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 Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,

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Message Sujet: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Jeu 17 Déc - 21:01

Il fouille tout au fond, gratte les coutures de son manteau, cherche le portefeuille pour en tirer l'argent les pièces les billets les miettes n'importe quoi pour payer. Mais l'angoisse d'affronter une machine et un potentiel refus de carte devant lequel il ne saura quoi faire le pousse finalement à rejoindre la file d'attente, quitte à ce que la procédure prenne bien plus de temps que s'il s'était résolu à faire face aux pixels.

Les poings dans les poches, il accepte l'attente, et parfois même des garnements qui osent le dépasser et faire comme si de rien n'était. Il n'a pas la force Haskel, de se battre contre la jeunesse, contre l'éclat de leur cœur, ce zénith qui le brûle, le repousse et le tue. Autour de lui les discussions fusent, trop enchâssées les unes dans les autres pour qu'il y comprenne quoi que ce soit. Et lorsqu'il commence à saisir le sens d'une phrase, un simple mot, une suggestion, Haskel cligne des yeux pour penser très vite à autre chose.

De l'autre côté du comptoir, un sourire commercial lui demande ce qu'il vient voir. Le pianiste répond alors qu'il est ici pour Le Comte de Monte-Cristo, ce sur quoi des yeux éberlués se lèvent. Le Comte de Monte-Cristo, tu viens vraiment voir ce vieux truc toi ? De quand, de y a mille ans ? Non c'était en 1934 avec Robert Donat et sa partenaire Elissa Landi dont la relation se termine en haut d'un arbre avant la scène des crédits.

Les pièces sont poussées, en échange de quoi, on lui laisse son ticket. Le sésame des portes du septième art. Votre séance commence à 19h30 monsieur, bon film. Et l'homme part s'engouffrer dans le dédale à la moquette noire qui avale tous les sons, tellement qu'on dirait de l'oreille qu'elle est située à des kilomètres du sol. Sur le papier, il est marqué salle 13. Alors Haskel, docilement, se rend à la salle 13.

Il remarque rapidement qu'il est le seul à passer les portes de la salle 13.

Ce n'est pas très grave. C'est même très bien. Il profitera de la séance paisiblement, seul, sans personne pour avoir des discussions enchâssées, sans un enfant, sans un bruit, sans un cri. Sans le moindre rire.

Son dos s'installe au fond d'un siège situé au centre de la troisième rangée la plus proche de l'écran blanc. Il lui faut lever les yeux pour croiser les premiers caractères du film. Les premiers grésillements. La musique d'orchestre. Ces saccades à l'écran, brûlures au coin de la pellicule. Un objet qui s'est battu pour résister à l'épreuve du temps. Haskel cligne rarement des yeux pendant la projection. C'est important qu'il ne rate aucun détail. Qu'il se rappelle le film tel qu'il l'a connu quand il avait huit ans. Quand il avait quinze ans. Puis vingt-et-un. Puis vingt-neuf. Puis trente-trois. Et puis un jour où il ne sera plus là pour compter.
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Message Sujet: Re: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Mar 29 Déc - 10:42

