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 la mort des amants. (james)

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Message Sujet: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Mer 6 Jan - 20:50


◐ ◐ ◐  
{ la mort des amants }
crédit/ baudelaire ☾ w/@James Marlowe
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.



Ça n’a jamais existé, hein ?
Dis-moi qu’il n’a pas existé,
ce moment où je suis venue à ton secours,
où je me suis retrouvée submergée de tout cet amour,
où j’ai manqué de retomber à toi, pour toujours ?


Elle n’a pas parlé de ce qui est arrivé. Comme un infâme secret qu’elle serait incapable de confier. Qu’elle épargne le tableau noir qu’ils ont dépeint ce soir-là à son mari, il n’y a rien de plus banal de la part de la dame Romani. Mais qu’elle taise la vérité à ses frères, à Gregor. C’est bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Dépourvue de clairvoyance cette nuit, mais aussi chaque jour depuis, elle n’a pas été capable de s’expliquer sa manière d’agir. Elle ne sait pas pourquoi elle est intervenue. Pourquoi elle l’a sauvé, lui. Alors qu’elle voudrait le voir dépérir. Alors qu’elle voudrait le voir aussi meurtri qu’elle l’est, elle, depuis qu’elle a perdu sa fille. Alors qu’elle le hait de ton son être, James.

Mais il a ce fragment d’elle qui subsiste encore,
cette parcelle de son cœur qui bat toujours si fort,
sans qu’elle ne sache si c’est de l’amour ou bien de la haine,
sans qu’elle ne sache si elle l’aime ou le déteste.

Sûrement un peu des deux, Alix,
comme si tu avais un jour su choisir.


Simulacre d’une vie qu’elle a déniée, le destin décliné semblait prêt à l’accueillir comme l’enfant prodige qui retrouverait sa raison d’exister. C’était, en réalité, si facile. Si instinctif. Aussi naturel que le carmin qui coule dans ses veines. Aussi évident que le sang qui n’a jamais cessé de jaillir en elle. Mais elle a refusé son rôle de faucheuse, Alix. Elle a contesté ce qui aurait du être la suite logique de la tâche entreprise. Peut-être capable de retrouver cette obscurité, pas prête pour autant à effacer ses derniers éclats de clarté. Sans savoir, en fin de compte, si elle est toujours détentrice de cette lumière. Ou si elle s’accroche vainement à une chimère. À un mirage qui commence, déjà, à disparaître. La fille Ferreira ne veut pas y songer. Ne veut plus y penser. Elle s’est focalisée, plutôt que sur le maître des ténèbres, sur ses subalternes. Sur les piètres admirateurs, sur les employés modèles, sur les traîtres éventuels. Sur tous ceux qui, dans sa vie, vont et viennent. C’est son nom qu’elle a reconnu au bout de la liste. Celui de Milo. Toujours Milo.

Et le feu a envahi ses veines,
la colère s’accélère,
celle qui submerge tout son être,
comme un brasier incontrôlable,
une combustion à l’issue fatale.

Il y a comme un air de déjà-vu quand elle arrive devant l’immense bâtisse à l’architecture impressionnante qu’elle ne relève pourtant pas. Comme autrefois. C’était un autre bâtiment, une autre raison. Mais c’était déjà elle, folle de rage contre James, pour être beaucoup trop proche de son petit frère. Éternelle rengaine, les paroles ont changé, mais les notes sont toujours les mêmes. Cercle infernal duquel ils ne sont pas sortis indemnes, la première fois. Et l’enfer perpétuel, reprend de plus belle, fatale ritournelle. Mais Alix, elle met de côté les réminiscences du passé. Ils ne sont plus les personnes qu’ils étaient. Elle, n’est plus censée l’être. Elle a changé, elle se rassure en s’accrochant à cette idée. Pourtant, quand elle pénètre l’enceinte des lieux avec la fièvre d’antan, les flammes dans les opales, et les escarpins qui claquent, on jurerait la Alix d’autrefois. C’est Alix Romani qui était là, la dernière fois, à cette soirée mondaine où il l’a obligée à redevenir Ferreira. Mais l’épouse modèle a disparu, à cet instant, pour ne laisser plus place qu’à celle qu’elle avait enfouie si profondément mais, sûrement pas assez, finalement. La marche est rapide, jusqu’à l’appartement de l’ex-amour de sa vie. Elle ne prête aucune attention ni aux voix qui murmurent derrière les portes closes, ni aux musiques filtrées par l’épaisseur des murs en béton. Elle ne ressent, ni n’entend, plus que les pans de son être qui crachent sa passion. Son aversion. Sa folie furieuse à l’encontre du pire de ses démons.

Et devant la porte, seulement, elle s’arrête,
pas plus d’une seconde, peut-être,
elle tape avec une frénésie maîtrisée,
car il n’est pas question de l’alerter.

Les voilà à nouveau face à face,
James et Alix,
pour le meilleur, autrefois,
pour le pire, aujourd’hui.

Elle ne prête aucune attention aux traits affichés sur ce visage qu’elle a tant admiré. Tant aimé. Peut-être est-il surpris de la voir débarquer dans un lieu qui devrait être secret. C’est sans mal que la louve s’est immiscée dans les mystères dans lesquels il se plaît à s’enfouir. Dans cette vie toujours en décousu, jamais trop perçue. Comme c’est sans mal que la silhouette fine mais agile s’infiltre dans le penthouse luxueux de monsieur Marlowe. « Il faut qu’on parle. » le calme contrôlé n’est qu’une mascarade, un subterfuge pour s’empêcher de donner à James tout de suite la maîtrise entière de la situation. Elle était à cran, perdue, et tourmentée, désespérément victime de ses émotions. Mais, grâce à lui, il n’y a plus que la rage à cet instant. « Comment oses-tu continuer à voir mon frère ? » N’a-t-elle pas été suffisamment claire ? Quand elle lui a fait cette promesse ? Quand elle lui a juré cette guerre ? Ne la prend-il pas au sérieux, pour être encore capable de retrouver Milo, comme si rien ne s’était produit, jamais ? Comme si elle n’avait pas menacé de le tuer, la dernière fois que leurs chemins se sont croisés ?

Et la fureur venue couvrir l’éclat du vice,
le battement anormal d’un myocarde endormi,
la tension inédite qui la fait revivre,

la haine,
comme une gangrène,
la haine de James,
encore la seule chose qui la retient,
ici, maintenant, sur terre.
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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Jeu 7 Jan - 19:39


la mort des amants
@alix romani

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux


non. non. dis-toi que tu ne l’as pas fait. raconte-toi encore qu’il ne s’agissait là que d’un réflexe, une vieille habitude érodée, qui ne signifie rien. si ce n’est que parfois les souvenirs nous ramènent en arrière, nous obligent à revivre, des sensations usurpées. qui ne peuvent plus nous appartenir. non. non. dis-toi que tu ne l’as pas fait. tu ne m’as pas sauvé. personne ne le pourrait désormais.

aucun mot n’a su franchir ses lèvres, suite à cet épisode qu’il inscrit dans le déni le plus abyssal. il se surprend à y songer mais depuis cette accalmie si vaine, l’horreur est retombée sur ses épaules pour les dessiner dans une indicible dureté. les actes commis depuis ont changé ses horizons pour les teinter de sang. il se lève chaque jour hanté par les vies broyées entre ses poings serrés, le goût de la trahison sur la langue. les doutes l’enferment dans une mécanique qu’il ne connaît que trop bien pour s’en être toujours méfié. il connaît ce chemin, il en ressent les tournants malheureux, les affres tentatrices. au bout, rien que ce néant, pour y reposer, y enfouir l’empire et tout ce qu’il aura su édifier. ça ne peut se terminer ainsi, alors il renonce à ses envies, cherche à les enchaîner à ses esprits plutôt qu’à les plaquer contre ses chairs. l’évasion à las vegas a toutefois contrarié sa maîtrise, déjà mise à mal par le retour inopiné de la renarde dans son existence. et il ne comprend plus ce qu’il lui faut céder pour se sentir de nouveau maître de ses forfaits. en ligne de mire, son prénom abjuré. alix, alix, alix. dès qu’il n’est pas concentré, c’est un chant guerrier qui s’élève, un indigne hommage qui vient rencontrer la mélancolie de leur dernière soirée, pour mieux la taillader, saigner cette dernière offense. qu’elle rejoigne les autres cadavres qu’il sème, histoire d’oublier qu’il s’est senti entier. si entier quand elle a uni à ses errances le sursaut de sa folie, en mettant à terre l’un de ses ennemis. il désespère depuis.

ce soir, il est seul. il a envoyé un message pour prévenir qu’il ne rentrerait pas au manoir. ça n’est pas inhabituel, quand james fréquente quelqu’un, il ne ramène pas sa proie au domicile familial, encore moins dans la demeure de long island qui représente son tout dernier sanctuaire. il a un penthouse dans le queens, demeure connue d’irène et de médée, et de personne d’autre, hormis ces inconnues que parfois il croise, rien que pour oublier. une heure durant. une seule heure seulement. tout ce qui continue de le morfondre, de l’accabler. il ne parvient pas à se remettre de l’attaque que sa soeur a subie, il porte la honte sur son propre front, il y voit un très vilain augure, qui vient contrarier son ascension entreprise depuis l’ouverture du sinners. c’est comme porter la malédiction sans qu’il en sache qui l’a réellement prononcée. imaginer une seule seconde qu’elle en soit l’origine le tue. avec une irrépressible lenteur, histoire que la souffrance soit solitaire, une plaie béante, qui suppure des murmures indécents. alix. alix. alix. toujours. comment aurait-elle pu, comment aurait-elle osé ?

