silience ft. kenan

^silience^{ft. @kenan brixton}

les arômes des espressos robustas flottent dans l’air. les effluves des croissants, du pain encore chaud et tout juste croustillant caressent doucement l’épiderme. petit café qui rappelle l’enfance jamais vécue en France. pourtant les particularités de la côte d’azur t’attirent, oksana. t’aimerais te laisser bercer par le bruit des machines à café, des percolateurs qui percutent les bacs de métal qui accueillent le marc. celui dans le fond de ta tasse est froid. peuplé de particules fines dans lesquelles t’aimerais déceler une image, une vision, un message. lire les présages comme tous ces diseurs de bonne fortune. seulement à tes yeux, ce n'est qu'un résidu de plus qui sera aspiré par la pression de l'eau du lave-vaisselle. tes prunelles contemplent les silhouettes qui pressent leur pas sur le trottoir d'en face. les vacances ne concernent pas tout le monde, même si l'été est déjà bien entamé. c'est rare que t'aies des instants de répit, oksana. les journées sont souvent lourdes, le nez plongé au-dessus des flacons, parfois niché dans des livres. ces encyclopédies indispensables pour confectionner le meilleur millésime. t'as eu besoin de comprendre toutes ces singulières histoires que tu distingues à travers ton nez. parce qu'on t'a dit que c'était rare de posséder de telles capacités olfactives. et pour rien au monde on ne voulait gâcher ce don. tu t'étais dis la même chose, quand t'avais rencontré kenan. persuadée qu'il dispose des mêmes aptitudes que toi. la perte d'un sens en renforçant un autre. anopsie compensée par l'hyperosmie.
tu veux rendre la pareille, oksana. éprise d'un vertigo bienveillant qui ne cherche qu'à le convaincre. de vous rejoindre. de te rejoindre. le sortir d'un quotidien probablement trop morose. d'une vie traversée par mille et unes saveurs sans qu'il ne les saisisse entièrement. tu penses que c'est du gâchis, oksana. que de vivre de cette manière. tu te demandes d'ailleurs si ce n'est pas que de la survie, après son accident. parce qu'on perd tout. les goûts, les envies, la volonté. sentiment usité. trop souvent partagé. mais la résignation n'est pas une option. pas aujourd'hui. il y a comme un vent solaire qui souffle sur ton âme. le coeur se remplit de plans sur la comète. juste pour lui. kenan. parce que tu sais que c'est ce dont il a besoin. alors quand tu le vois qu'il s'avance vers votre endroit de rendez-vous, tu hèles son nom. « kenan ! je suis juste là ! »
la petite table, tout droit sortie des plus beaux bistrots parisiens, est située juste à l'orée des passants. le sourire au bord des lèvres se transmet dans le brin de ta voix. d’une légèreté suave qui vient l’envelopper tendrement. la délicatesse d'une aura qui pénètre, qui irradie de ses rayons lumières. tu le regardes s'installer. apathique est ton jugement. celui des autres peut-être moins. les iris insidieuses posées sur sa carcasse d'un air trop appuyé. des bouches fermées débordent des questions muettes. celles qui ne trouveront jamais de réponses à leurs interrogations indiscrètes. pathos tragique pour d'autres qui s'attardent sur la canne bruyante. souffle coupée, regard qui s'éloigne pour effacer aussitôt l'image dérangeante. parce qu'on s'apitoie sur un sort que l'espace de quelques instants. le temps que les comparaisons se fassent puis s'effacent inlassablement. ces idées ne t'atteignent pas, oksana. pour rien au monde elles ne s'approchent de toi.
« je suis si contente de te voir, merci d'être venu ! »
il y a toute cette candeur qui se dégage face à l'homme assis en face de toi. sincérité sans artifices, seulement se parant de toute son élégance. parce qu'il n'y a rien de plus beau que de partager des moments avec ceux qui sont comme toi, oksana. même si tu ne décèles pas les motivations derrière les lucarnes impassibles. le poids qui pèse sur le myocarde coupable.
« alors t'as réfléchi ? à c'que j't'ai proposé ? »
tu ne peux pas t'empêcher de te demander si c'est par la positive qu'il te répondra. emprunter le même chemin que toi, dans les dédales infinies des parfums qui titillent les narines. oh oksana. aveuglée par les songes sirupeux. il faudrait peut-être descendre de ton nuage cotonneux.

