jeux d'enfants (ismaël)

à son cou un diamant. une pierre qui vaut un homme. ou un cimetière. bijoux blanc seing, exeat exquis, qui lui permet de quitter son chaos pour retrouver sa maîtrise. eden transcende le crépuscule, le perce de ses talons d'aiguille pour rejoindre le sien d'achille. elle avance forte d'élégance, les pas agiles et aisés, les hanches qui se cassent en souplesse et les cheveux qui volent à son ciel. le squelette paré d'une chair qui convainc, les ruines d'os recelés sous le manteau d'angora et les tissus de surah. allure de prestige. l'être léger semble peser plus lourd que le globe entier. son ombre qui s'évanouissait à chaque ruelle sillonnée la veille n'a pas revécu au nouveau soleil. elle n'a plus rien de l'obscur, et tout de la lumière. éclairée d'attrait, eden éclate encore à chaque trou sur l'asphalte, crépite en retrouvant sa fatalité. elle répand sur son passage l'odeur d'un parfum luxurieux qui réprime son ammoniaque naturel. et pour la première fois depuis trente-huit mois, elle se meut sans se mourir, avance libérée de son martyre. l'ennui loin d'elle. la passion retrouvée au cœur de cette journée pharamineuse. une qui lui a enfin prouvé qu'elle ne serait pas sa dernière. le phoenix a encore bien trop de choses à vivre, et à crever. « pardon pour le retard. » se présente-t-elle ainsi à ismaël en lui volant un baiser. aussi furtive qu'insaisissable, avec un charisme qu'on ne lui connaissait plus. pardon pour le retard, j'avais une femme à corrompre. pardon pour le retard, mais sur toi je prends un coup d'avance. la vengeresse s'installe en face, croisant les jambes et faisant signe au serveur pour qu'il vienne s'informer de sa commande. « prenez l'alcool que vous choisiriez pour fêter un jour d'exception. et faîtes-en moi un cocktail. » elle offre un sourire contracté pour confirmer son sérieux et encourager l'employé à déguerpir pour s'atteler à son travail. une fois seuls, eden sourit pour vrai. les lèvres fermées et les billes joueuses et suggestives. « comment était ta journée любов моя ? » s'intéresse-t-elle alors de manière déconcertante, l'air faux d'innocence. solutionnait-il un autre de leurs problèmes, aujourd'hui ? pendant qu'elle s'assurait de n'être plus que la seule prédite à sa vie ? parce que c'est la promesse d'un amour qui n'est pas le sien, qu'elle porte à son cou, l'ânerie d'une femme flegmatique qui n'a eu ni la force, ni la furie de se battre pour ses fiançailles. eden aujourd'hui a réduit l'être entier de la promise à l'intérieur de sa propre bague, qu'elle promène fièrement sur son col. sa faiblesse collée à sa gorge. sa pureté cristallisée qui se râpe à sa peau fielleuse. la belle de jour ornée de ce bijou devient sublime de soir. « mon nouveau collier te plaît ? » demande-t-elle alors, ses griffes entourant le joyau.

@ismaël sartier

il mentirait ismaël, s’il prétendait ne pas avoir compter les heures, puis les jours.
il mentirait, s’il assurait ne pas avoir senti son coeur s’affoler aux quelques lignes reçues il y a moins d’une heure. et il continuerait à le faire, s’il affirmait ne pas avoir envoyer au diable tout le reste de sa journée pour se hâter en direction du lieu de rendez-vous. assis à une table du dowton, un verre de whisky glacé entre les doigts, le brun fixe l’entrée inlassablement. dans son crâne dansent une dizaine de scénarios, qui concernent cette altercation qu’elle a pu avoir avec sa fiancée tout comme la suite des évènements. elle a abandonné, comment ? était-ce facile ? avait-elle les yeux remplis de larmes ? ou s’est-elle inclinée sans même essayer de se battre ?