aucun costume, aucun faste, des habits qui n’ont rien de ceux du roi. redevenu homme, il se sent démuni. la lumière tamisée accompagne ses déambulations dans l’espace beaucoup moins froid que ne l’est son bureau. ici il y a des objets, des souvenirs. ramenés de voyage, ou arrachés au passé. au mur, il y a même une photo qu’un jour alix a prise, paysage urbain, des rues où parfois ils se promenaient. il y a leur ombre en point de fuite, juste leur ombre. rien qu’une ombre. il porte son regard vers la cadre, il en a fait une sorte de poster qui vient habiller tout un mur, et il s’y perd. dans la rue, la même rue qu’autrefois. il s’y balade, s’y oublie, quand il ne prend pas garde. il s’y abîme de longues secondes, avant de porter le verre qu’il tient, à ses lèvres. 15 ans d’âge qui dévalent sa gorge, viennent y abandonner un piètre subterfuge. factice réconfort qui n’emplit pas ses veines. alix. alix. alix. elle palpite déjà, dans le sang, dans la tête. comment as-tu osé faire ça ?

lorsqu’on frappe, il a une drôle de sensation, qui vient le faire frissonner. comme s’il avait su la convoquer, à force de la baigner dans les lumières crues de ses songes. il n’est presque pas surpris de la découvrir, il pourrait même dire qu’il l’attendait. james et alix. alix et james. comment pourrait-il en être autrement, quand la nuit se fait aphone, et que les armes s’érodent à la surface opaque de leurs souvenirs.

alix. alix. alix. pourquoi es-tu ici ? je reconnais les feux qui parcourent tes pensées, qui reviennent vibrer dans le creux de tes prunelles. je les reconnais comme je les ai vécus, la toute première fois que tu as su me rejoindre. me confronter. et l’on sait l’un et l’autre ce que cela a engendré.

regards. aucune froideur à lui infliger, james n’a jamais autant ressemblé à celui qu’il était que ce soir, alors que la couronne est trop lourde, que les mensonges n’ont plus aucune once de piété. qu’il s’agit de regarder en face les démons qui lui sont consacrés. qu’ils prennent son enveloppe pour infâme émissaire, ça n’est pas étonnant. ce qu’il l’est par contre, c’est qu’elle ait su où le trouver. il ne parvient pas à déterminer comment considérer pareil détail, qui n’a rien d’infime. encore arrêté dans un élan qu’il ne comprend guère, comme si aujourd’hui se plaisait à rencontrer hier, il s’efface pour la laisser entrer, sans mot dire. comme si c’était là le châtiment qu’il méritait. en effet, il faut qu’ils parlent. il se retient de venir la trouver depuis qu’il est rentré de la côte ouest. du coin de l’oeil, il l’observe, le prédateur n’est pas à son aise désormais qu’on l’a débusqué dans le secret de sa retraite. il prend le large, il l’abandonne au milieu de l’immense pièce à vivre et va jusqu’au bar, se servir de nouveau, plus par réflexe que par nécessité. des gestes automatiques complètent sa tâche, il lui prépare le même cocktail que celui qu’elle a pris au casino, qu’elle a toujours consommé en sa présence. des gestes mesurés, elle connaît ce tour dont il abuse pour recomposer ses esprits dès lors qu’on parvient à le surprendre. il lui tourne le dos, tandis qu’il lui parle. j’imagine que ça n’est pas une visite de courtoisie. qu’est-ce que j’ai encore fait ? une façon de montrer qu’il a perçu les signes de son ire, même si elle se force à les maquiller. il n’est pas amusé james, malgré les mots qu’il balance, il y a dans sa voix ces sonorités qui préviennent des dangers qu’il renferme, depuis des jours où la violence s’est faite sienne. la question tombe, ses épaules trahissent la tension qui s’éprend de sa carcasse, lorsqu’il fait volte-face, son visage est tiraillé par des inflexions contradictoires. il lui tend son verre et hausse deux sourcils provocateurs : parce que je le peux. c’est tout ce que tu as à dire ? désobligeance, il aboie déjà sur la fin de sa phrase, et il est sûr qu’il va mordre. il prend une gorgée, trop longue, trop vive, sans cesser de la regarder, de la toiser. j’espère que tu n’es pas venue chercher des excuses, tu devrais savoir que tu perds ton temps. référence tragique, le caveau grand ouvert, et la gamine dedans. ces condoléances qu’il n’a pas prononcées.

parce que tu n’es pas cette femme blessée. dans le sang tu renais, dans les frimas de ta colère, tu redeviens celle que je reconnais. pourquoi es-tu ici ? quand tu m’as repoussé, que tu n’as pas voulu me suivre dans ma macabre échappée ? il est mort, tu sais, le type que tu as cru sauver. il est mort, comme tous les autres. comme nous, n’est-ce pas ? cadavres ambulants, qui ne survivent que pour ressentir, ressentir encore, qu’importe s’il s’agit de la haine que nous nous sommes vouées. qu’importe s’il faut détruire ce que nous avons su adorer.
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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Ven 8 Jan - 20:09


◐ ◐ ◐  
{ la mort des amants }
crédit/ baudelaire ☾ w/@James Marlowe
Dans la tentative de te sauver, j’ai constamment échoué. Jusqu’à finir par te laisser tomber. Jusqu’à finir par nous abandonner. Mais peut-être n’ai-je jamais été destinée à te sauver. Peut-être était-ce à toi de m’éclairer, sur ce chemin que j’ai tant rechigné à emprunter. Peut-être que, dans les dédales obscurs auxquels j’ai échappé, tu étais ce repère inespéré. Cette main tendue dans la nuit fourbe, cet homme que j’ai perdu, aujourd’hui, je le retrouve. Comme je me retrouve.

Des jours entiers au bord de ce précipice,
à souffrir le martyr,
le manque de sa fille,
les souffrances terribles,
la noirceur de son mari,
les sévices subis.

Elle bascule, Alix,
à osciller sur un équilibre fragile,
à se dégrader dans les abîmes.

Elle est au-dessus du vide, Alix,
elle lasse entrevoir sa mélancolie,
mais jamais ne crie son agonie.

Des jours entiers à se sentir mourir,
il aura fallu d’un instant pour la faire revivre.

Il n’aura fallu que lui.

Comme si c’était dans l’ombre de l’horreur, que palpitaient seulement les battements de son cœur. Comme si, c’était dans le pire, qu’elle reprenait vie. Comme si elle n’est faite qu’ainsi, Alix. Des ronces de colère qui la prennent au piège. Ces liens qui l’entraînent et la retiennent, chaînes faméliques qui n’aspirent qu’à la dévorer tout entière. La laisser se consumer pour mieux se retrouver. La noyer dans l’obscurité pour mieux se remettre à exister. Peut-être qu’elle a passé toute sa vie à fuir le trône qui l’attendait. Peut-être qu’il est temps pour elle de l’embrasser. C’est loin d’être ce qu’elle est venue chercher. Mais c’est peut-être ce qu’elle s’apprête à retrouver.

Sortie de la torpeur cuisante dans laquelle elle était plongée,
elle a retrouvé le goût âpre de ses propres pensées,
de son instinct de survie,
pour elle, pour sa famille,

pour lui et à cause de lui.

Elle n’a pas réfléchi en venant retrouver James. L’instinct s’est fait naturel. Comme si, ce que son encéphale trop noyé était incapable de réaliser, son corps le devinait. Le corps d’une guerrière déchue qui retrouve ses réflexes jamais perdus. Le corps qui percute et appelle à cette lutte. À cette guerre qu’elle refuse, autant qu’elle la souhaite, de tout son être.

James l’attendait.

Comme un rendez-vous qu’ils se seraient donné.

James l’attendait.

Comme si le destin n’en avait pas terminé.

Avec eux, non, jamais.

Ni fioritures, ni artifices. Si lointaine est la dernière soirée qui les a réunis. Il n’y a plus ni faux-semblant, ni connivences. Son monde semble englouti depuis longtemps quand celui de James sommeille encore. Plus rien pour les retenir, plus rien non plus pour les préserver l’un de l’autre. De ces cœurs qui s’affolent. De ces lames acérées qu’ils pourraient se balancer. Déshabillée de l’armure qu’elle est si difficilement parvenue à se forger, Alix apparaît plus authentique que jamais. Comme le souverain, destitué du bouclier de son titre, n’est plus que celui qu’il a toujours été dans ses iris. Et je te retrouve enfin, mon amour. Et je me retrouve, à mon tour. La fureur noire qui lui ronge l’estomac est balayée, écartée par l’attitude irritante à souhait de James. Il prend le temps de préparer des cocktails, un pour lui et l’autre pour elle. Mais elle est si loin de ces futilités. De ses manières déguisées, elle le sait, pour mieux choisir les cartes qu’il va jouer. Il a oublié, peut-être, qu’il se trouve devant la pire de ses adversaires. Celle qui le connaît par cœur. « Épargne-moi ton petit numéro. » elle exige en reposant le verre sur le meuble le plus près. Elle ne l’a pas quitté de ses pupilles, pas une seconde depuis qu’elle est entrée chez lui. Comme si elle redoutait que son ombre puisse l’engloutir. Jusqu’à manquer de remarquer, elle, si observatrice d’ordinaire, ce cliché teinté de nostalgie qui décore toute la pièce. Alors qu’elle entame sans plus attendre le sujet, la réponse du ténébreux est loin de la rassasier. Au mieux, il risque seulement de la faire imploser. L’arrogance de l’aîné Marlowe a le don de l’agacer. Peut-être car elle est le reflet de sa propre impertinence. Peut-être aussi car elle a été, autrefois, source d’attraction indéniable entre les deux âmes lorsqu’elles étaient encore en symbiose.

