Take a look in the mirror and what do you see Do you see it clearer or are you deceived, in what you believe.
Tu n'as aucun mal à admettre que la jeune femme a su faire montre d'un sacré talent pour parvenir à voler sans se faire prendre par sa victime. Qu'elle a été vive et discrète dans ses gestes alors que le rapprochement physique se voulait séducteur au possible. Une autre personne que toi, à ta place, n'aurait certainement rien remarqué de ce petit manège. Mais tu n'es pas tout à fait une personne parmi tant d'autres. T'as le regard qui file et se faufile de partout. Le regard trop aiguisé après des années à exercer au sein de la police. T'es trop concentré sur toutes les scènes dans lesquelles tu te trouves, pour ne pas faire attention à tout dans le moindre détail. Tu n'iras pas jusqu'à affirmer que tu es capable de tout voir, tout le temps et en toutes circonstances. Mais tu peux remarquer les choses qui n'ont pas lieu d'être. Comme cette main qui s'est donc bien faufilée dans une veste pour attraper un portefeuille. Avant de suivre du regard la voleuse qui est allée se planquer dans les toilettes pour femmes. Tu ne peux pas te permettre de laisser passer ça et c'est bien là ce que tu dis, répètes et affirmes avec beaucoup de sérieux à la principale concernée. Parce qu'elle pourra bien jouer de ses charmes pour tenter de te dérider et de te ramener à de meilleurs sentiments, tu ne changeras pas d'avis. Pour ce soir t'es presque prêt à laisser couler parce qu'il n'est pas impossible que ce type l'ait effectivement bien mérité. Mais ce sera hors de question à l'avenir, qu'elle remette ça.
Tu ronchonnes quand elle reprend la parole et se veut toujours plus/trop sûre d'elle. Persuadée que dans le fond tu dois bien l'aimer pour accepter qu'elle reste au moins ce soir malgré tout. Malgré ce qu'elle vient de faire. Malgré son comportement que tu continues de juger parfaitement inacceptable. Et tu ronchonnes un peu plus encore quand elle te fait remarquer que t'es quelqu'un de ronchon et que tu ferais mieux d'être un peu plus aimable du coup. Forcément que ta réaction revient à lui donner du grain à moudre à la jeune femme qui se fout ouvertement de toi. Cette fois, en guise de réponse, tu lèves les yeux au ciel. Elle parvient tout de même à faire naître un petit sourire au coin de ta bouche quand elle réagit à ta grimace. Il est vrai que t'as oublié d'être plus sympa dans ta réaction. Que t'as mis de côté la vexation que tu risquais de provoquer. Ok c'était un peu exagéré. Que tu consens tout de même à souffler du bout des lèvres. Pourtant pas décidé à tout à fait inverser la donne. Elle est jolie la colombienne. Mais ça fait plus d'un an que tu ne prêtes plus trop attention à ça. Que tu ne remarques plus beaucoup les jeunes femmes qui te passent sous le nez. Tu n'es tout simplement pas prêt pour remettre ça et tu préfères te concentrer uniquement sur ta vie de père et de gérant de bar. Ce qui te demande déjà bien assez de temps et d'énergie comme ça. Mais ça, tu n'es pas prêt de le lui avouer.
Vous finissez tout de même par rejoindre le coin principal du bar. T'es pas mécontent d'avoir une employée pour prendre le relais quand tu dois t'absenter quelques minutes. D'autant plus qu'au cours de votre brève absence, la foule de clients s'est pas mal éclaircie. Comme tu peux très vite le remarquer alors que vous êtes de nouveau là. T'as tout juste le temps de revenir derrière le bar, que la brune pousse la montre dans ta direction. Après un coup d'oeil inquisiteur dans sa direction, tu la récupères et files la ranger pour la garder de côté le temps que le client se décide à venir la récupérer. S'il le fait. Tu te tends et te fermes un peu plus encore, si tant est que cela soit possible, lorsqu'elle t'interroge directement sur ton comportement de ce genre. Tu l'as dis. Je suis incomplet. Tu le trouves parfait ce mot, pour définir ce que t'es depuis la disparition tragique de ton épouse. Tu n'entres pas plus dans le détail et te contentes de fuir maladroitement la conversation, en attrapant les verres qui trônent ici et là, pour les flanquer dans l'évier et commencer à les laver, à les sécher et à les ranger les uns après les autres. T'es pas certain, pourtant, qu'elle ne soit pas prise de l'envie de t'interroger davantage encore pour t'arracher les mots de la bouche. T'as l'impression qu'elle pourrait être douée à ce jeu.
