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 Le fils du roi (Misha)

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Orphée Lessing;

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Orphée Lessing



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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Jeu 30 Juil - 18:31

le fils du roi
Orphée & Misha

   Loin des entrailles des souvenirs, l’enfant danse, ses muscles se plient, se déplient, elle étend bras et jambes, saute et dessine des acrobaties, elle retrouve le corps de la gymnaste, de la danseuse qui s’épanouissait dans les figures compliquées, pleines de grâce. La légère sueur essuyée, l’eau la désaltère et la musique recommence. Grisha lui a ordonné de reprendre les cours, il lui a payé un professeur particulier, tu seras étoile Orphée. Elle avait froncé les sourcils, prête à dire non, non, non, parce que je n’obéis pas, parce que je fais ce que je veux, parce que je préfère me morfondre et pleurer la perte de mes parents, parce que je décide de ce qui est bien pour moi, de ce qui est mal pour moi, que je refuse d’être infantilisée. Elle avait crié dans le bureau, en colère contre le bourreau qui souhaitait remplacer la figure paternelle. Il lui avait appris qu’il avait rempli des papiers, que, pour le moment, il était son tuteur légal. Elle avait haussé les épaules, par affront, dans quelques mois j’ai dix huit ans avait-elle craché gentiment, sourire charmant. Elle constate que la danse l’allège, que la gymnastique l’apaise, que ses muscles se dessinent et se renforcent toutes les semaines, que son professeur exige l’excellence et qu’elle répond, heureuse de trouver des challenges. Orphée recommence. Deux pas, un pas, pirouette, et la lenteur dans les bras mesurés, les jambes écartées.  « J’aimerai apprendre des mouvements spécifiques au hip hop. Je pense que ça pourra rajouter une certaine expression dans mes mouvements, changer un peu le répertoire classique. Imaginez Odile ou Giselle ou Carmen dans un monologue expressif, les sensations et la transcendance qu’éprouveraient les spectateurs ? » Fiodor hésite, réfléchit. Il a trouvé dans cette élève une surdouée, le ressenti ne se trompe pas, elle apprend rapidement, elle observe, répète une fois, maximum deux, avant de comprendre la subtilité et de s’approprier le mouvement. Orphée se rhabille dans les coulisses du théâtre, le doute la submergea quand elle apprit qu’il appartenait à Grisha. Comment a-t-il pu se payer un lieu si riche ? Avec son salaire de psychiatre ?

 Elle a promis de ne pas fuir, mais l’automatisme des pas la ramène indubitablement vers le chemin de l’essence, son autre vie, encore si récente qu’elle éprouve toujours la boule d’angoisse quand elle remarque la mauvaise direction. Aujourd’hui, elle ignore, retourne sur ses pas, rapidement, presque galopante, aujourd’hui elle veut oublier, être dans le déni. La première étape du deuil. Elle a dévoré les ouvrages de psychologie que Grisha lui a confié, annoté des pages, n’hésitant pas à déranger l’ogre dans son bureau, parfois il traînait dans le salon, un verre de vin et la musique classique. Souviens toi que ce n’est pas ton père. Les couloirs respirent l’absence, elle a le goût de la solitude, le plaisir du vide. Dans sa nouvelle chambre déjà fortement dérangée, un ouragan de désordre, Orphée s’allonge sur le ventre, tourne les pages. Kant l’entraîne dans une cérémonie de concentration, elle pense beaucoup, s’arrête, ferme les paupières, réfléchit. Puis note sur des post-it ses propres critiques. Mais tu as dix sept ans, t’es un génie en fait, t’es beaucoup trop intelligente, tu parles comme une intello. A tous ces gens elle avait répondu qu’elle était juste elle et que cela suffisait. La porte s’ouvre, des pas, Grisha. Tant mieux, elle bloque sur un passage.  « Je suis pas trop d’accord avec Kant, en fait je n’aime pas ce philosophe. C’est beau son idéalisme mais ça ne fera jamais avancer les choses. » Provocation emplie de spontanéité, de naïveté. Et Orphée s’excuse.  « Pardon, je croyais que c’était Grisha. ». Il a la même allure, bien que juvénile, le même charisme mais en devenir. Le fils adoptif. Misha… Grisha, une lettre de différence. Quand Grisha tempête par son silence Misha parle et lorsque Misha se tait Grisha reprend. Des doubles. Il est souvent là, avec son parle partage le dialecte de la neige, le russe. Devant elle, par déférence peut-être, ils pratiquent l’anglais… mais parfois…  « J’aimerai apprendre le russe. » Elle rebondit d’un sujet à l’autre car cela l’exaspère ces secrets qu’ils se disent, ne s’en rendant pas compte. Inconscient de sa présence.  « Tu pourrai m’apprendre ? T’as juste besoin de me donner des références et ensuite je me charge d’apprendre moi même. » Orphée ne connaît pas l’intimidation, sa voix, néanmoins, cache une fragilité qu’elle ne s’avouera pas. La politesse soufflait sa mère dépitée.

