à l'état sauvage (silene)

à l'état sauvage

première nuit, enfermé à l'ombre de ta nouvelle prison dorée. première nuit, d'une longue lignée. et si elle te plaisait autant cette inattendue destinée, c'est que tu en avais été l'unique décisionnaire. celui qui avait choisi, celui qui avait candidaté, avant de tout rafler. plus encore que tu ne l'aurais cru, à tous les niveaux, elle t'avait convaincu. l'avenir mort-né, finalement reboosté. la lune était pleine, les lampadaires éclairaient faiblement la terrasse et les baffes hurlaient leurs mélodies virales. tantôt mélancoliques, tantôt dynamiques. les éclats de rire atténuaient parfois le son, quand ils ne l'étouffaient pas entièrement. l'ambiance était belle, l'ambiance était festive. avant l'apocalypse. avant l'entrée en scène de loan. avant que les esprits ne s'échauffent. loan la poupée. loan et son regard de braise. t'es tellement bon client terrence, que des traits fins et une silhouette aussi longiligne qu'attirante suffisent à te faire fondre comme neige au soleil. t'as les lippes qui s'étirent malicieusement quand ses iris te percent. tu remarques à peine son prétendant en titre qui boue à quelques mètres de vous. tu devines juste le signe qu'elle te fait, l'invitation qu'elle tait mais qu'elle semble brailler dans une langue que tu serais le seul à savoir traduire. t'es trop près d'elle terrence, t'as les idées qui vrillent autant que tes gestes s'émancipent. et t'es rappelé sur la terre ferme à l'instant ou une frappe s'abat sur ton épaule. t'es surpris. pourtant, tu rugis déjà quand tu te retournes sur la face de kyle. l'entièreté de la scène se brouille, t'occultes chacune de ses paroles. tu comprends rien à ses aboiements, t'as pas envie de comprendre, tu veux juste lui faire ravaler ses blessures d'égo, sa fierté mal placée. tes poings s'abattent, tes mains s'accrochent. tu vois flou, tu mesures plus la gravité de tes actes. tu détestes qu'on veuille te contrôler, tu détestes qu'on te somme de pas t'approcher. tes vieux démons se raniment et tu mélanges tout terrence. tu te transformes en bête sauvage. à mille lieux du contexte actuel, à mille lieux du tournage, à mille lieux de la télé-réalité et de ton image que papa t'avait souvent imposé de soigner. tout se passe vite, trop vite. ceux qui s'en mêlent, ceux qui s'écrient, et loan qui panique face au chaos qu'elle a engendré. au bout d'un laps de temps interminable, la sécurité intervient enfin. et si vous êtes rapidement séparés, tu ne décolères pas pour autant terrence. la pression ne redescend pas, tant il t'a poussé à bout pour une vulgaire histoire de gonzesse. t'es escorté en dehors de la maison, coincé entre deux armoires à glace. furieux, t'as beau te débattre, tu n'obtiendras pas gain de cause. pas cette fois-ci.
dans le repère de la production, t'es isolé. ton acolyte dans une pièce parfaitement opposée à la tienne. écartés pour ne pas que l'envie vous reprenne de réitérer. là, c'est ton avenir qui se trouble. ta place dans l'émission que tu joues. tu risques d'être viré pour comportement agressif, pour des mots déplacés. à cause d'un tempérament trop virulent pour ce qu'on vous impose drastiquement. t'as accepté de te fondre dans le moule quand elle te l'a demandé, t'a accepté de te coucher. sauf que kyle, il a réveillé le fauve en captivité. tu t'affales dans un fauteuil, désormais seul. plus rien ne fait sens autour de toi, t'as perdu le sens des réalités en même temps que ton sang froid. t'as encore les poings qui tremblent et le coeur qui cogne. et quand la porte s'ouvre sur une silhouette qui ne t'est pas inconnue, tu cilles à peine. silene. vérité énoncée presque trop bas, quand du coin de l'oeil, tu l'aperçois. t'aurais pu être heureux de la voir. ça aurait sans doute été le cas dans une configuration totalement différente. là, t'es pas d'humeur à reprendre ton habit de séducteur. t'as obéit et ça t'a pas réussi. t'attends le sermon terrence, tu sais que t'as merdé même si c'est pas toi qui a commencé. dans le fond, tu préfères avoir affaire à elle, plutôt qu'à une dégaine de pistonné. eux, tu les exècres. eux, tu ne les estimes pas suffisamment pour leur donner le droit de parler. tu vois ma gueule silene ? c'est comme des coups que j'aurais pris pour toi. sauf que c'était pas la trame que tu m'avais dessiné.

