Elle a cessé de lui répondre. Sans prévenir, elle a juste arrêté. Parce qu’il commençait sérieusement à la pousser à bout, elle a simplement décidé d’arrêter. Chose qu’elle ne fait jamais. Elle n’est pas de ceux qui fuient les conflits. Elle a un tempérament trop impulsif, trop explosif, pour maintenir son calme quand la personne en face l’agace. Seulement elle est peut-être en train de changer, Cassey. Elle ne se sent même pas la force de l’affronter, sans doute parce qu’il est plus fort qu’elle. Plus déterminé quand elle a perdu son sens de l’obstination. Elle a juste besoin qu’on la laisse tranquille, ce n’est pas compliqué. Personne ne lui force la main. C’est encore moins à son ex petit-ami de plus de vingt ans de le faire. Et, au fond, tu sais que tu te voiles la face. Il est ton amant, ton ami, ton sauveur, au gré de tes envies. Au gré de tes besoins. Il devient chaque fois ce dont t'as besoin. Mais, tout de suite, elle n’a pas besoin de lui. Pas besoin qu’il joue les donneurs de leçons, pas besoin qu’il lui dise ce qu’elle doit faire, pas besoin qu’il contredise sa manière de réagir dans sa propre vie. C’est injuste, ce qu’elle fait, au fond elle le sait. Elle en a conscience mais, après tout, elle ne lui a jamais rien promis. Elle s’est juste… laissée approcher par lui. Parce qu’elle sera toujours faible face à lui. Parce que son corps est magnétiquement attiré par le sien. Mais elle n’est pas prête à lui dévoiler son cœur et, encore moins, son âme. Alors elle s’obstine à garder le silence. Un silence qu’il semble avoir compris puisqu’il n’a pas cherché à la recontacter. Il lui a laissé sa liberté.
Mais c’est mal le connaître de penser qu’il s’arrêtera là, Owen.
La soirée est relativement longue. Entre insomnie et mauvais rêves, elle peine à trouver le sommeil. Elle qui n’a toujours eu qu’à fermer les paupières pour plonger dans les bras de Morphée, fait face pour la première fois de sa vie à des nuits agitées. Ce n’est que relativement tard dans la nuit qu’elle parvient enfin à s’endormir. Beaucoup trop tard pour l’heure à laquelle on vient la réveiller. Tirée de son sommeil, elle sursaute brutalement lorsqu’elle entend des coups à sa porte d’entrée. La couverture qu’elle glisse instinctivement au-dessus de sa tête, elle essaie de les oublier. Mais la personne insiste, et bientôt, c’est une voix qui l’appelle. – Bordel... Elle se lève agacée, fatiguée, mal réveillée mais déjà sur les nerfs. Pas une femme que l’on risque à sortir du sommeil. Elle ne prend pas la peine d’enfiler ni chaussons ni peignoir. C’est pieds nus, vêtue uniquement d’un débardeur et d’un short qu’elle rejoint les couloirs. Elle a froid, elle a sommeil, elle n’est vraiment pas en état de parler à qui que ce soit. Et…
Pas à lui, Surtout pas à lui.
Elle aurait dû se douter qu’il ne laisserait pas tomber. C’était beaucoup trop naïf de penser qu’il abandonnerait. Pourtant, en ouvrant la porte, elle n’est pas préparée à se retrouver devant Owen. – Bon sang, je croyais que c’était important. elle lance, en guise de salut avant de reculer déjà, lui laissant tout de même la possibilité d’entrer. Elle est presque tentée de retourner aussitôt dans son lit. Tout ce qu’elle veut, à cet instant, c’est retrouver son lit. – Je dormais, je te signale. lance-t-elle, comme une information primordiale qu’il a l’air d’ignorer. Parce que, oui, ça, c’est important. Cela a toujours été important. Plus encore quand elle a tant de mal à se reposer quelques heures.