@Misha Orlov

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Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Ven 31 Juil - 10:46

le fils du roi
Orphée & Misha

« You will learn a lesson from everyone you meet in this lifetime. »
Sous la paupière les traits bleus fardés des excès de la veille. Misha se remémore les frénétiques raouts de la nuit, les musiques sourdes puis les façades de lumière pâle des maisons closes. Il se remémore les visages flottant le long des sombres balustrades ; ces filles de joie dont le parfum de l’érotisme narguait sans cesse le bas-ventre des loups. Elles qui léguaient perpétuellement leurs soupirs au fils Orlov dès lors qu’il s’assurait par sa venue du bon fonctionnement des lieux. Il se souvient des rires mécaniques et broyés et de l’ardeur folle de la sororité entre les murs de ces bâtisses. Puis il se souvient de quelques verres levés dans un bar huppé de Manhattan, a gravé au creux de son esprit la lueur de lionne dans l’arceau de cette pupille féminine qui s’était épanchée vers lui. Mais il peine à se remémorer l’emplacement de ce fichu téléphone portable, prolongement du bras de toute une génération. Sa perte provoque l’agacement, bouscule la patience, fait froncer les sourcils du jeune homme qui s’assigne la tâche désespérée d’ouvrir les tiroirs et de retourner chaque pli de textile. La prospection visuelle des autres recoins coutumiers n’a guère porté ses fruits, et c’est d’un soupir glacé que Misha se résigne à concevoir d’autres issues ; sans doute l’a-t-il oublié dans ce bar de nuit. L’ivresse et l’exaltation avalent dans leurs gueules béantes toute lucidité et tout repère.

