Elle avait des yeux, des yeux d'opale. (Cassey)

traits de caractère / Cassey, c'est la femme qui ne sait jamais ce qu'elle veut. Indécise, elle est à la fois pleine d'ambitions, travailleuse mais aussi du genre à vite perdre pied. La vie l'a obligée à se montrer résistante mais elle est loin d'être aussi forte qu'elle y paraît. Au contraire, elle est extrêmement vulnérable. Elle a cette façon de se mettre constamment dans des situations les plus catastrophiques. En règle générale, elle est suffisamment débrouillarde et maligne pour s'en sortir. Charmeuse, elle sait se servir de ses atouts mais elle est aussi beaucoup trop naïve avec ceux qui l'entourent. De nature optimiste, elle est capable de donner sa confiance beaucoup trop rapidement. Car elle, elle est la spontanéité incarnée, même si elle est bien plus secrète qu'on ne le croirait. De nature lumineuse et joviale, elle s'enthousiasme d'un rien mais son entrain peut retomber aussi vite qu'il est arrivé. Elle se lasse vite, de sorte qu'elle a besoin d'être stimulée, elle a besoin de vibrer.  Elle est extrêmement attachante mais peut s'avérer aussi profondément agaçante. Son côté fille à papa peut la rendre capricieuse, voire un brin caractérielle même si elle oublie aussi très vite sa colère. Pas rancunière, elle vit dans l'instant, sans se poser de questions, parfois alors qu'elle le devrait. Son côté irresponsable peut lui porter préjudice mais elle sait retomber sur ses pattes. Elle a ce besoin d'être protégée qui peut donner aux autres l'envie de lui porter secours, mais, irrécupérable elle peut aussi leur causer du tort sans s'en rendre compte. Aussi touchante que fatale, elle a ce feu en elle, Cassey. Et ceux qui l'approchent peuvent s'y brûler les ailes.

« Tu choisis pour celle-ci, et moi je prendrais celle-là. » C’est comme ça qu’ils ont décidé, leurs parents. C’est comme ça qu’il a décidé, son père, de l’appeler Cassey. Le choix aurait pu se limiter aux prénoms des deux jumelles, mais non. Ce n’était que le début de tout un cheminement, tout une division. Entre elle et sa mère, entre elle et Jane. Elle ne s’est jamais vraiment sentie proche de sa mère, Cassey. Elle a toujours voulu leur rappeler leurs racines hispaniques, elle les bassinait avec ses leçons sur l’histoire de son pays alors qu’elle, elle voulait juste s’amuser comme toutes les autres petites filles. Jane, elle, a toujours bu les paroles de sa mère. Alors elle s’en allait souvent, elle n’écoutait pas, elle n’était pas très disciplinée avec elle. Son père, par contre, elle le vénérait. Il n’était pas souvent là, c’est vrai, mais il avait toujours quelque chose pour lui faire plaisir. Un cadeau, une petite douceur ou même juste des photos de stars qu’elle admirait. Une vraie fille à papa, elle l’était, elle l’assumait complètement. Car il était génial, son père. Elle le préférait à sa mère en vérité. Elle était sans doute la seule, d’ailleurs. Nikolaï était plus grand, mais il se tournait vers la jeune femme plutôt que vers leur père, lui aussi. Et Jane, elle préférait écouter ses leçons d’histoire plutôt que de s’amuser avec elle. Elle était bizarre, Jane. Ou peut-être que c’est elle qui était trop immature. Peut-être que c’était elle qui ne voulait pas voir que son père si merveilleux n’était pas aussi parfait. Mais elle s’est toujours sentie plus proche de lui que des femmes de la famille. Plus encore après le divorce de ses parents. Elle n’a que dix ans mais, sans hésitation, sans remord pour sa mère, elle suit son père. Ce père qu’elle a tant idéalisé. C’est sans doute pour cette raison qu’aujourd’hui, elle sait si peu choisir les hommes, Cassey.



