| | La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) | |
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| Sujet: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Lun 11 Nov - 22:56 |
| ft Elio. Son téléphone affiche un numéro qu’elle pensait avoir oublié pour préserver sa propre santé mentale. Ses sourcils se froissent sous l’incompréhension et son visage perd les couleurs de sa sérénité habituelle. Elle décroche sans un mot, silencieuse et dans l’attente. Y a son coeur qui menace de fracturer sa cage thoracique pour s’arracher d’ici tandis qu’elle se déteste pour être capable d’une telle réaction après des années. C’est elle qui a coupé tous les liens pour se faciliter la vie et pourtant, Kaja est toujours autant fébrile. Comme une enfant en demande. La voix de sa mère s’ébranle pour la saluer dans un arabe hésitant. Pourquoi maintenant ? Trop de questions se bousculer pour s’entrechoquer dans sa boîte crânienne. Elle se mord les lèvres pour éviter de lui dire dans la précipitation qu'elle lui manque, parce qu'au fond, Kaja n'oublie pas ce qu'elle a dû faire plus jeune pour sa mère. Supporter ses sauts d'humeur et jouer à l'adulte pour pouvoir la gérer. Sa mère a piétiné son enfant et son innocence sans s'en rendre compte, le pire étant qu'elle en serait désolée si elle arrivait vraiment à réaliser. Elle se retient, frustrée de cet appel qui lui retourne la tête et qui titille sa nostalgie facile. Cela ne dure qu'une dizaine de minutes. Pas assez, mais trop pour se rendre compte qu'elles restent des inconnues. Au lieu d’intellectualiser, elle se contente de pianoter jusqu’à trouver le prénom d’Elio. Une démarche inconsciente et ancrée dans une habitude surprenante, la concernant. La pulpe de ses doigts effleure les touches pour composer un message honnête « On peut se voir ? » mais sans justification. C’est souvent comme ça, une réponse aussi simple ne tarde pas à venir. La rencontre est planifiée en quatre textos. Kaja attrape son perfecto trop usé avant de quitter son appartement vide. Ses prunelles erratiques se contentent de rapidement dévisager ceux qu'elle croise sur son chemin. Ils ont opté pour un quartier tranquille. Il est déjà là. Elle entre dans le café, ses opales s’accrochent à la silhouette d'Elio qu’elle connait trop bien, déposant une main en guise de salutation sur l'une de ses épaules, sans s'attarder pour autant. S’installant en face de lui, un léger sourire s’installe sur ses pulpeuses sans pourtant être très franc. « Tu penses retourner en Italie un jour ? » elle demande d’une voix appelant presque à la naïveté sans énoncer un bonjour. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Mar 12 Nov - 20:57 |
| KAJA & ELIOà l'ombre des vies que l'on effleure
Une sonnerie irascible, retentissante, le dérobe à la torpeur réconfortante des nuits qui ne connaissent pas le sommeil. Oiseau de nuit, que la plus grande littérature berce en éveil. Un livre ouvert contre son torse, à y voir presque un oxymores tant les parois qu’il érige sont absconses. Les rétines que l’éclat du jour brûlent, se referment, le corps qui se détourne de ce qu’il exècre dans la percée, et finalement le livre qui choit contre le matelas, disparait sous les draps, pages souillées par la célérité du jour. Le visage séraphin niché dans l’oreiller, le gamin agite un bras aveugle en direction du téléphone. Kaja, quelques mots dactylographiés, échanges succincts pour convenir de se retrouver. La réplique est économe car pour une raison qu’ils ne cherchent pas, leur relation est faite de silences incessants, qui ne s’alanguissent jamais. Une heure s’effondre dans l’infini, Elio, les traits las, les sentinelles cernés scellées derrière un bouquin qui s’émiette entre ses doigts et sa cervelle entre la prose. Cette main, emprise délicate, qui se dépose sur son épaule. Ses azurs qui rencontrent le marasme de ses prunelles, elle a, logée dans le regard une indifférence à la misère de son âme qui lui est familière tant il la partage. Elle