«L'honnêteté ne consiste pas à ne jamais voler, mais à savoir jusqu'à quel point on peut voler, et comment faire bon usage de ce qu'on vole.»samuel butler.
I been doing a good job of makin' 'em think I'm quite alright But I hope I don't blink You see its easy when I'm stomping on a beat But no one sees me when I crawl back underneath
Tu t'es faite pincée et t'as pas eu d'autres choix que d'abdiquer. Prise en flagrant délit, tu ne pouvait que lui dévoiler tes larcins un par uns en t'amusant de sa mine déconfite. Jusqu'à ce qu'il t'annonce qu'il soit flic. C'est comme qui dirait tombé comme un pavé dans la mare. Tu t'y attendais pas et franchement y'avait combien de chances pour que ça t'arrives une telle chose? Pas énormément. Il était en colère le barbu, furieux alors qu'il est venu t'empêcher de regagner la fête. Consignée dans ces toilettes en sa compagnie t'as essuyé sa colère en roulant des yeux. Franchement c'type la ne regrettera pas tellement son porte feuille ni la montre. Ce genre de mecs louches claquent des doigts et en ont dix autres des comme ça. Et puis c'pas comme si tu gardais ça pour ta gueule, tu comptais rincer tout le monde une dernière fois avant la fin d'soirée toi. Pas t'faire grogner dessus par le tatoué qui en plus se veut presque brutal lorsqu'il te remet à ta place. Mais bon t'as réussi à apaiser la tension, à lui montrer que t'étais pas qu'une grosse vilaine qui mérite de se retrouver derrière les barreaux. T'aurais été tellement dans la merde Isha s'il avait voulu appeler ses copains les poulets.
Parce que bon, c'est pas comme si t'avais plusieurs chefs d'accusation au cul et dans plusieurs pays pas vrai? C'est pas d'ta faute à toi si c'monde tourne pas rond et qu'il enrichit continuellement les riches à travers le globe. Alors tu t'invites, tu joues de tes charmes et tu frappes quand on ne t'y attends pas. Ou le moins dirons nous, car les straydogs commencent à faire du remue ménage si bien qu'on se souvient de vous. Tant mieux, vous les attendez ceux qui pourrait vouloir vous foutre hors circuit. La machine est en route, y'aura que les balles qui pourront vous arrêter. "Bah ouais qu'vous exagérez m'sieur l'agent." Tu pouffes dans ton coin comme une sale gosse, la mine goguenarde. Tu prends ça à la rigolade, comme tout le reste. Bon c'est pas que les toilettes ne sont pas confortables, mais t'as vite fait d'être claustro et tu peux entendre très distinctement la fin de ta bouteille t'appeler très fort. T'avances vers le bar et il t'emboîte le pas, retournant sagement de son côté pendant que tu reprends place sur ton fidèle tabouret. T'es presque déçue de voir la salle vidée de ses âmes joyeuses et de son brouhaha musical.
Ça pourrait t'calmer aussi, mais t'as clairement trop bu pour t'assagir. Sans compter qu'en fait être sage tu ne sais pas faire. Tu laisses ta franchise parler alors que tu fais rouler la montre sur le comptoir pour finalement lui laisser. Ouais t'es pas à ça prêt donc bon. Tu l'interroges Suile et tu te rends compte que tes mots semblent avoir un impact à la façon dont tu peux voir son corps se raidir. T'y es pas allée fort pourtant? La réponse ne tarde pas à arriver alors qu'il acquiesce à tes mots. Incomplet. T'as déjà ressenti ça, toujours à vrai dire. Il semble vouloir noyer le poisson, s'activant un peu plus férocement sur ses verres qu'il pourrait bien exploser de sa poigne lui blanchissant les phalanges. "Elle partira pas la douleur, tu sais." Que tu te permets d'ajouter, penaude. T'as l'impression de prendre place dans un truc qui ne te regarde pas mais comme on dit parfois c'plus facile de se confier lorsqu'on connaît pas les gens alors pourquoi pas essayer. T'entendras toute ta vie la voix d'Arsène t'implorant durement d'te barrer en le laissant derrière. Parce que toi t'as merdé, pas lui. T'as vu un cliché sur l'un des murs, une jolie photo du tatoué enlaçant chaleureusement une belle blonde. T'as entendu certains murmures concernant l'tatoué comme quoi il revenait de loin cette dernière année. Faut pas franchement être mentaliste pour faire le rapport. "Parfois tu t'lèves le matin, tu sors du lit. T'as l'impression de te sentir légère, les rayons du soleil sont beaux et réchauffent ta peau." Tu marques une courte pause, ton pousse caressant ta bouteille, nostalgique. Tu reprends le regard perdu vers l'alcool ambré. "Puis tu t'regardes dans un miroir et là ça t'reviens. T'es plus toi même, et tu l'seras plus." T'es plus sérieuse encore, plus attentive. Protectrice quitte à ce que la mort ne te chasse en premier plutôt que les tiens. "Mais tu sais, faut pas s'arrêter de bouger. Pour les autres... Puis pour soi. Pour ce qu'on a perdu aussi." Tu l'sais toi Isha qu'la reconstruction est longue. Qu'la vie c'est un putain d'piment rouge.