Puis soudain l’idée follement désespérée agite ses synapses comme il se redresse, songeur. Misha n’a guère investi cette chambre inconnue et proscrite ; l’antre intime de la jeune Orphée n’a jamais été investie par ses soins et pour cause, l’on ne pénètre pas la chambrée d’une donzelle sans arrière-pensées nichées dans le crâne. D’un soupir pourtant , Misha s’y résigne et c’est ainsi porté par le désespoir de sa dernière chance qu’il s’engouffre dans le couloir. Après tout, se dit-il, Orphée s’est précipitée ce jour à son cour de danse. Le jeune russe s’est enquéri fortuitement de cette information par les seules voix de son père et de la jeune fille percutant les murs de la veille, puisqu’il ne peut se targuer de grands échanges volubiles avec la danseuse. Tout juste sait-il qu’elle est jeune, dix-sept ans modelant la chair encore fraîche, qu’elle a l’esprit de contradiction et que Grisha la porte en grande affection. Ainsi Misha approuve sans trop se poser de question ni même sans connaître cette colocataire à la vie séquestrée. Et c’est d’une main ferme et confiante qu’il ouvre la porte, surpris néanmoins par la silhouette familière imprégnant les lieux. Elle lui parle de philosophie et cela l’exaspère. La main prompte à refermer la porte sans excuses alléguées se fige sous les palabres de la jeune fille. « Pardon, je croyais que c’était Grisha. » Le fils hausse froidement les épaules et s’engonce dans un mutisme perpétuel ; ‘il est sorti’ murmure sa gestuelle silencieuse. Sans doute a-t-elle senti la dérobade du jeune homme car elle a la voix qui se révolte et s’accroche au moindre silence afin de le prendre en étau. ‘J’aimerai apprendre le russe’, clame-t-elle de son timbre affirmé. La confiance de la fillette suinte par tous les pores de sa peau. Misha arque les sourcils d’étonnement, les questionnements au coin de ses lippes mutiques. Le jeune homme aurait refermé la porte sous sa demande sans un mot ni même une réaction. Mais il se souvient de Grisha, l’affectation qu’il a pour elle, l’adoption récente. ‘Tu trouves que j'ai la gueule d'un putain de prof barbant ?’ crève-t-il de cracher avant de se reprendre, mâchoire serrée par l’effort : « Demande à Grisha de te payer un professeur particulier.  » Le timbre est glacé, glaçant, sec. Misha ne la porte pourtant pas en désamour. Il ne la trouve ni désagréable ni même envahissante. Il a même, parfois, cette douleur empathique pour elle que de la savoir séquestrée de la sorte. Mais le jeune homme porte la méfiance comme un plastron, surtout à l’égard des femmes. La carapace polaire en effraie usuellement plus d’une.

Mais puisque celle-ci est différente, puisque son père nourrit pour elle un amour véritable, puisqu’il semblerait qu’elle ne devienne sa soeur, Misha abdique. Roule ses yeux vers le plafond dans un soupir, puis d’un grognement capitule : « Ok alors allume ton ordi, faut bien commencer par quelque chose. » C’est pétrie d’un dynamisme éreintant qu’Orphée s’y attèle, invitant dès lors Misha à prendre place derrière l’écran. Le jeune homme s’attarde à lui débusquer un alphabet cyrillique et de l’avertir sur la sournoiserie de certaines lettres n’ayant pas la consonance de leur apparat. « Méfie-toi du russe. Il est fourbe. » Assène-t-il d’une voix suffisamment sérieuse pour s’interroger sur la véracité du trait d’humour. Ainsi Misha prend-t-il le temps de réciter lettre par lettre la musicalité de chacune, parachevant son laïus professoral par un ‘bon courage’ un peu aigre.

Et de cet échange il profite. Se tourne vers la jeune fille et lui demande sans ambages : « Alors comme ça, Grisha a aussi signé les papiers pour toi ? » Une lueur d’intérêt pour sa personne semble enfin briller dans ses yeux.

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Message Sujet: Re: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Sam 1 Aoû - 21:20

