Wicked Game. ((Romeo))

romeo. Au départ de l'histoire, il y a eu Boston, mais bien assez vite le paysage change et se succède aux géants feuillus ceux pleins de bétons. Le nez contre la vitre de la voiture, les yeux gros et les paumes aplaties, l'enfant n'est pas de marbre face aux immeubles. Pourtant tout sonne morne dans le coin mais ils sont passés par les coins colorés auparavant et alors il ne songe plus qu'aux arcs-en-ciel qui sont nés sans pluie auparavant. Dans le nouvel appartement, sa fenêtre donne sur un mur peint, d'une célébrité dont il ignore tout mais qui est entouré de couleurs éclatantes. L'amour pour les tags qui vient à naître, alors qu'il se faisait si doux rêveur, l'enfant un brin solitaire. 02. Premier jour d'école intimidant. Pognes faiblardes accrochées au pantalon du père qui doucement lui dit qu'il va falloir y aller. Le stress dévore l'estomac de l'enfant, timide au possible, jusqu'à ce qu'un autre gosse vient à l'aborder, quelques minutes à peine après. Et Romeo, il aurait été prêt à suivre le Diable pour peu qu'il lui aurait dit qu'ils allaient rester ensembles. Alors Benny devient à cet instant précis l'être le plus précieux après ses parents et son doudou. 03. Des éclats de rires, dans l'intimité d'une chambre. C'est qu'ils s'amusent toujours autant, même dix ans après. La console fait partie du groupe de meilleurs amis, alors qu'un personnage aux bons tuyaux somme à l'autre personnage de se presser. Les manettes bien ancrées dans les mains, ils discutent de tout, de rien, des filles, des autres copains. C'est que le groupe, avec le lycée, s'est agrandi. Qu'ils sont comme les doigts de la main, cinq qu'ont fait la promesse de jamais faillir, d'être toujours amis. C'est beau, presque pur, si Benny ne faisait pas autant sa Loi dans ce groupe-là. Mais à Romeo, ça pose pas de souci, parce qu'il en a toujours eu l'habitude. 04. Son meilleur ami, ça a toujours été son phare dans la nuit. Mais Benny, il a pas eu de chance dans sa vie. C'est qu'il est tombé, sans doute, dans la mauvaise famille. Celle aux croyances qui font beaucoup de mal, autour d'eux, qui peuvent pousser d'autres dans des voyages sans retour que Dieu condamne pourtant. La famille pousse la religion à un extrême qui n'excuse jamais rien malgré la bonté dont ils se pensent remplis. Alors Benny, il a appris qu'il fallait cracher sur tous les hommes qui ne sont pas comme lui et use de terme qui font mal à entendre. Romeo se retrouve perdu parfois, quand il insulte un couple gay, leur dit d'aller se faire soigner. Pour autant, il se tait, parce qu'il a jamais appris à avoir des idées face à Benny. S'il dit que tout ça, c'est mal, alors sans doute que ça l'est. Suffit de voir les héros de l'enfance, à la masculinité toxique : pourquoi se poser des questions, hein ? 05. Trois petits tours et puis s'en va. Pas les manies, les inepties. Enfant perdu dans la vie, face à la rudesse des incapables, ceux qui ne savent pas aimer correctement. Enfant qui du haut de sa vingtaine confortable et plus qu'atteinte se retrouve toujours à prier le Seigneur de le guider. C'est que les années ont beau lui donner de la maturité au visage, Romeo ne grandit pas. C'est qu'il est toujours attaché à l'époque du lycée, et même d'auparavant, toujours avec Benny dans sa vie, et puis les autres aussi. Incapable de s'attacher sans crainte à qui que ce soit d'autre, la peur qui vrille sans cesse dans l'estomac de ce qui pourrait se trouver dans le monde, de ce qu'il pourrait trouver en lui. Mais le souci, c'est qu'il croit pas tellement en Dieu, a pas trouvé vraiment de quoi calmer tout ce qui bouillonne en lui-même au travers de ce qu'il entrevoit de Benny. Pour autant, il veut pas devenir le paria. Alors l'adulescent reste là, assis aussi sagement que ce qu'on a pu lui dire de l'être. À attendre une nouvelle illumination qui, semble-t-il, ne vient jamais. Et petit à petit, sa tête lui semble de plus en plus lourde à porter. 