l’homme ne retient pas son sourire quand l’ensorceleuse apparaît. le baiser volé caresse ses sens, lui insuffle le manque. il garde cette place d’observateur en ne disant mot. accueille sa question d’une moue dubitative. « plus ennuyante que la tienne, j’en suis certain. » que pourrait-il lui conter, si ce n’est les aventures de l’imposteur qu’il est devenu. un sartier cherchant à suivre le droit chemin. avec ses fiançailles, cette nouvelle place au sein de l’entreprise familiale. toi et moi savons que je n’ai jamais vécu pour cela. que ma place réside dans les flammes, au plus près de ton âme. de ses iris clairs, il suit les ongles de la blonde, ceux qui s’accrochent à cette pierre banale mais hors de prix, une bague qu’il n’a pas choisi. une bague que je n’aurai jamais choisi pour toi. tu mérites l’inatteignable. c’est un ricanement qui lui échappe, de ceux qu’on ne devrait jamais entendre. il sonde le bijoux, se demande de quelle manière elle le lui a arraché. « maintenant qu’elle est à ton cou, je pourrai presque la trouver splendide. » les dents grincent et il préfère plonger son regard dans le sien. que m’as-tu préparé ? qu’as-tu en réserve ? je te connais trop bien eden, tu n’as jamais été de celles se laissant dévorer par l’impulsivité.

« mais dis moi, l’as-tu récupéré de grès ? ou de force ? » la curiosité grignote sa patience. il n’attend pas qu’elle soit servi pour engloutir la fin de son verre, une dose d’alcool pour anéantir le reste de sa conscience.

@nikita aleïev  

la nymphe aux toxines se prouve exaltante, exhibée par la nitescence de ses courbes et de ses joies. elle existe. ça l'excite. il fait bon de retrouver une mire qui éclaircit de nouveaux horizons et inspire de nouveaux délires. il fait bon d'être. de vivre. de ressaisir un souffle abandonné trois ans auparavant. comme si de rien. « plus ennuyante que la tienne, j’en suis certain. » lui répond-t-il lorsqu'elle simule s'intéresser à sa journée. et pourtant elle sourit. persuadée qu'il a raison. parce que, ça fait des jours, et des jours, et des jours, qu'elle ne s'était plus amusée. qu'elle ne s'était plus libérée de ses mœurs vouées à la mort. et pendant qu'elle devenait orfèvre, elle est presque sûre qu'il ne s'est pas métamorphosé en pirate. c'est elle, la sans scrupule qui s'enrichit à ses dépens. et elle voudrait capturer son rire, et le porter à son cou, lui aussi. si elle le pouvait, eden voudrait fièrement se balader avec son myocarde qui lui tomberait sur la poitrine. « maintenant qu’elle est à ton cou, je pourrai presque la trouver splendide. » elle fronce à peine les sourcils dans un sourire infime. à la fois satisfaite de sa parure, et contrariée. il est à presque, de la trouver splendide. et presque, ce n'est pas assez. mais elle ombre son intransigeance, aussi réjouie d'avoir en plus retrouvé sa sévérité aujourd'hui. « celle que tu choisiras pour moi sera suprême. » parie-t-elle, abandonnant pour la première fois leur regard seulement pour lui concéder un clin d'œil. suprême, comme nous, mon amour. aussi transcendante et tragique que nous. aussi toxique. aussi le malheur scellé à sa substance.
ismaël s'impatiente. « mais dis moi, l’as-tu récupéré de grès ? ou de force ? » « de grâce. » elle bat des cils. prions pour elle, la pécheresse. priez pour nous, mes tristes ascètes. le bouleversement d'une ère est régentée par deux carnassiers qui ne craignent ni dieu ni diable. « c'était facile. » avoue-t-elle enfin sans détail. c'était facile, parce qu'une femme comme elle ne peut qu'être convaincante. pourvue d'aplomb, les négociations n'ont pas suivi aux menaces. comment aurait-elle pu contredire, la fiancée, les cris de détresse d'une atrophiée ? comment n'aurait-elle pas pu fuir, la furie d'une sirène et les crocs présagés de son requin ? le sel de la salive a suffit à précipiter les adieux et la fugue d'une chanceuse qui, bien qu'elle risque de geindre des mois d'un chagrin d'amour, aura sa vie entière pour aimer et être aimée en retour. eden aurait presque voulu partir à sa place, en larmes, le cœur en mille morceaux, la peur lui dévorant le ventre, les lances lui poignant les entrailles, la gerbe lui démangeant la trachée. eden aurait presque voulu ressentir, les pleurs lui courir le long des joues, la coriacité d'un coup dans la poitrine et dans le dos, l'écroulement de rêves imaginés, le regret d'affreux souvenirs qui ne renaîtront jamais, l'envie de vomir pour épurer son corps, pour sortir cet être de soi, et ne plus jamais le laisser le prendre une nouvelle fois. ni par amour, ni par désir. juste à jamais l'interdire. et même pour une aube qui promettrait l'idylle. parce que tout de lui n'est qu'un mensonge. il n'y a qu'à creuser jusqu'au monstre qu'il enferme en lui. tout proche de sa panse saturée de rage et juste sous son vélin assassin. alors en la privant d'amour, eden l'a peut-être sauvée de la mort, finalement. ou mieux, de ses sentiments. parce que s'il aime, ismaël est le pire des amants. « elle est plutôt jolie. » elle admet, poursuivant rapidement. « mais je crois que tu ne la reverras pas. quoique si elle essaie de revenir, préviens-moi. je m'y prendrai autrement. » autrement, avec un peu moins d'humanité, un peu plus de cruauté. autrement, en ne lui laissant pas le choix s'il le faut. parce qu'ismaël est une créature hostile. mais qu'eden est plus forcenée encore. et qu'elle ne laissera jamais à une autre l'opportunité de finir ce qu'elle a (mal) commencé. « qu'est-ce-que tu vas dire à clémence ? »