^silience^{ft. @oksana volkov}

Tu l’entends sa fierté résonner dans ces douces paroles. Fière de toi, ton cœur qui lutte pour ne pas exploser. Pour ne pas succomber à cette noirceur pendue comme l’épée Damoclès au-dessus de ta tête. Prête à en finir, à te finir. Sa main glissant dans la tienne, rassurante la petite sœur, loin de tes yeux, elle reste l’unique petite fille dans ton cœur, ses mimiques loin assaillir tes souvenirs, tout continue de s’effacer, sans la moindre chance de récupérer la douceur de ta mémoire d’antan, ces émotions faisant battre ton monde. Cauchemardesque ces mélodies te happant, une après une, bride de conversation des uns et des autres, la climatisation qui n’avait pas l’air d’être en pleine forme, les respirations saccadés de ces personnes déterminées à ne pas louper la rame, à ne pas louper l’heure pour commencer leur journée. Tu imagines des sourires , mais surtout des mines sans émotion, toi tu fronces les sourcils essayant d’oublier ce qui t’entoure, pour ne pas paniquer, dans les méandres de la nuit qui t’accompagne sans répit. Fermant les yeux derrière tes lunettes noire, sa main serrant un peu plus fort la tienne. T’as l’habitude d’avancer dans l’incertitude à présent, de faire des pas dans l’inconnu sans être sûr où tu finiras. Essayant de minimiser ce talent que tu ne connaissais même pas, tu étais qu’un athlète ayant trébuché dans les ténèbres pour l’argent, pour sauver les tiens. Le nez se remémorant subtilement les souvenirs, chaque petite senteur s’époumonant dans a mémoire, cette fleur défectueuse, incapable d’entrevoir les doux visages des uns, les belles iris des autres. Mémoire visuelle brisée, incapable de redonner de la lumière sur les émotions d’avant, plongé dans tes souvenirs encapsulés dans certaines odeurs, tu les détectais sans comprendre, jusqu’à l’entendre proposer son plan complétement fou, devenir nez. T’avais jamais entendu cela. Jusqu’à rencontrer cette douce voix Oksana.
loin du métro, ta sœur te délaissant devant la devanture de l’endroit du rendez-vous. Le cœur qui cri, comme pour te prévenir de ton erreur, t’es incapable d’avance, de t’en sortir. Tu te blottis dans ses fausses idées, pourtant si rassurante, rester le cul bien installé sur le lit, à ne pas bouger, à ne pas vivre. Pour eux, pour elles, tu avais besoin d’essayer de te battre, de t’ouvrir au monde, tu n’aurais sans doute jamais pensé qu’une simple rencontre sur le bitume de l’hôpital aurait pu te donner une petite plume pour reconstruire tes ailes. Ton prénom qui résonne dans ta tête, sa voix qui chamboule ton assurance trop vite disparue. Pas après pas, la main détenant cette canne qui te donne une impression de mal être. Ton ancien toi qui était mort, incapable de remonter la pente. Tu le veux pourtant, mais cette cécité te traumatisé en silence, sans que tu ne veuilles en donner plus aux autres, sans les polluer de ton propre mal être. Plus de force d’avancer, il ne te reste que quelques pas te séparant de la jeune femme, dont tu essayes d’imaginer cette image qu’elle pourrait offrir à tes opales, si ces dernières étaient réceptives.
tes iris peut être en panne, tu les ressens les opales abandonnés sur toi, à bloquer tout ton être, pourtant tu continues de te battre, avec cette rage qu’ils te donnent ces inconnus trop curieux. Clap, clap, elle se prend partout ta canne, tu en as joués, distribuant les râles de douleur, avec rage, une bonne chose que d’abattre la jolie sur les pieds et chevilles bordant ton chemin. « Je ne suis pas sûr que c’était une bonne idée de venir … » Tu calmes sans le vouloir l’engouement de la jeune femme, car la vérité, c’est que tu te sens clairement incapable de ce qu’elle imagine pour toi. Arôme de fines herbes qui vient taquiner ton âme, parfum du moka qui donne envie de plonger le délice sur tes lèvres, le sourire prenant possession de ton visage. Le myocarde pulsant avec douceur, ton hésitation se lisant avec facilité sur ton visage, tu ne pourrais pas juste dire non, alors que tu en étais point sûr. « Tu perds sans nul doute ton temps avec moi … je suis sûr que c’était juste de la chance … » tu le sais que tu aurais envie de croire en toi, de te plonger dans la folle idée de la jeune femme, mais tu crains, les craintes bien trop ancrées dans ta carcasse. « je ne sais même pas me déplacer seul, me démerder … un incapable. » les mots toujours plus dur sur toi, car tu ne vois pas la lumière que les autres peuvent trouver en toi, toujours blottit dans la douceur de cette nuit non étoilée que tu vis depuis ton accident. Ni oui,.. ni non. Mais l’envie était là, à attendre qu’une main se tende à elle.