(@silene valenti )

_________________

(dés)amour.

all the good girls go to hell, 'cause even god herself has enemies and once the water starts to rise, and heaven's out of sight, she'll want the devil on her team. -- @terrence figueroa

Les bruits, les cris, la pagaille, le chaos dans lequel elle se complet, celui qu’elle désire, qu’elle attend, toujours impatiemment. Le moment, l’instant durant lequel tout bascule, durant lequel les visages se transforment pour laisser place à une vraie nature. Celle trop longtemps camouflée pour faire joli devant les caméras. Tu ne sais que trop bien ce que c’est, Silene, que la vraie nature qui prend le dessus, qui domine aussi bien l’âme que l’esprit, qui ravage les cœurs pour finalement tout détruire. Un néant, une montagne de poussière, l’échauffement des esprits qui balaye l’ambiance joviale, les rires et la fête. Et elle est responsable, comme toujours. Ils sont responsables, l’équipe de production, comme toujours. Tu pourrais jubiler, te féliciter d’être aussi machiavélique, de procurer de si belles images aux yeux des téléspectateurs, mais cette fois est l’exception. La seule, l’unique. Parce que tu réalises que t’es allée trop loin avec lui. Terrence. Terrence, le seul ayant une véritable importance à ses yeux au sein de ce plateau. Les candidats, elle est prête à les déchiqueter, les jeter aux loups sans le moindre scrupule, mais pas lui. Et t’as aimé le voir s’approcher de cette fille, Silene, poupée malsaine. T’as aimé, simplement parce que c’est toi qui as demandé. Parce que t’aimes le voir t’écouter, se plier littéralement pour te donner ce que tu désires. Mais le voir blessé, ce n’était pas ce qu’elle voulait. Cette violence, aussi belle soit-elle pour le petit écran, ce n’était pas ce qu’elle attendait, pas pour lui. L’isolement forcé pour les deux protagonistes, seul le sort de l’un d’eux l’intéresse, hors de question pour l’italienne de le voir s’en aller, l’au revoir inimaginable. Elle se glisse sans la moindre honte hors de la villa, retrouve le repère qu’est le sien dans lequel Terrence doit se trouver, juste le temps de le voir se calmer. La porte ouverte, le cœur battant, une réaction qu’elle appréhende. Il doit te détester, forcément. S’il en est là, c’est uniquement ta faute, Silene. Et lui, t’as pas envie d’avoir à le manipuler. Terrence… Les remous du cœur qui l’empêcheraient presque d’avancer, elle se jette finalement dans la gueule du loup. Il n’a pas l’air fâché, pas trop. Il semble même plutôt calme, comme si l’altercation venait de ravager la fougue encore présente en lui. Je suis désolée, pardonne-moi… La blonde se place en face de lui, prend le risque de déposer sa main contre le creux de son cou en reprenant avec une sincérité trop rare pour ne pas être soulignée. Je ne voulais pas en arriver à cette violence, pas avec toi… Elle révèle malgré elle qu’il n’est pas comme les autres, à ses yeux. Ce préféré qui demeure une ombre de son passé. De celui qu’elle tente à tout prix d’oublier. T’as pourtant pas envie de l’oublier, lui. T’aimes ce qu’il est. T’aimes ce qu’il dégage. Et encore plus ce qu’il semble voir en toi.

(c) calaveras.

