helium; saul.

l'ordre et le désordre. en accord parfait dans cette pièce qui lui sert de salon. ça s'entasse, les cartons même pas défait depuis des années et le rangement improvisée de certaines de ses affaires. un foutoir rangé. un foutoir dans lequel elle se retrouve malgré tout. si elle venait à tout remettre en ordre, à ranger dans des cases bien spécifiques, pour sur que thelma s'y perdrait. elle se complait dans l'idée que tout est à sa place, qu'elle n'a pas besoin de vivre au carré. qui le fait de toute façon ? les bras chargés des dernières trouvailles trouvée, la brune les dépose sans ménagement sur le parquet, entame de se frayer un chemin jusqu'à la salle de bain. elle est en retard. comme toujours. papillonne d'un bout à l'autre de son existence. faite d'un tout et d'un rien. une douche salvatrice qu'elle doit prendre avant de se mettre en route, de contempler du bout de ses doigts, cette large barbe qui l'a toujours tenu en émois. l'eau coule et s'écoule le long de son échine. pour habitude, thelma y reste des heures entières, à chantonner les dernières chansons en vogue et se savonner plus que de raison. aujourd'hui, elle n'a pas le temps et c'est arrière plan qu'elle entend l'aiguille s'agitait autour du cadran. elle ne lui laisse pas le temps de respirer. la chute presque évitée en sortant de la douche, elle se prépare plus vite que la lumière, en oublie presque les traces de mascara lui donnant une allure de panda. tout le monde s'en fiche thelma. tout le monde, sauf toi. parce que là, tu veux rien laisser au hasard. la perfection qu'elle vise mais qui la divise. en faire trop ou pas passer, entre ces deux là, il n'y à qu'un pas.
la liberté au bout des cils,
la joie de se complaire dans ses bras.
elle bouillonne d'une impatience qu'elle peine à dissimuler. les doigts fièrement ancrés dans le cuir de sa voiture de location. thelma, elle n'a pas le permis depuis des années. pour tout dire, l'a obtenu depuis quelques mois seulement. n'est pas une vraie as du volant et se contente de rouler à une allure d'escargot alors qu'elle a déjà une demie heure de retard. mais elle ne s'en froisse pas. passant d'une émotion à une autre. l'excitation, l'appréhension, l'envie de reculer puis celle de sauter. ça bat et s'abat le long de son échine avant qu'elle ne distingue enfin le panneau. il trône fièrement sur le bord de la route sinueuse et elle ne devrait pas sourire en le voyant. pourtant, thelma ne peut pas s'en empêcher. c'est comme coller à son minois. jamais elle n'aurait penser y mettre un jour les pieds. dans cette prison à l'allure douteuse. encore plus macabre face à la pluie qui s'abat. les essuis glace battent l'atmosphère, entrainent avec eux une mélodie qui comble le silence de l'habitable. elle ne met pas bien longtemps à trouver une place. sur le parking désert de tout âme. ce n'est sans doute pas tous les jours que les âmes s'échappent de cet endroit. la brune ne l'a pas revenu depuis un an. une année entière à faire mine de ne pas l'attendre alors que toutes ses émotions lui prouvaient le contraire. pourtant, thelma a fait mine que ça ne l'atteignait pas. ils ne se sont rien promis. jamais. et ça lui crève pas un brin le myocarde. tu t'mens. tu t'mens et tu l'sais. rapidement, elle coupe le contact, plisse les yeux à travers le pare brise pour contempler l'entrée. un corps oscille non loin, les bras ballants, sous cette pluie sans fin. ça la fait sourire instinctivement alors qu'elle ne distingue pas son visage. mais elle sait que c'est lui. rien que sa carrure le confond de tous soupçons.
et ça tape. encore et encore.
ça tape plus fort.
la portière s'ouvre à la volet et son corps s'extirpe du véhicule, courant à vivre allure vers le type qui l'attend là. pour une fois. elle ne lui laisse même pas le temps de respirer, ni même de la regarder. littéralement, thelma lui saute dans les bras. enroule ses bras autour de son cou et ses jambes, autour de sa taille. c'est qu'elle n'est pas bien grande la jeune femme. ni pas bien lourde. un vrai koala qui se colle à son plus grand malfrat. j'suis tellement contente de t'voir ! qu'elle murmure tout contre son oreille. dévalant aussitôt son cou et sa joue d'un baiser. reculant la tête pour contempler ses yeux bleutés. ils sont amers et vifs à la fois. et c'est en cet instant qu'elle se rend compte qu'il lui avait tant manqué. sans plus attendre, la brune consume sa bouche d'un baiser, dévore ce qu'elle a pourtant, secrètement rêver, d'oublier. parce que ça lui fait mal autant que ça lui fait du bien. parce qu'entre eux, c'est un continuel jeu de malsain. entre les rires et les silences. les sentiments et la délivrance. mais tu l'sais que saul il t'aime pas. tu l'sais qu'entre lui et toi, y a juste deux corps en émois. les pensées se faufilent et disparaissent aussitôt. elle a le don de toujours tout mettre de côté. de juste s'octroyer, le besoin d'aimer. ce bout de vie. cet instant limité à défaut de le voir s'éterniser. tu m'as manqué. les effusions, ça n'a jamais été pour eux. pourtant, elle s'en sent obliger, comme impossible à canaliser. le front contre le sien et les paupières clauses, elle prend le temps qu'il faut pour sentir son souffle contre sa peau. oui, il t'a cruellement manqué.

