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 Synesthésie du coeur | ft. Orphée

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Message Sujet: Synesthésie du coeur | ft. Orphée   Synesthésie du coeur | ft. Orphée Empty Mar 27 Avr - 19:31


Synesthésie du coeur
Des heures interdites. Des amitiés proscrites. Des songes qui défont l'inédit. La perception troublée par cette double sensation issue d'une influence unique.

 
Des touches noires sur des blanches. Des notes qui transcendent les bonheurs. Des sensations douloureuses au bout des paupières tandis que l'homme joue depuis des heures. L'après-midi se lasse du soleil et la nuit se prépare lentement à lui voler la vedette. Mais la poésie des soirées d'été n'est pas encore prête à éclore, pas tant que Beethoven enchante la pièce où les sentiments se bousculent avec violence.

L'épouse n'est pas là. Evidemment qu'elle n'est pas là. Si elle avait risqué de pointer le bout de son nez au domicile, l'homme aurait proposé une autre date, un autre endroit. Mais il savait qu'elle serait partie du vendredi au dimanche dans un séjour professionnel qui l'empêcherait même de prendre des nouvelles. Un regard amer se pose sur le cadre qui les protège tous les deux et il se lève brusquement. C'est un instinct ridicule qui l'anime mais il saisit la photo entre ses mains et la pose sur le haut de la bibliothèque, là où les yeux ne voient pas sans qu'on ne les invite à chercher le souvenir. Cachée, l'image du couple marié ne risque pas de venir gâcher le moment qu'il espère depuis que le message a été envoyé.

A quoi joues-tu?

La morale pour seule raison, la fidélité comme valeur implacable, l'homme marié retourne sur son tabouret et se remet à agresser les touches du clavier. Son mécontentement se transpose dans la prose musicale qui envahit la pièce. Beethoven rugit et Lawrence s'apaise. Cependant l'angoisse étripe son coeur tandis que les aiguilles tournent, infatigables, sur l'écran de la grande horloge à pendule. Le pendule est cassé. L'objet date du 19ème siècle. C'est déjà un miracle qu'il fonctionne encore pour indiquer l'heure.

Je joue du piano.

Il se moque de lui. Il se répond avec cet humour british qui fait grincer des dents. Comme si la question qu'il s'était posée était destinée à déterminer ce qu'il faisait de ses mains et non ce qu'il était en train de faire avec son âme. Ses lèvres se pincent, frustré par son propre comportement qu'il ne comprend pas. C'est juste une étudiante. La pensée s'envole et s'éclate quand retentit - enfin - la sonnerie de la porte d'entrée. Debout d'un coup, droit, guindé, l'homme est plus raide que jamais. Comme un robot, il suit un chemin qu'il connaît par coeur mais qui lui semble devenu un sentier dangereux. La porte en bois l'empêche de confirmer que c'est bien Orphée qui se tient de l'autre côté. Pourquoi tu stresses? C'est toi le prof. La porte s'ouvre et il l'aperçoit. Il n'y a pas de doute alors sur les raisons de son malaise intérieur. Cette gamine, car ce n'est qu'une enfant après tout, éveille en lui un intérêt particulier. Elle respire l'innocence et l'impertinence de l'intelligence à la fois. Un mélange que Lawrence n'a plus l'habitude de fréquenter. Il sourit froidement en se décalant de l'entrée pour l'inviter à entrer. « Mademoiselle Lessing. Entrez, je vous prie. »  Naturellement, c'est le statut de professeur qui reprend le dessus. Il est un peu austère, comme s'il lui ouvrait son bureau pour un examen oral. « Je pensais que vous arriveriez plus tôt. »  Sa voix ne cache pas un léger reproche. S'il pourra le dissimuler derrière une explication des plus logiques, Lawrence ne se gêne pas pour profiter de son statut supérieur. Ce besoin de creuser l'écart entre eux est motivé par  la sécurité. Il lui faut dresser des limites claires et nettes : cette relation est purement scolaire. Mais si c'était scolaire, tu lui aurais rendu son cahier à l'université, pendant les jours de semaine. Il fait taire sa conscience qui le taquine de trop ces derniers temps et referme la porte derrière eux, en lui indiquant d'une main droite la direction à prendre pour rejoindre le living.
(c) corvidae
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: Synesthésie du coeur | ft. Orphée   Synesthésie du coeur | ft. Orphée Empty Mer 5 Mai - 14:01