à l'état sauvage

la frivolité de la soirée s'est brusquement envolée. muée en une infinité de particules ambivalentes, dans une atmosphère lourde et électrique. de ce qui paraissait si léger, ne reste désormais que des braises sur lesquelles on a soufflé. pour les rallumer, pour déclencher l'entame d'une nouvelle cadence sur laquelle se synchroniser. t'agissais comme tu l'avais toujours fait terrence. tu reprenais les automatismes qui ne t'avaient jamais échappé. et même si ce n'était pas de ton gré, le rôle du joli coeur te collait à la peau. à croire que tu étais né pour être cet homme-là. tant tu savais parler aux femmes, tant tu savais les regarder, tant tu savais les faire sentir comme la huitième merveille du monde. tu forces pas l'exercice, tu y as pris goût depuis trop longtemps déjà. les codes ancrés en toi à la manière de quelqu'un qui aurait toujours vécu comme ça. sauf que l'issue de cette nuit-là sera noire. ou plutôt rouge, de la couleur de votre sang. t'as pas pris le temps de peser le pour et le contre, t'as pas réfléchis aux conséquences de tes actes. t'as sur-réagis comme l'aurait fait un animal attaqué alors qu'il avait le dos tourné. t'as voulu prouver que t'étais davantage le bourreau que la victime. si tant était que l'un des rôles était plus valorisant que le second. t'as laissé la haine prendre le dessus sur ton bon sens et ta rage t'a consumé jusqu'au point de non-retour. jusqu'à l'intervention de la sécurité, jusqu'à ton isolement imposé.
ça tambourine dans ta caboche autant que dans ton organe central. ça pulse dans tes veines, au rythme infernal de votre duel improvisé. coup pour coup, vous aviez tout rendu. deux têtes dures, avec ou sans armure. t'as pas flippé l'espace d'une seule seconde, c'est l'adrénaline qui t'a boosté et l'envie irrépressible de lui rabattre le caquet. t'es comme un lion en cage et si tes soupirs incessants ne masquaient pas tous les bruits de la pièce, on t'entendrait sans doute rugir. expier ton mécontentement d'être resté sur ta faim. tu t'attends pas à ce qu'elle débarque. silene se fait invitée de ton espace déjà trop restreint. elle s'avance sur tes pas, s'approche jusqu'à toi. et cette fois, t'es pas comme d'habitude terrence. quand tu te taillais le costume de toute situation pour tenter de l'impressionner, de la faire plier. t'es lointain, l'esprit dans le vague, les idées s'emmêlant à ne plus savoir les défaire. terrence... ta folie s'apaise étrangement, alors qu'elle devrait redoubler face à l'instigatrice du carnage qui venait de se jouer. et si la bête était finalement sous contrôle ? sous le regard de celle qui t'avait fait, qui t'avait poussé à être, à exister. autrement mais peut-être pas de la bonne façon. t'as toujours pas percuté ses pupilles. tu ne sais pas si c'est par peur de déverser sur elle l'essence même de ton courroux ou plutôt pour t'éviter de capituler trop aisément. je suis désolée, pardonne-moi… t'entends chacun de ses mots. pourtant, tu restes muet face à ses regrets. quand tu devrais te précipiter et les enlacer, tant on savait combien elle n'était pas douée dans ce registre-là. le masque impassible s'étiole par endroit, révélant un visage plus doux. un être plus humain que démoniaque. sa main dans ton cou te fait sursauter. tu frémis du contact aussi inattendu que déstabilisant. je ne voulais pas en arriver à cette violence, pas avec toi… et c'est quand elle déverse ses dernières paroles que tu relèves enfin le regard vers elle. à cet instant, tu cherches les deux billes auxquelles se raccrocher. les tiennes semblant hurler que pour elle, t'aurais encaissé bien plus sans broncher. c'était pas le plan pourtant ? déclencher les hostilités pour faire décoller l'audimat. tu pestes, pas encore décidé à capituler. tu remarques t'être rendu complice d'une mascarade qui tromperait l’entièreté des téléspectateurs. et tu grimaces sous la douleur qui t'éreinte. de l'hématome sur ta joue à l'ouverture sur ta lèvre inférieure. ravivée la souffrance que tu ne sentais plus, avant son arrivée. comme si étonnamment, tu n'étais pas capable de sensation quand elle ne traînait pas dans ton sillage. comme si elle était celle qui te rendait vulnérable. c'est que de la télé. tu siffles, les imitant tous. les hommes et les femmes de l'ombre. ceux qui oeuvraient derrière les caméras. silene en tête. dis-moi au moins que t'as cru à mon petit manège. que t'as vibré face à mon expérience scénique, que j'ai rassasié ton appétit pervers pour la manipulation et le profit.