Elle ne voyait généralement pas de problème à être seule, Helen. Elle était de celles qui parvenaient à apprécier sa propre compagnie. Pour elle, passer la soirée seule, généralement avec un livre à la main et une coupe de vin dans l’autre, était plus que raisonnable comme plan. Elle se plaisait à se perdre dans un univers autre que le sien, à s’imaginer héroïne d’une de ces histoires qui défilait sous ses yeux, détective aux milles astuces, prête à démasquer un criminel ou encore reine à une époque ou les mœurs étaient tout autre, à une époque ou ce qu’avait fait son mari aurait été chose courante, normale même. Ou on aurait rigolé en racontant quelques grivoiseries.  Mais ce soir, elle n’avait pas envie de se perdre dans les pages. Ce soir, elle se sentait claustrophobe dans sa propre demeure, comme si l’air devenait suffocant, comme si les murs se refermaient sur elle. C’est presque avec hâte qu’elle s’empara de son sac à main, qu’elle enfila une veste avant de glisser dans ses chaussures et de quitter son logis, en profitant pour prendre une grande inspiration une fois à l’extérieur, respirant l’air frais, la laissant emplir ses poumons. Puis, elle laissa ses pas la guider, Helen. Elle n’avait pas de plan, simplement le besoin de changer de décor, de se changer les idées aussi. Elle erra pendant un moment, des minutes, des heures, elle n’aurait pas su dire lorsque ses pas se stoppèrent et qu’elle leva les yeux pour apercevoir la marquise du cinéma. C’était une distraction comme une autre et ça valait certainement mieux que de terminer la soirée assise au comptoir d’un bar miteux, un verre à la main, à écouter un ivrogne raconter sa vie à un barman désintéressé, à boire pour oublier ce qui la faisait se sentir ainsi.

Elle passa quelques minutes à regarder les titres à l’affiche avant de se décider finalement. Le Compte de Monte-Cristo. Un regard de la part du commis auquel elle ne porta pas vraiment attention, s’emparant de son ticket une fois payé, pour finalement se diriger vers la salle, prenant pourtant soin de faire halte et s’acheter un sac de pop-corn, incontournable de ses soirées cinéma. Son regard scanna les numéros des salles avant d’arriver finalement devant celle ou était présenté ce film qu’elle avait choisi. Prenant soin de ne pas renverser sa précieuse collation, Helen poussa la porte de la salle avant de s’y aventurer et de la balayer du regard. C’est sans grande surprise qu’elle remarqua que la majorité des sièges étaient vides. À vrai dire, la présence d’une autre personne à cette représentation la surpris, considérant le film qui était à l’affiche. Son regard s’attarda sur cette silhouette qu’elle dessinait dans la pénombre de la salle, sursautant légèrement lorsque les portes se refermèrent dans un bruit pourtant atténué, mais qui fit tout de même écho vu la vacuité de la salle. Même dans la pénombre, même à cette distance, elle le reconnaissait. Un instant, elle songea quitter la salle, même si elle avait payé son droit d’entrée, même si elle avait tous les droits d’être là au même titre que lui. Elle s’avança un peu plus, hésitante à prendre place près d lui, optant pour un siège quelques rangées plus haut. Peut-être qu’avec un peu de chance, il ne l’aurait pas aperçue, qu’il était bien trop captivé par ce qui était déjà affiché à l’écran pour avoir entendu les portes se refermer ou ses pas sur le sol.
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Message Sujet: Re: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Mer 30 Déc - 18:02

L'orchestre d'introduction, un générique qui défile avec son fondu enchaîné. Impossible d'entendre le moindre bruit de porte, le moindre claquement de talon, toute intrusion sonore qui ne proviendrait pas de l'écran blanc étant avalé par les revêtements de tissus tendus, ces murs affamés d'acoustique. Un violon discret s'immisce sur des crédits dont on ne sait jamais s'ils veulent dire le début ou la fin. Emmitouflé dans son manteau épais, un trench beige avec dessous un pull ou deux, des couches de tissus pour donner l'impression de porter plus de chair sur lui. Haskel se laisse enfouir dans le moelleux de son fauteuil, éclairé par les luminescences de l'écran monochrome, la cheville droite repliée en angle sur le genou gauche. Il est parvenu, malgré les vérifications de la sécurité, à faire passer une bouteille d'eau planquée sous les pans de son manteau. Grande folie pour le pianiste dont les initiatives audacieuses ont disparu de son mode de vie depuis longtemps maintenant, et alors que les premières minutes de séance s'écoulent, son réflexe premier est d'observer sa rangée de sièges, à droite puis à gauche, s'assurant de sa solitude. Seul, sans personne pour le regarder, ses muscles jusqu'alors tendus s'apaisent, il lui semble plus facile de se laisser vivre avec personne pour l'entendre respirer. Peut-être même pourra-t-il ôter sa veste vers les trente minutes du film, lorsque la température de la salle commencera à lui sembler étouffante.