a ce sourire vagabond, le rictus menteur des politesses éludées, Elio le sait mais n’a cure des raisons qui la poussent à maintenir de telles apparences à ses côtés. « Ma place est là-bas Kaja, il n’y a rien pour moi ici » il ne ment pas, les vestiges de son accent en témoignent. Il n’a pas su pénétrer les convenances, il reste car il sait qu’ici ou ailleurs, en Italie, il ne saurait pas non plus s’adapter. La question est curieuse, même pour Kaja : « Tu comptes te barrer pour retourner en Irak ? ». Il songe subitement à ce qu’il vient de dire, surpris que son coeur pourrait bien détonner à cette idée qui lui apparait toutefois prompte. Le réconfort de cette relation volute, qui ne trouve aucune explication, la simplicité du rien, qui pourrait bien s’envoler alors. Il hausse les épaules, un brin résigné. « Il n’y a rien ici pour toi non plus Kaja, tu le sais », les opales qui se toisent alors que leur conversation est interrompue par deux tasses de café lâchement déposées sur la table. La scène est laconique, profondément ennuyante, pourtant en cet instant, l’ennui semble avoir une autre dimension. Ils font penser aux chefs-d’oeuvres des peintres qui ont recherché longtemps dans la foule, des visages qui n’évoquent rien. Une esquisse parfaite, qui ne révèle pas les salves jetées par la vie. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Mar 12 Nov - 22:02 |
| Il ne lui faut que quelques secondes pour appréhender son environnement, elle se sent à l'aise dans le néant. Elle se fait plus qu’attentive, l’écoutant religieusement. Sa réponse ne la surprend pas, parce qu'Elio, elle n'a jamais voulu le comprendre, elle se contente de l'observer de ses opales mi-amusées mi-fascinées. « Pourquoi tu restes alors ? » Elle expulse alors que ses prunelles cherchent les siennes sans pour autant vouloir se rassurer. Son esprit n'adhère pas à l'idée dans un égoïsme interne non revendiqué. « Qu'est ce qu'il t'attend ? » enchaine l'irakienne avec curiosité parce qu'à l'écouter, elle se fait aveugle devant l'évidence en ayant posé une telle question. Elle dérive avant qu'il ne l'accroche pour l'empêcher de se mouvoir trop loin. Ses prunelles se font plus alertes, comme terrorisée par l'idée de se savoir capable d'y retourner volontairement. « J'ai eu un appel de là-bas » Kaja se contente d'énoncer délicatement pour répondre à sa question. La poupée ne compte pas s'envoler pour se retrouver à nouveau emprisonnée dans un schéma famille névrosé et dysfonctionnel. Elle se demande juste comment elle a atterri ici, comme la plupart de ses décisions, elles n'ont aucun sens. Aucun fil d'Ariane qu'on peut dérouler. Elio poursuit. Elio brise. Elio conclut. Kaja s'interdit de ciller. « Je n'ai de place nulle part » le corrige t-elle dans un haussement d’épaule oscillant entre constatation et indifférence. Il n'y a pourtant rien de fataliste dans cette remarque qui transpire la vérité. Là bas son coeur tremblait fort la colère, ici il se contracte trop pour échapper à la futilité du coin, maladie hautement transmissible. C’est une éternelle insatisfaite Kaja. Là bas, enfant de politique, elle se faisait obsessionnelle, ici, elle se fait oisive dans son nouveau confort. « C'est ici que je me sens le mieux pour l'instant » elle assène d'une voix blanche en relevant son minois dans sa direction. Elle se l'explique pas. « Parfois tu es là, parfois ce sont les autres » elle illustre avec sérénité avant de vider tout le sachet longiligne de sucre dans sa tasse, façon môme qui s'essaie à boire du café pour la première fois. Si ses arguments peuvent sembler objectivement minces, elle y tient. Son esprit déviant se raccroche à ses moments pour la persuader qu'elle peut arriver à ressentir ici. Parfois, ça marche, parfois elle se fait plus lucide. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Mar 12 Nov - 23:29 |