(@silene valenti )

_________________

(dés)amour.

all the good girls go to hell, 'cause even god herself has enemies and once the water starts to rise, and heaven's out of sight, she'll want the devil on her team. -- @terrence figueroa

Neuf, nouveau, ce sentiment de culpabilité à peine déguisé, l’impression de valser avec son âme, de l’envoyer tout droit à l’abattoir. Elle s’en voudrait, pourtant, de le casser. Elle s’en voudrait, pourtant, de le voir s’envoler. Celui qu’elle cherche dans la foule, sa distraction principale de la saison, son complément d’émotions. Tu te sens traitresse, Silene, tu te sens Juda, en route pour l’enfer. Le poignard dans le dos envers celui qui t’offrait sa confiance, qui flottait au-dessus des espoirs confiés. Différente, parce qu’elle le connait. Différente, parce que son visage est un appel d’antan. Différente, parce qu’elle ne voulait pas l’abîmer, juste un peu s’amuser. Ce qu’il en reste, de l’amusement, quelques bris de verre, deux hommes amochés, une catastrophe à rattraper. Ce qu’il en reste, de l’amusement, Terrence blessé, par sa faute. Terrence blessé, pour les soins de l’audimat. Et l’italienne ne sait lire en lui, ne sait exprimer ce qu’il ressent, la peur à son apogée, celle d’être rejetée. Il reste calme, mystérieux, à l’inverse de ce qu’il est d’habitude. Sa soif de vie et son flegme charismatique, envolés, laissent place à ce Terrence désabusé. La réaction ne vient pas, l’attente qui semble interminable, l’esprit torturé jusqu’à ses mots. Enfin arrivés. Non, ce n’était pas le plan… J’voulais un peu de spectacle, pas que tu te retrouves dans cet état… L’honnêteté transperçante, celle qui détonne du perfide serpent, qui manie les mots à la perfection, qui joue avec les faux-semblants. L’honnêteté qui gronde, qui hurle, qui se retrouve confrontée à la sienne. A ces mots qu’elle n’envisageait pas. Que de la télé. Et Terrence qui devient, peu à peu, un produit, son produit, comme les autres. Un produit qu’elle bichonnera toutefois bien plus que les autres. Qu’elle gardera avec elle quoi qu’il advienne. Tu as mal… ? Le regard de biche qui croise le sien, comme si elle espérait à tout prix obtenir son pardon, comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Pas l’envie de le perdre, étrangement. Pas l’envie de lui dire adieu, à cette âme du passé, aujourd’hui retrouvée. T’es déjà loin, dans ta tête, Silene. Déjà en train de songer à ce que tu peux faire pour te faire pardonner. Prête à sortir les rames, prêtes à sortir les armes.

(c) calaveras.