le fils du roi
Orphée & Misha

     La main sur la poignée, les muscles fins et forts d’un corps de boxeur, elle a entendu les conversations de nuit où Misha allumait la télé entouré de ses deux autres amis, il y avait une complicité d’années de galères sous les rires et les boutades ; Orphée enviait, allongée dans son lit, son portable éteint et un livre près d’elle, désirait les rejoindre mais préférait entendre et observer, analyser et pécher quelques informations. Ce garçon adopté, Grisha lui en avait parlé, dans sa voix ordinairement autoritaire et froide se nichait pourtant le trésor d’un amour filiale, le père pour son fils. Il a la carrure des gens méfiants, le silence éloquent. Orphée connaît, elle s’est déjà tu, a laissé les tourments posséder son être afin d’être consciente que sa vie d’avant ne serait plus la même, qu’elle ne serait plus la même. Trouve toi un prof particulier. A cette phrase, ses yeux brillent de taquinerie, pour abaisser les défenses, la provocation légère.  « Bah… Comme t’es là tu peux bien m’apprendre un peu non ? Regarde je te considère déjà comme un professeur ! Et pour moi c’est te faire un compliment. » Le rire niché au bout du sourire ne se muselle plus, la gentillesse sous les paupières. Orphée a perçu la stature de repli, la lassitude et la contrariété, pas pour elle certainement, il doit voir dans cette chambre des ectoplasmes de troubles. Il n’a peut être pas envie de me connaître, se dit-elle. Mais la gamine ne s’arrête pas, et, à l’entente de la réponse, des mouvements de souples et gracieux, l’automatisme du geste de la danseuse soignant sa prestation, c’est naturel, et beau chez elle, ces bras qui plongent vers l’ordinateur en veille dont elle s’empresse de remonter l’écran. Et Misha change, abat un peu sa froideur puisqu’il lui confie un alphabet. Les lettres bruissent, déjà la flamme de la curiosité, elle notera chaque lettres, parcourra les phrases courantes, dériveras vers la littérature quand elle aura les bases. Un défi… Elle calcule sa durée.  « Aller ! Je me dis qu’en trois mois je pourrais commencer à lire notre cher Tolstoï en russe ! C’est un bon challenge pour se motiver ! » Et elle appuie sur le traducteur afin d’entendre la voix automatique, munie d’un énième sourire espiègle pour le garçon aux yeux de pierres.  « J’avoue qu’un robot ça enlève tout désir, tu as une bien plus belle voix. » L’innocence dans les paroles et la naïveté dans le ton employé, elle a la voix des rossignols, vive et précise.

   Elle ne s’attendait pas à cela, froncement léger de sourcil le temps de penser. Un silence imprégné quand elle se remémore ce moment ; elle avait paniqué, seule dans son ancienne demeure, l’avait appelé en larme, confuse et désorientée. Pour un peu, elle aurait remercié Grisha de lui porter secours, si elle n’avait pas ressenti le danger et l’aura crépusculaire qui émanait de son être. Il y avait dessous l’habit et la prévenance, la protection et la compassion, un vœu chez lui qu’elle ne pouvait accepter.  « Grisha a envie de jouer au papa avec moi. Il en profite puisque je suis devenue orpheline récemment. J’ai pas vraiment le choix. » Elle hausse les épaules, sans tristesse néanmoins ni d’exaspération.  « Au final ça m’arrange, je me sens moins seule, et je me sens protégée. Je ne sais pas ce que vous êtes et ce que vous faîtes mais vous parlez en russe et vous vous enfermez en me tenant à l’écart, ça a l’air important. » Dans les océans, la curiosité mêlée de bravade, elle cogne encore.  « Je vais enquêter dessus, j’ai tout mon temps… Vous n’aurez aucun secret pour moi bientôt. » Avec l’accent russe, mademoiselle s’amuse à imiter une voyante en prise avec sa boule de cristal. Et le carnet se remplit de phrases, puisqu’elle peut partager son temps entre deux activités simultanément. Misha a le visage de nouveau fermé, elle a donc visé juste. Dans cette maison luxueuse se terre des choses innommables peut-être.  « Et toi ? Il t’a adopté quand t’avais quel âge ? Il t’aime beaucoup. Je suis sûre qu’il serait capable de tuer pour toi. » La sincérité douée d’empathie, Orphée déstabilise ce n’est pas de sa faute, chez la grande il semble que le monde se pare d’amusement et de magie perpétuelle.  

@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Mar 4 Aoû - 18:15

le fils du roi
Orphée & Misha

« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Orphée le brave avec cette absurde soif d’absolu qu’ont les gens de cet âge ; la fillette est véhémente, sort du lot. Cette prodigieuse particularité de s’imprégner des autres puis d’étancher sa soif à l’abreuvoir des connaissances a attiré pour sûr l’oeil de Grisha. Ce dernier avait ainsi confié au fils, d’une langue polie de consonances russes - pour un peu que la gamine ne les surprenne en plein épanchement à son sujet - qu’elle écartait la souffrance en se noyant dans un zèle intellectuel et le tenait ainsi pour lieu d’épopée. Misha avait accueilli mollement la nouvelle et son indolence s’était ourlée de faux plis de tolérance. L’héritier Orlov est tolérant, dit-on. Il est tolérant, parce qu’il s’en fout. Mais il avait acquiescé sous couvert d’amour filial et de cette entrevue en était sorti forgé de la conviction suivante ; il était devenu le frère d’une gamine qu’il ne connaissait pas.