En grandissant, l’écart entre les deux jumelles s’est accentuée. Jane s’est focalisée sur les études, sur les maths et la physique. Tout ce qu’elle, elle avait en horreur. De son côté, la jolie blonde a tracé son propre chemin, un chemin bien plus agréable. Les garçons, elle était déjà dingue des garçons. Mais pas seulement. C’est une touche-à-tout, Cassey. Elle aime l’art, la mode, le cheerleading, ou même, surtout, le théâtre. Elle se cherche pas mal durant cette période, trouvant sans cesse sa voie, le… Métier fait pour elle. Même si elle en change aussitôt le lendemain. Elle a même la chance, grâce à son père, d’avoir deux petits rôles dans des films aux succès moyens de l’époque. Rien de bien impressionnant mais, à ce moment, elle est très fière, sans savoir qu’elle ne le restera certainement pas à l’âge adulte. Mais elle expérimente, Cassey. Elle s’essaie à beaucoup de choses. Le lycée privée dans lequel elle se trouve lui donne beaucoup d’occasions. A l’extérieur, elle s’amuse aussi beaucoup. Populaire, elle est invitée à toutes les soirées. Elle fait quelques bêtises à cette époque. Son grand frère se montre particulièrement protecteur envers elle à ce moment, parfois même beaucoup trop à ses yeux. Mais il est toujours celui qu’elle appelle quand elle en a besoin. C’est sans doute à cette période qu’elle devient aussi proche avec lui, plus qu’elle ne l’a jamais été. Sa mère, quant à elle,  est souvent furieuse, elle dit qu’elle ne la reconnaît pas, mais son père prend constamment sa défense. Elle lui reproche d’en faire fille trop gâtée, alors qu’aux yeux de la principale intéressée, il a juste envie de la rendre heureuse, lui. Et puis, elle ne fait jamais de grosse bêtise. Elle est appréciée de ses professeurs, adorée par ses camarades, elle se sent parfaitement bien à sa place. Elle est heureuse. C’est peut-être bien elle, la plus heureuse de toute cette famille dysfonctionnelle.



Le coup de foudre. Nouveau au lycée, il attire beaucoup de convoitises. Mais c’est elle, parmi toutes, qui parvient à le charmer. Il est beau, il est intelligent, mais surtout… Il est gentil. Il n’a rien des autres garçons, ceux qui sont si stupides, si lourds aussi parfois. Il a tout du prince charmant. Et, elle aussi, il en fait une autre personne. Plus posée, plus douce, plus généreuse aussi. Il fait d’elle quelqu’un de meilleur. Il la rend folle amoureuse de lui. Et elle est convaincue qu’ils finiront leur vie ensemble, Cassey. Le mariage, les enfants, elle veut tout avec lui. Mais l’enfant arrive beaucoup trop tôt. Elle n’a que seize ans quand elle tombe enceinte. Etrangement, elle n’a pas peur. Elle se sent prête à l’affronter. Mais, lui, il choisit de disparaître. Le prince charmant qui se transforme en grenouille. La désillusion, la douleur, et la solitude qui l’attend. C’est aussi à cet instant que cette idée lui vient dans la tête, à Cassey. C’est parce qu’elle a trop cru au prince charmant qu’il était qu’elle a tant souffert. C’est peut-être bien pour cette raison que, à partir de ce moment, son cœur se dirige instinctivement vers les autres. Ceux qu’elle n’aurait même pas regardés quand sa seule préoccupation était de remuer correctement ses pompons. Les mauvais garçons. Avec eux, au moins, elle ne risque plus d’être déçue. Plus jamais. Et tant pis pour lui, tant pis pour eux. Elle élèvera sa fille toute seule. Elle saura l’aimer pour deux, pour mille.