à l'état sauvage

t'as perdu la raison trop rapidement, happé par des sentiments plus violents, par des pulsions qui t'ont ôté toute humanité. tu t'es révélé possédé par des émotions qui te dépassaient, qui ont mis en exergue ta soif de riposte quand à toi, on s'en prenait. t'étais le calme avant la tempête, l'accalmie avant l'orage. avant que la machination ne prenne vie et que tu joues à ce qu'on t'avait appris. la marionnette façonnée de ses doigts fins avait obéit. tu t'étais fait esclave d'une autre forme de réalité. celle qu'on ne voyait qu'à la télé, celle qu'on endimanchait pour ravir les téléspectateurs, pour attirer le regard des plus demandeurs. t'imaginais sans mal le sourire victorieux et satisfait de celle qui avait tout orchestré, du commencement à l'arrivée. l'histoire avait tourné à cent-à-l'heure dans ta tête sous la pluie des coups. t'avais tout rembobiné et aucune miette n'en avait été sacrifié. et silene, elle était partout dans ce chapitre-là. pourtant, quand t'es réduit à la captivité comme une bête sauvage, t'a tout oublié. comme par besoin d'occulter ce qui avait déraillé. ce sont les bruits étrangers à ta personne et l'intrusion qui te rappelle à l'ordre. la silhouette d'un passé déçu et la voix d'un souvenir pas si lointain. c'est le contact glaçant et percutant qui te fait tressaillir automatiquement. mélange de chaleur, de douceur et de dédain. il te faut du temps pour échapper un mot, pour t'adresser à celle que tu tenais pour responsable, à celle à qui tu t'étais vendu sans en mesurer les conséquences. elle s'excuse mais ça ne te suffit pas. tu n'y crois pas, tu ne crois qu'en ce que tu vois. et tu la sais plus manipulatrice que sincère. au service de son art, au service d'un public aux attentes contestables. parfois, tu te dis qu'elle croit manipuler mais que c'est elle qui l'est. poupée, à son tour, modelée par une entité à la densité plus développée qu'elle. alors t'attaques de front, t'appuies sur les noeuds qui ont mené à la friction. tu l'interroges sur le but de la manoeuvre, cherchant à comprendre si au milieu du duel, elle avait su trouver ce pourquoi elle avait tout fait valser. si vos éclats avaient suffit à atteindre l'apogée. non, ce n'était pas le plan… j'voulais un peu de spectacle, pas que tu te retrouves dans cet état… tu hausses les épaules, un tantinet vexé de faire face à une telle réponse. elle semblait n'avoir rien prémédité, et tu te retrouvais pourtant ravagé. raté. tu railles. elle n'avait rien contrôlé silene, elle t'avait laissé te faire broyer autant que t'avais broyé. devenir le dindon de la farce d'un scénario qui avait dérapé jusqu'à t'emporter. tes blessures font désormais partie de toi. tes hématomes te tiennent en laisse, à leur merci. et t'as beau ne pas grincer d'un rien, t'as quand même la grimace facile. tu as mal… ? tes iris viennent percer les siens, s'abreuver de la lueur de vie qui y danse. et les secondes s'écoulent. doucement, lentement, sans que tu ne relâches l'accroche visuelle. jusqu'à ce qu'enfin, tu stries le silence lourd et léger à la fois. ça dépend. si je dis oui, tu vas y faire quelque chose ? si je dis oui, tu vas caresser mes maux pour mieux les effacer ? tu sais pas à quoi tu joues terrence. à la repousser pour mieux la rattraper. à la détester par simple besoin de l'apprivoiser. l'électricité est palpable dans l'atmosphère qui vous sépare, et l'intensité de ce qui ne vous lie même pas étouffe la pièce confinée. tu te perds dans l'immensité de son regard en quête d'un signe, d'une échappatoire.

(@silene valenti )

_________________

(dés)amour.

all the good girls go to hell, 'cause even god herself has enemies and once the water starts to rise, and heaven's out of sight, she'll want the devil on her team. -- @terrence figueroa

Elle pense diriger, elle pense être maîtresse du spectacle, mais c’est le spectacle qui la possède, elle. C’est le spectacle qui anime son cœur, exalte son esprit. Et elle se laisse emporter, bien trop souvent. Elle se laisse emporter, chaque fois un peu trop violemment. t’es plus la même, quand le vacarme prend le dessus sur ton âme. T’es plus la même, ou peut-être un peu trop toi, peut-être un peu trop fort.
Les conneries, les brasiers, les carnages, elle provoque, elle allume la mèche, se réjouit de l’étincelle, et c’est après qu’il faut nettoyer. Réparer. C’est hope, qui s’en charge, en général. C’est hope qui rattrape ses conneries lorsque le génie se retrouve dépassé par ses propres ingéniosités.
mais tu ne vois personne, à présent, silene. Personne pour effacer le film qui s’est déroulait, juste sous tes yeux. Personne pour faire disparaître les hématomes, les bleus, sur le visage de terrence. Personne pour comprendre, pour déceler, le lien qui se distingue entre vous. directement concernée, évidemment impactée, et pourtant il ironise. Comme si la sincérité peinait à transparaître. Comme s’il n’y croyait plus, après la découverte de l’obscurité, de la réalité. La réalité transformée.
Une déception, un dégoût, une colère, tant d’émotions capables de parcourir le cœur de terrence. Tant d’émotions si sombres, qu’il est prêt à déverser sur elle. t’as peur, silene. C’est rare, mais t’as peur. T’as peur de le voir se transformer, comme toutes les personnes qui comptent un peu pour toi. Comme ta mère s’est transformée, comme elio s’est transformé, eux, à tes côtés. comme un pantin désarticulé, elle arbore son plus beau masque, une fois de plus, pour ne pas perdre la face. Pour ne pas le perdre, lui. dis-moi. haussement d’épaules, un brin désinvolte, la moue cependant sérieuse. dis-moi ce que je peux faire, ce que tu veux que je fasse, pour t’aider. pour t’aider, ou pour me faire pardonner, terrence. Que tu me prouves que tu tiens à moi. Que tu dépasseras cette connerie, pour qu’on continue nos belles folies.
Et quand elle la regarde, la sirène ne voit que les marques de sa dévotion, que les marques du sacrifice. Sacrifice, pour elle. Pour la satisfaire. la fougue de son regard, la passion de ses lèvres, l’émotion de sa peau, il est parfait. Parfait pour le rôle. Parfait pour le cinéma que tu jours pour lui. Il est parfait, si bien que t’en viens à te demander, comment, à l’époque, t’as fait pour le rater.