Une autre époque,
un autre monde,

quand, ce soir, passé et présent se confondent.

Mais la louve n’est venue trouver ni excuses, ni explications, juste cet ordre qu’elle lui impose. « Ce que je veux, c’est que tu arrêtes de t’approcher de ma famille. » Irascible, elle risque de s’emporter très vite. Pas seulement pour sa famille. Mais pour la globalité de sa vie. Toute sa vie dans laquelle il s’impose précisément au moment où elle l’a banni. « J’en ai assez de te voir te pavaner partout, James. Tu viens à cette soirée dont je suis l’organisatrice et tu fous le bazar, puis, maintenant, j’apprends que tu continues de voir Milo ? » et elle sort les griffes, la féline. Les crocs acérés, protectrice à l’excès, quand il s’agit des êtres aimés. Ou c’est elle, certainement, qui est trop touchée de le voir aussi près. Désarmée des parasites alentour, loin du jeu des apparences et des détours, elle le fixe. Sans ciller. Les opales en demi-teintes ne se détournent pas de ce clair-obscur dans lequel elle se noie avec intensité.   « C’est terminé, tu m’entends, les Marlowe et les Ferreira, c’est terminé, alors tu restes loin de lui ! » elle continue sur sa lancée, les prunelles jamais déviées. Elle a conscience des liens intrinsèquement noués entre les deux fratries. Elle est sans doute égoïste, Alix, de refuser voir les sentiments qui subsistent, entre ces deux familles, jamais capables de totalement se haïr. Mais elle n’en veut plus, elle s’y refuse. Il est hors de question qu’un membre de sa famille se fasse encore avoir par ces Marlowe de malheur. Ils ont suffisamment semé le chaos et la terreur. Ils ont suffisamment brisé son cœur.

Et s’abat la foudre,
sur leur sanglant amour,
car dans le pourpre des plaies jamais cicatrisées,
renaît l’ombre d’une genèse jamais oubliée.

Parce que je ne suis pas cette femme blessée. Dans le sang, je renais, dans les frimas de ma colère, je redeviens celle que je reconnais. Pourquoi suis-je ici ? Peut-être car c’est dans cette haine que je t’ai vouée, que je parviens enfin à me retrouver. Peut-être car c’est dans l’obscurité de ton aura, que je ravive enfin en moi cette flamme.

Et peu importe si je me consume,
mon âme est déjà déchue,
au moins, une nuit, j’aurais vécu.

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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Sam 9 Jan - 0:36


la mort des amants
@alix romani

dans les méandres interdites, il y a ces mots tus, soigneusement rentrés, depuis des années. est-ce que tu l’entends, la douce mélopée, de nos trahisons passées ? est-ce que tu l’entends s’élever, comme un choeur qui sourde, du mal que nous nous sommes promis, du mal que nous nous sommes juré ? est-ce que tu l’entends tonner, dans les méandres interdites, chaque note proscrite, qui arrache aux dorures les contours menteurs. afin d’en exhiber les délectables meurtrissures ? est-ce que tu l’entends…

c’était elle, et personne d’autre. dans chaque souffle, dans chaque cri. dans chaque peur, dans chaque envie. c’était elle. l’apparition onirique, jusque dans le coeur de sa retraite, il y voit comme une provocation. comme s’il s’agissait d’encore le débusquer, le tirer de ses ombres pour le cracher en pleine lumière. et brûle l’horreur d’avoir su survivre, aux passions moribondes, et au deuil de l’enfant. de son enfant à elle, vie arrachée, vie troublée, vie usurpée. lui aurait-il donné le fruit de leurs amours si elles avaient vécues ? lui aurait-il offert, l’accomplissement d’une mère, au sein du seul empire, qu’elle aurait su élever ? à ses côtés ? c’était elle, et personne d’autre. c’est elle. c’est elle sur le seuil, madone portant les stigmates de ses doutes et de la folie, qui s’ancrent dans son coeur. elle a la pâleur de ces ailleurs passés, qui dessinent comme des rêves. james fuit l’image, il se détourne, de peur que sur sa rétine s’inscrive de ces délires dévoyés, qu’il nourrit en secret. james échappe, il se tient loin, comme pour la jauger. il ne veut ni rentrer dans le conflit, ni frôler les récifs qui les ont par déjà trop menacés la dernière fois qu’ils se sont vus. il ne veut pas se confronter à elle, pas quand les idées noires ont fait de ses hiers des masques mortuaires. il ne veut pas. il ne veut plus. dans leurs conflits au seuil de l’éternité, il hésite. pour la première fois. elle refuse son verre, il conserve le sien. contradiction, asymétrie. c’est eux, depuis l’origine de leur relation. c’est elle qui veut, c’est lui qui craint de froisser l’amitié qu’il a liée à son frère. c’est lui qui dévore, c’est elle qui prend peur. c’est eux ensemble, qui dévoient les heures pour les inscrire dans une réalité qu’ils sont seuls à voir, qu’ils sont seuls à porter. c’est elle qui exige, c’est lui qui refuse. c’est eux… c’est eux. puis rien après, si ce n’est ces toujours qu’ils n’ont pas su tenir. c’est fou comme les mots d’amour savent mentir. tu te rappelles, tu te rappelles ? le son des murmures, la froideur de l’injure, le goût de la luxure ? tu te rappelles, tu les sais forcément, ces images que je traîne. il prend une gorgée, menue. rien qui ne trahisse encore la soif inextinguible, et l’envie d’en découdre. et il en crève déjà, parce qu’elle se montre devant lui, démunie, faussement fragile, rage éruptive dont il connaît chaque nuance, pour les avoir caressées, puis vouées à l’abîme. béante.

déjà des reproches. il a un faux sourire, celui du menteur. celui du joueur. mais il ne sait plus jouer, les jours récents ont usé ses atouts, il est fatigué. il est même à bout. je ne t’épargnerai rien. préambule tendu, qui tonne comme une sorte d’ultimatum. pour qu’elle parte. qu’elle parte tout de suite. qu’elle rebrousse ce chemin qui finit dans les flammes. il les ressent gronder, dans le creux de sa tempe. il a mal. un foutu mal de crâne qui ne le quitte plus et qui combat chaque once de ce calme qu’il souhaite revêtir. pour mieux lui tenir tête, pour mieux trahir l’image adorée qu’elle arbore. tout mais pas ça. tout mais pas cette résurgence qui n’a rien à voir avec les échos mélancoliques de la soirée mondaine. c’est plus trivial, plus charnel aussi. ce sont les premiers écueils, les tous premiers pas. il les sait, il les connaît. par coeur. par dessus son épaule à elle, il regarde le cliché, l’immensité de cette rue du queens. la seule échappatoire. et leurs ombres, leurs ombres fragiles, parties un jour. plus jamais revenues. ils n’existent plus, c’est ce qu’il aimerait croire. il aimerait connaître les tons de la piété pour savoir les murmurer devant elle. rappeler l’acte de foi. mais son éloquence d’habitude si volubile devient granitique. il se tient là, devant elle, droit, image d’une arrogance blessée, qui n’a plus rien de la majesté qui parade sur les tapis trop chers du sinners. il n’a plus rien. et ce néant qui cherche à s’ouvrir en lui, il ne veut pas le partager avec elle. il ne veut pas. aux reproches, succèdent les ordres. il se hérisse plus encore, ses joues se creusent, son regard s’enténèbre. il n’est peut-être plus roi ce soir mais il n’a jamais supporté qu’on lui donne des ordres. alors il se tait. car le néant, le néant le menace, les menace et il engloutira tout. et la peine, et la colère. la haine, et l’amour qui l’a fait naître. tout. tout. et il ne restera rien. ses yeux se figent, sur elle, en elle, il cherche à se raccrocher à un détail, à n’importe quoi qui puisse trahir ce jeu détestable qu’ils ont appris à la va-vite depuis qu’elle est revenue dans son existence. histoire d’avoir quelque chose à dire, plutôt que d’excaver les plus hideux hurlements. et puis elle parle trop vite, elle est alix, enflammée, dissidente, celle qui tient tête au monde entier, pourvu qu’il y ait un combat à mener. alors il ne veut pas être james, il a peur soudain de cet affront qu’il ressent, de cette brûlure qui envahit ses veines. sa main se fige autour du verre, qu’il ne porte plus à ses lèvres blêmes. il roule des yeux devant ses remontrances, mais sa gorge serrée par une sensation aussi brute que fatale l’empêche de plaider sa cause. il ne fait que contrer l’argument, comme un adolescent buté : tu te fous de moi ? c’est toi qui n’arrêtes pas de venir me pourrir la vie. mais c’est déjà trop de mots pour cesser l’offensive. tu avais à venir jusqu’au casino ? non. tu avais à me suivre dans ce putain de couloir de service ? non. tu avais à te montrer dans mon appartement, à une heure trop tardive ? non. james gronde, ça va crescendo, ça emplit toute sa cage thoracique, et il respire trop vite. un pas. un seul. qu’il interdit aussitôt. ne franchis pas la limite. ne bouge plus. reste-là. elle va s’en aller. elle va partir. et tout pourra continuer.