“Life is a storm, my young friend. You will bask in the sunlight one moment, be shattered on the rocks the next. What makes you a man is what you do when that storm comes.”

Le grain de voix qui grésille à travers le micro, du noir et blanc en perpétuel mouvement, dépourvu de la moindre touche colorée. Donat au sommeil de sa gloire avec une Landi survoltée, un Dantès envoyé en prison. Une heure s'écoule, la pellicule tourne dans la machine, il pense toujours être le seul occupant de la salle. Son manteau a rejoint le fauteuil d'à côté, proprement replié. Bouteille d'eau presque vide, seule compagnie de ce soir, et puis bientôt le procès qui mène le film à son terme, une Mercedes de Rosas heureuse de retrouver celui qu'elle aime. Un sentiment de bonheur qui déborde au-delà de l'écran, se faufile entre les chairs du pianiste, mordant et amer. Une chaleur sourde et fiévreuse qu'il empêche à tout prix d'éclater derrière un visage qui se veut de marbre. Et pourtant, seul dans cette pièce, il se pourrait bien que des larmes viennent à couler.

“When you compare the sorrows of real life to the pleasures of the imaginary one, you will never want to live again, only to dream forever.”

Une chaleur soudre et fiévreuse qui glisse sur sa peau creusée. Sa vue floue, harcelée par le sel. L'orchestre s'emballe à l'écran, célèbre la happy end, une heure quarante-sept et cinquante-deux secondes sans couleurs. Sans personne. Des acteurs, actrices et réalisateur qui ont quitté ce monde depuis de nombreuses années déjà. Mercedes n'est plus perchée dans son arbre en compagnie de Dantès, le procès est fini, le ciel s'est refermé sur ces images noires et blanches. Des noms défilent à l'écran, boîtes de production, compagnies de l'époque, valeureux cameramen qui ont tenu la perche pendant presque deux heures. Et pourtant, personne n'est là. De tout ce petit monde, il ne reste qu'un pianiste assis, le regard perdu à l'écran, le cœur plongé dans un océan. Comme intimé de rester en place jusqu'à la toute fin, jusqu'au retour à la réalité, il attend. Il faudra l'arrivée du personnel nettoyant pour chasser le compositeur de son séant.

Debout. Réapprendre à marcher. Des yeux rougis qu'il faut sécher. Porter sa maigre carcasse, manteau sur le dos. Une fausse couverture qui ne protège de rien, qui cache le vide autour de ses os. Poing gauche hissé dans la poche, l'autre qui attrape la bouteille d'eau vide. Le corps se dirige machinalement au pied de l'écran immense, vers cette issue de secours par laquelle les spectateurs ont pris l'habitude de sortir. Porte battante trop lourde et qui se referme trop vite ; Haskel la retient lorsqu'il pense que cette silhouette qui le suit est celle du personnel s'apprêtant à quitter la salle avec lui.
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Message Sujet: Re: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Mar 12 Jan - 13:13

Un léger sourire s’afficha sur le visage d’Helen lorsqu’elle réalisa qu’il ne l’avait pas remarqué. Elle aurait du s’en douter, qu’il serait déjà bien trop captivé par ce qui était projeté sur l’écran géant. Il avait toujours été ainsi lorsque leurs plans incluaient le visionnement d’un film. Il ne lui fallait que quelques minutes pour être complètement absorbé par ce qui se présentait à eux, quelque soit le type d’écran qui se trouvait devant eux. Cette passion qu’il avait, cette facilité à se laisser emporter dans un univers différent de celui dans lequel il se trouvait était, entre autre, un des traits de sa personnalité qui l’avait particulièrement charmée. Après quelques secondes passées à le regarder, elle poursuivi son chemin, se glissant dans un siège pile au centre de l’écran quelques rangées plus haut, son endroit favori dans la salle, là ou elle avait une vue qu’elle considérait parfaite et ou elle pouvait laisser les sons et la musique l’envelopper complètement. Les minutes passèrent et les dernières publicités lancées à l’écran firent place à une image granuleuse et un brin terne, bien loin de celles en hautes résolutions à la clarté étincelante qui avaient tout juste précédées. Si elle tenta tant bien que mal de se concentrer sur le film, son regard ne cessa de revenir vers cette silhouette, des regards furtifs lancés comme si elle avait peur d’être prise en flagrant délit, ridicule considérant la situation et le fait qu’il n’avait pas bougé d’un poil après que les portes de la salle se soient refermées.