Elle ne veut pas qu’il la protège. Elle ne veut pas qu’il l’aide. Elle voudrait juste dormir tranquillement quand elle est seule chez elle. Mais c’est visiblement trop demandé. Elle ne comprend pas ce qu’il fiche devant son appartement. Elle ne sait pas ce qu’il attend. Surtout à une heure aussi matinale. Il est là, face à elle, en train d’insinuer qu’elle a une mine horrible. Ce n’est pas lui qui a été réveillé en trombe par un dingue qui a choisi de cogner à sa porte. Sans daigner lui répondre, la jeune femme extériorise surtout son irritation. Pourtant, il ne paraît pas offusqué, ni même gêné. Il lui ordonne d’aller s’habiller pendant qu’il lui prépare un café. – Pardon ? Il vient vraiment de lui donner un ordre. Mais, bon sang, pour qui se prend-il ? Encore à demi dans son lit, elle n’est pas suffisamment réveillée pour réagir, par chance pour lui. Mais cela ne va sûrement pas durer longtemps s’il continue à faire ce qu’il veut comme si c’était chez lui. Elle le contemple fixement, sans bouger alors qu’il allume sereinement la cafetière puis fouille dans les placards comme si c’était chez lui. Son prince. Il croit qu’il va être son prince. – Mais tu es sérieux, là ? Il est malade en fait. Elle n’a aucune autre explication. Ou alors, c’est elle, c’est sa faute. Elle l’a beaucoup trop laissé approcher. Il pense qu’il a tous les droits sur elle maintenant. – Putain mais tu débarques chez moi comme un fou de bon matin, pendant que je dors, tu fais comme chez toi, tu me donnes des ordres, mais tu te prends pour qui ? Là, il a réussi à la réveiller. Complètement. Elle ne se sentait même plus la force de l’affronter mais il est tellement arrogant, tellement suffisant, qu’il a le don de la faire sortir quand même de ses gonds. Elle ne comprend même pas comment il peut avoir l’incorrection de s’immiscer ainsi dans sa vie. Comment il peut penser qu’elle va obéir à ses ordres, le laisser faire, sans broncher. C’est vraiment très mal la connaître, Cassey.
Elle ne supporte pas la manière dont il prend position dans sa vie. La manière dont il pense savoir mieux qu’elle ce dont elle a besoin. Mais ce qu’elle supporte le moins, c’est… combien cela lui paraît normal. Comme si cela faisait des années qu’il prenait soin d’elle, alors que non. Bordel, non. Il n’était pas là durant vingt ans. Elle a eu tout le temps de gérer chaque crise dans sa vie comme elle l’entend. Elle a appris à se débrouiller toute seule, sans compter sur les autres. Ou peut-être sur son frère, sur sa fille, sur ceux qui ont toujours été là pour elle. Mais, pas sur lui. Définitivement pas sur lui. Et elle ne comprend même pas comment il ose prendre une telle place tout seul. S’attribuer un rôle qu’elle ne lui a pas donné ou, en tout cas, dont il s’est séparé quand il l’a abandonnée. C’est trop facile de revenir, des années plus tard, et faire comme si rien n’avait changé. C’est trop facile de faire comme si elle avait besoin de lui.
Et peut-être qu’au fond, tu as besoin de lui, Peut-être que tu as juste trop peur de lui, De lui redonner une place aussi importante dans ta vie.
Mais, quoi qu’il en soit, c’est son choix. Si elle n’est pas prête à lui laisser cette place, ce n’est pas à lui de la prendre. De la voler. Sans rien lui demander. Et peut-être que c’est sa faute, à Cassey. Peut-être qu’elle l’a trop laissé s’immiscer dans sa vie. C’est ce qu’elle fait toujours. C’est ce qu’elle a fait avec Toby, avec tous les hommes avant lui. Même avec son propre frère. Elle laisse les hommes qui entrent dans sa vie prendre un semblant de rôle mais, dès lors que cela ne lui convient plus, elle se sent brimée. Elle se sent oppressée.
La vérité, c’est que tu n’es plus capable de laisser un homme entrer pour de bond dans ta vie, Plus capable depuis lui.
