtemps enfermée dans les confins de sa méchanceté. Et il dévore chaque mot comme s'il s'agissait de morceaux de pains offerts à un affamé.

Duelle,
Elle est un peu comme toi.
Rebelle,
Elle fait ses propres lois.

Endormi,
Tu pourrais l'aimer longtemps
Mais le pourri
Reviendra sûrement avant.

Mais duelle,
Tu ne vois qu'elle.
Ce soir, trop belle
Elle apaise tes séquelles.

Il opine du chef sans rien dire. Il pourrait dire qu'il comprend mais ça serait superflu. Il comprend cette complexité dans la personnalité mieux que quiconque, c'est certain. Il comprend aussi ce besoin d'indépendance, surtout pour une femme. Il en a entendu mille lui raconter à quel point elles se sentaient séquestrées par les attentes de la société, par le regard de leurs époux ou de leurs pères. Et Carmin, lui-même, a été façonné par ce père qu'il a vénéré. Alors, les bizarreries de Cassey, elles ne lui semblent pas si bizarres. « Un massage du dos donc.  » Il sourit comme si cette phrase résumait tout ce qu'elle venait de dire. « Je t'imagine plus sauna et naturisme que soins du corps, mais c'est peut-être mes envies que je projette.  » Il cherche à casser un peu l'atmosphère, à revenir vers du plus léger pour elle, conscient d'avoir déjà beaucoup creusé. Et en échange, pour la remercier des cadeaux qu'elle vient de lui faire en s'épanchant comme elle l'a fait, il s'ouvre un peu à son tour. Cassey ne le juge pas. Elle le comprend.

Tu crois me comprendre
Mais tu n'as pas vu le pire
Tu ne fais qu'entendre
Mais que te réserve l'avenir?

« Celui que tu vois en ce moment ne ressemble pas beaucoup à celui que je suis habituellement.  » La fatalité s'abat avec cette phrase. Lui-même sait très bien qu'ici, ils sont dans une phase hors du temps et qu'il se réveillera bien assez tôt pour redevenir la bête qui fait fuir Belle quand elle en découvre le caractère. Si Disney est doué pour les contes de fée, il n'y a rien de féérique ici. Car pour que Cassey s'attache à lui comme la brune du dessin animé l'a fait avec le monstre poilu, il faudrait qu'il l'enferme et l'oblige à faire avec tous ses défauts, la rendre dépendante psychologiquement au point qu'elle ne verrait plus qu'il s'agit de défauts.

Mais avant que la Bête ne ressorte, avant que le monstre de Split ne surgisse, il a quelques facettes douces à exploiter, pour ce soir. A moins qu'elle n'invoque son autre personnalité, elle devrait être en sécurité. Et c'est pour cela qu'il s'aventure à lui demander « Comment ça va avec ta fille?  » Parler de la famille, une chose qu'il a déjà faite avec elle. Mais cette fois, il s'enquiert de sa famille à elle plutôt que de parler des Fletcher ou de la défunte Hazel. Arya est un sujet qu'elle a déjà évoqué devant lui, à plus d'une reprise. C'est aussi un sujet qu'il n'écoutait que d'une oreille, feignant une grande attention mais se moquant de connaître la gamine de Cassey car elle ne servait que peu ses intérêts manipulateurs. Ce soir, il pose la question, vraiment intéressé par le sujet.