synesthésie du coeur


  Elle ne savait quoi faire, avait décidé de poursuivre les cours sans questionnements incessant, avait tu les doutes. Elle s’était installée chaque jour dans les amphithéâtres, en retrait des places avancées, ses cahiers, sa trousse, son stylo, son air songeur quand elle réfléchissait aux invectives. Elle préférait l’interaction au silence, les joutes de réflexions, le dialogue. Quand elle remarquait que ses camarades ne cessaient de discuter de leur dernière cuite ou de leur petit ami, Orphée arborait un air de suspicion, apparaissait l’anormalité, ce coup dans le cœur lui prouvant qu’elle ne l’était pas, normale. Seul le cours de littérature captivait son attention, le professeur, Lawrence Lewis, possédait cette fougue passionnée, il n’ordonnait pas une écoute de la part de ses élèves, il parlait comme s’il s’adressait à une force supérieure, une étincelle embrasait parfois la salle, elle sentait les auteurs dont il parlait, près d’elle, l’éclaboussant de leur présence. Elle avait acheté les bibliographies de ses préférés, avait constaté l’obsession qu’elle éprouvait pour Faulkner, avait déniché d’anciennes éditions, avait dessiné les scènes qui la tourmentait, avait envoyé ses planches aux maisons d’éditions, juste par curiosité. Cette action lui avait permis de gagner un peu d’argent, pour acheter d’autres livres, d’autres ouvrages, labyrinthe sans fin qui l’emportait vers l’oubli du passé. Se reconstruire nécessitait des ressources pour l’empêcher de maugréer, de ressasser, ses crises s’espaçaient, vous faîte du bon travail, je ne m’inquiète pas pour vous, vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous relever, et j’ajouterai, rapidement, vous ne vous rendez pas compte des capacités que vous avez. La voix de sa psy comme un charme bienveillant.

 Devant la porte du professeur, Orphée hésite. Elle aimerait récupérer son carnet, l’angoisse la retient. Pourquoi l’avoir invité chez lui, favoriser le dévoilement de sa vie en dehors de la faculté ? Ne serait-il pas un homme ayant désir d’autre chose, de cette chose ? Autrefois, elle n’aurait pas bégayé, n’aurait pas attendu de longues secondes, n’aurait pas réfléchi sur les motivations de l’hôte, elle aurait investi les lieux sans méfiance. Dieu, ce que j’ai grandi en peu de temps ! Pourtant, le carnet, les poèmes. J’ai bien d’espoir pour éditer ces quelques fragments de langage, non pour recevoir les éloges, seulement pour commencer ma vie de militante, j’ai des choses à exprimer, je ne me souviens pas de ce que j’ai écrit, c’est pour cela qu’il me faut mes chansons, peut-être même des critiques de la part d’un docteur en littérature, vous faîte bien parti des personnes représentant l’autorité intellectuelle dont j’ai de l’estime, un peu. La porte s’arque sur la froideur du sieur, surprenant son monologue pensif. Orphée peine à s’avancer jusqu’au bureau, ses yeux scrutent, analysent, imaginent la vie qui se meut tranquillement dans ce bel écrin de silence. Le piano l’emporte dans la spontanéité, elle s’exprime alors, heureuse de découvrir un pianiste. « Vous jouez du piano ! Moi aussi ! J’avais fait une pause pendant quelques années parce que les phrases musicales ne me venaient plus et que ça m’était trop douloureux. J’ai repris il y a peu. Et j’aime constater que je n’ai rien perdu de mon entraînement quand j’étais enfant. » Les longues heures passées dans le salon, entourée de sa mère, sévère, à l’écoute des progrès, puis les éloges, l’expression apaisée, elle composait des berceuses pour se faire aimer d’une génitrice proie d’une charge mentale saturant l’esprit.

 De hautes étagères dessinent l’espace de la grande pièce, des ouvrages empilés les uns sur les autres, des feuilles éparpillées sur le bureau, Orphée s’illumine, commence à se perdre dans la contemplation des étagères, cherche quelques auteurs communs, trouve des noms qu’elle admire, Doris Lessing, Jane Austen, Anaïs Nin… Les femmes ont la part d’honneur dans cet abri porteur de millions de mondes. « C’est rare, des hommes qui se penchent sur les écrits des femmes, elles n’ont pas encore une place légitime dans ce cercle fermé de la littérature. Je suis heureuse de voir Jane Austen, Virginia Woolf. Ce sont deux autrices que j’admire. Et George Sand aussi. » Elle lit, des heures depuis des jours, des mois, depuis ma rupture avec Misha, depuis que mon inconscient a creusé une brèche, s’est dilué dans mon conscient, réveillant mes ténèbres, ces images, comme si le meurtre de ma famille ne me suffisait pas.    