| Le coeur en relief, il souffle, expulse ce fardeau acerbe. « Ici, je ne suis pas seul » les yeux-épaves qui s’apposent sur les traits ébènes. Il ment pourtant, vérités voilées du même tulle que ses émotions. Il ne reconnaîtrait pas si aisément que bien au-delà de la compagnie, ce sont les gens qui le retiennent. Il croit par ailleurs que le rejeton Massoum ne veut rien en savoir, que c’est là la seule fleur qu’il pourrait lui offrir. La question qui succède éveille l’amertume du garçon. Il n’a pas envie d’y répondre, n’y répondra pas. Le gamin détourne ses opales de la douce, l’idée amère des illusions au fond de la gorge. Kaja reprend son propos et lui, happé dans un élan d’égoïsme soudain, ne pense pas à donner le change. Les chimères qui le surplombent, dérobent ses nuits, s’attablent désormais auprès de lui. Rien qui ne l’attend, rien d’autre que l’indigence dans laquelle il avait laissé ses terres. Il tourne son faciès, enfin, retrouve le minois confus de son inconnue. Dans ses traits, Elio distingue l’expression en demi-teinte d’une existence résignée. « Tu te poses encore la question on dirait » une suspension, le temps d’éclaircir son discours « tu t’demandes encore où est ta place? ». Il a les yeux dans le plein de la tasse de Kaja, frotte l’assiette sur laquelle elle est posée. Elio sait qu’elle refuserait la collision, se demande s’il en a lui-même envie à ce moment-là. Une caresse qui s’étend sur la porcelaine, réponse positive, consolation interposée par la vaisselle. Sa main retombe comme les derniers mots de la brune, dans une interstice abyssale. Il l’observe saisir son café tandis qu’elle dénote sa présence irrégulière. Un silence encore, il vide sa tasse. Elio s’éprend des songes d’une empathie qui doit demeurer muette, discrète du moins. Il se demande qui sont ces autres, et qu’est-ce qu’il peut bien foutre là au beau milieu du cortège. « Je ne vois pas l’intérêt de se poser la question. Tu serais incapable de t’barrer » palabres provocantes, qui défient les dieux. À quoi bon. Les rétines qui se maintiennent dans les siennes. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Jeu 14 Nov - 20:26 |
| Ses sourcils se froissent un instant face à sa réponse. Son coeur s'accroche aux quelques mots qu'il expulse sans arriver à y croire. La paume de sa main vient accueillir un moment son menton alors que ses opales dérivent sur la table voisine. « Ce n'est qu'une illusion » elle souffle dans un haussement d'épaule indifférent. « On est tous seuls » elle glisse de son doux soprano, sans en être ébranlée pour autant. Les autres ne sont que de passage, prêts à partager des moments de vie qui se finissent en souvenirs coincés dans une caboche nostalgique parfois. Les chemins se séparent tandis que de nouveaux horizons se dessinent avec des protagonistes différents. Elle aime bien dire que le flux est constant, la boucle n'est pas parfaite mais elle fonctionne tout de même et c'est tout ce qu'on lui demande. Ce n'est pas une fin en soit. Elle s'étonne simplement qu'il s'agisse d'une réelle raison pour lui de rester ici. Elio est justement le genre à donner l'impression d'avoir la solitude enroulée façon serpent autour de ses chevilles. « Mais ce n'est pas grave » elle expulse avec sincérité avant qu'il ne rebondisse sur les bouts désordonnés de pensées qu'elle veut bien lui offrir. « Toujours, même si je n'ai jamais de réponse » elle souffle en souriant avant qu'il ne poursuive. « J'attends simplement le moment où je ne me poserai plus de questions » parce que je serai juste bien. Sauf que ce n'est jamais le cas avec Kaja. Elle redresse son minois suite à la remarque d'Elio, vaguement piquée par son aiguille verbale. Au lieu de se redresser, Kaja se contente de l'observer sans ciller, prête à penser qu'il n'est à qu'à un pas de se comporter comme ces américains confiants concernant leur omniscience. Pour des raisons plus qu'évidentes, elle s'amuse toujours un dresser un portrait aussi caricatural que faussement puissant de l'Amérique et de ses habitants. L'irakienne cogite, percutée. Pas certaine qu'il soit question de faculté ou de capacité mais simplement de volonté et de motivation. Elle a suffisamment errer dans sa vie pour s'octroyer le luxe de s'accrocher à un endroit pendant quelques années sans le regretter. « Tu penses que tu me connais ? » Elle lui demande, très sérieuse, curieuse de sa réponse sans une once de provocation dans la voix. L'ironie a déserté ses prunelles le temps de quelques secondes. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Ven 15 Nov - 15:20 |