Mais plus encore que les rires, la liberté est contagieuse. Cette gamine se faisant pantomime à ses côtés, la bouche en coeur tout en récitant l’alphabet, c’était évident qu’elle finirait par faire le mur. Misha ne l’appréhendait pas encore qu’il pouvait le sentir, cet appel farouche des rues. Ce même feu prégnant qui se consumait en lui et qu’il ne pouvait taire ni par des élans de sadisme et moins encore par le panorama mirifique qui se déployait dans sa chambre. Ce n’était pas ainsi qu’il avait souhaité dominer New-York. Pas avec le diorama des nantis et d’un coup d’oeil refaire le monde. S’accaparer la vue comme on méprise une toile de Kandinsky d’une moue pleine de morgue. ‘Je trouve quand même que ça manque de couleurs rutilantes’ avait un jour couiné une rombière dans le ventre du MOMA, la gueule ensuquée de suffisance. C’était son poing dans sa gueule, que Misha aurait trouvé rutilant. Mais parce qu’il n’avait pas même l’oeil assez seyant pour apprécier l’art, le russe s’était embourbé dans le silence, avait laissé la vieille tranquille. En dépit du caractère vieillissant de cette anecdote, Misha s'en souvenait encore puisqu'il regrettait de ne pas lui avoir explosé la mâchoire contre la toile. Ca l'aurait calmée, la marâtre, en sus d'exaucer ses souhaits d'érubescence.

Misha porte le silence comme un manteau dont il se vêt et se défait au rythme de ses désirs. Même lorsque la gamine s’épanche, le russe demeure de marbre. Son oeil charbonneux semble briller de quelques éclats curieux lorsqu’il l’écoute, mais c’est mutique qu’il lui répond. Orphée a le verbiage prolixe sans pour autant se découvrir. Son discours est laconique et poreux, elle a l’envie de se confier et de ne pas s’embourber dans les fanges crasses du pathos. Ecarter la souffrance, dirait Grisha. Cette solitude tolérée, ces grands tourments nichés derrière de petits riens, Misha l’a perçu mais ne pipe mot. C’est une oeillade glacée qu’il lui lance par ailleurs lorsqu’elle lui livre sa boutade enrobée d’un accent surfait des steppes car ce qu’elle lui annonce ne peut que lui déplaire. « Je vais enquêter dessus, j’ai tout mon temps… Vous n’aurez aucun secret pour moi bientôt. » « Et si tu te mêlais plutôt de ton cul. » qu’il lui crache, impavide. Incapable qu’il est de se contenir. Ce n’est pas pour rien que dans le métier, on le surnomme le Doberman. Lorsque Misha a la gueule pleine, qu’il mord et qu’il fustige, il ne lâche pas l’affaire. Sa pupille luit de tant d’inimitié qu’il se doit de se dérober à sa vue ; les yeux fauves se sont détournés et ont percuté le mur. Son fiel qui tombe de nulle part, entre deux sourires mordants et un peu de prévenance glacée, on finit toujours par s’y faire.

« J’avais seize ans. » Misha lâche l’affaire comme un chien patibulaire lâcherait son os de dépit. Le timbre est sec et rocailleux. Il a pourtant la moue et le soupir de ceux qui sont à peu près contents d’être là. « Et s’il m’avait pas recueilli, j’serais encore dans la rue à braquer des vieux cons et des minettes comme toi. P’t’être même que j’en aurais éclaté un ou deux. La face contre le bitume, les dents bouffant le trottoir. Comme dans American History X. Tu l’as vu ? Bref. Toi ça se voit que t’es une fille de bourgeois. Et que du coup, tu t’en fous d’être adoptée. T’aurais été à la fac pareil. Mais voilà, t’es ici quand même. Ce qui fait qu’au bout du compte, t’es maintenant la soeur d’un russkov qu’était pas franchement destiné à devenir un cadre sup avec des rêves de connard. » Il a parlé d’un timbre constant et étonnamment juste, sans grande finesse, mais la perspicacité en bord de lippes.


