Un ami dans le besoin - Toby

Toby était en train de faire un peu de travail administratif dans le petit cabinet, attenant au presbytère. Ils étaient trois à y vivre, mais à ce moment-là, il était le seul. Le calme lui permettait de se concentrer sereinement. C'était une partie qu'il n'aimait pas réellement, mais il ne réchignait jamais à la tâche. Il ferma le gros registre, allant le ranger sur une étagère, dans le fond de la pièce, lorsqu'un son se fit entendre. Une porte venait de s'ouvrir. S'armant de son plus grand sourire, il s'épousseta et alla rejoindre l'inconnu. En vérité, une voix parvînt rapidement à ses oreilles, et il ne put que la reconnaître puisqu'il s'agissait de celle de son ami, Nikolaï. C'était un policier, auquel Toby avait eu affaire, lorsqu'on l'avait poussé à porter plainte pour les menaces reçues. Il n'y avait pas prêté grande attention, se contentant de croire que ce n'était que des mots, car, après tout, il n'y avait eu aucun véritable remontrance, aucun geste violent envers sa personne. Il préférait se dire que ce n'était que des paroles en l'air... Mais Nikolaï lui, se méfiait, et sans l'avouer réellement, il aimait venir prendre des nouvelles de son ami, s'assurer que tout allait bien de son côté, et qu'il n'y avait rien de malheureux aux abords.
Toby arriva vers lui en boitant un peu. La veille, il s'était fait renversé par une moto alors qu'il était en rollers, fort heureusement, il n'y avait rien de grave, juste une petite douleur des suites d'une blessure, bien protégée par son bandage. Il sourit sereinement.
"Hey, Nikolaï!" s'exclama-t-il, venant à sa rencontre avec toute la jovialité qu'on lui connaissait, venant lui serrer la main avec force et aisance. "Oui, on ne ferme quasiment jamais la porte... Tout le monde est le bienvenu!" annonça-t-il. C'était en partie vrai. C'était surtout lui, qui ne fermait jamais la porte. Et il s'attendait très certainement à une remarque à ce sujet. "Comment vas-tu? Tout va bien?" demanda-t-il ensuite, un sourire ancré sur ses lèvres.

Nikolaï montra une certaine impatiente en voyant arriver Toby, mais l'accueillit avec un large sourire. "Désolé, j'étais concentré dans des affaires administratives... Je déteste les chiffres..." indiqua-t-il ensuite, offrant un sourire en réponse à celui de son ami. Il s'approcha pour l'accueillir comme il se devait et l'invita à aller s'installer dans la pièce à vivre. Le calme était présent, l'on entendait juste par l'une des fenêtres ouvertes le bruit de la circulation de la ville. New-York n'était pas de tout repos et n'offrait pas le cadre de vie plus aérien et tranquille que Toby avait eu le loisir d'avoir plus tôt.
Toby hocha la tête face à la remarque de son interlocuteur. "Si elle vient pour discuter, elle est la bienvenue également." déclara-t-il simplement. Il haussa ensuite les épaules face à la question de Niko. "Tu te poses encore la question? Tu connais pourtant ma maladresse légendaire..." fit-il, un large sourire serein ornant ses lèvres. "J'ai pas fait attention, j'étais à rollers, et une voiture m'a renversé. Dieu soit loué, c'était sans gravité!" conclut-il, mettant fin au suspens, avant de se diriger rapidement vers la cuisine, allant allumer la bouilloire, et sortir une assiette.
"Tu veux des gâteaux? Et du thé?"demanda-t-il ensuite. Puis, il se rappela que tout le monde n'était pas friand de ce breuvage. "Ou peut-être du café?" demanda-t-il criant depuis la cuisine.