Elle qui avait espéré une distraction ce soir, elle se retrouvait rapidement prise au dépourvu, incapable de faire abstraction de cette présence, lui qui, vraisemblablement, n’avait aucune idée qu’il n’était pas seul. Elle ne parvenait pas, Helen, à se laisser complètement captiver, comme il savait si bien le faire, par cette histoire que les acteurs lui racontaient, cette histoire qu’ils jouaient, petit spectacle privé qui leur était offert. Elle le voulait pourtant, son regard rivé sur l’écran pendant quelques minutes, ses oreilles qui n’entendaient que les voix de ces personnages et faisaient abstraction de tout autre source de bruit possible, mais toujours, son attention se rapportait à lui. Toujours, ses yeux retrouvaient l’arrière de sa tête. Il n’y avait pourtant rien à regarder. Elle ne croiserait pas son regard. Il ne bougerait pas de là, elle le savait très bien, mais peut-être que c’était devenu une habitude au fils des années que son regard le cherche jusqu’à ce qu’il le trouve dès lors qu’ils se trouvaient dans la même pièce. Les minutes passèrent, se transformèrent en heures et finalement, le générique vint à apparaitre à l’écran, les noms défilants tandis qu’une musique faisait office de transition. Elle aurait pu se lever, quitter la salle à l’instant, mais elle attendit qu’il le fasse en premier, comme si ça allait lui éviter de le croiser. Elle y crut presque, qu’elle avait réussi à être assez vigilante pour éviter de le croiser, mais c’était sans compter sur ses bonnes manières. D’un pas pressé, elle se dirigea vers la porte qu’il tenait ouverte, ses yeux se plissant dès que la lumière de l’extérieur vint à l’aveugler, elle qui était maintenant habituée à la pénombre dans laquelle avait été plongée pendant deux heures. Un merci murmuré, à peine audible, alors qu’elle passa devant lui, puis un regard lancé en sa direction bien plus furtif que ceux qu’elle avait lancés à son insu dans cette salle sombre. Elle ne lui offrit rien de plus tandis que son cœur s’enfonçait un peu plus dans sa poitrine et que la douleur envahi son être. Helen s’efforça de ne pas s’attarder sur ces traits si familiers pour y dénicher une quelconque expression. Non, elle savait que si son regard restait accroché au sien, si elle parvenait à lire ne serait-ce un tant soit peu de douleur dans son regard, dans ses traits, elle flancherait. Et ça, elle ne pouvait pas se le permettre. Elle avait tant souffert qu’elle ne voulait pas se laisser aller à retomber dans ses bras à nouveau. Et puis, ses amies ne cessaient de lui répéter qu’elle avait pris la bonne décision lorsqu’elle faisait mention de ses doutes qui hantaient son esprit. On lui disait qu’elle avait bien fait de ne pas supporter ce qui n’était peut-être qu’une incartade, qu’une erreur de parcours, mais qui avait fragilisé la fondation de leur relation.
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Message Sujet: Re: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Ven 15 Jan - 14:24

Ce retour à la réalité, ce moment de quitter le siège confortable, la chaleur étouffée d'une salle obscure, pour rejoindre la dureté du béton et le froid mordant qui se trouvent à l'extérieur. Haskel range ses poings fermés dans les poches de son trench, bouteille jetée à la gorge d'une poubelle. La porte battante retenue pour éviter une violente claque avec le prochain, le pianiste finit par interrompre sa marche lorsqu'il respire le parfum si particulier qui traverse devant lui.

