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 Les vieux amants | ft. Joames #2

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Message Sujet: Re: Les vieux amants | ft. Joames #2   Les vieux amants | ft. Joames #2 - Page 2 Empty Mar 23 Fév - 15:53


Bien sûr, nous eûmes des orages. Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol. Mille fois tu pris ton bagage, mille fois je pris mon envol. Et chaque meuble se souvient, dans cette chambre sans berceau des éclats des vieilles tempêtes. Plus rien ne ressemblait à rien, tu avais perdu le goût de l'eau et moi celui de la conquête feat @James MarloweLes larmes sont vaines. Les larmes sont des armes utilisées par les femmes faibles qui espèrent pouvoir manipuler ceux qui se trouvent en face. Les larmes sont risibles, insipides. Je n'aime pas cet artifice qui ne promet que des faussetés. Je n'aime pas ce reflet qu'il offre à celui à qui on les offre. Les larmes, c'est de la faiblesse. Et les larmes ne font pas partie de mes tendresses. Pourtant, plus je suis ici, plus je sens ma carapace se fendre sous tes doigts. Ce n'est pas ton marmot idiot qui grandit en moi qui détruit tout... c'est toi. C'est ton abnégation et ton art pour la dissimulation. Tu es tellement doué que j'en oublie ce que je sais. J'en oublie qu'autrefois, je t'ai trahi pour pouvoir t'échapper. Et si aujourd'hui, je me contorsionne pour trouver comment t'agenouiller, ce n'est que parce que toi et moi, nous sommes voués à vivre nos tragédies ensemble. Liés par l'horreur, condamnés à l'atrocité, c'est comme si notre union ne pouvait se perpétuer que dans cette atmosphère irrévérentielle.

Détruire mon altérité. La phrase sonne et claque dans l'air. Joana sourit, trop fière. Car s'il peut mordre sa chair, s'il peut la soumettre par diverses manipulations qu'elle décèle ou ne décèle pas, ça il ne le peut pas. Elle est autre et malgré tout ce qui les unit, elle ne lui appartient toujours pas. Ils crèvent tous deux de n'avoir jamais réussi à finir leur emprise sur l'autre, de n'avoir pas terminé leur jeu. Sadiques, ils se cherchent, incapables de se résister mais incapables surtout de se donner. Peut-être qu'on aurait pu être heureux. Et elle sourit d'autant plus, d'un sourire provocateur, qui n'a pas besoin de verbal pour laisser comprendre ce qu'elle pense de ses prétendues révélations. Ils savent pertinemment bien ce qu'ils attendent l'un de l'autre, ce qu'ils ont toujours cherché. Ce qu'ils ne voient pas, c'est ce qu'ils auraient pu trouver s'ils avaient ouvert les yeux. Et il abat d'autres cartes, prêt à destituer la reine de pique. Mais le roi n'est pas si fort que ça. Car elle ne lui a pas donné les clés de cet empire qu'il clame posséder. « Ton empire a bien triste allure mon Roi.  » Elle fait référence à ce vide dans le manoir, l'attaquant là où elle sent que ça fait mal. «  De quel monstre tu crois parler. Notre enfant...  » ces deux mots suffisent à l'interrompre, troublée par ce trait d'union entre eux, cette formulation involontaire. « Cet enfant...   » corrige-t-elle «  tu n'en feras pas un monstre.  » Sûre d'elle, Joana préfère ne pas expliquer ce qu'elle entend par là. Est-ce James qui est trop doux pour ainsi engendrer un écho négatif de sa personne? Ou elle trop forte pour le laisser faire? Quoiqu'il en soit, la dame se révèle déjà une mère lionne. La crinière n'est pas faite de feu mais sa voix brûle et est sans appel.