| L’effusion délaissée, hors des pupilles léthargiques, le gamin n’est pas surpris du sentier que Kaja choisit d’emprunter au lieu d’épancher une réponse. Il détourne les orbes de ce visage impénétrable, indifférent au silence donné par la brune. Elle entonne une nouvelle symphonie, de celles qui ébranlent les certitudes, créent la dissonance. Elio gamberge, songe, les traits obscurs, contractés. Qui est-elle cette inconnue qui s’est paumée sur le fauteuil d’à côté. Kaja a échoué auprès d’Elio, un soir, il y a quelques années. Des âmes esseulées dans la nuit, à pourfendre le calme crépusculaire d’assertions incessantes. Ils avaient brassé le néant jusqu’à ce que le jour perce le voile lugubre. Comme des enfants qui se sont rencontrés quelques secondes auparavant, ils ont échangé sur les futilités qui sabordent leur existence, jamais sur eux-mêmes. Ils se sont appris réciproquement à travers l’art lymphatique de la rhétorique de chacun. Parce qu’il n’y avait rien à retirer de cette relation, seul le désespoir connexe. Ils effleurent les émotions, ces gamins, sans jamais y pénétrer réellement, ni dans les leurs, ni dans celles de l’autre. Les acolytes curieux, qui se confient inlassablement sur le vaste vide, songeant qu’il n’y a que ça. Elio ne sait pas lui répondre et s’il lui renvoyait la question, il était persuadé qu’elle serait bien incapable elle aussi d’y répondre. Nonchalance au bord des précipices, « les grandes lignes, celles que t’as accepté d’me montrer. Puis celles que tu ne pouvais pas me cacher » il souffle, ignore laquelle, de la question de Kaja ou de la réponse qu’il en a donnée, le dérange davantage. Il hausse les épaules, admet « j’sais pas trop ce que tu veux m’entendre dire, ça m’arrange bien que tu sois dans les parages même si tu restes une inconnue ». Elle est pratique la nymphe, elle n’envoûte pas, vous repousse de ces eaux par de grandes vagues, des sillons que l’on n’ose à peine affronter. Il préférait, lui, maintenir ses flammes autour du lac, à l’aune d’une vaste forêt. L’italien voulait qu’elle continue de ne rien attendre de lui, qu’elle fuit si elle l’estimait nécessaire, quitte à en ébranler l’équilibre de l’éphèbe. Elio cherche à contenir l’affect afin de maintenir l’immobile sérénité de leurs rencontres, de pouvoir s’en échapper, à n’importe quel moment, sans que ses prunelles céruléennes ne se perdent dans la déraison de son regard à elle. Si on s'échappe, on s'abandonne pour toujours. Ni toi, ni moi ne reviendrons sur nos pas, et on restera perdus dans l'éternel abject. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Dim 17 Nov - 18:15 |
| L'enfant joue un instant avec sa cuillère avant de se décider d'avaler à regret son café déjà tiède. Elle ne s'accroche pas aux mots d'Elio qui ne trouvent aucun écho sous sa boîte crânienne fracassée. « Je ne sais pas ce que j'ai envie d'entendre » l'irakienne souffle dans une vérité harrasante. Kaja ne sait même plus pourquoi elle s'est osée à poser cette question, peut être simplement pour lever le voile sur leurs discussions qui n'ont aucun sens. Ils ne se connaissent pas. C'est peut être mieux au fond, parce la poupée n'aime pas cette version d'elle même qu'elle lui offre depuis longtemps. Kaja se sent figée dans l'espace, plongée dans un mutisme et une inactivité qui lui auraient retournés les entrailles, il y a peu de temps. Elle s'en accommode difficilement même si son esprit déviant se persuade du contraire. Elle n'a jamais été comme ça, bercée dans un confort qui étouffe ses convictions et son envie de se bouger pour l'univers. On lui a souvent