Ce n'est même pas à la voix qu'il l'a reconnue. Même pas au visage. C'est au parfum. Ce parfum subtil de fruits rouges qui se développe dans l'air à mesure que flottent les vêtements. Une senteur suffisamment discrète pour passer inaperçue ; pas assez pour qu'il ne s'en soit pas souvenu. Elle mettait ça quand on sortait manger un morceau en ville. Battement de cils. Il la regarde s'éloigner sans qu'un seul échange visuel ne se produise. Deux parfaits inconnus. Elle l'ignore ? Elle ne l'a pas vu ? Pendant tout ce temps elle était dans la salle avec lui ? Où était-elle ? Sur la même rangée… -- Non, impossible, il l'aurait vue. Derrière lui ? Tout en haut, dernier rang ? Sur les côtés ? Il veut lui demander mais ses lèvres demeurent cousues de silence. Est-ce qu'il respire ? Est-ce qu'il parle et c'est dans sa tête ? Elle s'éloigne, de plus en plus. Elle disparaît, de plus en plus. Cette silhouette féminine et assurée qu'il avait l'habitude de voir marcher à ses côtés, s'en va rejoindre ces songes que Haskel chérit depuis la rupture, et qu'il croyait ne jamais revoir.

-- Helen.

C'est trop bas, personne n'aurait pu l'entendre.

-- Helen…

Il répète, mais sa voix se transforme déjà en sanglot. Il a l'impression d'avoir prononcé un mot interdit, récité la fable maudite qui lui causera des problèmes s'il s'évertue encore. Ses poings se serrent, raclent le tissu à l'intérieur des poches. « Il faut que je fasse quelque chose. » La phrase tourne, inlassablement, au fil que les coups de talons prennent de la distance, deviennent un écho lointain. « N'importe quoi. » Il faut réciter encore une fois. Peu importe que le Diable vienne, il ne ferait pas plus mal que les autres fois.

-- S'il te plaît, Helen.

Et c'est dur. Dur de ravaler une salive amère qui perce la gorge. Dur de retenir l'eau qui avait commencé à sécher au bord de ses yeux. Dur de se préparer à la suite. Si elle se retourne, si elle s'arrête, que va-t-il faire ? Dire ? Est-ce qu'il existe encore pour elle ? Est-ce qu'elle a recommencé sa vie ailleurs ? Est-ce que ce parfum est destiné à un autre que lui, maintenant ? Est-ce que…

-- Ne pars pas.

Il lui a dit la même chose ce jour-là. Ne pars pas. Trois mots si simples qu'il avait prononcés avec un timbre plat et pourtant derrière cette façade neutre se cachait un Haskel terrorisé à l'idée que, oui, qu'elle parte réellement. Il ose un pas, puis deux. Des mains toujours profondément enfouies et invisibles, jusqu'à ce que les chemins se recoupent. Il n'est plus très loin d'elle, mais elle paraît toujours aussi inatteignable. Il a peur, Haskel, que s'il sort une main de ses poches, la bulle éclate, le diamant s'effrite dans ses paumes et ne devienne plus qu'une poussière blanche sans possibilité de retour dans le passé.
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Message Sujet: Re: Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another,   Ah, lips that say one thing, while the heart thinks another, Empty Mar 23 Fév - 20:33