(c) calaveras.

à l'état sauvage

le train à la mécanique si bien huilée avait déraillé. et toi, pauvre rouage, t'en avais été impacté plus que n'importe quel autre. on t'avait balafré autant que t'avais cogné, et t'en gardais les stigmates sur chaque centimètre carré de ta peau, de ton visage. la symétrie parfaite de l'image que tu renvois habituellement n'est plus, ensevelie sous les décombres de sa mascarade. silene et ses penchants pour la destruction, pour ce qu'il y avait de plus sombre dans ce monde. tu la découvres au service d'un art qui ne t'a pas préservé. tu te découvres objet manipulé entre ses ongles aiguisés. ça t'irrite de te sentir aussi vulnérable face à quelqu'un. entre les mains d'un mauvais ange aux ailes noircies par le temps. de toutes tes forces, tu tentes de reprendre le pouvoir que tu l'avais trop facilement laissé s'attribuer. tu limites les plaintes même si tes grimaces ne trompent personne. sauf peut-être silene qui ose te demander si tu souffres. tu ne sais pas si c'est pour la forme ou pour s'assurer qu'elle avait remporté la première manche. ses désirs t'échappent. tu ne sais plus qui elle est, ou peut-être que tu n'as jamais vraiment su qui elle était. t'as mis les pieds dans un univers trop énorme pour toi, un univers que tu ne maîtrises pas et tu peines à reprendre les rennes. ce pourquoi tu restes frontal, braqué, campé sur tes positions pour ne pas lui offrir une brèche dans laquelle s'engouffrer. tu te montres fermé dans l'espoir de la regarder faiblir face à toi. dis-moi. elle paraît désemparée la poupée, mais t'as peur de mal interpréter, de ne pas savoir l'analyser. alors tu ne baisses pas les armes, pas encore. dis-moi ce que je peux faire, ce que tu veux que je fasse, pour t'aider. tu hausses les épaules à nouveau. et froid comme la glace, tu poursuis : je sais pas, tu connais un bon chirurgien esthétique ? t'en fais trop terrence. t'en appelle à une défiguration imperceptible, quand tu arbores seulement des traces de coups. comédien improvisé, à croire que la télé-réalité n'était pas si éloignée de celui que tu commençais à devenir. t'as juste envie de la mettre face aux dégâts qu'elle a causé, lui montrer que ses petites manigances finiront un jour par l'achever. l'instant est suspendu de longues secondes, lorsque tu permets au silence d'être le témoin privilégié de l'électricité à double-entrée qui règne autour de vous. c'est ce pouvoir déstabilisant qui opère sur toi. cette faculté qu'elle possède de t’exécrer et de t'attirer à un pourcentage équivalent. t'étais pas infirmière dans une autre vie. à peine une question, un semblant de suggestion. tu peux pas rester comme ça, t'as besoin d'être soigné, au moins pour éponger. puis tu soupires face à ton futur que tu vois déjà se flouter à l'horizon. c'est quoi la suite maintenant, hum ? t'insistes de ton regard perçant, pour appuyer les propos échappés. tu ne sais même plus si tu possèdes toujours ta place ou si tu prendras la porte à l'issue de cet entretien. des années plus tard, elle influe encore sur ta vie silene. silhouette flottante, constamment en vogue au-dessus de ta tête.