Et c’est encore plus difficile de le voir, lui, agir comme s’il était légitime à le faire. Avec insouciance, presque avec arrogance. Il fait semblant de ne pas comprendre, ou bien il ne comprend pas véritablement. C’est elle qui n’a jamais voulu mettre de mot sur leur relation, elle qui passe toujours d’un extrême à l’autre. Elle qui ne sait jamais ce qu’elle veut. Elle passe ses nuits avec lui, elle est jalouse un jour, comme s’ils formaient un couple, avant de le rejeter comme s’il n’avait rien à faire dans sa vie. Elle lui en fait voir de toutes les couleurs et, en réalité, elle ne s’en rend même pas compte. T’es trop difficile à suivre, Cassey. Tu ne sais pas toi-même ce dont t’as envie, comment veux-tu qu’il le devine ? Devant l’incompréhension d’Owen, la jeune femme craque, et explose. Elle laisse échapper tout ce qu’elle a à lui reprocher, tout ce qui la met hors d’elle depuis qu’il est arrivé. Largement influencée par son trop violent réveil, son manque de sommeil, et tous ces cauchemars qui l’envahissent, qu’elle ait les paupières fermées ou ouvertes. – Ce n’est pas ça ? Ce n’est pas ce que tu fais, t’es vraiment sûr ?! lâche-t-elle, toujours en colère. Mais elle n’est plus la seule à l’être. Il commence à parler, Owen, et à s’emporter lui aussi. Il est surtout en train de lui balancer toutes ses vérités. Son discours a le don de la remettre à sa place. Plongée dans le silence, elle détourne les yeux, comme si elle refusait de les poser sur lui.
Comme si tu refusais, Qu’il voit qu’il t’a touchée, Plus qu’il ne le devrait.
– Je ne me détruis pas. déclare-t-elle calmement alors qu’il reprend déjà la parole pour lui dire qu’il veut l’emmener faire cette déposition. Mais il veut d’abord qu’elle canalise sa rage. Il est prêt à être sa cible, tout cela… Tout cela pour qu’elle aille mieux. Elle laisse échapper un bref soupir. – Je n’ai aucune envie de m’en prendre à toi. On ne dirait pas, certes. Mais c’est vrai. Elle relève enfin les yeux vers lui, le regard coupable, le regard mal. – Je n’ai pas envie de tout ça, je ne veux pas aller raconter ma vie à un inconnu, je veux encore moins tout casser pour extérioriser, je… Elle se tait l'espace de quelques secondes, le temps de retrouver ses esprits, mais surtout la force d'avouer dans un murmure. - Je voudrais juste reprendre ma vie Owen.
Il est prêt à s'opposer à elle, pour son propre bien. Prêt à oublier leur relation pour faire ce dont elle a besoin. Il est prêt à tout pour elle, Owen, mais elle ne le voit pas. Elle ne l'entend pas, elle ne le ressent pas. Elle n'y arrive plus, elle n'arrive plus à croire en lui, ni en personne d'autre. Elle ne sait pas si c'est à cause de ses tourments actuels, ou bien des blessures du passé, celles qui n'ont pas complètement cicatrisées. Elle sait juste qu'elle se sent seule, perdue. Et qu'elle voudrait bien que quelqu'un lui guide le chemin tout en étant, paradoxalement, incapable de saisir la main qu'il lui tend. Elle est incapable de s'en remettre à lui, plus encore alors qu'il agit comme si c'était un dû, comme si elle n'avait pas le choix de prendre ses propres décisions. Elle s'emporte, Cassey, de frustration, d'irritation. De colère, même, alors qu'il refuse de prendre en compte ses émotions. Mais, elle ne sait trop comment, il parvient à la calmer. Peut-être parce qu'elle le voit un tout petit peu, malgré tout.
Combien il ferait tout pour toi, Combien il est fou de toi.