Evidemment que tu pourrais encore me contraindre au vide éternel. Mais tu en as eu l'occasion plus d'une fois et... je suis toujours là. Elle voudrait feindre la compassion encore un peu mais elle n'y arrive pas. Joana le regarde juste profaner ses menaces qu'elle sait qu'il n'exécutera pas. Pas ce soir, pas comme ça. «  Tu as l'air bien plus captif que moi James.  » Cela sort lentement. Cet échange est une partie d'échec, insidieuse, calculée et mortelle. L'un fera échec et mat mais nul ne sait d'avance qui est le champion. «   Mais oui, tu as raison, tu pourrais. Pourquoi ne pas le faire dans ce cas? » Elle joue avec le feu. Elle sait très bien qu'il ne faut pas tendre des perches en taquinant l'égo de l'homme, en le défiant. Pourtant, elle ne se retiendra pas d'être elle-même. Et elle le lui rappelle car c'est tout ce qu'ils ont : ensemble, ils ne se cachent pas. Leur véritable nature n'a pas à jouer de faux semblants. Nous ne savons pas aimer, nous les Marlowe. Et ça la heurte. Profondément. Ce "nous" qui n'a pas sa place ici. Encore cette famille, l'histoire se répète. Il n'est qu'un morceau du tableau. N'est-ce pas pour ça que tu es partie aussi? Parce que tu ne voulais pas n'être qu'un pion dans leur échiquier? Elle secoue la tête, lasse de se battre avec lui. Non, il ne sait pas aimer. Pas comme il faut, pas pour aimer, pas même pour survivre. Elle secoue la tête encore plus violemment quand il a l'indécence de lui rappeler qu'elle l'a choisi. «  Je ne t'ai pas choisi, pas comme ça, pas cette loque que j'ai devant moi.  » Cruelle, elle n'a que faire de le blesser. Il joue avec ses sentiments. Il attrape sa larme comme un chasse une miette de pain sur une table au petit déjeuner. Elle ne se sent pas en sécurité dans ses bras, pas ce soir. Alors que celui de la conception, elle régnait sur son coeur, elle sent le désert qui a pris la place, qui a crée un espace pour la douleur. Ses yeux brillent encore quand il la menace d'une phrase qui ne lui fait pas peur. «  Oh oui, je penserais à toi. Je penserais à toi quand tu t'écouleras entre mes jambes comme jamais auparavant. Je penserais à toi quand je te sentirais perdre ta valeur et ta force en moi, quand le souffle de vie de cette chose qui t'appartient s'éteindra. Je penserai à toi, ne t'inquiète pas.  » Sur ce, elle lui jette un regard de la tête aux pieds, un regard d'un mépris où la tendresse s'est éclipsée. Elle le repousse du bout de son ongle, laissant celui-ci s'imprégner légèrement dans sa peau tandis qu'elle se dégage sans qu'il n'oppose de résistance quelconque. Et elle sort sans un regard en arrière, comme toujours. Magnifique dans ses sorties, l'actrice les maîtrise. Mais une fois dehors, dans sa voiture, elle s'écroule au bout de plusieurs mètres de route. Les larmes la ravagent. Je ne t'ai jamais autant haï qu'aujourd'hui. Jamais. Et j'irai jusqu'au bout de cette démarche un peu folle, à cause de toi. Elle sort son téléphone et cherche frénétiquement le numéro d'un gynécologue au travers des buées de larmes qui obstruent ses yeux. Soudain, la haine de James est trop violente pour encore accepter que son amour se loge et grandisse en elle. Déchirée par la pensée de se débarrasser de l'embryon, elle presse le bouton d'appel avec une fatalité désespérée. Au bout de trois sonneries, on répond, au moment où elle s'apprêtait à raccrocher. «  Je voudrais prendre rendez-vous pour un avortement s'il vous plaît.  » Elle raccroche après avoir laissé ses coordonnées et se laisse tomber dans le siège, lasse et désemparée. Cela faisait des années qu'elle n'avait plus ressenti ce besoin de s'éloigner d'un homme. Cela remonte à l'époque où elle a quitté son père, pour ne plus jamais le revoir depuis. Mais pourras-tu couper les ponts avec lui comme tu l'as fait avec l'autre? Là est la question qui te tue Jo', là est la question.




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