elle aurait pu simplement l'oublier. le ranger dans la case des souvenirs et ne pas se retourner. après tout, ils ne s'étaient jamais rien promis, n'avaient juré de rien devant témoin. une relation sans lendemain. sans promesses inavouées, ni même sentiments rejetés. simple et léger. insignifiant et futile. des paroles silencieuses de celles qu'on ose jamais s'avouer. l'unique vérité, était que thelma n'avait plus voulu s'y accrocher. à l'instant même où la sentence avait été clamer. de la prison à l'absence, jusqu'à l'oublie. c'est ce qu'elle s'était dit. et il ne lui avait rien demandé non plus. alors pourquoi continuer à s'y accrocher ? à revenir, dès que le téléphone sonne, à s'évertuer à toujours être là. elle n'en savait rien. ou peut être que si au final. mais se l'avouer était une chose encore plus ardu que tenter de l'oublier. thelma, elle aime profondément, sincèrement. avec toute l'entièrement de sa personne et la complexité en écho. seulement, face à lui, la rousse est bien capable de lui délivrer les mots. de lui avouer la nature de ses sentiments. de donner un nom à la relation. face à lui, elle se sent aussi futile qu'un grain de poussière dans l'atmosphère. baissant les armes à chaque fois, baissant la garde mille fois. tu t'es laissé duper par le truand. il a volé ton coeur pour plus jamais t'le redonner. t'es flinguée de ses yeux bleutés.
l'impatience née,
au détour de sa carcasse malmenée.
elle n'y a pas réfléchi. à la façon dont elle pourrait bien le retrouver. à la manière dont elle l'accueillerai. elle s'est laissée porter thelma. comme à chaque fois. vivre l'instant présent et ne rien prémédité. puis l'impulsion. le besoin de le serrer contre sa peau porcelaine, le sentir encore une fois. toucher du bout du doigt, sa barbe mal rasée et son cuir tanné. comme une enfant, elle s'est jetée corps et âme contre lui, a sorti les banalités des amants. pour une fois, pas un brin pudique sur le fond réel de ses sentiments. oui, saul lui avait cruellement manqué. elle était heureuse de le revoir, malgré tous leurs déboires. les fois où sans le vouloir, il lui a fait du mal. les fois où sans le vouloir, il la laissait se noyer dans son désespoir. mais thelma, elle a jamais pu lui en vouloir. pas de promesses. comment l'en blâmer alors. comment le rendre fautif de choses qui n'existent surement que dans sa tête. elle se contente de ce qu'il est bien prêt à lui donner, même si elle doit parfois le lui voler. digne, pour une fois, d'un film romantique à l'eau de rose, la rousse lui saute au coup, déballe ses mots sans une once de réflexion, se la joue amoureuse transit. juste une putain de seconde. et ça coule, aussi simplement qu'on ouvre un robinet. les mots tant espérés. ça embaume son coeur d'une impatience qu'elle croyait presque s'éterniser, voir oublier. toi aussi tu lui as manqué. le visage dans son cou, les jambes qui l'enlacent, thelma, elle a l'impression d'être en sécurité. et c'est sur un baiser volé, qu'elle retrouve le sol de ses deux pieds. la pluie bat son plein et la rousse n'avait pas senti l'humidité des gouttes d'eau perlés son minois avant qu'il ne la lâche de ses bras. son échine l'entourant, prenant la direction de la voiture qui les attends. il ne met pas longtemps à remarquer le changement et ça l'étonne un brin. qu'il finisse par se soucier d'un aussi petit détail que l'acquisition de son permis. depuis quelques mois. ou quelques semaines. après tout, qui s'en soucis vraiment ? thelma n'a jamais été une as du volant et après de nombreux échecs, elle est certaine qu'on a fini par lui donner plus pour son sourire que pour ses capacités à conduire. le sourire qui suit, cette légèreté qui enveloppe leurs deux âmes avant que le rire ne sorte de ses lippes, pas le moins du monde froissée par ses mots. la rousse relève le regard, de sa petite hauteur, vers l'intéressée. fronce les sourcils comme si elle en était touchée. j'déteste conduire et j'suis vraiment pas à mon aise derrière un volant. et ça c'est surement vue. elle ne clame pas le contraire, préfère sortir les clés de sa poche de veste et les lui donner sans rechigner. cadeau ! de ses phalanges, elle claque l'acier froid contre la paume de main de saul et détourne ses yeux vers le monstre en attente de ses occupants.
et tu t'demandes ce que ça lui fait de pouvoir respirer,
d'être libre de ses faits.
le cul posé sur le siège passager et les gouttes de pluie perlant ses traits, la rouquine dépose sa veste humide sur la banquette arrière, attache sereinement sa ceinture de sécurité avant de retourner ses pupilles vers le géant à ses côtés. ça t'fais quoi d'être dehors ? quel drôle de sensation que d'être enfermer entre quatre murs pour des faits dont elle n'a pas toujours pas saisi les conséquences ni les réels enjeux. ils n'ont jamais discuté des choses profondes qui entachaient surement leurs vies. thelma ne lui a même pas dit pour le décès de sa soeur. un an tout juste. encore frais dans son coeur. pourtant, elle ne ressent pas le besoin de lui parler, comme si y avait toujours cette muraille de l'intimité entre eux. comme s'ils n'avaient pas passé ce cap cuisant. tu t'es fait des amis ? rien de mieux que de sceller des relations quand on est tous entassé dans la même prison. n'est-ce pas ? pauvre petite naïve de thelma. t'es tellement loin de tout ça.