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Tu ne pouvais pas faire autrement que d'intervenir Suileabhan, c'est évident. Tu ne te voyais vraiment pas rester sagement à ta place de barman, là dernière ton bar, alors que la petite colombienne se la jouait voleuse. T'as toujours tes vieux réflexes de flic et rien que pour ça, tu ne pouvais pas rester en retrait. Tu as surtout toujours l'âme d'un flic, que ça te plaise ou non. Le fait que tu n'en sois plus un ne changera pas grand chose à la donne. Tu serais bien incapable de te regarder encore dans un miroir, si tu venais à laisser passer ce genre de chose. Même si, au final, la petite brune a trouvé les bons mots pour te calmer et s'assurer que tu ne t'emportes surtout pas de nouveau. Que tu n'ailles pas plus loin non plus. Parce que t'aurais bien pu appeler les flics et la retenir jusqu'à leur arrivée. C'est même ce que tu aurais normalement du faire. Au lieu de ça, t'as accepté de l'écouter et de te ranger à moitié de son côté. T'as accepté ses belles paroles et t'as finalement gardé le silence. Pour daigner ensuite la libérer de sa prison temporaire qui s'avère être les toilettes de ton bar. C'est que vous n'avez pas l'air fins tous les deux, planqués dans les chiottes ... Mais au moins ça prend fin et vous rejoignez le bar.
Mais tu regrettes assez vite de ne l'avoir finalement pas mis à la porte. Alors qu'elle semble vouloir comprendre ce qui ne tourne pas rond chez toi. La raison pour laquelle tu sembles ailleurs. Perdu dans une douleur que toi seul peut comprendre. Tu refuses de trop lui en dire. Mais elle comprend quand même. Du moins en partie. Tu grimaces mais ne réponds rien, quand elle te fait remarquer que la douleur ne partira pas. Tu ne peux t'empêcher de lui offrir un regard sombre malgré tout. T'as l'espoir qu'elle choisisse finalement de se taire. Mais elle n'en fait rien. Malheureusement. Alors tu ronchonnes dans ton coin et restes concentré sur ta tâche qui consiste à laver et sécher aussi vigoureusement que possible les verres qui viennent de servir. Tu ne mets fin à tes gestes que lorsqu'elle reprend la parole. Encore. Tu ne la regardes pas, quand bien même tu l'écoutes. T'as les mâchoires crispées et tous les muscles encore tendus. T'es pas certain d'avoir envie d'entendre la suite. Pourtant tu restes là à écouter avec sérieux et en silence. Parce que t'as l'impression qu'j'ai arrêté ? Que tu ne peux t'empêcher de ronchonner un peu, quand elle en arrive à sa conclusion. Qu'elle se veut donneuse de leçons. Ou de conseils, tu ne sais pas tellement faire la différence.