continuer quoi, il ne sait pas trop bien. la fresque qu’ils déchirent à quatre mains, depuis de longues semaines, depuis des années même, ne ressemble plus à grand chose. les paysages sont connus, mais l’action se morcèle comme une tragédie dont on ne connaitrait que l'épilogue. les actes oubliés, il n’y a plus qu’à mourir. il ne parle pas du frère, de ce prétexte qui lui paraît être celui d’une enfant capricieuse. il fréquente milo simplement parce qu’ils s’apprécient, parce que ça a toujours été le cas. quelque part, ils se comprennent, ils ont la même fièvre qui court sur leurs nerfs, même si elle se délivre différemment. et il fait bien, en vérité, car alix enfonce, les défenses, et tous les statu-quo qui pouvaient exister. le visage de james change, de son expression enragée il ne peut rien ôter, la blessure est grande ouverte et elle saigne devant elle. le geste trace la colère, le verre qu’il tenait, un old-fashioned vraiment mal dosé, il le balance à l’autre bout de la pièce. ça explose. ça éclate. dedans. dehors. le fracas est complet. et ce pas. ce pas il le trace jusqu’à elle, trop près, bien trop près, mais il s’en contrefout. tu n’as pas dit ça. tu ne l’as pas dit. tu n’es pas venue jusqu’ici pour me quitter une seconde fois. il sait que c’est absurde mais c’est ce qu’il ressent. trahison en écho de la rupture, comme si elle n’était revenue que pour partir encore, que pour lui tourner le dos, fuir les ténèbres qu’elle aura cette fois-ci elle-même nourris. il la toise, la surplombe, il sait qu’il ne l’effraie pas et pourtant il y a de quoi. ce sera jamais fini. jamais ! tu m’entends ? ce sera fini quand il ne restera plus rien. rien ! ni de toi. ni de moi. la vérité crue. nue. déformée devant eux, qui ne peut plus se taire, le mensonge a fait long feu, il faut maintenant l’enterrer, avec tout le reste.

ça sera fini quand je l’aurai décidé, quand tout aura été dévoré, jeté, vitriolé par nos frasques. quand nous serons rompus de n’avoir pas su vivre au milieu de ces autres qui ne nous comprennent pas. quand l’on aura brûlé, une toute dernière fois. parce que j’ai plus de patience alix, pour cette putain de guerre, qui ne se déclenche pas. il reste ces souvenirs, et ils se déguisent en doutes pernicieux, et je ne peux rien sauver de ce qui a été. il faut donc tout détruire ? si c’est ce que tu souhaites, alors on se détruira toi et moi. on creusera dans ces fondations d’autrefois, celles qui nous ont permis de nous élever, de rêver, ou même de continuer à respirer. on creusera, jusqu’à tout effondrer. si c’est ce que tu souhaites. si ce n’est pas une vie, alors ça ne sera qu’une nuit, pour seul point d’orgue.
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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Mar 12 Jan - 19:38


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{ la mort des amants }
crédit/ baudelaire ☾ w/@James Marlowe
Je refuse de la laisser s’immiscer. Je refuse de la laisser se loger dans les sinuosités de l’esprit que tu as déjà beaucoup trop tourmenté. Je refuse de l’écouter, je refuse de te laisser t’infiltrer, encore en moi après toutes ces années. Mais l’aria sonne tout bas, à chaque pas qui me ramène à toi. Comme un venin injecté il y a des années, tu poursuis ton chemin insidieux dans la sève qui coule dans mes veines. Poison chimérique, presque irréel. Simulacre d’un passé que je voudrais taire, mais que je recherche, chaque fois que je reviens à toi, James.

Entre amertume voilé et sentiments infondés,
une entaille dans le palpitant jamais cicatrisé,
une fêlure à l’âme arrachée,
quand elle a dû se passer de sa moitié.

Elle veut ensevelir ce qu’ils ont été,
pour mieux déterrer ce qu’ils n’auraient jamais dû oublier,
cette rivalité,
cette aversion mutuelle des familles opposées,
cette hérésie entre deux clans qui n’étaient pas censés s’apprécier,
ils ont fait bien pire, eux,
rien qu’à deux,
ils se sont aimés.

C’est parce qu’elle l’a autant aimé, qu’elle peut si fort le détester. James surplombe de loin toute l’aversion qu’elle pourrait éprouver, à l’égard de ses sœurs ou bien de leur mère. À l’égard de tous ceux qui ne sont pas James. Au deuil lancinant qu’elle subit, s’ajoutent les rancœurs indélébiles, les désillusions versatiles. Les blessures dont elle aurait dû guérir.

Je ne t’épargnerai rien.

Mais l’as-tu seulement jamais fait ?
M’as-tu épargnée,
quand tu as refusé de tout quitter,
M’as-tu épargnée,
quand tu m’as déniée,
M’as-tu épargnée,
quand tu as choisi la couronne qui te revenait,
plutôt que l’Amour qui nous unissait ?

M’as-tu épargnée,
quand tu les as laissés la tuer,
quand tu n’as pas tenté de coopérer,
quand tu n’as pas daigné,
me rassurer ?

M’as-tu épargnée,
dans cette fête où tu t’es invitée,
dans cette vie que tu avais rejeté,
dans ce monde qui te rebutait,
quand je te le proposais ?

M’as-tu épargnée,
quand tu as poursuivi,
ces liens avec ma famille,
quand moi, tu m’en prives,
quand moi, je n’ai plus ma fille ?  


Il ne lui épargne rien. Jamais rien. Prêt à percer son cœur abîmé, transpercer les balafres du passé, pour mieux la torturé. Les lames acérées, ces nouvelles plaies qu’il vient lui infliger, s’ajoutent aux réminiscences des sentiments inoubliés, pour mieux la torturer. S’il s’essaie encore à la piquer, de ces apparences qui ont déjà voilé les deux rencontres qui ont précédé, Alix n’a pas la force de s’aligner. Ni jeu, ni provocation dans son timbre, pas plus que dans ses prunelles. Moins encore quand elle lui donne ces ordres vindicatifs qu’il ne suivra pas. Elle le lit, seulement, à son regard. À ses opales soudain bien plus noires qui la dévisagent. Il semble creuser dans les tréfonds écorchés de son âme, des vérités qu’elle ne saisit pas. En quête, James, en quête d’une faiblesse, peut-être. Mais elle ne masque aucune fragilité, aucune méprise dans ce qu’elle peut éprouver. Elle apparaît telle qu’elle est, Alix, abîmée. Lassée. Éreintée et emportée. Blessée, pas encore, pas si tôt. La colère dépasse les failles néanmoins décelables, elle surplombe tout alors qu’elle exige la fin de cette comédie amicale. Résurgence d’hier, James ne se laisse pas faire. Il lui rappelle, sans en avoir l’air, celui qu’elle a connu dans une autre vie. Une vie avec elle renoue beaucoup trop vite. Beaucoup trop facilement, aussi. Plus il parle, plus le masque du présent s’effrite. Comme lui, il paraît faiblir, quand il s’importe. Quand il perd le contrôle. Sa retenue s’évapore, avec les mots qu’il lui sort. Elle connaît James, il n’est pas comme elle. C’est quand on lui arrache son calme qu’il est le plus vulnérable.  Mais il l’atteint, lui aussi, il la frappe de plein fouet avec sa vision falsifiée de la guerre qui les unit. Avec elle qui revient, quand lui n’est jamais parti. Quand, lui, refuse de partir. « Je ne serais pas venue te voir si tu ne tournais pas autour de mon frère ! Je ne t’aurais pas suvi si tu n’étais pas venu à cette fête ! C’est toi, toi qui t’immisces dans ma vie ! » Quand elle, ne rêve que de l’en voir sortir. C’est là tout le paradoxe qui l’anime. Les contradictions la submergent sans même qu’elle n’essaie de les empêcher, Alix. Elle le veut hors de son existence. Mais c’est elle qui lui promet belligérance. C’est elle, qui veut cette guerre. Elle s’insinue dans chaque pan de sa vie, dans chaque fragment de son être. Elle décortique le moindre de ses faits et gestes. Puis, s’oppose à l’idée même, qu’il effleure dans sa propre vie la moindre parcelle. Alix, injuste, Alix toujours plus dure. Elle marque l’arrêt final entre les deux familles qu’elle condamne. Elle va à l’encontre de l’avis paternel, elle ne demande pas davantage leur avis à ses frères. Elle va, toujours plus loin dans ses envies vengeresses.

Et elle finit par faire craquer James.