Elle ne peut pas rester indifférente. Elle n'est jamais restée indifférente devant les sentiments qu'on peut lui témoigner. Le besoin d'affection irraisonné. C'est plus vrai encore avec lui, lui qui a toujours eu ce pouvoir dingue sur elle. Cette fois, il arrive à lui faire oublier sa colère. Mais ce qu'elle ressent n'est pas forcément plus agréable, c'est même plus pénible encore. Habituée à exploser, elle l'est beaucoup moins à se laisser couler. Beaucoup moins habituée à se montrer fragile, vulnérable, à la merci de failles qu'elle ne contrôle pas. Le calme retrouvé, elle écoute un peu plus tout ce qu'il peut bien lui confier. Elle ne comprend pas tout de suite où il veut en venir en affirmant que, avec lui à ses côtés, elle n'aurait rien enduré de tel. Elle ignore s'il parle de son absence ce jour-là, celui de la confrontation, ou bien celle durant tout ce temps. Ce n'est pas à cause de lui si elle s'est retrouvée dans une telle situation. Toute sa vie ne dépend pas de lui. Elle a pris ses propres décisions, Cassey, des décisions qui l'impliquaient elle, sa fille, mais pas Owen. Et ça l'agace même, en fait, qu'il ramène tout à lui. Il ne voit pas que tout cela ne dépend aucunement de lui. - C'est sympa de croire que toute ma vie dépend de toi. lance-t-elle, plus calmement, mais avec cette pointe d'amertume. Elle sent bien qu'elle est sur la défensive. Elle n'y peut rien, elle est encore plus sensible qu'en temps normal.
Tu te sens, comme, à fleur de peau, Incapable de démêler le vrai du faux, Dans tout ce flot de sentiments.
Elle essaie de se reprendre. Pour la première fois, elle parle avec calme, en lui expliquant qu'elle n'a pas envie de retrouver la police. Encore moins d'aller se défouler sur lui ou sur n'importe qui. Devant la proposition de son interlocuteur, la jolie blonde hausse doucement les épaules. - Non, je… Je dois y aller. Pour répondre à leurs questions. elle ne pourra pas y échapper, pas éternellement. Elle le sait, Cassey, mais ce n'est pas pour autant qu'elle allait subitement se lever, s'habiller, et accepter de le suivre, juste parce qu'il est venu. C'est beaucoup plus difficile que cela pour elle. Alors qu'elle ne bouge toujours pas, le jeune homme commence à s'approcher d'elle. Il veut l'aider. Mais elle, elle ne sait pas si elle est prête à accepter qu'il puisse l'aider. Et cela n'a rien à voir avec une question de confiance. Ce n'est pas à lui qu'elle se sent incapable de se fier, c'est à elle-même.
Tu ne sais plus où tu en es, Tu te sens perdue, déboussolée, Si seulement il comprenait.
Plusieurs secondes passent sans qu'elle ne prononce un mot. Comme si elle n'osait pas répondre à sa question. Mais ce n'est pas cela, en vérité, c'est juste qu'elle ne sait pas comment y répondre, comment connaître elle-même les réponses à toutes ses interrogations. - Owen, je… je ne sais plus où j'en suis. elle avoue subitement, ses prunelles se raccrochant à nouveau aux siennes. - Tu agis comme si… comme si c'était ton rôle de veiller sur moi, et je… J'arrive pas à accepter cette idée. Et elle va le blesser, elle le sait. Mais elle ne peut pas cacher ce qu'elle ressent, au risque de finir par se sentir étouffée. - J'ai besoin que tu écoutes ce que moi je ressens. Que tu agisses comme un ami et pas… Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Elle ne parvient plus à contrôler son émotion. - Tout ça, ça… C'est en train de me dépasser, tu comprends.
Il ne peut pas tout ramener à chaque fois à sa culpabilité. À son départ, vingt ans plus tôt… Vingt ans, bon sang. Il s’est passé des milliers de choses depuis dans la vie de la jeune femme. Des choses qui n’ont rien à voir avec lui. Déjà, par nature, elle n’a jamais été une personne tournée vers le passé. Elle s’est toujours focalisée sur son présent, Cassey. Elle n’a jamais trop apprécié les regrets, les remords, encore moins les « et si » qui ne sont jamais arrivés. Mais c’est plus compliqué encore de l’entendre, lui, en parler comme si elle n’était absolument pas maîtresse de ce qui lui arrive. Comme si tout ne dépend que de lui. Elle a l’impression qu’il est resté bloqué sur cette période alors que… elle a évolué, depuis. Et heureusement, bon sang. Elle était encore une adolescente, elle avait à peine seize ans. Elle s’est construite toute seule, Cassey, seulement avec sa fille. Et elle a clairement la sensation qu’il ne le voit pas, qu’il ne voit pas qu’elle n’est plus cette gamine qu’il faut prendre en mains parce qu’elle est incapable de se débrouiller toute seule. Cela fait vingt ans qu’elle se débrouille toute seule.