Si t'avais du t'arrêter de vivre à la mort de Jenny, tu n'aurais pas repris son pub comme tu l'as fait. Tu ne serais pas là à tenir cet endroit qu'elle a fondé toute seule et qu'elle a lancé sans hésiter. Qu'elle a fait grandir même lorsqu'elle portait votre enfant. Lorsqu'elle était enceinte de Lucas. Elle aurait pu pourtant. Tout arrêter ou tout mettre sur pause le temps de mener à terme sa grossesse. Mais elle ne l'a pas fait. C'est dire à quel point elle tenait à cet endroit. Alors tu n'as, très officiellement, pas le droit d'abandonner ce pub qu'elle a mis tant de volonté à faire fonctionner. Et t'as plutôt tout intérêt à faire en sorte qu'il ne s'écroule jamais. C'était quand ? Que tu finis par l'interroger, une fois assez fort pour mettre fin à ce que t'es en train de faire, pour l'affronter du regard. Tes mains en appuie sur le comptoir, tu la regardes avec beaucoup de sérieux. T'as envie d'en savoir plus toi aussi. Il n'y a pas de raison pour qu'elle soit la seule à deviner certaines choses chez l'autre. Parce qu'elle a sans doute compris à la présence d'alliance à ton doigt et à la photo qui trône dans un coin du bar, que c'est ta chère et tendre que tu as perdu. Elle ignore forcément de quand ça date toutefois. Mais peut se douter que c'est récent. Trop pour que tu n'en souffres pas encore.
«L'honnêteté ne consiste pas à ne jamais voler, mais à savoir jusqu'à quel point on peut voler, et comment faire bon usage de ce qu'on vole.»samuel butler.
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Tu t'lances, tu portes la paire de couille qui ne t'as pas été offerte à la naissance et tu viens lui d'mander pourquoi il est comme ça. A faire la gueule constamment comme si il lui manquait une partie d'lui. Au début, tu lançais ça de façon innocente sans savoir qu'tu manquerais pas d'foutre ton index manucuré sur la chose gênante. Les deux pieds dans l'plat Isha, quand tu fais les choses t'y vas à fond où tu les fait pas, c'pas vrai? Tu t'sens désolée pour le tatouer lorsqu'il t'avoue que se sentir incomplet et bien c'qui le turlupines. Tu connais qu'trop bien ça, ce sentiment d'abandon injuste et dont vous ne pouvez blâmer personne. Car c'est la vie pas vrai? les gens meurent, c'est inévitable. Peu importe que ce soit cruel, que ça déchire des vies ou bien des familles. Le cycle de la vie, c'est quelque chose d'infâme. Ça vient faucher les êtres chers lorsque vous vous y attendez le moins pour vous offrir un ascenseur émotionnel des plus terribles. Toi aussi, t'as connu ça Isha. Toi aussi, chaque jours tu peines à te remettre de ce que tu as perdu. De ta faute car t'as été imprudente. T'as voulu jouer avec le feu et c'est Arsène qui s'est fait brûler pour protéger tes ailes à peines remises des mauvais traitements qu'elles avaient pu subir. T'as du fuir, l'abandonner derrière toi alors qu'il viendrait à rendre son dernier souffle seul. T'as fauté, t'en porteras la cicatrice jusqu'à ton tour tu viennes à t'éteindre après avoir clignoté de tout ton être, reculant toujours l'échéance.
Tu t'perds dans un bref monologue. C'est pas tellement ton habitude que de te vouloir aussi douce dans tes paroles, de laisser paraître cet aspect fragile de ta personnalité. Tu préfères rire, être heureuse, vivre pour deux. T'as l'regard qui s'perd dans le vide alors que tes doigts enserrent fermement la bouteille de téquila que tu portes à tes lèvres pour laisser la brûlure alcoolisée punir ta gorge un peu plus. Tu t'doutes bien que ça doit pas être de gaieté de coeur qu'il t'écoutes Suile, toi non plus t'étais pas raisonnable à l'époque. Tu t'es laissée submergée par une vague de culpabilité, t'es devenue une bombe instable. Menaçant d'exploser à la moindre secousse supplémentaire, au moindre choc de plus. Puis tu t'es souvenue de son but, de son rêve qu'il a partagé avec toi. Tu t'es mise en tête de poursuivre son oeuvre, de mener à bien son projet d'équipe. La voix de Suile vient te tirer de tes pensées alors que ce dernier ronchonne en te demandant s'il te donne l'impression de s'être arrêté. Tu le contemples un instant et d'une voix neutre tu réponds. "J'sais pas dis moi?" Tes prunelles brunes reluisent, s'ancrent dans les siennes d'une couleur orageuse. T'es pas là pour l'emmerder plus que tu n'as déjà pu le faire, bien au contraire. Tu cherches juste un peu de sincérité de sa part.