S’il se tenait éloigné jusqu’à présent, il semble que les volontés de la ténébreuse lui aient ôté toute son assurance. Toute sa prestance bafouée quand il brise le cristal contre le mur avec violence. Une brutalité qui ne fait même pas ciller l’ancienne amoureuse qui n’est pas à son premier coup d’éclat. La fougue d’antan la déroute moins encore que les mots qu’il prononce. Ils en sont là. Aux premiers pas. Aux ébauches à peine esquissées, du couple qui s’est ensuite formé. C’est quand elle marque la séparation que, plus que jamais, elle révèle comme leurs âmes sont encore reliées l’une à l’autre. Combien les liens entre eux ne cessent de s’entremêler, plus forts que jamais. Il est si près d’elle qu’elle devrait avoir peur. Seulement, malgré l’horreur, malgré la terreur, elle serait incapable d’avoir peur de James. Ni peur tout court car elle n’a plus rien à perdre. Ses iris noirs se jettent dans l’océan glacé qui paraît de feu, cette lueur dangereuse qui perle dans les pupilles en rage alors qu’il dégueule cette vérité qu’elle ne veut pas voir. C’est le silence qui répond à la cruauté d’une réalité trop douloureuse à croire. Une inspiration qui s’échappe, elle réalise que les battements de son myocarde se sont excessivement accélérés, les deux globes toujours fixés sur son amour rival. « J’ai tout perdu, James. Il ne reste déjà plus rien de moi, alors il ne tient qu’à toi de sauver ce qui reste de toi. » Car elle, elle ne faillira pas. Elle n’a plus limites, ni raison, depuis son trépas. La mort de sa fille a engendré la sienne, comme un second instinct. C’est dans un calme effarant qu’Alix s’éloigne pour récupérer le cocktail qu’elle lui a précédemment refusé. Elle se retourne vers lui, le verre entre ses doigts, remarquant à cet instant seulement, le cliché venu tout droit d’une autre réalité. Un monde parallèle où ils ont été capables de s’aimer. Elle ne sait comment encaisser cette photographie dont elle est elle-même à l’origine. C’est trop facilement que les ombres du passé ressurgissent. Qu’elles viennent amplifier un peu plus son agonie. Peut-être, peut-être, quelque part, en James, reste un infime fragment de l’homme qui l’aimait. L’ambré qu’elle porte à ses lèvres alors qu’elle demeure perdue dans l’obscurité de ses pensées, la ténébreuse en boit une longue gorgée, avant d’oser. Juste une seconde, s’égarer. « Tu imagines ce que ça peut me faire, de savoir que tu continues de voir mon frère alors qu’on en est là, toi et moi ? » On en est là, toi et moi. À se déchirer. À se briser. À se bousiller. Juste, pour continuer d’exister. J’ai des envies de tuer quand je pense à toi. Mais elles me font oublier celle de me tirer une balle. Les désirs assassins, ils empêchent ma propre fin. Elle repose l’alcool entamé sans le terminer. « J’aurais dû te laisser crever cette nuit-là. » Ni menace, ni regret. Juste un constat douloureusement vrai. Ça aurait été plus facile. Tellement plus facile sans lui. Sans lui pour mettre à mal son cœur déjà trop fébrile. Sans lui pour fragiliser un équilibre qui ne tient plus qu’à un fil. Sans lui pour bouleverser, encore, toujours, sa vie.

Sauf que je n’en suis pas capable,
j’en suis incapable,
je te promets l’horreur,
je te promets la guerre,
mais je n’arriverais pas à t’atteindre,

je mène ce combat,
sans penser à l’issue finale,
sans penser à l’ultime face à face,
sans penser à toi et moi,

pourtant, on est là,
toi et moi.

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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Mer 13 Jan - 19:13


la mort des amants
@alix romani

pourquoi ? laisse-la entrer, laisse-la te posséder, cette mélodie entêtante, comme un irrépressible poison. poison délétère, des notes suraiguës qui nous emmènent au-delà des frontières écroulées par nos guerres. infortunées victimes, inflexibles bourreaux, nos masques se confondent pour mieux se reconnaître. c’était avant. c’était avant, et pourtant ça semble si présent. le passé est une onde qu’il nous faut supporter, jusqu’à nous laisser engloutir, jusqu’à ce qu’elle emporte toutes les iridescences que nous avions appris à chérir. car nous n’aimons plus, n’est-ce pas, alix ? nous n’aimons plus ce qui fut, nous ne faisons que nous y raccrocher, indigne réflexe de rois et de reines trompés.

ils ont appris à s’aimer, ils ont appris à s’en aller. ils ne parviennent pas à se haïr vraiment, il y a dans leurs affects presqu’une compromission, une façon de surjouer l’offense pour se garder du pire. du pire qu’ils pourraient créer, si jamais ils s’affrontaient véritablement. james ne s’y résout pas, il essaie, il essaie depuis des jours et des jours, d’appliquer sa haine sur ce passé ignoble qu’elle est venue lui rappeler. qu’il s’était efforcé d’oublier. l’absence était sans doute préférable à ce deuil qu’il n’a jamais su consommer, de peur de perdre ce qui fut. celui qui fut auprès d’elle, lueurs immobiles pour mieux la convoiter, lueurs indociles qui cherchaient à la dévorer. étrange alliance que la leur, mariage arrangé par le sort plutôt que par leur lignée, c’était l’éclat impromptu dans le marasme ambiant. une erreur au visage radieux, une erreur jamais totalement assumée, surtout lorsque le secret fut dévoilé. il fallait subir les machinations de leurs pères, les avenirs tracés pour un amour absolu, qui ne semblait n’avoir ni de commencement ni de fin. pour elle, c’était s’évader, partir avec lui, partir, s’accomplir en dehors du carcan. pour lui, c’était construire, affirmer le pouvoir qui lui était donné, tout contre elle se forger plus inflexible que jamais. erreur, impossible erreur. erreur qui revient, balancée à leurs visages, dans cette pièce où ils semblent prêts à s’entredéchirer. ne rien t’épargner, c’est ce que j’ai toujours fait. j’ai versé l’engeance dans ton sein, toi qui n’étais pas faite pour la porter. regarde-toi désormais… déparée de tes lustres indociles, tu apparais telle que je t’ai façonnée. car tu as grandi entre mes bras serrés, alix, tu as grandi jusqu’à t’affirmer, affirmer un autre pouvoir, celui de ta foutue liberté. celui qui m’échappait, et qui m’échappe encore. comme toujours avec toi.

elle est belle alix, elle est belle comme ça. perdue dans sa colère, pourtant irrésistiblement là, présence qui habite tout l’appartement, qui vient en changer l’atmosphère. plus de secours ici non plus, la retraite n’est pas permise, il faudra qu’elle vienne le chercher dans les ombres, dans la lumière, dans son quotidien, et jusque dans ce passé fragile qu’il a recomposé ici. des souvenirs, rien que cela, diaphanes, à peine frôlés ils s’évanouissent déjà. mais ça n’est plus possible désormais, demeure sur sa rétine l’image qu’elle renvoie, reine blessée qui vient répandre ses injures jusqu’à lui, pour l’entraîner dans sa dérive, quand il dérive déjà. il dérive depuis des jours dans des sentiments qu’il ne sait plus lire, plus avouer, plus dire. et maintenant qu’elle est ici devant lui, il se dit qu’elle est l’essence même de sa corruption, que ça a commencé avec elle, et que ça finira avec elle aussi. parce qu’il est fatigué, fatigué autant qu’elle, que les mots se froissent, que la colère se retranscrit dans les gestes et dans les propos qu’ils osent enfin. pourquoi es-tu venue jusqu’à moi, alix ? pourquoi ? ne peux-tu pas me laisser une seule seconde de répit dans cette inhumanité que tu me reproches sans cesse ? ne peux-tu pas m’abandonner à la lie de mes ombres, pour que j’y pourrisse ? je saurais y mourir tu sais, je n’ai pas besoin que tu m’aides pour disparaître. je disparais déjà, parce que tout m’échappe, et n’est plus roi celui qui ne peut prédire les avenirs, et encore moins les forcer. j’ai essayé tu sais. de me débarrasser de toi, comme un cancer que l’on excise, pour le rejeter en dehors de son organisme. une amputation plutôt que l’abattement, les relents de mort et d’excitation maladive. dès que tu apparais. si je ne peux te haïr, ne veux-tu pas cesser d’exister ?

mais ça n’est pas possible. une part de lui s’y refuse, homme amoureux jadis, il demeure l’envie de la préserver, de lui, et d’elle en définitive. une part de lui l’a attendue ici, l’a attendue longtemps, comme s’il s’agissait de l’évidence au moment même de la rupture. s’effacer n’aura pas su éroder ni les souvenirs ni les sentiments idolâtres qu’elle fait naître en lui. alors arrête. arrête. tais-toi ! mais disparais du paysage putain, retourne à ta vie dans ton immeuble de luxe, avec ton mari. arrête de me foutre sur le dos le malheur que tu subis. tu m’as quitté alix. et son ton se brise sur cela, son ton vindicatif se brise, quelque chose se noie. il n’a pas envie de revivre ça, de subir plus que la rupture, le désaveu. lui demander d’être autre chose que cet héritier d’un empire où la violence est la loi, c’était pire que de simplement s’éloigner de lui. lui demander de devenir ce qu’il n’a jamais su être. sous les coups d’isaac, sous son intransigeance, sous son regard de patriarche austère, abandonné à la tyrannie de ses idées, sans sa mère pour le protéger. lui demander cela, c’était trop, et il ne reviendra pas en arrière. je suis ce que je suis. et si ça te débecte, si ça te dégoûte, débarrasse le plancher. ne viens ni me donner des ordres, ni me supplier d’épargner quoique ce soit. c’est trop tard pour cela. et il se contredit aussi james, il la repousse alors qu’il a clamé que ça ne serait jamais terminé, il la renvoie dans le passé d’où elle a su revenir, alors qu’il la veut dans son présent, à y souffrir. il ne sait plus, il devient dingue, et il a mal au crâne, si mal au crâne. le paroxysme atteint, il a l’impression qu’il pourrait se jeter sur elle pour en découdre, écraser son crâne sur le sol pour qu’il ne reste rien, de ses airs, de sa fureur, de ses envies, de ses exigences, de ce passé désuni. plus rien, que du sang, le seul langage qu’il ait appris. mais il commet une erreur. ce pas qu’il a tracé, cette proximité, c’est toute la musique qui renaît, qui vient envahir son corps et sa tête, appuyer le mal plus profondément encore qu’il ne l’a lui-même esquissé. yeux ancrés, horizons trompeurs et abîmes tentateurs. il pourrait se perdre ici, il pourrait se perdre maintenant, rien que par cette inspiration qu’elle échappe douloureusement. la menace se délivre et il y voit au contraire, dans toute sa perversion, un univers à défaire, à dérober et à prendre. d’autres enfers à lier aux siens. d’autres éternités où désespérer. je ne veux pas. je ne veux pas me garder de toi, je l’ai fait et j’ai échoué. je ne veux pas, je ne peux pas. tu ne vois donc pas ce qui reste ? soupirs, qui se conjurent. il se surprend d'avoir laissé échapper une telle idée. il se maudit de se complaire dans ce qu’il lui fait subir. ou bien c’est elle qui est à l’origine de son tourment, il ne sait plus en cette seconde trop longue qui a apposé en premier la blessure, celle qui continue de tout gangrener.