dit que c'était une retombée d'adrénaline après avoir travaillé dans les zones dévastées de son pays, plus rien n'a la même couleur. Kaja voit gris alors qu'avant tout était plus sombre. Elle a envie de dire qu'elle n'a rien à combattre ici. Elle avait même plus d'utilité lorsqu'elle était coincée dans cette émission de télé-réalité à torturer mentalement les fausses féministes autoproclamées utilisant une histoire de sextape pour faire avancer leur causer et à repousser les limites de ce corse fascinant vaguement macho qui avait un doux parfum de mafia. Sauf qu'ici... « Je ne provoque rien » Elle pense presque à voix trop haute. Elle provoque rien en Elio. Ils sont surement trop lisses ensemble, Kaja n'arrive à s'accrocher nulle part, aucune prise, aucune possibilité de s'ancrer. Elle l'écoute, se contente d'hausser les épaules. « J’ai l’impression qu’on est deux parallèles, trop identiques pour s’ignorer, mais qui se croiseront jamais vraiment » Kaja expulse délicatement d'entre ses pulpeuses façon constat difficile à poser, ses prunelles, elles, naturellement erratiques. L'enfant contemple leur néant, peut être un peu désolée. Leurs lignes droites vont nulle part, elles se contentent de foncer sans se poser de questions. La malédiction de l'infinie. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Lun 18 Nov - 0:08 |
| À Kaja, il ne connaissait pas de tourments, aucune turpitude. Comme un volcan, elle semblait au repos. Elio n'était pas prêt à percer cette cage de pierre, laisser la lave se disséminer au gré des tumultes. Il voulait éviter qu'elle immole l'univers avant lui simplement. Les yeux de l'inconnue, derrière leur errance, leur lassitude, avait révélé plus d'une fois au rejeton les tempêtes qui habitent la môme. Deux orbes qu'il avait croisées tant de fois, qu'elles l'avaient laissé entrevoir les bribes de sa révolte. « Je ne provoque rien » les azurs qui cherche l'invisible, ce qui n'existe probablement pas. Elle n'est capable même de feindre l'illusion. Et là, dans une parfaite machination de l'ignorance, les circonstances ne lui convenaient plus, parce que justement, il ne trouva rien. La nymphe ne présentait pas l'ombre d'un regret, elle ne provoquait rien et plus encore, aucun remous dans le coeur, au fond de ses opales misérables. Notre poitrine arrachée, nos vies continueront leur cours. L’italien fronce les sourcils sans trop savoir ce qui distord ses traits, tandis qu’il l’écoute énoncer l’évidence absurde qui les surplombe. Vainement sans doute, il s’efforce de saisir l’indicible. De son pouce et de son index, il attrape le menton de la gamine, évalue quelques secondes brèves son visage, et l’emprise s’évanouit aussitôt. Elio a tourné la tête vers l’extérieur. Évidemment, les regrets n’avaient pas laissé de traces sur son faciès délicat. « Toi et moi, on s’ressemble pas. Parce que moi même quand tu t’tiens cachée j’continue d’te voir » il tâche de se faire lucide, de la ramener vers lui même si les vagues sont fortes. L’échec peut bien être l’issue, au moins il y a une fin. Mais la distance est raisonnable là où Kaja tranquillise, apaise, trop près Elio ne pourrait contenir l’irrépressible déchainement de son courroux. Finalement, Roméo était le poison de Juliette, et Juliette celui de Roméo, sauf que pour ces deux-là, il n’y avait d’autres passions que celles qui ne pouvaient ostensiblement se réprimer. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Lun 18 Nov - 23:12 |