(@silene valenti )

_________________

(dés)amour.

all the good girls go to hell, 'cause even god herself has enemies and once the water starts to rise, and heaven's out of sight, she'll want the devil on her team. -- @terrence figueroa

Elle danse, virevolte, tente d’éviter les bombes, d’échapper aux coups bien cadrés de terrence. Glacée par la froideur dont il fait preuve, de ce même vent hivernal qui ne lui ressemble guère. Preuve qu’elle est allée trop loin, encore. preuve qu’elle s’est laissée emporter par les risques décadents de sa folie, encore. c’est son jeu, son propre jeu, mais elle perd systématiquement. elle perd parce qu’arrive l’instant durant lequel elle ne contrôle plus rien, le basculement de cet esprit si perturbé qu’elle n’a jamais su dompter. Elle ne regrette jamais longtemps, d’habitude. les excuses de la repentie, de celle qui essaie de se reprendre, vite oubliées lorsque l’attraction télévisuelle reprend le dessus. le sentiment est tout autre, ce soir. L’impression de ne pas pouvoir s’en remettre, de ne pas pouvoir passer à autre chose, tant que terrence ne lui pardonnera pas. tant qu’elle n’aura pas réussi à se racheter à ses yeux. mais la vérité, c’est que c’est exactement ce que t’es, silene. Sorcière, sirène manipulatrice, et que ce qu’il voit de toi aujourd’hui, c’est la silene qu’il n’a jamais eu la malchance de véritablement connaître.
Le destin en a décidé autrement, et ils se sont tous deux retrouvés, chacun pénétrant dans l’horizon de l’autre. Ils se sont retrouvés, pour le meilleur et pour le pire. le pire surtout, à en voir le visage tuméfié du candidat. Le pire, à entendre le ton de sa voix. elle rame. Elle patine. Elle ne sait comment s’en sortir, ne sait comment se débatte, peu habituée à perdre l’emprise dont elle excelle sur les âmes les plus faibles. je serai infirmière si tu veux que je le sois. faible sourire, il n’a pas besoin d’un chirurgien mais bien de repos. D’un réel repos, loin de l’agitation du plateau. Loin de la noirceur de cet univers. la suite ? lui il dégage et toi tu continues. une évidence qu’elle crache sans le moindre scrupule. personne ne touche à terrence, mais elle ne peut en dire autant du malchanceux de l’autre côté du lieu de tournage. mais pour cette nuit, tu restes ici te reposer. C’est tout ce qui compte. elle ne cache pas ses intentions parce que, pour une fois, une rare fois, elles sont sincères. Honnêtes. Elle veut que son poulain se rétablisse, bien plus parce qu’elle commence à tenir à lui que parce qu’elle se sent coupable. La culpabilité n’est pas silene, mais ce soir, il marque un point, une avancée.

(c) calaveras.

à l'état sauvage

votre échange n'a plus rien du précédent. tes attentes de la veille se sont muées en chemin. t'as revu ta partition et t'as modifié le tempo de ce que tu lui devais à silene. t'as transformé le ton enjôleur en un ton barbare. oublié les compliments au profit d'uppercuts savamment placés. tu te sens au plein pouvoir de ton changement de comportement. sauf que la réalité est toute autre. c'est elle, qui sans peut-être même le vouloir, t'avait rendu amer. révélant une facette de toi qu'elle ne te connaissait pas, miroir à celle que tu découvrais face à toi. dans cette configuration, les deux silhouettes sont bien les vôtres. à y regarder de plus près, c'est comme si ce n'était pas vous. pourtant, tu la sens s'adoucir la sirène, sous la vague de reproches qui la percutent. tu ne la préserves plus terrence, tu expires ton venin et lui jette au visage sa culpabilité. celle qu'elle ne peut décemment pas nier. celle que tu lui as permis de révéler. alors que depuis le premier jour, c'est toi qui as accepté de te laisser faire. et aujourd'hui, tu ne te gênes même pas en la tenant pour seule responsable de votre situation. tu railles, tu piques, tu veux la faire réagir. tu veux entendre de sa bouche si c'est de ce genre de drama qu'elle se nourrit, si c'est face à de telles scènes qu'elle jouit. son inhumanité en est bousculée, juste avant qu'elle ne dévoile son humanité. je serai infirmière si tu veux que je le sois. tu ne dis rien, presque trop heureux de l'imaginer se déguiser à ton bon vouloir. comme si pour une unique fois, tu allais être celui qui mènerait la danse. t'essaies de ne rien laisser paraître quand t'es incapable de te détacher de son regard ensorcelant. ce regard que t'avais tant de fois vu poser sur les autres, et qu'autant de foi, t'avais rêvé de la voir poser sur toi. alors c'était à ce jeu-là que tu devais jouer ? te jeter tête la première dans le gouffre et te battre jusqu'à la limite de tes forces pour être assez grand à ses yeux ? t'es enfin digne de son intérêt terrence et c'est ce qui regonfle ton égo. et t'attends que ça de la regarder panser tes plaies. les plaies physiques d'abord, mais les plaies psychologiques aussi. celles que tu traînes comme des boulets chevillés à ton pied depuis des années. depuis que gamin tu bavais sur les traits de sirène malicieuse qui se satisfaisait de tout le monde sauf de toi. la suite ? lui il dégage et toi tu continues. elle est maîtresse du fin sourire qui se dessine sur tes lippes. parce que cette fois, ce n'est pas toi qui plies sous le poids des autres, c'est toi qui renaît tel un phoenix, aidé par l’élixir de ta déesse. et comment tu vas expliquer ça ? dans le flou ambiant, c'est toi qu'elle choisit. c'est toi qu'elle défendra, pour toi qu'elle se mouillera. ce pourquoi t'as envie de savoir de quelle manière elle négociera le virage. mais pour cette nuit, tu restes ici te reposer. c'est tout ce qui compte. tu hoches la tête, enclin à obéir pour les bonnes raisons cette fois. et toi, tu fais quoi ? tes iris reviennent percuter les siens, dans l'attente de la suite. tu vas encore me laisser là ou tu vas rester avec moi ? t'as besoin d'être sa priorité. rien qu'une fois.