le geste qu’il esquisse échoue lamentablement, apaisement ou bien vindicte, qu’importe, elle s’éloigne, s’échappe. vient chercher le secours de l’alcool fort quand lui reste là, sclérosé dans ses muscles harassés par la colère. et tout tremble, tout tremble quand elle pose ses yeux sur la photo, sur le poster qui trahit cet attachement qu’il n’aura pas su rompre. toutes ses velléités aux mensonges deviennent creuses, et il abandonne là le combat qu’il croyait pouvoir mener contre elle ce soir, il n’en a pas la force. alors qu’elle observe le tombeau indécent de leurs amours navrées, il se sent effroyablement serein, le temps que leurs souffles tracent ces ailleurs qui leur appartenaient. la parole est ténue, il peine à comprendre ce qu’il a entendu, et comme aimanté, il se rapproche d’elle, des échos malingres de la femme jadis aimée, toujours aujourd’hui adulée, pour ce qu’elle a su être. pour ce qu’ils ont été, reliés, à nourrir des espoirs éventrés à leurs pieds. peut-être a-t-elle raison, et qu’il ne reste plus rien d’elle. et bientôt qu’il ne restera plus rien de lui. comme les pleurs sous la pluie, qui dévalent les statues de marbre. profils estampés par la vie, ils veilleront un jour sur ce qui aurait pu être, pour ne pas oublier. je ne parviens pas à oublier. à t’oublier. il ne lui répond pas, le geste esquissé tout à l’heure se pose, tout contre son épaule, comme pour la délester de la peine qui s’abandonne dans son ton. et il relève les yeux, juste derrière elle, pour observer ce paysage inchangé, qu’ils ont pourtant su brûler. en eux. dans leurs esprits vaincus par la hargne de se reconnaître. de se reconnaître encore malgré tout le mal qu’ils ont su se faire. et qu’ils continueront de broder tout contre l’épiderme des amants d’hier. tu aurais dû, sans doute que tu aurais dû. mais tu ne l’as pas fait. pourquoi, alix ? pourquoi on ne peut pas juste se croiser, là-bas, dans le lointain de park lane ? park lane, c’est la rue devant eux, c’est cette aventure dorénavant échue. et qui continue, à tromper l’existence, pour survivre estropiée. tu crois que je ne sais pas ? la peine que tu peux ressentir ? je n’aurais pas dû… le rencontrer encore. mais… voix profonde, qui continue de s’abandonner au silence immobile de l’immense pièce, inondée de lumière. mais je ne peux pas. tout comme toi. tout comme il m’apparaît impossible que tu aies donné ta confiance à la folie d’une mafia rivale, pour que ma soeur soit avilie, puis tuée. et pourtant le doute pernicieux revient pour mieux le torturer. elle ne serait pas capable de feindre à ce point-là, son amour. elle ne pourrait pas. je sais ce que ça fait, parce que j’ai cru… j’ai cru que tu étais coupable de ce qui est arrivé à médée. voilà où on en est. sans confiance, sans alliance. sans rien. et je ne me suis jamais autant senti démuni.

sans toi, sans même cette haine que tu ne me portes pas, je me sens déambuler dans des immensités blafardes, où je pourrais me perdre à tout jamais, où tu pourrais me suivre pour mieux survivre. et j’en suis arrivé, à te promettre l’horreur pour sentir un instant cette angoisse me quitter, depuis que la trahison en moi a opéré ses immondes fissures. je frôle la folie alix, et je continue de t’y convier, incessant appel que je ne peux pas interdire. je ne l’ai jamais pu.

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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Ven 15 Jan - 20:01


◐ ◐ ◐  
{ la mort des amants }
crédit/ baudelaire ☾ w/@James Marlowe

Tu as tout bousillé,
tu as tout fracassé,
à la seconde où j’ai osé rêver,
rêver de toi et moi,
toi et moi autre part,
dans un ailleurs qui nous aurait appartenu,
dans un monde où on ne se serait pas perdus,

j’ai osé y croire,
j’ai osé, l’espoir,
avec toi.

Mais tu m’as ramené à la réalité,
tu m’as prouvé tes instincts meurtriers,
tes désirs si ravageurs,
quand je t’offrais mon cœur.

Et tu voudrais, tu croirais,
que je peux laisser ce poison me submerger,
que je peux te laisser, à nouveau, me briser,

Et tu voudrais, tu croirais,
que je te donnerais l’occasion de me posséder,
quand je n’ai jamais su pleinement me libérer,
quand un fragment de toi est encore disséminé,
quand tu continues, encore, de me hanter ?

Tu n’es jamais totalement parti, James,
mais il est hors de question de te faire revenir.


Il y a tout qui déborde. Les ressentiments qui éclosent. Les rancœurs qui s’affolent. Et les cœurs, surtout, s’affrontent. Il ne s’agit plus des Marlowe, ni des Ferreira. Il ne s’agit même plus de Flora. La fille trépassée, perdue et sacralisée est devenue le déclenchement d’une tempête qui ne les laissera pas indemnes. Les typhons qui secouent l’encéphale nébuleux depuis des jours prennent de l’ampleur. Les rafales cognent son âme, puis atteignent le plus fragile des organes ; le cœur, toujours le cœur. Martelé des coups infligés par un présent cruel, il se retrouve aussi heurté au rappel incessant d’un passé dont elle devrait avoir fait le deuil. À la lyre perpétuelle d’un amour sans fin. À sa présence continuelle. À lui, tout entier, James.

Tu m’as quitté Alix.

Vérité cruelle avérée,
éclatée devant ses traits défaits,
il ravive la plaie,
rouvre les stigmates que tu croyais réparés.

Tu l’as quitté, c’est vrai,
c’est toi qui es partie,
toi qui as fui,
alors pourquoi te sens-tu abandonnée,

pourquoi est-ce que ça fait si mal,
de le sentir aussi peu enclin à te comprendre,
de le sentir aussi indifférent à ta souffrance,
de le sentir, aussi loin de toi ?


C’est le silence qui l’étreint. Sempiternel silence quand les confessions sont bien trop tortueuses. Trop, dangereuses. Son équilibre décline, entre le bien et le mal, elle défaillit. Reine déchue, devenue funambule, dans les affres où elle a plongé à corps perdu. Elle avance à tâtons dans une brume de plus en plus épaisse, dans un chemin dont l’opacité se révèle meurtrière. Alix, elle pourrait tout perdre. Comme elle a perdu James. Actrice dans le schisme dont elle avait pris le rôle principal,  elle s’en est pourtant sentie spectatrice. Victime. Martyre de cet univers qui la rebutait, mais qu’il lui a préféré. « Je t’ai quitté pour ne pas vivre entourée de sang ! Et c’est encore ce que je subis à cause de ton clan ! » L’injusticière frappe comme elle le fait si bien. Persuadée d’avoir raison alors qu’il évoque leur séparation. Mais elle réprime cette autre vérité, cette capacité avérée qu’elle a, en effet, de tout lui reprocher.

Et je ne te le dis pas, je ne te l’avouerais pas. Jamais. Si c’est toi que je viens chercher, c’est certainement car tu es le seul à même de faire renaître celle que j’ai été. La téméraire, en moi, l’incendiaire. Celle qui n’a peur de rien. Celle qui secoue le monde entier, même, si elle le veut de sa colère. Celle qui transforme sa détresse en rage de vaincre. Celle qui a vu le jour, sous tes propres iris, une autre nuit comme celle-ci, née d’une autre ire, dont tu étais déjà fautif. Te souviens-tu, James ? Te souviens-tu, de cet éveil ? Et de nos âmes qui, pour la première fois, se connectent ? Qui s’entremêlent sans prévenir, jusqu’à la fin, jusqu’à aujourd’hui. Encore aujourd’hui.