| Y a son incohérence qui s'expulse d'elle même d'entre ses lèvres sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Il se rapproche et elle se laisse faire, peu habituée aux contacts. Kaja se fait tranquille, façon animal temporairement apaisé. Elle soutient son regard qui sonde ses traits tout en se demandant ce qu'il y cherche et surtout ce qu'il peut bien trouver. Une irakienne qui déraille. Elle l'écoute, froissent ses sourcils sous ses mots, le regarde et doute. Elle l'accueille quelques secondes dans un silence faussement religieux. Kaja se demande comment il peut la voir, alors que sa propre image lui semble trop trouble lorsqu'elle essaie de distinguer son reflet. La ligne de ses épaules se tend, elle menace d'imploser sous la pression. Le débat se fait en interne, contenu dans ses opales sans fond. Kaja n'arrive plus à se laisser flotter à la surface. Elle finit par s'accrocher ailleurs, délaissant son égoïsme de l'instant pour le préférer lui à elle. Elle se plante à nouveau devant lui, sans pour autant se redresser pour paraitre plus maitrisée. Elle abandonne. « C'est toi qui me laisse aveugle » lâche la fille chérie de l'Irak alors que ses prunelles cherchent un instant à capter la sienne dans une désinvolture feinte qui se fissure. Elio la maintient à une distance raisonnable dans une indifférence naturelle. C'est peut être ça, leur différence. Les barrières qu'il a érigé alors elle s'est contentée de le suivre dans son néant relationnel pour y trouver une forme de réconfort éphémère qui disparait lorsqu'elle capte l'absence de construction sur leur terrain vague. C'est vide. Pourquoi ? Le questionnement meurt étouffé dans sa boite crânienne, surement parce qu'elle s'est habituée à naviguer dans l'obscurité, la pulpe de ses doigts ne frôlant rien pour se diriger. Kaja ne comprend pas pourquoi il se refuse et l'oblige à graviter autour sans jamais avoir la possibilité de se brûler à son contact. Elle soutient son regard sans ciller. « Tu ne me laisses même pas te distinguer » elle réitère de son léger soprano habituel. Il n'est pas forcément question de sa propre capacité mais surtout de sa volonté. Même les grandes lignes, elle n'a pas l'impression de les maitriser. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) Mer 20 Nov - 12:23 |
| Entre la pulpe de ses lippes qu'un vin semble avoir tâchées à la naissance, les tribulations de l'ascète. Kaja à la dérive, même si la dérive était loin du naufrage, les mots qui prononcent la sentence, l'émotion à laquelle elle tente brillamment de se dérober. Pourtant, laisse entrevoir un déclin quelque part, un battement de coeur bruyant qu'elle conduisait jusqu'au terme de sa réplique. Et la ferveur, bientôt, disparait. Elio observe ses mots, chute infernale vers sa cervelle. Limbe glaciale, rimes-stalactites. Ils condamnent, frôlent la malédiction. Il n'admet pas, car admettre serait lui faire recouvrer la vue, lui donner la possibilité de trouver le sentier jusqu'à lui. Aveugle, tu es à la juste distance. Après ses ailes, les rétines d’Icare ont attisé le feu du soleil. Aveugle, il ignorait alors que ses viscères coloreraient le gouffre dans lequel il s’enfonçait, ravi, soulagé. Kaja a scellé ses opales à Elio, piégé dans le néant délicat qui l’habite. « C’est mieux ainsi Kaja » aveux désopilants, éculés à force d’en user. Le théorème des existences qui ne doivent pas se confondre, qu’il explore enfin « je n’te veux pas près de moi, alors je tâche de m’tenir hors de ta portée », sa vérité indolore, qui n’avait rien de cruel parce qu’elle ne ménageait personne. Coeur anthracite « mais j’peux pas t’ignorer Kaja, t’as accepté jusque-là qu’les choses se déroulent ainsi » sans qu’on se nie, qu’on s’indiffère, mais sans rien à attendre de l’autre, sans rien à pouvoir se donner. Des océans qui prennent l’ascendant sur la terre, il scelle ses yeux à ceux de la môme « mais si c’est c’que tu veux, alors je peux disparaître définitivement », car il convient que cette négation relationnelle soit fardeau, se savait prêt alors à se rendre parfaitement invisible à son regard, s’évanouir maintenant s’il le fallait, en dépit de ce qu’il pourrait perdre à son tour. Elio redoutait sa réponse, il n’y avait rien d’attrayant à la voir partir, rien non plus, à la voir rester. Piégé, inlassablement depuis que ton portrait s’était dressé devant moi. |
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| Sujet: Re: La colombe dans une main, le calibre dans l'autre. (elio) |
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