(@silene valenti )

_________________

(dés)amour.

all the good girls go to hell, 'cause even god herself has enemies and once the water starts to rise, and heaven's out of sight, she'll want the devil on her team. -- @terrence figueroa

les forces sont décuplées pour tenir bon, pour ne pas prendre la fuite face à terrence qui lui tient tête, pour lui prouver encore un peu plus qu’il n’est pas qu’un vulgaire jouet, qu’un pantin asservi, qu’une marionnette abdiquant à ses moindres désirs. elle lutte, quand d’ordinaire elle aurait disparu en une seconde. sa spécialité, se donner, y croire, se projeter, et finir par tout gâcher. le cheminement est différent, avec terrence. parce qu’elle le connait d’une autre époque, parce qu’il est un candidat, parce qu’elle est ici pour le superviser. t’as certainement pas la vision de lui que t’aurais, si tu l’avais rencontré dans un bar, au détour d’une ruelle, silene. c’est à double tranchant, avec lui. la peur qu’il se souvienne de ce que t’étais à l’époque, et le besoin de te raccrocher à quelque chose. le cinéma est forcément différent, puisqu’il l’est. elle ne joue pas de la même manière, ne se contente pas d’exercer son pouvoir de persuasion. non, elle est plus perfide, elle joue sur les sentiments, elle joue sur l’émotion. t’es même pas capable de comprendre que ce n’est pas totalement un jeu, silene. que votre lien est réel. qu’il n’est pas qu’illusion télévisuelle. expliquer ? qu’elle demande, presque surprise par sa question. je n’ai rien à expliquer, je veux que tu restes. c’est tout. la nonchalance de celle qui a tous les droits, de celle qui est reine de l’empire, ou du moins, qui le sera un jour. parce qu’elle fait équipe avec hope, peut-être pas officiellement, mais officieusement. ses désirs sont des ordres et elle compte bien en profiter pour garder terrence avec elle. pourquoi s’en priver, après tout, silene. il est bon pour toi, bon pour crever l’écran. l’italienne est plus intriguée, plus perturbée par sa seconde question. elle devrait retourner travailler, retourner auprès des candidats, de ceux qui attendent ses indications. retourner mettre le feu aux poudres comme elle sait si bien le faire. je suis censée être sur le plateau. pourquoi ? tu veux autre chose ? suspendue à ses lèvres, elle cherche à comprendre ce qu’il attend d’elle. celle qui s’est déjà excusée, qui a promis de tout faire pour se racheter, qui garde sa place au chaud et le laisse se reposer. tu ne sais pas ce qu’il attend de plus de toi, silene, mais tu commences à ressentir cette furieuse envie de le voir parler, de le voir te cracher au visage ce que tu n’aurais pas soupçonné.

(c) calaveras.