Il y a un bref moment de silence, avant que la voix du barbu ne vienne te demander quand c'est passé ton drame à toi. Tu pousses un bref soupir en reposant le verre de la bouteille contre le bois du bar alors que tu caresses cette dernière de tes pouces. "Vendredi treize octobre deux mille dix sept. A Dubaï." Tu marques une pause, prends une grande inspiration pour t'ouvrir un peu. Après tout, t'en parles rarement d'Arsène. Tu gardes ton admiration pour toi, ne montre pas tes blessures aux straydogs. T'es sensée être leur lead, celle qui mènes les troupes et qui les rassemble. Tu peux pas leur montrer tes faiblesses. Pas à tous du moins. "J'ai perdu mon père d'adoption, on s'est rencontré j'étais une morveuse squelettique qui faisait les poches aux touristes dans une station essence pathétique perdue en colombie. C'était courant deux mille neuf je crois.." T'étais rien mise à part une carcasse fatiguée, usée par la malnutrition et l'anxiété de t'faire sécher à nouveau par ta famille d'accueil si tu revenais bredouille. Il t'as tiré de tout ça, il t'as emmené sous l'manteau pour t'montrer ce que vivre pouvait réellement signifier. Il t'as nourrie, t'as donner de quoi t'habiller décemment, il t'as instruite au passage toi qui peinait avec ta dyslexie.
"Une erreur de ma part, une simple erreur de jugement. Un quart de seconde et c'est moi qui me prenait la balle en plein myocarde. Il a bondit d'vant moi, j'me suis écrasée au sol avec lui. J'ai dû... J'ai.." Ca fait un mal de chien que de devoir le dire à haute voix pas vrai Isha? Tu t'bouffes la lèvre inférieure, rongée par la culpabilité. Rien ne pourra effacer tes actes. "J'ai fuis sur ses ordres. J'ai laissé derrière moi un grand homme, parce j'ai été cupide et stupide." Chaque jour, t'en paye le prix. Lorsque tu te regardes dans la glace et que tu peux y voir ton reflet coupable. Ta voix se meurt, t'as toujours aussi mal qu'au premier jour. C'est ta pénitence, t'en es sûre. "J'essaie d'vivre comme il me l'a apprit. De poursuivre ses rêves comme il l'aurait fait s'il se tenait toujours à mes côtés. Je peux pas imaginer ce que ça peut faire, de perdre sa moitié. Mais j'ai perdu la personne qui comptait le plus pour moi je peux comprendre ça." Qu'tu fais allusion d'un geste de tête alors que tu désignes son alliance. T'as une mine sincère, amicale et compatissante. T'es là, s'il tient à vider son sac. Quitte à exploser de colère et balancer des verres contre les murs. Tu peux encaisser, tu sais à quel point ça peut faire du bien.
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Tu n'as aucune idée de ce qu'a pu vivre la jeune femme au cours de sa vie et aucune idée de la personne qu'elle peut bien avoir perdu. Mais tu la sens sans mal la peine insupportable. Celle qui fait s'effriter lentement mais sûrement le coeur de n'importe quelle personne qui a à la subir. T'es désolé pour elle. Presque autant que tu l'es pour toi même. Toi qui ne te remets toujours pas de la perte tragique de ton épouse. Et tu n'es pas certain que ça puisse un jour changer. Tu doutes d'être capable de passer outre. Tu doutes d'avoir la force et le courage nécessaire pour ça. Tu ne contentes que de survivre et d'avancer à l'aveugle depuis qu'elle n'est plus là. Et tu ne le fais finalement que pour tes enfants. Parce que tu ne peux évidemment pas te permettre de faire autrement. Tu ne peux te permettre de les laisser tomber. Tu ne peux les laisser seuls, tous les deux. Tu ne veux pas faire d'eux des orphelins forcés d'être recueillis et élevés par leurs grands-parents ou leur tante. Leur vie n'ayant été déjà que trop mise à mal par la perte de leur mère, si rapidement. Alors la question ne se pose finalement pas. Tu te maintiendras, tant bien que mal, debout pour eux.