@ismaël sartier mon bb pardon g jms été si longue   

celle que je choisirai pour toi viendra d’un autre temps,
ne sera connu que des dieux eux même, intouchable par les vivants.
celle que je choisirai pour toi sera immortelle,
d’une pureté sans égale.
aussi profonde que ton regard,
aussi rare que cet amour qui nous dévore.
et lorsque je reposerai genoux à terre, tu comprendras l’ampleur de ma demande.
et lorsque je te passerai l’anneau au doigt, tu sauras mon amour.
ta vie pour la mienne.

ismaël observe, dévore, se repaît de l’image qu’elle lui offre. le reste de son existence ne serait pas suffisant pour qu’il ne cesse de l’apprendre, chaque marques, chaque sourire, le moindre soupir. la lassitude ne le gagnera jamais. cette balle si proche du coeur était la meilleure chose à faire, dès l’instant où elle m’a transpercé, j’ai su que nous nous appartiendrons pour l’éternité. nostalgique, l’héritier revit cette scène qu’il considère comme la plus nette des preuves d’amour. « c’était facile. » alors conte moi à quel point ça l’était. a-t-elle pleuré ma perte ? mon argent, mon nom ? t’a-t-elle supplié ? l’homme sourit en coin, passe ses question sous silence, se contente de s’abreuver aux iris bleutés. ce qu’il aimerait c’est lui ouvrir le crâne, fouiller sa cervelle, avaler chacune de ses pensées, ses désirs, ses espérances, en comprendre le mécanismes sans les dérégler. puis il refermerait la boîte avec la conviction d’en détenir tout les secrets. peut-être vivraient-ils heureux ensuite ? sans encombre puisqu’il utiliserait les bons mots et qu’il serait sûr d’être solitaire dans sa matière grise. mais l’animal trop gourmand finirait pas réclamer l’organe vital, le disséquerait dans l’espoir d’y trouver sa marque, partout. d’une veine à l’autre, d’une artère à la seconde. et s’il ne trouvait pas sa signature à toutes les cicatrices, ismaël saccagerait tout; à l’image d’un gamin capricieux.