Toby haussa simplement les épaules face à la remarque de son interlocuteur. "Oh je pense que si ces menaces étaient plus que des mots, je ne serai déjà plus là... Et puis, j'ai un patron très avisé!" s'exclama-t-il, en riant légèrement, indiquant le ciel d'une main. Preuve en était qu'il prenait cela un peu trop à la légère, comme les rumeurs qui naissaient alors sur ses relations fictives. Les questions de son ami lui firent froncer les sourcils. Évidemment, l'autre pensait comme un policier car c'était son métier, mais n'en faisait-il pas trop. "Oh mais ce n'était qu'un accident... Et je n'ai pas été bien blessé." déclara Toby doucement. Puis il réalisa ce que son interlocuteur avait voulu dire. Il posa sa main contre ses lèvres, l'air étonné. "Attends, tu crois que quelqu'un a voulu me renverser exprès?" demanda-t-il. Puis, il hocha la tête à la négative au bout de quelques secondes. "Non..." répondit-il lui-même à sa propre question. Si cela avait été le cas, le choix aurait sans doute été plus violent. Et puis, il ne fallait pas voir le mal partout. Toby était certain qu'avec sa maladresse, il était tout autant fautif que le conducteur lâche qui avait pris la fuite.
Toby se dirigea ensuite vers la cuisine, et en revînt avec un thé et un café, ainsi que quelques petits gâteaux. Il indiqua alors à son ami de s'assoir. "On dirait un lion en cage... Assieds-toi donc..." dit-il en riant toujours un peu.

Toby hocha simplement les épaules devant la question de son ami. "Bien sûr que ça m'inquiète, mais je ne vais pas arrêter de vivre pour autant. J'ai déjà porté plainte une fois pour les menaces, ça ne suffit pas?" demanda-t-il, son regard bleu azur se posant sur celui de Nikolaï. Ce dernier n'avait pas l'air satisfait le moins du monde par la réponse du jeune abbé. Au contraire, il avait l'air énervé... Encore plus lorsque Toby rit en se disant bien surveillé.
"Bon et bien voilà, c'est fait, je viens de t'en parler... Ne t'énerves pas, s'il te plaît..." souffla-t-il. Bon, d'accord, ce n'était pas fair-play, car si Niko n'était pas venu chez lui et n'avait pas remarqué son boitement, il ne lui en aurait rien dit. Il se tourna vers la cuisine, pour préparer des boissons chaudes, et revînt rapidement avec les breuvages. Il baissa les yeux face à la colère de son ami. "Comment ça 'comme moi'?" demanda-t-il. Tout le monde voyait Toby comme un être à part, mais le jeune homme ne cessait de répéter qu'il était un pêcheur, comme tout un chacun, et qu'il était tout autant parfois tenté qu"un autre, par des actes moralement condamnables.

"Je le sais que les choses ne sont pas simples, Niko." répondit Toby face aux remontrances de son ami. Toby avait beau être un idéaliste et un rêveur naïf d'après certaines personnes, il en avat assez vu ou entendu pour connaître la réalité, les troubles, les problèmes. Il savait qu'il devait faire attention, mais il savait aussi que tout n'était pas blanc ou noir, et que son travail était d'aider, de sauver les âmes, de les guider. "Et je pense que ce n'est pas la peine de s’embarrasser de tout ça.." continua-t-il cependant. Peut-être qu'au fond, c'était la peur qui le poussait à écarter ses pensées de son esprit...
Toby baissa la tête face aux remarques de son ami, puis finit par lui offrir un sourire. "Merci, Niko, je te promets que j'irai te voir si jamais c'est nécessaire..." lui déclara-t-il. D'ailleurs, il repensa aux rumeurs qui couraient à son sujet en ce moment, mais il n'en dit rien, se contenta de boire quelques gorgées de son thé bien chaud, avant de pousser un nouveau soupire. "Tout va bien, sinon." dit-il. Ce n'était pas un mensonge après tout, il n'y avait pas lieu de s'en faire pour des histoires n'est-ce pas? Toby n'avait jamais cru bon de protéger sa réputation. "Et toi? Comment va ton épouse?" lui demanda-t-il alors naturellement.