C’est avec lui que tout a débuté. Qu’elle, a débuté. Ce n’est qu’avec lui que tout pourrait s’achever. Mais prise dans des contradictions plus immenses qu’elle, la princesse des ténèbres abhorre cette parcelle d’elle, l’honnit autant qu’elle lui est nécessaire. S’il savait. Si seulement il savait. Comme elle peut l’envier. L’envier d’avoir été capable de se noyer dans cette obscurité. Se dissoudre dans les abysses macabres qui leur ont toujours été destinés. Comme elle les a toujours enviés, tous, d’être capables de s’y fondre. S’y confondre. Quand elle, ne s’est jamais sentie elle-même. Ni là-bas, ni dans la lumière. Trop  sombre pour l’éclat fascinant qu’elle a pu convoiter, trop incandescente pour les ténèbres désespérément familiers. Jamais à sa place, Alix, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse. Elle n’aura jamais su oser, comme elle a été inapte à renoncer. Toute la vie construite est un mirage qui n’a pas suffi, pas suffi à lui faire oublier l’abîme. Le vice. Le goût meurtrier du sang qu’elle refuse encore de faire couler. Il n’y aura que la faucheuse, venue emporter sa fille, pour peut-être la faire ressurgir. Néanmoins, là encore, elle serait incapable de dire, ce que James assume de son timbre authentique. Et il ne sait pas, sans doute, comme elle l’admire ainsi. Comme elle le trouve beau ainsi. Une adoration qui subsiste, malgré les dérives, malgré les crimes. Malgré le pire. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. » elle rétorque, s’oppose, à ce dégoût qu’il croit lire dans ses orbes. Mais elle chancelle, sans s’en rendre compte, quand il ose. Quand il s’approche. L’opale plantée dans les émeraudes de son amour damné, la louve le scrute en réfutant tout le trouble qui pourrait s’amorcer. Les battements d’un myocarde endormi, brisé par lui, émietté par son mari. Le cœur encore fébrile, mais qui, déjà, reprend vie. Jusqu’à ce qu’elle entende cette question dont elle ne décèle pas la réponse ; dont elle est effrayée par la réponse.  

Que reste-t-il ? Rien, James. Le néant. Le trou noir et béant. Celui qui nous aspirera. Celui qui nous tuera. Celui qui, peut-être enfin, quand tout sera terminé, nous réunira. Rien, il ne reste rien, James. Seulement des débris, des éclats morcelés, d’un amour achevé, recouvert d’une haine venue l’intoxiquer. Rien, il ne reste rien. Il ne restera rien. Juste toi, moi, et cet enfer.

Animés par autant de paradoxes, les âmes condamnées se confondent. Elle vient, il la rejette. Il avance, elle recule. Elle se dérobe à l’emprise, aigrement nostalgique qui pourrait les unir. Elle s’éloigne, pour mieux garder ses émois, pour mieux garder contenance, quand il l’enveloppe tout entière de sa prestance. De sa présence. De tout son ascendant qui englobe la pièce. Et elle avec. Les prunelles dévient vers ce cliché qu’elle reconnaît, qui la heurte de plein fouet. Dans son palpitant, tout se détraque. Les idées fusent, les émotions confuses, et elle, un peu plus perdue. Elle, qui égare ses barrières. Lui, qui la met à terre. Encore davantage à chaque parole qui s’échappe de ses lèvres. Un pas de plus qu’il fait vers elle. Vers sa silhouette. Mais, surtout, vers ce bout de son âme pas totalement éteinte. Elle ignore ce qui se déroule, ce qui se passe en lui quand il dépose les armes factices. Quand il l’atteint, par autre chose que la haine, quelque chose de bien plus périlleux que la haine. Par les analectes scabreux de ces liens qui les enchaînent, les emprisonnent et les prennent au piège. Par sa main qui se pose sur elle dans une caresse. Le battement s’interrompt, seulement ses pupilles restent accrochées à son regard. À sa voix. À lui qui leur fait mal. Silencieuse, l’âme en perdition se sent incapable de creuser à nouveau cette distance. Elle se délaye dans sa présence.

Tais-toi,
je t’en prie,
tais-toi,
avant qu’il ne soit trop tard,
avant que ça nous soit fatal.


Mais il n’entend pas ses suppliques internes. Il continue, il poursuit, jusqu’à obtenir une réaction qui pourrait définitivement le faire fuir. Il évoque Médée, dont elle a connu, pour suivre de près l’ennemi, la douloureuse mésaventure. Il met les mots sur la réalité qui les a fouettés, sur tout leur monde en train de s’enterrer. La gorge nouée, elle l’entend avouer la fragilité, celle qu’il a si peu l’habitude de dévoiler. Un instant, pour la première fois depuis longtemps, elle a la sensation de retrouver son amour d’antan. Celui en qui, précisément, elle avait confiance. « Je ne ferais jamais une chose pareille à Médée. » et elle comprend, soudain, l’affront qu’elle a dû lui porter. Quand elle a insinué sa part, à lui, de responsabilité. Elle comprend car c’est injuste, incohérent, impossible, d’imaginer qu’elle puisse faire souffrir la sœur d’une autre vie. Paupières closes, elle tente encore de maintenir le contrôle. Mais il a disparu, il a disparu à la seconde où James a posé sa main contre son corps. À son tour, elle approche. Comme pour essayer de retenir, cet instant qui paraît en dehors du monde réel. L’osmose passagère, entre deux êtres en détresse, qui pourrait si vite disparaître. « Je suis désolée. Je suis… désolée. Il y a tout qui part en vrille et je… » une inspiration, elle se sent suffoquer. Elle se sent étouffée par le poids qui ne l’abandonne jamais. « Je n’ai jamais voulu tout ça, je suis partie en croisade contre vous, contre… toi… parce que j’ai perdu tous mes repères et… et j’ai besoin de me raccrocher à quelque chose… » cassure dans la voix, alors qu’elle est submergée par le deuil refoulé depuis des mois. Depuis qu’elle a perdu Flora. Reine misérable, Athéna pitoyable, elle promet une guerre mais s’apprête à s’effondrer sous les larmes. Les iris brillent, de ces flots diluviens qu’elle tente encore de contenir. Car elle ne pleure jamais, Alix. Mais la perte de sa fille, le trou béant entre elle et son mari, et cette agonie. Toujours cette agonie. Elle n’est pas seulement démunie, Alix, elle est détruite. « Je n’ai jamais pensé que ça venait de toi. elle finit par conclure, la voix confuse. Une véracité qu’il lui semble essentiel de préciser. Elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose ; n’est pas femme qui se soulage dans les sanglots. Ni dans quelques passions que ce soit pour lui faire oublier. Elle n’est pas, de celles qui veulent oublier. Elle voulait ressentir. Ressentir même l’agonie. Ressentir pour ne pas laisser s’envoler sa fille. « Mais te haïr… c’était… ressentir encore quelque chose au milieu de tout ce vide. » Ressentir pour, encore, se sentir en vie.

J’avais besoin de m’accrocher,
besoin de laisser ma douleur exulter,
devenir meurtrière, devenir incendiaire,
me faire vengeresse,
pour être capable de vivre encore,
et c’est à toi que je me suis accrochée,
à toi que je m’accroche,
encore,
hier, aujourd’hui, demain.

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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Dim 17 Jan - 18:39


la mort des amants
@alix romani

mais tu ne comprends pas, que cette vie-là, on y aurait jamais eu droit ? tu ne comprends pas, que l’on nous aurait traqués, que mon père aurait préféré me voir mort plutôt que déserteur ? et il n’y a pas que cela… nos familles étaient un poids, mais mes envies irrévérencieuses et triviales auraient fini par ternir toute la volupté d’une seule seconde de liberté. je ne suis pas libre alix, je ne l’ai jamais été, je suis inféodé à ma nature, déviante et tragique. si tu savais seulement… si tu savais maintenant, ce que j’ai su devenir, ce que je me complais à ternir. si tu savais tout ce que je combats pour ne pas devenir le monstre que le sort a fait de moi, si tu savais combien j’échoue parfois. si tu savais ces rêves sanglants que j’appose sur la peau d’autres amantes. si tu savais ce que cela me fait, d’imaginer seulement épancher cette violence sur toi. si tu savais comme ça me saisit le coeur, et comme cela le broie. si tu savais comme j’aimerais que tu sois pécheresse devant les ténèbres que j’adule, que tu sois concubine de passions importunes, que tu sois l’ange déchu devant ce prince que je ne suis plus. si vil et si fracassé par le drame. mais tu n’aurais jamais pu m’aimer ainsi, ça ne t’aurait jamais suffi. tu aurais fini par regarder ton reflet dans le miroir de nos avenirs, par te défenestrer. tout comme elle…

james ne sait plus ce qu’il regarde, de la femme aimée ou de l’amante rêvée, il ne sait plus ce qu’il regarde. il admire tant la transformation qui se déjoue devant lui, comme si les barrières élevées s’avéraient être des leurres érodés. de ces mirages balancés aux ronces de ses avidités, de ces quelques songes qui le portent au pardon, de ces erreurs honnies qu’il ne pourrait pas éviter. il ne sait plus ce qu’il voit et il se perd dans ce rôle qu’il ne joue pas. il ne parvient pas à le jouer jusqu’à ce que la tragédie parvienne à l’acte final qu’ils ont ébauché quelques jours durant. il ne parvient pas à respirer les relents de sa convoitise, et les envies malsaines contre lesquelles il se grise. il ne parvient à rien, il réapprend à être ce jeune homme paumé qui a un jour cru rêver appartenir à la seule femme dont il se croyait digne. c’est risible aujourd’hui, la voir ici ne signifie guère qu’elle est faite pour lui, c’est risible d’encore attendre quand tout est déjà terminé. c’est pathétique même. il se sent perdre pied. il a peur qui plus est qu’elle ne réponde pas, que face à ce qu’il clame, la très ancienne blessure qu’il ose encore exhiber, elle demeure de marbre, et dans sa fierté à jamais statufiée. qu’elle soit alix, faite pour régner, régner contre lui, hurlant tout son mépris contre le roi déchu. qu’il ne soit plus véritablement celui qu’elle admirait un jour, dans ses yeux qu’elle distingue les lueurs de sa dépravation, et l’arrogance de ses croyances impies. qu’elle distingue en lui le monstre qu’elle s’est plu à accabler, qu’en réalité, toutes les accusations ne soient que la piètre réalité. que ce soit ici tout ce qui leur reste, et que le sort scelle l’hideux souvenir, qu’il n’ait plus qu’à le regarder s’ensevelir. il a peur, voilà tout. il a peur de perdre ce qu’il n’a jamais su retenir. il a peur d’elle aussi, de tout ce qu’elle pourrait lui avouer ou bien lui dire. il a peur james, il a peur et il ne le maquille pas bien, il n’en a ni la patience ni la volonté, il a juste envie d’en finir.