T'es conscient que la jeune colombienne est certainement en train de se livrer et de se libérer de ses peines, comme rarement elle doit le faire. Tu peux le deviner à toute l'énergie qu'elle a donné pour se plonger dans l'ambiance survoltée du pub, un peu plus tôt dans la soirée. Elle est certainement de ceux qui portent un masque pour faire temporairement disparaître leurs douleurs. De ceux qui ne se livrent pas trop, par peur d'être jugé ou même par peur de la pitié qu'ils pourraient susciter. Elle ne le fait avec toi, sans doute que parce qu'elle est consciente que tu as connu le même genre de peine. Parce qu'elle se doute que tu es forcément bien trop dans ta propre peine, pour pouvoir la prendre en pitié. Tu te fais ronchon quand tu refuses d'entendre que tu t'es arrêté. Arrêté de vivre et d'avancer. Tu n'as vraiment aucune envie de croire que c'est le cas. Que tu as vraiment cessé tout cela. J'en sais rien. Que t'avoues finalement. Presque las déjà de cette conversation. Tu n'as pas tellement l'habitude de te confier de la sorte. Et surtout pas lorsqu'il s'agit de tes peines. Moins encore lorsque celles ci sont en rapport avec ta chère et tendre. Celle que tu as perdu bien trop tôt. Celle qui est encore là à te hanter, nuit après nuit, jour après jour.
Finalement tu l'interroges en retour. T'as envie de savoir précisément ce qu'il en est pour elle. Qui elle peut bien avoir perdu, quand et dans quelles circonstances. Quand bien même tu ne lui as pas offert autant de détails de ton côté. Il ne faut pas trop t'en demander. Qu'elle sache que tu as perdu ton épouse étant bien assez à ton goût. Pour ne pas dire carrément trop. T'abandonnes tout à fait ce que t'es en train de faire lorsqu'elle reprend la parole pour commencer à te conter un bout de son histoire. Tu écoutes les quelques bribes qu'elle veut bien te souffler. Alors que son visage prend une expression relativement grave à mesure qu'elle entre dans ses propres souvenirs. Certainement tous plus douloureux les uns que les autres pour elle. Encore aujourd'hui. Tu fronces un peu plus les sourcils à mesure qu'elle te délivre des informations sur son histoire toute entière et sur ce qu'elle a eut à vivre. Ainsi que son père adoptif qui a reçu une balle pour éviter que ça ne soit elle qui la prenne en plein coeur. Histoire étonnante et déroutante quand on ne connait pas tous les autres détails qui l'entourent. Comme c'est bien ton cas, évidemment. Tu ne sais toujours pas grand chose d'elle.
T'as seulement le réflexe de refermer le poing comme si tu souhaitais protéger l'alliance à laquelle elle vient d'offrir un regard entendu. C'est pas vraiment la même situation. Que tu marmonnes en te reculant de nouveau pour reprendre la tâche que tu avais temporairement abandonné pour pouvoir l'écouter. Elle s'est tuée en voiture alors qu'elle se rendait à la maternité pour mettre au monde notre fils. J'ai encore du mal à savoir si j'ai une part de responsabilité là dedans ou non. Que tu marmonnes. Et contrairement à la jeune femme qui vient de te raconter un bout de son histoire, tu ne vis pas ta vie de la façon que l'aurait souhaité Jenny. A part le fait que tu sois présent pour tes enfants et que tu ais repris son pub pour t'assurer qu'il vive après sa disparition. Et qu'il puisse avoir droit à la chance qu'il n'a pas eut le temps d'avoir de son vivant, de fonctionner comme il le méritait. A part ça, tu t'es fermé à tout et à tout le monde. Clairement pas ce qu'elle aurait pu souhaiter pour toi. Elle qui a longtemps du trimer pour te voir évoluer et t'ouvrir. Aux sentiments, à la vie, à tout. Parfois tu n'imagines que trop bien ce qu'elle te dirait et comment, si elle te voyait agir comme tu le fais. Survivre comme tu le fais. Et même de cette façon, t'es incapable de te bouger. Parce qu'elle n'est plus là de toute façon. Alors à quoi bon tout ça ?
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T'as été seule pour faire face au poids du deuil. T'as dû te débrouiller avec le peu de contacts que tu avais à Dubaï et ton arabe plus qu'approximatif pour te dégoter un peu de cash et prendre l'avion avant que ton visage ne soit partagé aux autorités avec une interdiction de quitter le territoire. T'étais secouée par la perte de ton père adoptif, par le poids de cette solitude t'étant infligée pour un quart de seconde d'hésitation de ta part. Alors que tu n'aurais pas dû céder à la cupidité. Règle numéro un. T'en as payé le prix fort pas vrai? Toutes ces semaines durant enfermée dans ta colère et ta hargne de toi même avant de prendre conscience de cet héritage qu'il t'avait laissé. Ce petit carnet à la reliure de cuir abîmée par les années. Quelques pistes, ses dernières volontés en cas d'accident. Comme s'il savait que tu lui causerais sa perte. Comme s'il prévoyait ton imprudence aussi loin que ça. Il a eu raison, nouveau coup de poignard dans ta poitrine. Tu n'auras pas eu l'occasion de lui prouver tes changements. De lui montrer ton envie de te relever. De rêver plus grand, faire toujours mieux.