« elle l’est, oui. » jolie, mais banale. jolie, mais trop lisse, trop malléable. mais elle n’est pas toi. « et comment t’y prendrais-tu ? si elle revenait ? » tu la tuerais ? comme tu as essayé de le faire avec moi ? la laisserais-tu pour morte ? dans une ruelle ou bien son loft ? sans attendre de réponse, il se lève, contourne la table, s’immisce dans sa bulle, un bras contre le dossier de la banquette tandis que son buste se rapproche et il susurre « et si c’est moi qui allait la chercher, que ferais-tu, eden ? » le prénom re-prononcé pour la première fois picote sa langue, fait frissonner la moindre parcelle de son épiderme. synonyme d’enfer mêlé au paradis. « je lui dirai ce que je lui ai toujours dis. qu’il n’a toujours été question que de toi. que tu es revenue et qu’elle est partie. victime collatérale de ce que nous partageons. » il se fait prédateur, inspire les effluves de son parfum avant d’attraper doucement le bijou accroché à son cou, il le répugne, n’est égal qu’à sa faiblesse passagère. « ma mère sera plus qu’heureuse de te savoir de nouveau dans ma vie. sans se douter une seule seconde que c’est à toi, qu’elle doit l’une de ses plus grandes souffrances. »

@nikita aleïev  

elle est jolie. et d'autant plus qu'elle est partie. l'éphémère demeure admirable aux yeux de la putain qui a observé la délivrance au bord de s'extirper d'une trachée qui la démangeait et la liberté fondante sur ses pommette encore ascendantes. si elle ne revient pas, l'échappée sera partie à temps. avant de connaître la plus sombre des éclipses qui n'aurait fait d'elle plus que la nuit. avant la disgrâce, sienne, qui n'aurait fait de son être qu'un reflet affreux, qu'une indignité à sa propre réalité. si elle ne revient pas, ismaël n'aura plus le temps, de gâter la fille de ses présents empoisonnés comme en la faisant pourrir la tête entre ses fleurs carnivores, de la dénaturer en piquant son venin sous le moindre de ses pores, de la défigurer pour qu'elle se reconnaisse exclusivement sur ses sollicitations, qu'elle aurait attendues impatiente. il n'aura plus le temps, de déparer la fille, de la salir, de la tarer, de la nuire. plus le temps, de mourir la fille. « et comment t’y prendrais-tu ? si elle revenait ? » provoque-t-il, là illustrant tout son monstre ; là faisant voir la grandeur de sa noirceur, la magnitude de sa perversité. ainsi il s'aggrave jusqu'à elle, dominant la banquette. « autrement. » qu'elle répète, le corps appelé à dévorer l'autre qui vient de la rejoindre et les yeux pendus à ses lèvres. je la ferais éclater en sanglots pour qu'elle ne sèche jamais. je la ferais rendre ses tripes en lui contant comme tu aimes et comme tuer. je lui rappellerais qu'elle est belle, et elle repartira, parce qu'elle t'aime, ô mieux que moi, et que les femmes qui savent aimer sont bien les seules capables de s'en aller. mais sa réponse ne convient pas, ne comble pas l'hardiesse du cerveau obscène. l'insatiable cogne encore. « et si c’est moi qui allait la chercher, que ferais-tu, eden ? » eden, ose-t-il. et elle se rappelle, qu'aujourd'hui a renaît l'enfer au paradis. « tu veux dire, si tu la cherches comme tu l'as fait pour moi ? » elle souffle un rire à peine audible. « je ne me fais pas de soucis, je sais que tu ne la retrouveras pas. » joue-t-elle comme une poupée de marbre. laisse Belle le rester. ou alors, t'es-tu déjà écœuré de mes traits lacérés par ta cruauté ?
« je lui dirai ce que je lui ai toujours dis. qu’il n’a toujours été question que de toi. que tu es revenue et qu’elle est partie. victime collatérale de ce que nous partageons. » et ce serait dire la vérité. relater qu'une énième fois où ils ont excédé les droits, où leur amour a juré sur la foi. new york entier a déjà intégré que le couple crèverait d'abord le monde avant eux-même. parce qu'il n'a toujours été question que d'eux. les amants égoïstes venus pour exécuter l'amour, faire de chaque idylle un suicide. « ma mère sera plus qu’heureuse de te savoir de nouveau dans ma vie. sans se douter une seule seconde que c’est à toi, qu’elle doit l’une de ses plus grandes souffrances. » et il attrape tendrement le bijoux, la promesse rompue pendue à son cou. le geste est doux, quand ses ondes ne sont vouées qu'au dégoût. eden mime aussi l'amoureuse, passant ses doigts sur sa nuque, y laissant des caresses de satin sous les ordres de satan. « tu parles de cette fois où j'étais arrivée au gala de 2019 dans une robe rouge grenat comme elle ? j'aurais dû me douter qu'il fallait que je porte la zac posen amarante. » elle sourit amusée, décrédibilisant l'une de ses plus grandes souffrances qu'il a mentionné. et toujours dans la même délicatesse, elle bouge à peine son visage, frôlant leurs nez pour appel au baiser. « s'il n'y a que ça, j'irai encore m'excuser mon amour. » elle poursuit, impudente. « je refuse qu'elle me porte de la rancœur alors que j'aime son fils à la folie. » comme une folle. joue-t-elle lascive, en fuyant la vérité des supplices de clémence.

