"Tout ce que je ressentais, c’était la faim. Une faim terrible, que j'aurai pu appeler manque, besoin, impuissance, frustration, vide et qui m'obsédait, me rongeait, m'engloutirait bientôt. C’était comme une fièvre, une mauvaise défonce, de la coke coincée entre les narines, une crise de manque, cette faim impossible à assouvir dont j'étais possédée.
Je détestais ma vie.”Bubble Gum, Hell.
ses chevilles sont fondues au sol à leia comme si quelqu’un lui avait installé des chaines, comme ces prisonniers avec bracelet électrique. leia a souvent eu l’impression d’étouffer, de ressentir toute cette pesanteur qui s’évanouissait sur sa poitrine haletante, le halo de ses boucles se déroulant dessus, créant des cascades, cachant tous ses maux intoxiqués. elle ne se souvient plus le soir exacte où elle a fait sa rencontre, de cette fille dont les contours se découpait du décor, elle avait même juré qu’un halo s’était dessiné autour d’elle, l’avait encerclé pour la faire apparaitre comme un ange, comme un arc-en-ciel qui venait s’abattre pour unir tous les pleurs et les rires qu’elle enfouit continuellement.
c’était un soir de printemps probablement, les oiseaux chantaient.
ce qui était sûr, c’est que l’empreinte de son visage solaire resterait gravé dans sa mémoire.
elle était meurtrière et dérangeante,
elle était sa moitié. jusqu’à ce qu’elle s’en aille, ses fantasmes soufflés au bout de ses lèvres capucines, les au revoir accrochés à ses doigts diaphane. des soirées trop arrosées et les abandons nichés dans les vagues odeurs parfumant sa conscience.
il y a eu les poignets cassés, les bleus sur le visage, le corps douleur. leia n’avait rien vu arriver.
il y a eu les larmes aux yeux, le coeur qui voulait s’arrêter de battre, ses paupières qui se ferment très fort. leia n’avait rien vu arriver.
ce n’était pas ses lèvres qui s’arrêtaient sur son front pour la rassurer, ce n’était pas leia qui venait pour éponger le sang qui coulait.
leia n’avait rien vu arriver,
jusqu’au soir où les oiseaux ont arrêté de chanter,
jusqu’au soir où leia a ouvert la porte de l’appartement 77 et que son ange était parti trop tôt, rejoindre le pays sans adulte.
et la gangrène au coeur qui a commencé, qui a fini par se propager.- - -
ses trainées cuivrées illuminaient la coupole céleste…
papa l’étoile filante, qui illumine les songes et fait se volatiliser les spectres hantés des âmes malades. papa l’étoile filante, qui redessine les sourires gommés.
il avait la couleur des rêves qui s’évaporent au petit matin…le halo des rayons de soleil devin qui transperce les rideaux…
et puis papa est devenue la tornade, celui qui était tourmenté par ses maux, les laissant ronger comme de l’acide les autres membres de la famille…une maladie qui se répand dans les artères jusqu’à venir tuer le coeur, laissant des fracas derrière soi…ça renverse la sensibilité, soulève les émotions.
le bruit étouffé de sa voix lui revient parfois en écho à leia, sa maman, sa vénus à l’ambre rayé, cette vénus qui unissait le feu et la glace et pourtant, elle a fini par devenir de marbre, “papa revient toujours” qu’elle lui disait mais leia elle savait qu’elle lui mentait, que ses lèvres qui tombaient jusque par terre et que ses yeux qui formaient des océans voulaient bien lui montrer la vérité…poussières qui venaient luire dans son regard.
et papa a trouvé une vénus moins fissurée, moins brisée, moins fêlée sur les contours, à l’aspect plus joli, à l’aspect plus neuf, papa s’est trouvé de nouveaux enfants à consoler, papa est parti effleurer d’autres planètes, conter d’autres histoires…
papa est un connard, maman a adopté les cernes violacées qui viennent soutenir son regard embrumé, des vagues de tristesse qui venaient lécher sa conscience vacillante.
et ton prénom qui s’efface, lentement, douloureusement
de ma poitrine qui saigne dans la marée
coeur tétanisé
et ton corps qui traine pourtant encore dans le spectre de mon esprit.- - -
papillon de nuit attirée par les lumières des bars prestige, elle s’y noie, elle se laisse bercer par les voix qui montent de vieux riches qui parlent de choses dont elle ne comprend pas le sens mais s’en fiche pas mal leia, tout ce qu’elle veut c’est l’hédonisme mondain, ni plus ni moins, de toute façon ce n’est pas une de ces gamine qui croit au prince charmant et au bonheur, elle sait qu’il passe son temps à baiser des putes et qu’le bonheur, ce n’est qu’un miroir qui reflète des images à l’infini mais dont on a paumé la matrice, l’image-mère, on ne sait plus à quoi ça ressemble...elle se complait à observer les âmes qui se déchirent autour de bouteille, qui pensent refaire le monde à coups de leurres universels, cynisme tirant le bout de leurs commissures en ignominie sourire qui disparaitra dans les volutes de leur fumée de la première cigarette allumée.
muette, muette, muette.
elle qui pense à sa soeur qui passe son temps à réparer les gens, recoudre les sourires qui ont été taillés au couteau, à câliner toutes ces âmes poussières qui se volatilisent au premier vent levé, elle est un peu comme le soleil, les étoiles, les nuages parfois la pluie aussi et leia elle se rend compte qu’elle, elle est plus comme papa, elle est plus comme la tornade et ça la rend triste leia, elle ne veut pas être la tornade
et pourtant, elle détruit tout, les fleurs se fanent, elle est aux antipodes de sa soeur leia, elle c'est le corps alourdi, les jambes endolories, la peau-hématomes, le chaud qui chaloupe les veines.
et les frères, n’en parlons pas…
naufrage du rafiot de la famille dole
avec le capitaine ébréché, entêté
la venus qui tentait d’évacuer l’eau
et pourtant ne demeurent que des ossements…
elle aimerait bien faire ses valises, ses cartons et partir de son endroit de malheur
mais n’a pas encore les clés pour son endroit douillet
(et toi, tu les as trouvées papa ?)