Je n'aurais qu'à souffler, et tout serait de l'ombre (Milos)

01/ Enfance tumultueuse. Par une mère abandonné, délaissant son gamin, pour mieux se droguer. S’empoisonner. Il est bien vite placé, adopté. Grands yeux clairs. Chérubin d’apparence, diablotin en vérité. Turbulent, perturbé. Instabilité, de celui qui n’arrive pas à se canaliser. Ça le bouffe, c’est vite réprimé. Par les coups de son beau père. Figure paternelle qui ne sera que synonyme de troubles et d’atrocité. Mauvais souvenirs, à jamais ancrés. Le corps marqué. Les quelques cicatrices, brulantes et dévorantes. Il ne pourra jamais les oublier, les éluder. Tâchant ce corps, trop bien fait. Forgé par les années. L’enfant s’abandonne en fabulations, au travers des livres et des contes. Des légendes et des mythes. Ça lui permet de s’évader, de se prêter à rêver. D’un monde meilleur. Accalmie certaine, vérité vaine. Il a envie d’y croire, mais continu de s’enliser. Aujourd’hui encore, reste les blessures du passé, stigmates douloureux, qui ne pourront jamais s’effacer. 02/ Tu chanteras tout l’été, jusqu’à ce que l’argent vienne à manquer. Il n’a pas eu besoin d’excès pour tomber dans la précarité. Un petit diplôme basique et l’absence cruelle de qualification. On ne lui prête même pas attention. On remarque sa belle gueule, son charisme évident. Ses airs de dandy, un peu maudit, un peu ternis. On lui parle d’une façon de gagner sa vie. Dans l’ombre de la nuit. Sous les lumières artificielles, les néons vermeils. La douceur de sa peau attise les vices, les muscles de son corps font naître les fantasmes. On veut le toucher, le gouter. Passer une main dans sa crinière ébène, savourer la chaleur de ses lèvres. Il se complait d’un sourire avant de disparaitre. Créature éphémère. Papillon de nuit qui meurt au petit matin. Pour renouer avec son quotidien. Redevenir sien. Perdu au milieu des bouquins. Les doigts qui glissent le long des mots et des pages cornées. Les yeux clairs absorbés. Il évolue au milieu du théâtre et des histoires romancées. Se passionne pour les mots et leur complexité. Il sort de la poussière des auteurs méconnus, presque ingénu. Paradoxe poussé, avec celui qu’il veut être et celui qu’il est. Rêver en couleur, éluder la douleur. 03/ Corps contre corps. Coeur contre coeur. Et pourtant, l’amour sourd. Milos se mure dans sa froideur, cache sa torpeur. Les sentiments sont un danger, une vulnérabilité. Son âme de rêveur, de romantique, le pousse à aimer. S’amouracher, pour mieux chuter. Déceptions, désillusions. Il ne se complait que dans les incartades, préfère les passades. Ses récits lui parlent d’amour et de chemin de vie, lui compte ses bienfaits et son exaltation. Pourtant, il reste cette silhouette solitaire, qui fend la nuit. Il n’a besoin de personne. On ne veut pas de lui. Il s’est inculqué des vérité douloureux, bourré le crâne de ces perfidies. Est-ce que tu penses à moi, au milieu de la nuit ? Est-ce que tu vois mon visage, au milieu de tes songes ? Arrête de mentir, ravales tes mensonges. 04/ Elle glisse et ruisselle, l’eau sur sa silhouette. Il observe sa chute. Prunelles azur, partielles de ciel, au travers d’un turquoise chloré. Il se laisse couler. Il pourrait se noyer. Tout oublier. Mais il refait surface, renait d’une bouffé d’air et d’un baptême nouveau. Quelques brasses, quelques longueurs. Il peut s’y adonner des heures. Mer agité comme turquoise artificiel. Elle est devenu son refuge, son sanctuaire, cette eau claire. Passion pour la natation et cette sensation d’évasion. 05/ Rares sont ceux qui se font une place dans sa vie. Rares sont ceux dont il s’est vraiment épris. Il se mure dans sa solitude, semble inaccessible, un peu en retrait. Il n’est pas méchant, encore moins hostile. Animal martyrisé, souvenirs latents, douleurs qui oscilles. Les quelques âmes ayant su l’apprivoiser, se voit installé sur un piédestal. Bienveillant et doux, il donne, beaucoup. Il s’oublie au passage, comme se condamnant lui même. C’est plus facile de se confiner et de s’éluder que de faire face à un coeur brisé.
EN VRAC Il s'habille essentiellement en friperie et fait dans les fringues d'occasion ; il n'écoute presque que du classique, du blue et de la variété française ; Il a apprit quelques mots de français grâce à ces chansons ; lorsqu'il lit trop longtemps, il est obligé de mettre des lunettes pour éviter les migraines ; il n'a pas souvent d'aventures, trop sentimental pour s'abandonner facilement.