@ismaël sartier  

« je t’ai cherché. des jours durant. » des semaines, des mois. je t’ai cherché à m’en rendre malade. « tu étais bien cachée. » entre quels bras ? « je doute qu’elle soit aussi douée que toi. » il provoque, ne veut pas lâcher du lest alors qu’elle sait. il ne la cherchera pas maintenant que son bien le plus précieux a refait surface. il ne la cherchera pas, sauf s’il l’égare, encore. mais c’est impossible, parce que,

plus il la regarde et plus il sent la colère palpiter,
là, au centre même de cette cicatrice qu’elle lui a laissé,
plus il la regarde, plus il la voit,
eden qui s’était éclipsée l’espace d’un instant,
des mois douloureux passés en un éclair maintenant qu’il se tient à un souffle d’elle.
et plus il s’y plonge, dans les abysses de son regard,
plus la colère se dissipe jusqu’au reste de ses organes.
de ses reins à son estomac, de son estomac à son cerveau, de son cerveau à son coeur.
le dernier se gorge de haine, mais il sourit, le loup.
montre les crocs quand de caresses elle l’ensorcelle.

la femme ricane, il rit aussi. le regard avide fixé à cette bouche qu’il rêve secrètement de lui arracher, aussi fort qu’il la désire. en quelques phrases, celle qu’il veut ériger au rang de reine, se moque. s’amuse de faits pourtant véridique. ismaël aime qu’elle se sente en terrain conquis, lui laisse de l’espace, qu’elle s’approprie ce piège avant que ses griffes ne se referment. « elle refusera que tu t’excuses. » comme un: je refuse que tu t’inclines. pas devant elle, devant personne, si ce n’est moi. les nez se frôlent, il inspire ses effluves, sent la tête lui tourner parce qu’il se sait aussi fou qu’elle. le bijou lâché, les doigts glissent jusqu’au cou qu’ils enserrent avec tendresse. le pouce trouve la jugulaire, il veut sentir le myocarde pulser contre sa pulpe. « tu m’aimes ? » l’animal grognerait presque, en proie au mécontentement et au soulagement. ses sens s’émoussent face aux preuves de leur amour alors il capture ses lèvres, veut goûter à ce qu’elle prétend. s’y perd, un moment, juste assez pour que le temps se fige pour ne laisser place qu’à leurs âmes agonisantes. tu dois sentir à quel point j’aimerai t’anéantir, de mes coups de langues ou de mes coups de reins jusqu’à avoir le courage de te planter un couteau au milieu du sternum. tu le verras venir, je te le promet, ce ne sera pas une surprise, nous avons déjà lancé le compte à rebours. « alors laisse moi te faire mienne. » qu’il chuchote, des émotions dans la voix quand il joue les amoureux. c’est à l’image d’une supplique. à quoi bon contourner le destin. « le plus tôt possible, avant qu’un nouveau drame ne nous fauche en plein vol. » à toi je veux m’enchainer plus encore.