06. Paysage agité, face à son calme olympien. Des allures d'apocalypse durant la soirée dernière, alors qu'ils sont à rire tout autour de lui. On lui a dit qu'il était comme de la famille, désormais. Mais quand il regarde autour de lui, tout en silence, il n'arrive pas à s'y faire. Mais les sourires sonnent comme vrais, à force de s'entraîner à en faire depuis l'enfance. Il devrait leur dire un jour, qu'il ne croit pas en ce qu'ils disent. Qu'ils lui font du mal, à dire de telles choses, de celles qui parlent de contre-nature et qu'évoque les Hommes qui ne leur ressemblent pas comme étant des animaux à asservir par le silence. Minorités bafouées dans des rires et sous des allures d'humour qui, pourtant, ne font jamais rire Romeo. Qu'il y a-t-il de si drôle, de rire du sang qu'ils font couler d'avec leurs mots assassins ?

en vrac. La cigarette électronique jamais bien loin de ses pognes, les doigts qui gravent leurs empreintes par-dessus le cylindre. C'est que ça habille l'espace de sa fumée et qu'il n'a plus à justifier ses silences lorsqu'il fume. Le sport l'aide aussi à se canaliser et il est souvent manquant aux débuts de soirée tant il est occupé à se vider l'esprit de ce qui n'y figure pas. 02. Les cours de théâtre n'ont pas fait long feu quand un jour, ils ont voulu jouer Romeo et Juliet et que lui n'en avait aucune envie. C'est que voilà bien longtemps que cette tragédie le poursuit et qu'il en hait la moindre couture, ne faisant jamais l'effort d’apprécier la moindre référence qu'on voudrait porter comme blague à son égard. Pour autant, jouer un autre rôle que le sien lui plaisait bien et ça lui manque encore, parfois. Il compense avec la photographie, beaucoup d'auto portraits qu'il supprime bien assez vite. 03. Il a vécu un temps en colocation avec un des amis du lycée avant que celui-ci n'emménage avec son ex petite-amie. Depuis il vit seul et dans un appartement plus petit qui déborde, dans un placard, d'un peu trop de pièces électroniques. La passion de l'informatique, au sens propre comme figuré, prend beaucoup de place chez Romeo. 04. Romeo déteste tout ce qui est rencard et compagnie, surtout quand ils sont arrangés. C'est qu'il n'aime pas toutes les injections qui vont avec, toutes les attentes que le mot implique à lui tout seul. Il aimerait bien juste des sorties qui n'ont pas de sous-entendus d'avec rien leur dénomination. Ainsi mal à l'aise dès que Benny lui en impose un parce qu'il s'agit d'une amie de sa femme ou autre, il n'est pas vraiment lui-même durant le déroulé... Et il ne rappelle jamais. 05. Ainsi il ne parle que très rarement de sa vie personnelle car après tout, il n'a rien à raconter sur celle-ci. Hausse bien souvent les épaules lorsqu'il s'agit de donner son avis de prime abord sur quelqu'un. Un manque de personnalité doublé à un "ami" étouffant qui ne le laisse pas s'en aller trop loin de son joug. 06. Absolument pas déconstruit sur tout ce qu'il peut se passer dans le monde, il est le typique homme qui jouit de ses privilèges sans même se rendre compte de leur existence. Vie pleine de quiétude en somme, parsemé de ses soucis du quotidien qui ne peut pas comprendre la souffrance des autres pour l'heure. Conscience politique au stade du zéro absolu, quoiqu'au moins, il sait être en désaccord avec celle de Trump sans vraiment savoir pourquoi exactement.