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Message Sujet: Re: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Jeu 6 Aoû - 13:00

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Orphée & Misha

      Etrange atmosphère corrompant la légèreté de l’instant ; le jeune titan au corps rigide, une statue de marbre, athlétique et fine, par delà de t-shirt devine le derme taillé dans les exercices les plus exigeants ; Misha boxe comme il cognerait, prêt à tuer. Ses yeux de lynx s’accaparent les détails de ses gestes, les mains qui se serrent, la réplique acerbe, mêle toi de ton cul, un langage qu’elle a de nombreuses fois entendu lorsqu’elle désobéissant à ses parents, inquiets. Non tu n’iras pas dans ces quartiers, il y a des voyous, des pauvres… et ils crachaient cela dans la peur d’être eux même contaminés par la misère inhérente à ces quartiers délaissés, défavorisés. Elle avait donc lu Le capital de Marx, puis avait comblé ses lacunes, avait lu un maximum de références pour s’approprier ce sujet de l’économie et, plus elle cheminait, plus son esprit se construisait selon un idéal de petite fille, naïve. Elle l’était aux yeux des autres puisqu’elle ne pouvait disserter longtemps sur le sujet ; à tous elle disait simplement qu’elle était communiste à l’image d’André Malraux. La complexité, ils ne comprenaient pas. Misha n’était qu’un produit de cette société sordide où la richesse primait sur l’empathie. Elle ne s’attarde pas sur l’agressivité, elle qui a connu des gens, est sortie avec un petit barbare, paumé et seul, terriblement seul. Elle s’était sentie coupable de l’avoir quitté.
 
Naturellement, elle enserre sa main sur la sienne, comme signe à l’apaisement. Elle se fiche bien du rejet, il serait prompt à retirer ses doigts, à ne jamais laisser quiconque à outrepasser ses barrières protectrices, elle a étudié la psychologie, pendant une année, avant l’événement qui bouleversa sa vie, les trois trois corps décharnés et le meurtrier court toujours. Elle est suffisamment possessive de ses manières et de ses émotions aujourd’hui pour balayer cette même image qui hante et déchire. Trois charognes alignées sur le carrelage de la cuisine. Il a toujours le corps sous ses gardes, méfiance sur les lèvres, méfiance dans les orbes glacées, même sa posture n’attire pas, elle préserve la distance, tout en lui dit ne t’approche pas de trop. Orphée n’écoute jamais de toute façon, puisqu’elle sait qu’il faut se faire violence pour ouvrir les digues, pour vivre avec les autres. J’avais seize ans. Il était donc suffisamment âgé. Elle ne se surprend pas à penser à l’amour de Grisha, il éprouve pour ce garçon un sentiment obscur et orgueilleux, un sentiment de père pour le fils prodige. Et elle, dans tout ce fatras, qu’elle était-elle pour eux ? D’un mouvement d’épaule, lasse, elle pense qu’elle ne sera rien, juste un objet de caprice. Cela lui va, elle a l’intention de construire sa nouvelle vie, indépendante et libre. Et il parle, déplace la violence dans les mots crachés, pas pour elle, mais pour ce point lointain d’une existence ayant de peu échappée au destin funeste de la fabrication des renards et des loups. De ce long laïus, Orphée écoute, pour ne pas brusquer le garçon fait semblant d’écouter à moitié, tournée vers les pages de son carnet qui se remplissent encore d’encre. Elle note maintenant ses observations, sur lui, quelques mots clés afin qu’il ne puisse voir qu’elle s’intéresse à lui, la compassion au bord du coeur, dans le lointain paysage de son affection naissante.  « Je t’aurai tout donné si tu m’avais braqué. Rien à faire de la violence de ceux qui s’échinent à trouver un peu de bonheur, les oppressés, les laissés pour compte parce qu’ils galèrent exploités, ils vivent dans l’angoisse vingt quatre heures sur vingt quatre, parce qu’après une semaine, l’argent disparaît des comptes en banque. Je t’aurai donné ma montre que je n’ai pas, je me serai déshabillée avec joie pour permettre à un gars comme toi de vivre comme moi. Je suis bien consciente que je viens d’un milieu favorisé. Mes parents l’avaient oublié. Du coup je me dis qu’ils sont morts, c’était pas pour rien. »