@nikita aleïev  

il connaît, ismaël, ce que c'est que de laisser partir les femmes qu'il aime. l'être est lâche, mâle matamore de la maison sartier. son cœur veule devient vaillant seulement quand il se fait encourager par sa cervelle barbare. sinon, l'héritier demeure impuissant. patient. passif. puis brame sur son asthénie. et finalement redevient prêt à rencontrer une nouvelle créature qu'il fera fuir. « je t’ai cherché. des jours durant. » mais ce n'était pas assez. où diable était-donc passé la persévérance avec laquelle il avait tué charles ? certainement dans la paresse de son myocarde qui n'a jamais su aimer plus fort qu'haïr. il l'a cherchée, des jours durant, puis a abandonné. convaincu d'une excuse qui l'aurait poussé à abdiquer. persuadé que renoncer ne relevait pas de ses faiblesses. « tu étais bien cachée. » mal planquée. comme il faut. dans le corps d'hommes qui n'étaient pas lui. entre des reins qui la faisaient mourir. là où il n'aurait jamais osé venir la récupérer. peut-être même se serait-il délecté, de la voir souffrir autrement qu'entre ses bras. peut-être aurait-il apprécié, être le gentil pour une fois. « je doute qu’elle soit aussi douée que toi. » aussi douée, aussi conne, aussi sale. si elle est vraiment partie, l'éprise ne reviendra pas. il faudrait être folle, pour revenir. morbide, perverse, adoratrice. si elle revient, eden s'en occupera. puisqu'en ce cas, il n'y aura qu'une effrénée de son envergure pour la faire taire. il n'y aura qu'elle, pour la lyncher, qu'elle pour l'évincer. et moi, moi je doute qu'elle soit aussi mordue. aussi maudite. aussi malsaine. je doute, que ton visage la hante jusque sous ses paupières closes, je doute que ta voix soit la berceuse de son âme et ton cœur son cimetière. je doute qu'elle te chérisse à l'ammoniaque aussi passionnément que moi, mon amour, aussi fatalement.
ils sont le destin que les dieux même n'oseraient altérer. le sort qu'aucune pythie ne pourrait adoucir. le hasard que les dés ne se risqueraient à rejouer. et la tragédie qu'aucune mère ne saurait épargner à son fils. « elle refusera que tu t’excuses. » il soutient en un souffle qui la réchauffe. comme tu refuses que je me mette à genoux, si ce n'est que pour te boire, avare. « entendu. » elle acquiesce, docile. préservant ses pardons feints pour sa seule personne. ses yeux se ferment quand ses doigts viennent ceindre son cou, et qu'il entend sur sa pulpe l'arythmie de son pouls. battre la chamade, c'est pour les amants. tandis que pulser lentement, c'est pour l'adulation profonde, propres aux alters, partiale aux âmes-sœurs. « tu m’aimes ? » elle l'haine. aussi fort que ce qui l'électrise quand il l'embrasse. « alors laisse moi te faire mienne. » qu'elle le laisse la faire terne. l'éteindre dans l'éternité avec une promesse à jamais. « le plus tôt possible, avant qu’un nouveau drame ne nous fauche en plein vol. » le plus tôt possible, avant qu'elle parte. avant qu'un fantôme ne revienne, avant l'overdose ou qu'elle ne se tire une balle. avant qu'un nouveau drame ne les sauve d'eux deux. avant la véritable fin qui aurait pu leur augurer un début. « excuse-moi, c'est une demande en fiançailles ? » s'outre-t-elle, le visage froissé. « pas un genou par terre ? pas une bague ? pas de vœux ? pas de champagne ? » énumère-t-elle en jouant les matérialistes. « je t'ai connu plus romantique, plus... grandiose. » autrefois ils s'aimaient à la folie des grandeurs, les déchus. mais rien n'est plus comme avant. plus rien n'est plus comme quand il ne voyait en elle que la lumière. aujourd'hui, même s'il en ignore la raison, il sait, combien son cœur est noir. et pourtant, veut plus que jamais la vêtir de blanc.
eden se soulève à peine pour récupérer le cocktail qu'enfin on lui amène, en profitant au même moment pour commander quatre shooters de tequila. elle se love de nouveau très vite contre ismaël, le verre contre ses lèvres pour s'éloigner des siennes. « pourquoi voudrais-tu me marier, maintenant ? et pourquoi devrais-je accepter ? » ne brûlerions-nous pas quelques étapes, comme le pardon, avant de se promettre l'un à l'autre ?