C’est ainsi que t’as appris à vivre, Cassey, Ainsi que t’as pu grandir.
C’est compliqué de faire autrement. Après tout ce temps. Compliqué de se laisser aller à se reposer sur un homme, d’autant plus sur celui qui est à l’origine même de ce malaise aujourd’hui. C’est peut-être elle la responsable. Elle n’a jamais pris le temps de se livrer à Owen sur le sujet. Jamais pris le temps de lui avouer, combien il a cassé quelque chose en elle. Il n’a affronté que sa colère, sa déception aussi. Mais il ne sait pas. Il ne sait pas qu’elle a enchaîné les histoires foireuses avec des hommes qui n’auraient jamais été ceux d’une vie. Il ne sait pas qu’elle a inconsciemment, mais trop volontairement, saboté chacune de ses relations. Il ne sait pas qu’elle n’arrive plus à ouvrir son cœur, pas seulement à lui mais à tous. Et elle ne peut pas vraiment lui reprocher, Cassey. Parce que personne ne le soupçonnerait au premier regard. Personne ne se douterait des ténèbres derrière la lumière. Elle est beaucoup trop souriante, beaucoup trop enjouée, beaucoup trop pleine de vie, pour que l’on puisse déceler.
Tu le portes tellement entre tes mains, à la vue de tous, ton cœur, Que c’est presque impossible de voir qu’une partie est morte à l’intérieur.
C’est le silence qui répond suite aux paroles d’Owen. Elle ne veut pas se disputer avec lui, elle ne veut pas créer de nouvelles tensions. Il ne comprend pas combien c’est frustrant pour elle, la manière dont il agit. Et elle ne comprend pas qu’elle est seulement en train de le faire souffrir. Sans rebondir davantage au sujet de cette déposition, elle a besoin d’une autre conversation. C’est douloureux, c’est difficile, mais elle essaie de lui faire comprendre ce qu’elle peut ressentir. Lui faire comprendre qu’elle ne sait plus du tout où elle en est. Autant dans sa vie que dans leur relation. La seconde ne fait, en fait, que la perdre un peu plus sur la première. Là où elle aurait besoin d’un soutien, non d’une source de complications supplémentaires. Là où elle aurait besoin d’un ami, non pas d’un petit-ami qu’elle n’a pas choisi. Elle tente bien de se dévoiler, Cassey, mais elle doit mal s’y prendre. Parce que ses mots le mettent en colère. Il lui rappelle qu’elle était bien contente de le retrouver pour… s’envoyer en l’air.
Vous n’êtes pas des amis, Vous ne serez jamais des amis.
Elle détourne les yeux, blessée plus qu’énervée par la manière dont il s’adresse à elle. Comme si elle l’avait simplement utilisé, comme si… elle avait profité de lui. Ce n’est pas du tout ce qu’elle a fait, bon sang. Elle était chamboulée, perdue entre son attraction pour lui et toutes les raisons qui la poussaient à le fuir. Elle était juste perdue, Cassey. Perdue depuis qu’il est revenu dans sa vie. – Je ne parle pas de ça ! Je... Elle voudrait juste qu’il la soutienne, pas qu’il la force à faire des choses qu’elle n’a pas envie de faire, bordel. C’est si compliqué à comprendre, vraiment ? Visiblement, oui. Les prunelles qui se mettent à briller, la belle l’entend lui avouer brusquement qu’il est fou d’elle. Qu’il l’aime. Mais il est déjà en train de s’éloigner. Comme si c'était ce qu'elle voulait. – Mais ce n’est pas ce que je t’ai demandé ! elle s’exclame, de rage, de chagrin, elle ne sait plus. Elle est perdue. – Owen, s’te-plaît… murmure-t-elle sans pour autant bouger. Parce qu’elle est incapable de parler, incapable de lui dire précisément ce qu’elle ressent. Trop chamboulée par tout ce qui vient de se passer, tout ce qu'il vient de lui confier. Elle aurait voulu qu’il reste, elle aurait voulu qu’il comprenne. Mais peut-être qu’elle ne se comprend pas elle-même, Cassey.