 Elle lâche cette réplique, les yeux brûlants de larmes tues, elles ne couleront pas, seule l’émotion persistera. Coupable, coupable dès la naissance d’être née dans une famille où l’argent ne manquait pas. Se débarrasser des valeurs conservatrices, s’émanciper, elle a toujours tenté, à s’égratigner les genoux ou se casser le bras afin de s’enfuir directement de premier étage à minuit pour rejoindre les pouilleux, la vermine. Plus son père pérorait sur les chômeurs, cause de tout le désordre, à les traiter de feignants et l’enfant se fracassait sous les dérives, à se mettre en danger. Sartre et Beauvoir souhaitaient se rétrograder eux même, encourageaient la révolution, tapaient sur leur classe bourgeoise et nanti sans jamais arriver à se défaire complètement de l’éducation reçue et enseignée.  « Je m’en fous pas d’être adoptée. Mais j’ai conscience que Grisha n’est pas le psy parfait et que derrière le beau costume se loge certainement un russe aux motivations plus obscures. Ca se sent. Il me voit comme sa fille décédée, pas comme Orphée. Quant à toi, eh bien, je te vois comme un ami ou un colocataire. Un frère… je ne sais pas, je te trouve quand même trop beau pour ça et l’inceste c’est pas mon délire. »  Elle balance sa verve si tendrement, comme une essence sans conséquence, sous le regard pourtant, se niche la curiosité de la réaction de ce garçon qu’elle commence doucement à appréhender. Faux ou vrai… Tout est honnêteté sous la langue perdue par les palabres.  

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Message Sujet: Re: Le fils du roi (Misha)   Le fils du roi (Misha) Empty Jeu 6 Aoû - 21:29

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Orphée & Misha

« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
La môme parle avec une impudeur striant la prunelle et la bégueulerie en bord de lippes. Elle a l’air de vouloir lui faire croire, avec son port de reine aux mille vies sans n'avoir rien vécu, qu’on se remet de tout. Un peu de traviole, mais on se relève. Misha a saisi la nuance de ses aveux, entre l’à peu près et le je vais bien. Sa pupille n’a cessé de la fixer en dépit de son obsession pour son carnet qu’elle meurtrit d’autant de petites ratures brèves lorsqu’il parle, feignant de s’en foutre tout en l'étudiant volontiers. Dans sa voix se confondent la sonorité claire de l’enfance moribonde et le timbre rocailleux de l’adulte ; lorsqu’Orphée parle, une maturité certaine se confond de badinerie, et cela le surprend. Cette gamine, se dit-il, a l’impératif désir de se draper de ses nippes d’adulte avec l’impatience d’une pubère. Sa faculté d’adaptation est une foutaise. Il le voit, dans son allure, ses simagrées de belle gosse aux beaux mots, sa légèreté frivole, la désinvolture de sa fraîche jeunesse, qu’elle manque d’espace et de docilité. Et lorsqu’elle s’épanche en aveux, de ce ton qui ne doute de rien et certainement pas de son intelligence, elle chante sa commisération pour le bas peuple. Je me serais déshabillée avec joie, qu’elle piaille, entre l’indulgence et la bonté d’âme. Misha sent sa mâchoire se serrer de courroux, la flamme de son regard prendre feu sous l’arceau de la pupille, puisqu’elle le flatte d’être le bon pauvre. Celui qui subit, celui qui survit, celui qui subsiste. Ses palabres sincères se fardent pourtant de tendresse. Moins laid que l’indifférence, plus rustre que le mépris. Le russe a l’envie de lui cracher nouvellement son fiel, ce venin perlant à sa lippe, logeant sous la langue. Ces assauts crasses et jamais tempérés, et lui dire ce qu’il en pense, de sa mansuétude bien lisse et propre. Mais lorsque son laïus s’achève enfin, c’est sur les tombes que les mots pleuvent. Orphée s’est livrée sur la funeste destinée de sa famille comme l’on discourt sur la pluie et le beau temps. A ce stade de l’accablement, Misha s’est résigné à se taire, la colère recouvrée par un manteau de décence.