@ismaël sartier  

tu m’aimes ?
qu’il s’entend dire.
tu m’aimes ? pour ces mauvaises raisons que nous avons réussi à dissimuler. tu m’aimes ? pour le souvenir de ce que nous ne serons jamais ? tu m’aimes eden ? à quel point ? me vendrais-tu ton âme, dans cette vie et dans toutes celles qui nous attendent ? m’aimeras-tu plus encore le jour où je te donnerais la mort ?

alors il lance les hostilités, quémande l’impensable, ici, maintenant sans même poser genoux à terre, sans même sortir d’un écrin la bague qu’elle mérite. le plus beau des joyaux, tout droit arracher de sa cage thoracique, encore chaud et battant pour elle. ici il réclame ce qu’il devait avoir, gamin frustré et borné. si impatient qu’il en oublierait presque de jouer. mais ce n’est pas vraiment elle qui lui répond, c’est une autre qui se joue de lui, attaché au superflu alors qu’ils n’ont toujours vécu que dans les flammes de leurs envies. « je t'ai connu plus romantique, plus... grandiose. » il sourit en coin, plus grandiose, plus féroce, plus animal, plus assassin. pour elle, ismaël tuerait le plus téméraire des adversaires, saccagerait le monde pour lui en offrir les ruines et qu’elle y siège. elle s’éloigne quelques secondes seulement, il est en manque. le cocktail les sépare et il aimerait que le verre se brise en mille éclats. la question le poignarde presque. tu oses ? tu oses me demander pourquoi ?

l’héritier grogne, les pupilles se dilatent, les doigts malmène le tissus de l’assise, il inspire tente de retrouver le calme de leurs retrouvailles. « parce que il n’y a toujours eu que toi depuis ta première visite en prison. qu’il commence, insensible, tu fais de moi un homme meilleur. le pire d’entre tous. parce que la mort aurait été plus douce que ton absence et tu le sais. » toi aussi tu as connu la souffrance de ces mois de manque. il se saisit de son verre abandonné sur la table, se recule sans la quitter des yeux, l’alcool réveille ses sens. « je pourrais te donner des raisons de m’épouser, mais peut-être que tu as raison, je brûle les étapes… tu mérites la plus indécente des demandes en mariage. mais si tu t’échappes avant… » si son instinct de survie refait surface, la fuite serait la meilleure des décisions et le mauvais chasseur s’en mordrait les doigts.