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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Synesthésie du coeur | ft. Orphée   Synesthésie du coeur | ft. Orphée Empty Jeu 6 Mai - 16:37


Synesthésie du coeur
Des heures interdites. Des amitiés proscrites. Des songes qui défont l'inédit. La perception troublée par cette double sensation issue d'une influence unique.

 
Elle a des couleurs d'été, des saveurs inavouées.
Elle a des lueurs pour égayer les bonheurs de l'infidélité.
Elle est tendre et insouciante.
Elle n'est pas à vendre, trop méfiante.
Elle est elle. Et il est lui.
Ils sont eux dans les débuts de nuit.

Lawrence la suit dans la pièce de vie. Il est là, il observe mais il ne bouge pas. Il aurait dû se rendre à la porte avec le carnet, le pousser dans ses bras et refermer la porte derrière elle. Mais la douce sirène de ses cours, celle qui lui insuffle de la poésie l'amour, est entrée. Est-ce lui qui l'y a invitée? Il ne sait déjà plus. Devant l'enthousiasme juvénile, il sourit avec peine. Il l'imagine alors, elle et sa cascade de cheveux déments qui tombent dans son dos pendant que Mozart habite la pièce. L'envie de s'asseoir avec elle sur le tabouret ajustable le prend aux tripes. Un frôlement de mains qui jouent sur le clavier, cela serait-il condamnable? Le frisson qui le parcourt lui indique que oui. Il soupire et fais un pas en arrière, se collant contre le rebord de la fenêtre.  «  Il n'y a que ça pour entretenir le talent. La pratique régulière et l'amour de ce que l'on fait ou donne. Si vous aimez la littérature, je vous encourage vivement à poursuivre votre apprentissage dans la musique. Ces arts sont intrinsèquement liés. »  Tout comme mon désir de vous connaître est lié à votre soif de savoir.

La demoiselle laisse vagabonder son regard dans les rayons de la large bibliothèque. La curiosité de sa demeure déplaît habituellement à son propriétaire. Il déplore les gens qui ne peuvent s'empêcher de toucher les cadres photos avant de les reposer à leur place comme s'ils avaient fait une quelconque besogne importante en les analysant. Il déteste ceux qui se permettent en plus un commentaire sur ce qu'ils voient ou pensent déceler dans quelque regard ou quelque accolade forcée pour le cliché qu'ils ont eu pendant une fraction de secondes sous les doigts. Mais, elle, elle ne juge pas. Elle admire autre chose que les fracas de la vie. Orphée est dans la contemplation des auteurs, des personnalités du passé, qui se juxtaposent les unes près des autres sur les rangées de la bibliothèque en bois. « Je ne suis pas n'importe quel homme.  »  dit-il avec une pincée d'orgueil. Mais cette phrase ne lui correspond pas. Alors il rajoute presque instantanément « Je suis prof de littérature.  »   Comme si cela le caractérisait. Mais cela explique sans difficultés qu'il ait une collection impressionnante d'oeuvres signées par des femmes. Pourtant il sait que ses collègues à la faculté n'ont pas tous cette même ouverture d'esprit en ce qui concerne les auteures féminines. « Pardonnez mon audace Miss Lessing mais j'aimerais vous demander quelque chose.  »  Il quitte son bord de fenêtre et attrape le recueil qu'il doit rendre à la jeune femme pour l'ouvrir en le posant sur le pupitre destiné aux partitions musicales. Comme s'il lisait des notes, il s'y absorbe un moment avant d'interroger. « Vos mots sont terriblement tristes. La poésie est supposée l'être je suppose. Mais je décèle quelque fracture de l'âme dans vos maux.  »  Ce n'est pas une question en vérité. C'est une analyse. L'analyse d'un doctorant habitué à lire les lettres et à les déchiffrer. Conscient qu'il n'a rien demandé, il finit par ouvrir la bouche pour formuler un « Souffrez-vous ? Ou est-ce mes cours qui vous ont inspiré à communiquer de la souffrance pour exceller?   »  Il se pose sincèrement la question. Son regard perce derrière ses lunettes quand il quitte le recueil avidement gardé auprès de lui pour la déshabiller du regard. Un déshabillage intellectuel, cela s'entend.


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