Et lorsqu’elle reprend elle l’interpelle encore. Cette inébranlable faculté de se noyer dans la vacuité tout en éveillant son intérêt le perturbe. Orphée se confie sur Grisha, ses eaux troubles qu’elle lui concède volontiers et qui ne seront pas trahis par le fils impavide, comme son désespoir s’enracinant en elle.  Il me voit comme sa fille décédée, pas comme Orphée. Cette confession soudaine lui assène le coup de grâce ; son regard a dressé les voiles des sombres interrogations comme il se questionne sur la santé mentale de la petite. Il en touchera quelques mots à son père, se dit-il comme il se perd dans une bulle léthargique qu’elle éclate de sa fraîche spontanéité.  « Quant à toi, eh bien, je te vois comme un ami ou un colocataire. Un frère… je ne sais pas, je te trouve quand même trop beau pour ça et l’inceste c’est pas mon délire. » C’est interdit qu’il la toise, redressant la tête sous couvert d’un faciès pantois. Ce n’est pas tant sa franchise crue qui le perturbe ; Misha avait tant battu les pavés crasses en compagnie de jeunes filles de sa condition qu’il avait toujours composé avec cette sexualité égrillarde et féroce. Les gamines forgées de sa même galère polissaient toujours leurs langues d’invitations franches et sans ambages. ‘T'es canon, viens on baise’, et ça se mettait en branle. Les renverser contre le mur, les paupières mi-closes, leur parler sale lorsque ça s’y prêtait. Se dégrader l’âme et le corps comme on négociait un bien. De la pure spéculation charnelle. Te donner mon corps contre un peu d’attention. Dans leur jargon, c'était le summum du romantisme. Ce qui le perturbe alors, c’est qu’elle ébranle ses préjugés envers les bourgeois. Elle aurait du rougir sous l’assaut de ses envies, ne pas même trouver les mots et moins encore le temps de les glisser. Mais c’est sans fard et sans pudeur qu’elle parle. Misha finit par laisser s’échapper de sa gorge un rire bref et resserré comme un étau, ne sachant s’il doit croire à la boutade - singulière - ou à la sincérité. « T’es une sacrée gonzesse, toi. T’as peur de rien. » Ne pas lui souffler d’autres railleries ; ‘si tu t’es pas tapé un Russe, t’es passé à côté de ta vie’ pour ne pas nourrir l’ambivalence mais l’ourler tout de même dans le pli de ses lèvres. « Mais t’as raison en fait, j’ai rien à foutre dans ta chambre. » Rideau d’une lourde confusion, abattue d’un coup. Sa foutue boutade n’a rien de drôle, alors il se lève, lui accorde raison sans qu’il n’y ait eu débat puis se meut vers la porte. Imposer les trois mètres réglementaires de distance lorsque l’un des deux corps se tend, c’est s’assurer de l’austérité.  « Fais-moi signe si tu trouves un téléphone blanc. Il est à moi et ça fait des plombes que je le cherche. » Dans le crâne du mafieux refermant la porte, des questionnements qu’il tait. Cette môme est un aimant à problèmes.

(c) DΛNDELION ; @orphée lessing
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