T'as un putain de long monologue dans lequel tu contes ton histoire. Douce ironie pas vrai lorsque l'orpheline le devient à nouveau. Par sa faute qui plus est. Incapable de rendre à ton protecteur toutes ces années de bons et loyaux services. T'as été trop bête putain Isha, tu t'en croyais pourtant capable que de rapporter un peu plus à cette expédition. Mais les agents de sécurité sont arrivés nombreux, ont ouvert le feu. Balle en plein myocarde devant la quelle il s'est jeté. Pour toi. Pour que tu puisses vivre. Ton regard devient vitreux, se perd dans le vide au fur et à mesure que tu peux te refaire les scènes devant toi. Comme si le film défilait dans tes yeux pour une petite séance privée de la pire journée de ta vie. Tu t'en voudras jusqu'à la mort. Jusque là t'essaieras d'agir le mieux possible. De ne pas laisser les éléments alourdir ton cœur de chewing-gum pour le transformer en pierre. Car t'as cette capacité à tout apprendre des gens qui t'entourent. De voir la bonté en eux alors que les autres pensent que tout est perdu d'avance. Tu es une amie dévouée, toujours prête à écouter lorsque les autres en ressentent le besoin. Tu ne laisseras plus personne derrière toi Isha. Plus aucun camarade derrière.
D'un geste vague en la direction de son alliance ton ton fini petit à petit par s'éteindre laissant place à son timbre de voix nettement plus grave que le tien prendre le relais. Marmonnant, t'as d'abord du mal à comprendre avant de faire le lien entre les syllabes mâchées par le tatoué. Ton cœur se soulève à la suite de ses paroles. Ce dernier se serre, se tord dans tous les sens de douleur. T'oses pas imaginer ce que cela peut faire Ish', tu pourras jamais l'imaginer. T'es pas quelqu'un de stable, vouée à passer nombre d'années en compagnie d'une belle personne dans une jolie maison avec des gamins tous plus adorables les uns que les autres. Tu n'oses imaginer la peine qu'il doit ressentir en plus de cette culpabilité crevant les yeux. "J'suis désolée de ce que tu as du vivre." Que tu réponds très sincèrement en cherchant son regard du tien. Ton ton est doux, n'éprouve aucune pitié mais reste cependant compatissant. Jusqu'au degré qu'il t'es donné de comprendre ce par quoi il a pu passer. "T'as donc un petit? J'me disais bien que t'avais un air de papa ours mal léché." Que tu viens ajouter toujours dans la douceur la plus extrême qu'il soit. Tu ne te moques pas, tu constates ce côté un peu paternel que tu comprends mieux maintenant. T'espères sincèrement ne pas faire d'énorme bourde, de ne pas mettre les deux pieds dans le plat en apprenant que le gamin n'a pas survécu.
Auquel cas, tu prendrais sûrement tes jambes à ton cou pour avoir remuer le couteau dans la plaie. T'aimes pas voir les gens biens souffrir, tu trouves ça toujours infiniment injuste. T'es même carrément touchée par l'histoire de Suileabhan. C'est tragique de perdre l'amour de sa vie alors que cette dernière se rend aux urgences pour accoucher d'un petit être. T'as un goût amer dans la bouche et c'est pas la Tequila cette fois. T'es assez endurcie, assez forte pour ne pas avoir les larmes aux yeux, combien même cette histoire est des plus tristes qu'il soit. D'un geste de main tu viens remplir un shooter devant de toi d'alcool ambré que tu fais glisser en direction du bartender à qui tu as malgré toi dû chagriner un peu. "Allez, cette fois me fais pas argumenter parce que j'annonce officiellement que je suis trop alcoolisée pour ça et ensuite on boit tous les deux. A ta femme et à Arsène." La bouteille sur sa fin à la main, t'intimes plus que fortement à ton hôte de joindre le mouvement. T'es peut-être qu'une sale voleuse, peut-être que t'as du sang sur les mains. Mais tu restes néanmoins empathique. Humaine.
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Sujet: Re: Human. {ft Isha} 
Dim 13 Oct - 18:43