« tu ne t’échapperas pas. » qu’il conclu en solitaire, avalant le fond de son verre pour cueillir le premier shooter, la tequila esquinte davantage ses neurones, il se rapproche à quelques centimètres de ses lèvres il murmure, « je ne te décevrais pas. »
@nikita aleïev  

comme il est beau, ismaël, lorsqu'il prend l'apparence d'un bachelier. elle l'écouterait des heures lui parler d'elle, avalerait le plus modique de ses souffles en contemplant ses lèvres. elles, qui s'animent, qui se meuvent pour lui rappeler le désastre qui les domine, elles, qui chantent leur mélopée, adressent des louanges qui raniment la divinité. elles qui allèguent et justifient, ô combien pourquoi elle. serait-ce mes mirettes limpides d'où jaillissent mon éréthisme ? serait-ce mon épiderme nivéen, qu'il te plairait de rosir chaque matin ? serait-ce, serait-ce dessous la plastique déchiquetée, qui t'intéresserait ? voudrais-tu sauver le corps et affranchir l'âme damnée, voudrais-tu me peindre en couleurs et m'insuffler l'oxygène ? comme j'aimerais tant que tu m'aimes. il n'y ferait plus que bon. mais je vois de mes yeux l'orage qui gronde dans les tiens, mon amour. j'entends d'ici l'éclat de ta rancœur. et j'ai bien peur que tu exploses entre mes reins avant l'heure. « parce que il n’y a toujours eu que toi depuis ta première visite en prison. » de fait, il n'y avait qu'elle pour croupir à ses côtés. aucune autre n'aurait mérité pourrir près de lui. « tu fais de moi un homme meilleur. » et lui d'elle une muse malheur. « parce que la mort aurait été plus douce que ton absence et tu le sais. » elle acquiesce. la mort serait plus sadique que sa présence. et moins goûteuse, aussi. « je pourrais te donner des raisons de m’épouser, mais peut-être que tu as raison, je brûle les étapes… tu mérites la plus indécente des demandes en mariage. » admet-il finalement, alors qu'elle n'en a déjà plus envie. « mais si tu t’échappes avant… » le poids de voix augure la grièveté. elle maintient le regard, stimulée par le suspense. la tension trémule en ses veines, tamponne, boxe et tabasse. avide de connaître ce qu'il saurait faire d'elle. « tu ne t’échapperas pas. » conclût-il brutalement en provoquant la désillusion. il l'a vu. dans ses yeux. sa démence pérenne. celle qui ne pourrait la tenir loin de lui. la même qu'il partage, et qui les tyrannise l'un à l'autre. « je ne te décevrais pas. » plus, aurait-il au moins pu promettre. pourtant, à quelques centimètres de ses lèvres, eden se fiche de ses mensonges. son être entier valétudinaire voudrait qu'il en soit le salvateur. « prouve-le moi. » murmure-t-elle en ayant approché son visage, goûtant de sa langue la tequila lui restant sur les lèvres. « en plus de toi, j'ai envie de brûler, isma. » ses doigts grimpent curieusement de sa ceinture à son col, finissant leur course languissante à son menton, l'index y exerçant une pression pour fléchir son visage. qu'il la regarde. mieux. longuement. suffisamment. autant qu'elle le voudra. « emmène-moi à vegas. » formule-t-elle en s'élevant à peine pour lui mordiller la chair. maudite, soit eden qui voudrait son amour immortel. les objurgations des anges se font ensevelir par les malédictions païennes. le palpitant martèle, impulsé par un mentisme menteur qui image des mirages idylliques. les rêves s'érigent les paupières levées, voilant l'anathème des amants pour ne plus voir le monde qu'au travers de yeux d'enfants. à les voir précipiter leur amour suicide et se promettre ainsi à la mort, le créateur même deviendrait misanthrope. comment aurait-il, à ce point, foiré la genèse ? serait-ce une insuffisance sanguine, un déficit cellulaire ? non, il semblerait seulement s'agir de la monochromie de cœurs teints en noir. le sang a séché en tout bord et sur tout relief, s'est répandu même dans les moindres fissures d'organes, et, comme la peste ou la peur, à vitesse incontrôlable. haïr à en vivre ou aimer à en mourir, les amoureux ne le sont que par passion. unis par l'ardeur dévastatrice, liés à jamais par les liens désacralisés du chaos. marie-moi cette nuit, ismaël. fais de moi la succube d'un seul démon, la plus fallacieuse de toutes les vierges.

@ismaël sartier