Arya. Elle l’appelle Arya. élever une petite fille toute seule, ce n’est pas facile, surtout lorsque l’on a dix-sept ans. Elle ne perd pas seulement son petit-ami à ce moment, ses amis s’éloignent d’elle peu à peu. Mais elle s’en fiche, Cassey. Elle a ce petit bout qui compte sur elle, cet ange, son ange. Elle devient l’élément le plus important de sa vie, le centre même. Pour elle, la jeune fille s’accroche. Arya, elle illumine son monde. Elle ne lâche jamais rien à partir de ce moment. Ce n’est pas simple tous les jours pourtant. Elle tente de tout gérer : Sa fille, ses études, puis son travail peu  à peu. Elle a la chance d’avoir a le soutien de son frère, celui de sa sœur aussi. Pour la première fois de sa vie, elles se rapprochent enfin. Elle a aussi son père qui, malgré une certaine distance avec sa fille-plus-si-parfaite, lui donne les moyens financiers de s’en sortir. Et elle s’en sort. Elle poursuit ses études, laissant parfois sa petite princesse à Nikolaï, puis de plus en plus souvent alors qu’elle devient antiquaire. Elle fait tout pour se créer sa réputation, son prestige. Elle veut le meilleur pour Arya, vraiment. Elle se bat pour elle, pour lui offrir une vie décente, sans se rendre compte que, peu à peu, elle passe à côté du plus important. Elle ne veut pas la décevoir, elle veut tout prendre en main. Mais, sans le vouloir, elle crée cette distance alors que sa fille grandit, qu’elle devient une adolescente qui a de plus en plus besoin d’elle. Et ce n’est pas là sa seule erreur.



Elle travaille de plus en plus. Elle ne voit plus Arya, elle ne voit plus personne. Et, parallèlement, elle a l’impression que les affaires commencent à aller de plus en plus mal. Dans un secteur comme le sien, si elle ne fait pas de vente, elle ne peut pas s’en sortir. Mais plus la situation devient urgente, plus elle perd le contrôle. Car elle n’est pas faite pour tout ça, Cassey. Elle n’a jamais voulu porter tout ce poids sur ses frêles épaules. Elle n’est pas si forte, elle n’était même pas forte du tout avant d’avoir Arya. Elle n’était qu’une gamine qui croyait avoir tout compris à la vie. Et pourtant, presque de manière immature, elle rêverait parfois de revenir à cette époque. Celle où elle n’avait aucune préoccupation, aucune source d’inquiétude. Elle se met de plus en plus de pression, et elle n’est pas la seule. Alors que, désespérée, elle avait trouvé le moyen de se faire prêter de l’argent par un homme peu recommandable, celui-ci devient de plus en plus insistant auprès d’elle. Mais elle a l’habitude de contourner les situations périlleuses, Cassey. Elle le fait poireauter, elle le fait languir en lui promettant. Demain, la semaine prochaine… Dans deux mois… Ses promesses s’accentuent. Et, de l’autre côté, elle a Arya qu’elle n’arrive plus du tout à gérer. Arya qui enchaîne les conneries, comme si elle pouvait l’en sortir à chaque fois, alors qu’elle se plonge dans d’autres bien plus grandes de son côté. Elle n’en peut plus, Cassey. Elle sent que tout lui échappe. Sa maison, son travail de plus en plus fluctuant, et surtout sa fille. C’est lorsque cet homme la menace de s’en prendre à Arya qu’elle ne réfléchit plus. Elle l’envoie chez son oncle, à New-York, pour faire ce qu’elle, elle est incapable de faire… Prendre soin de son bébé.



Arya lui en veut terriblement. Nikolaï ne la comprend pas. Personne ne peut comprendre. Mais elle est à bout, Cassey. Elle s’effondre en larmes au téléphone avec son frère. C’est si loin de lui ressembler, si loin d’être elle, elle qui a toujours cru qu’il y avait une solution à tout. Elle n’en voit plus du tout. Elle a le cœur en miettes de devoir mentir à sa fille, lui faire croire qu’elle l’abandonne alors que tout ce qu’elle souhaite, c’est la protéger. Mais elle ne peut pas dire la vérité. Elle a été sauvée trop de fois déjà. Elle veut s’en sortir toute seule et, surtout, elle veut éloigner sa fille de ses problèmes. Peut-être qu’auprès de Nick, elle saura prendre ce nouveau départ dont elle a tant besoin. Mais les jours passent, et Arya refuse tout contact avec elle. Elle lui manque, sa fille lui manque atrocement. Ses problèmes, eux, sont loin d’être réglés. Lors de leur dernière rencontre, son créancier a même fini par s’en prendre physiquement à elle. Des marques qu’elle cache soigneusement derrière ses vêtements. Mais l’évidence est là. Il risque de s’en prendre à elle, définitivement, si elle ne s’enfuit pas. Où aller ? La réponse est d’une telle clarté dans sa tête. Rejoindre sa famille.