^silience^{ft. @kenan brixton}

sur la douceur du coton se coud les espérances légères d'une joliesse égarée. les traits de la môme s'éveillent lorsque kenan s'approche, transcende la foule pour venir s'installer près d'elle, amenant autour de lui les aigreurs d'un agacement tu. celui qu'il aimerait parfois pester contre les prunelles insidieuses qui scrutent sans se cacher les tribulations du différent. souvent c'est la pitié qui se loge dans le creux des ridules, à la lisière des lippes étirées, souffle sur ces moues un pathétisme abhorré. mais peut-être qu'il vaut mieux que les rires étouffés, moquant la canne qui s'empêtre dans les embûches d'un monde qui sans cesse lui martèle que ceux qu'elle accompagne n'ont pas grande place ici. comme si l'indésirable se logeait dans ces âmes que le destin continue de malmener alors que les chimères s'invitent souvent sous les épidermes à l'apparence immaculée. celle qui pense souvent se targuer de cacher ses maux sous quelques parures de piètre qualité. à la hâte elles se prononcent, les ordalies illusoires qui bercent ceux qui se croient plus grands que tout. à la tête d'un univers qui ferait d'eux des monarques. êtres faméliques couronnés de la même grâce que celle du misérable. teintée de ce désir avide de se détacher d'une mêlée plus facile à honnir qu'à tenter de comprendre.
« arrête de dire des conneries kenan. bien sûr que t'as ta place ici. »
presque trop directe, la môme, refusant ne serait-ce que l'esquisse de doutes insufflés par la perfidie des hydres qui pullulent non loin de lui. des autres elle n'en a cure, préfère heurter sa candeur à la valse des notes enchanteresses qui l'enveloppent et l'emmènent. loin du monde et du reste, oksana, tu te laisses enivrer par les douceurs sucrées qui chatouillent les narines, l'amertume diluée d'un café noyé dans sa marre de lait. jusqu'à ce que les prunelles se posent sur ces tasses laissées à l'abandon, leur porcelaine ébréchée par les morsures vaporeuses de quelques lippes maquillées. la trace d'un dernier acte, dans ce vermeil édulcoré, ou l'invitation à s'emparer d'un baiser timoré. des nébuleuses envies la gamine se pâme, s'abandonne à ces songes où règne l'insouciance aux bras du précieux joyau. celui qui, sans cautèles, finirait par écharper le myocarde d'un candide trop amouraché pour déceler les épines qui lentement détruisent la beauté même de la fleur juste cueillie.
« même si c'était de la chance, pourquoi ne pas la saisir alors ? si t'es là c'est qu'forcément t'y crois un peu. »
des opales jaillit l'infinie finesse de la délicatesse. d'une soie douce revêtue dans l'espoir qu'elle appose sur le myocarde ces soupçons de quiétude poussés par la mouvance des céruléennes qui ondoient avec douceur sur son visage. pourtant contre lui-même, les admonestations déforment ses traits en ces grimaces sévères. celles qui, comme les médisances perlant sur des bouts de lèvres inconnues, accusent et dénigrent l'existence assujettie. pendue au bon vouloir d'une canne dont l'écho sur le bitume fait frissonner l'échine. tu ne t'y attardes pas, oksana, les petites mains plongeant rapidement dans la sacoche déposée plus tôt contre le pied de la table. lorsqu'elle s'ouvre sous ton nez, les premières notes s'égrènent, flirtent avec la commissure des lèvres qui s'étirent à chaque nouvelle inspiration. de leur intense pureté elles charment, ces quelques gouttes déposées sur les morceaux de papier. ceux que les phalanges disposent près de lui, la pulpe des doigts prenant soin de ne pas bouleverser l'équilibre de ces essences écrues qui affriolent les sens.
« j'ai ramené quelques échantillons. je me disais que tu pourrais me dire à quoi ils te font penser... qu'est-ce qui te vient ? quels sont ceux que tu préfères ? »
car dans ces effluves qui caressent les narines s'esquisse le début d'une histoire qui mérite d'être contée. ils ne sauraient se déliter, ces récits aux arômes fruités, boisés ou même ambrés, défiant le temps lorsqu'ils s'ancrent sur ces peaux drapées de leur voile parfumé. la bruine murmure, à ceux qui veulent bien l'écouter, dévoile les secrets de ceux qui la transportent. comme une chimère dont personne ne pourrait se passer, renfermant les secrets d'une boîte de pandore bien scellée. ceux que tu aimerais collectionner, oksana, déterrer pour y puiser la source de cette inspiration sans fin pour à ton tour vaporiser sur le noyau du monde l'infime trace d'un passage éphémère que rien n'effacera.

Spoiler:

» Better now Ϟ (Kenan)
» new beginning. (kenan)
» SMS / kenan ft aspen.
» envole-moi. (Kenan)
» l'obscurité de ma prison |kenan