All the good girls go to hell - LIBRE

Nella a au fond des yeux ce que les petites filles se permettent d’avoir sans cesse; les lueurs d’espoir invaincues, les étoiles dans les iris et le coin des paupières rétrécit de trop sourire. C’est qu’elle a le coeur gros, abritant des sentiments de bonheur inépuisables et les mains à trop donner de ce qui s’écoule de cette toquante élargie. La blonde a longtemps cru que pour pouvoir se donner autant, il fallait qu’elle donne à ceux qui en avaient le plus besoin et c’est dans cette illusion qu’elle s’est laissée emporter vers ses études d’infirmière dont elle a bien vite mis un terme pour retrouver les chemins de ce restaurant un peu vintage, un peu texan, où la musique ne s’arrête jamais et où les gens rient la plupart du temps, embaumant de leur voix la poitrine faible de Nella.

“C’est moi qui choisi la musique Jack !” Qu’elle s’écrie, pas encore préparée au service du soir, pas encore le tablier sur les genoux et la voilà derrière un vieil ordinateur dont on ne s’imaginerait pas l’état de fonctionnement aussi correct. Y’a du rockabilly qui sort des enceintes et en mimant quelques pas de danse, la jeune femme attrape le bout de tissu qui lui restera accroché à la taille jusqu’au beau milieu de la nuit. Quelques clients finissent par arriver et du plus beau sourire qu’elle peut offrir, la blonde se jette littéralement sur eux. “Bonsoir !” Ces derniers se dirigent plutôt vers le bar où ils s’installent sur les tabourets et Nella rejoint sa place, derrière le comptoir, un peu plus haute qu’eux, prête à mélanger les alcools, préparer les boissons, jouer de son charme pour plus de consommation…

J'ai pas le temps pour m'prendre la tête à cause de quoi que ce soit. Non, vraiment, j'ai aucunement de ça, ce soir. Alors j'attends que quelque chose puisse chambouler ma journée. J'ignore si ça va finir par s'produire. Mais de toute façon, j'ai pas le choix d'patienter.

Et ça commence particulièrement à m'gaver d'être dans l'attente constante. C'pour ça qu'j'me décide à prendre mon ordinateur, à l'allumer une fois posée sur l'canapé, et à m'rendre directement sur l'ensemble des réseaux sociaux.

Ouais, j'en ai plus d'une dizaine à compter ce jour. Et j'm'en lasse pas pour autant. Loin de là, ça m'permet d'continuer l'une de mes occupations favorites. S'cacher derrière un pseudonyme, discuter, ne rien savoir de l'autre autant qu'il ne sait rien de moi, ça m'donne une sensation terrible que ça m'peinerait d'devoir m'en passer un jour.

Pour l'instant, j'constate qu'y a rien d'si important. Que d'simples messages du genre salut ça va ? auxquels j'n'ai pas véritablement l'envie d'répondre. J'préfère la difficulté, moi. J'préfère qu'on m'lance des défis.

C'pour ça que lorsque j'reçois un ça t'dirait qu'on s'croise ce soir ? aux alentours de vingt-deux heures, j'dirai. dans l'un d'ces fameux bars putain d'fréquentés., j'souris. putain, enfin. j'vais enfin pouvoir m'éclater.

J'ignore qui est cette personne. J'sais pas s'il y aura un moyen d'la capter. J'sais même pas si c'une femme ou un homme ni même son âge. J'en sais strictement rien. Alors j'me pose, silencieuse. J'observe beaucoup aussi. Ce, jusqu'à ce que j'remarque l'arrivé de deux gars, à peine plus âgés que moi. Enfin, ils en ont l'air. Et qu'j'suis sortie d'mes pensées, entendant la serveuse presque crier une salutation. « eh toi. qu'est-ce que vous servez d'bon ici ? j'dois t'avouer qu'j'suis là pour la première fois. en tout cas, pas mal l'endroit. » que j'lui dis.