Elle savait que c’était sans doute une terrible idée, Helen, que de feindre ne pas l’avoir reconnu. Parce que ce n’était pas comme s’ils n’avaient été que de simples connaissances à une époque maintenant lointaine, qu’ils ne s’étaient pas vus depuis des années et qu’ils avaient tous les deux changer. C’était se mettre la tête dans le sable et jouer à l’autruche que d’espérer croire pouvoir passer son chemin de façon incognito. Ses talons continuérent de claquer contre le sol tandis que, tranquillement, elle prit la route qui la mènera chez elle. Elle eut l’impression qu’elle s’en était sortie, comme si c’était là quelque chose à laquelle elle se devait d’échapper, lorsqu’elle cru entendre sa voix. Aussi basse qu’un murmure porté par le vent, à la première écoute. Elle eut presque l’impression d’avoir halluciner, comme si c’était son cerveau qui s’amusait à lui jouer des tours, comme si c’était plaisant que de la faire souffrir en la faisant replonger dans ses souvenirs de cette journée-là. Parce que son nom résonne à nouveau, plus fort cette fois, comme un sanglot, comme il l’avait prononcé ce jour-là. Tout en elle lui dit qu’elle devrait s’arrêter. Il y a son cœur qui se brise un peu plus à chaque fois que sa voix s’élève à travers le brouhaha de la ville, parce qu’elle lui manque tellement plus qu’elle ne veut l’admettre, cette voix. Parce qu’il y a son corps qui se meurt de se blottir à nouveau contre le sien, sentir ses bras qui l’enlacent. Parce qu’à quelques minutes de là, il y a son appartement qui lui semble toujours beaucoup trop vide, un espace qu’elle comble avec des biens matériels, tentative futile parce que rien ne pourra jamais remplacer sa présence. Parce que la musique qui émane du système de son qui se trouve dans son salon semble terne et morose comparée aux notes qui s’échappaient de son piano.

Et pourtant, elle continua sa marche, Helen, comme si elle n’avait rien entendu. Ne pars pas. Peut-être que ce sont ces mots qui la font s’arrêter net, les mêmes qu’il lui a dit avant qu’elle ne claque la porte, qu’elle ne mette fin à leur histoire. Peut-être que c’est le bruit de ses pas se rapprochant un peu plus à chaque instant qui font stopper le bruit des siens, une évidence maintenant qu’il finira par se retrouver à sa hauteur et qu’elle n’aura plus le choix de lui faire face quand bien même ça lui fera mal. Elle sentit les larmes rouler silencieusement le long de ses joues, petites perles d’eau qu’elle s’empressa d’essuyer du bout des doigts. Parce qu’elle se dit qu’elle n’a pas le droit d’être triste. Après tout, c’est elle qui a pris la décision de le quitter. Elle qui n’a pas su passer l’éponge. Elle qui, depuis, tente de se convaincre que c’était la chose à faire, quand bien même, à cet instant, il y a son cœur qui lui hurle de se retourner, de lui dire qu’elle est désolée, que c’était une erreur que de penser qu’elle pouvait vivre sans lui. Une inspiration profonde puis elle se retourna, lentement, comme si ça l’aidait à se préparer à aller à sa rencontre, comme si la douleur allait en être moins vive. Son regard se posa sur son visage et elle eut l’impression qu’on vint la frapper, le souffle coupé lorsqu’elle détailla les traits de son visage visiblement amincis, creusés. Elle tairait le fond de sa pensée, mais elle lui avait déjà connu meilleure mine. « Qu’est-ce que tu veux, Haskel? » La question claque tandis qu’elle feint l’agacement, comme s’il la dérangeait. Parce que c’est peut-être le punir que de lui laisser penser qu’il la dérangeait, comme si elle avait autre chose à faire. Le livre qui l’attendait sagement sur la table basse du salon ne s’en plaindrait si elle prenait quelques minutes de son temps pour lui parler. Il y avait pourtant cette petite voix qui continuait de lui répéter qu’elle ne pouvait pas craquer, pas devant lui. Elle avait pris sa décision, finale et sans appel, et elle se devait de s’y tenir. Sans doute que les sillons laissés par les larmes, ceux qu’elle avait oublié d’effacer, la trahiraient, mais que pouvait-elle y faire. Sans doute pourrait-elle trouver une façon de mettre ça sur le compte du film qu’elle venait tout juste de regarder.
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