et tu fais mal, tu frappes exactement là où je l’attendais. tu craches l’image honnie, tu la déchires entre tes doigts serrés. ma famille, et le sang maudit qu’elle transpire, voilà tout ce que tu te plais à haïr. je ne t’accable pas, je sais pourquoi tu as fui ce jour-là. je le sais, et ce soir, je ne suis même plus certain de t’en vouloir. je crois qu’on a suffisamment surjoué l’offense toi et moi, je crois que l’on ne parvient pas à se prémunir de cette envie de plus qu’il nous a fallu trahir. je crois qu’il restera toujours la sensation d’irrésolu, et que nous ne sommes pas en mesure de savoir nous en délivrer. ce serait peut-être cela, notre véritable liberté.

il n’a rien à lui dire, dans ses iris brille cet orgueil démesuré, car l’insulte à sa famille lui est aussi désagréable qu’il ne peut la tolérer. il serre les poings, il sait qu’elle a raison et pourtant il expire avec lourdeur, comme s’il prenait l’injure aujourd’hui, quand il se l’est tant répétée autrefois. mais tu ne subis rien à cause de moi… une unique vérité, qu’il aimerait murmurer, mais qui semble mentir. il ne sait pas pourquoi. comme si le fait qu’elle le haïsse plus que quiconque tiraillait encore le lien qui refuse de périr. je me souviens c’est vrai, de celle que tu as été, devant moi, mains jointes, fausse image sainte, qui apprenait à se dévoyer. je me souviens que tu as aimé les ombres, au creux de mes bras. je me souviens de m’être perdu dans les lueurs voraces qui t’habitaient déjà. je me souviens de l’équilibre troublant que parfois nous trouvions, dans un seul rire, un seul mot, un seul geste tendre ou bien passionné. je me souviens de t’avoir trouvée. alors que je te connaissais déjà. je me souviens de tout. je me souviens de toi. et rien, ni la haine, ni l’orgueil blessé, ni la guerre avortée, ne pourra changer cela.

et c’est parce qu’il se souvient, et parce qu’il la connaît que les aveux se tissent. nouvelle alliance, alliance sans doute factice. ça lui importe peu, même si ça ne dure qu’une nuit, au moins aura-t-il pu enfin lui dire ce qui le ronge depuis qu’elle est réapparue. peut-être même sera-t-il en mesure de la quitter aussi, à son tour. de cesser de retenir ce qui finit par les rendre fous. il ne taira plus, ni la douleur, ni la peine, ni cette vérité qu’elle renonce à céder à la haine. le geste est si lent, d’une timidité désarmante, comme si la toucher venait rappeler à lui tant de mélancolie qu’il se retrouve transfiguré, projeté dans l’entre-deux mutique, où la trêve pourrait se nouer, car rien ne peut s’y déchirer. car ils sont liés, dans l’entre-deux secret de leurs âmes, ils sont liés, encore, quoi qu’ils ne puissent en penser, ils ne sont pas capables de renoncer. parce qu’elle cesse de lui échapper il le sait, il ne doute plus, il le sait. les mots ne sont pas précipités, ils ont quelque chose de solennels, surtout depuis qu’il se noie dans ses prunelles. et il s’y laisse dériver, il s’y laisse voir, james. il n’a plus peur d’elle. il n’a même plus peur de lui, en cet instant précis. je sais. mon amour, je sais. je l’ai toujours su. alors par pitié, comprends combien tes doutes ont pu me navrer. il la laisse approcher, ses doigts serrent quelque peu son épaule, comme pour la raccrocher à cette épreuve sans doute plus délicate que toutes les autres, et qu’ils doivent passer. il recueille les mots qui se délivrent et sa respiration ne sait plus suivre la mesure d’une partition oubliée. l’émotion qu’elle permet est si intense qu’elle le transperce tout entier. je sais… il répète, encore, et encore et l’attire contre lui, malgré tout ce qui pourrait lui rester de volonté. il la serre alix. alix brisée, alix perdue, alix, tragique alix, qui n’a pas voulu, ni le mal porté, ni la guerre annoncée. il caresse son dos, avec beaucoup de précaution, avec tant de précaution comme s’il s’agissait là d’une apparition et qu’elle pourrait s’évanouir dans le néant alentour. la confusion sur la fin de sa confession lui laisse entendre une imparfaite absolution. je n’ai pas ordonné la mort de ta fille, alix. je ne l’aurais jamais fait. je ne l’aurais jamais condamnée. jamais. l’étreinte se rompt, il est gêné d’avoir eu cette facilité, de la chaleur abandonnée maintenant qu’il s’écarte quelque peu. juste un peu, pour la regarder, éperdue et bouleversée. il comprend, la mécanique, l’envie de détruire, le besoin d’en finir quand tout part à la dérive, que plus rien n’est en maîtrise. il comprend à un point qu’il se sait enfermé dans des mécaniques très similaires. je te laisserai me haïr, pour tout ce que j’ai pu faire, pour tout ce que je ferai. car tu sais qui je suis, tu le sais, tu l’as toujours vu. mais pas ce soir, d’accord ? ce soir, il faut que je te parle de quelque chose d’important. je pense qu’il est temps.

le temps de la trêve, qu’importe si elle ne tient pas. il faut que tu m’entendes, que tu saches à ton tour, quels sont les ennemis qui se pressent alentours. il faut que tu apprennes ces dangers que je n’ai pas convoqués, mais qui nous appartiennent désormais. et après, on reprendra, la haine et la distance, s’il le faut, on fera semblant, pour se sentir vivants. mais donne-moi juste le temps de prévenir, ce qui pourrait se passer de pire, la destruction de nos familles, par nos alliés trompeurs.
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Message Sujet: Re: la mort des amants. (james)   la mort des amants. (james) Empty Dim 24 Jan - 14:05


◐ ◐ ◐  
{ la mort des amants }
crédit/ baudelaire ☾ w/@James Marlowe
Ils ont cru qu’ils seraient les rois du monde,
souverains incontestés de leur trône,
ou maîtres décideurs d’une nouvelle existence,
monarques dissidents de ce qu’ont été leurs parents,

différents, c’est ce qu’elle a cru qu’ils seraient,
mais elle s’est fourvoyée.

Sensation déplaisante qu’elle repousse au plus loin possible du palpitant éreinté, sensation de marcher sur les pas d’un patriarche dont elle a toujours voulu se dérober. Elle n’est pas en accord avec son paternel, Alix, elle l’a trop rarement été. C’est bien trop juvénile qu’elle a assisté pour la première fois au déchaînement de violence de l’homme empli par cette noirceur acide, toxique, qui semblait d’ores et déjà ronger un à un les fragments de son âme. Témoin privilégiée de cette férocité exacerbée, au temps où le pire que ses amis avaient pu découvrir était sans doute le visionnage d’un film d’horreur dont la réalisation elle-même demeurait encore la chose la plus cruelle, elle a vu l’hémoglobine bien réelle. Les flots étaient écarlates, inoubliables. Rivières pourpres dans lesquelles elle s’est noyée, sans même les effleurer. J a m a i s . Jamais, elle s’est jurée, elle ne vivra dans tout ce sang honni. Jamais, elle ne voudra de cette vie.

Mais elle est ici, aujourd’hui,
à la croisée de deux chemins si distincts,

convaincue que le choix est fait depuis si longtemps,
depuis qu’elle est partie,
mais le choix, elle le fait maintenant,
elle le fait un peu plus chaque jour,
depuis que la faucheuse lui a pris sa fille.

Elle a la sensation de contrôler, Alix, elle a la sensation de tout maîtriser. Desseins assassins, loi du talion nécessaire, mais éphémère. Elle ne se laissera pas consumer par les ténèbres. Elle a laissé fondre, depuis des années, la tiare d’un enfer qui n’est pas elle. Naïve, imprévisiblement crédule, la ténébreuse devrait pourtant savoir quel est le prix de la vengeance pour sa fille. Châtiment ultime, dont elle n’a pas franchi la limite. C’est son âme qu’elle condamnera, pour Flora. C’est son âme qu’elle damnera. C’est peut-être ce qu’elle fait déjà, en réalité, en laissant tomber ses dernières barrières. Face à lui, face à James. Quand les masques s’effritent, la vérité apparaît, translucide. Osmose amère de deux êtres qui se sont aimés dans une autre vie. Trop, pour être capables de véritablement se haïr. Louve farouche a déposé les armes en suivant celui qui paraît à cet instant, tout, sauf un rival. Elle cesse de lutter, elle cesse pour la première fois de penser. De stopper tous les instincts qui lui hurlent et la supplient de se maintenir éloignée. Trêve soudaine, douceur de l’intermède, avant que les feux, peut-être, ne reviennent. Elle ignore combien de temps l’interlude va durer. Trop douce pour être vraie, mais aussi trop intense pour ne pas être vraie. Enveloppée par les bras jadis amoureux du prince des ténèbres, elle effleure un destin qu’elle a tant de fois rejeté par le passé. Celui qu’il lui offrait, celui qu’elle lui a refusé. Celui qu’il a poursuivi sans l’ombre d’une hésitation quand elle n’est, elle, qu’un océan de contradictions.

Et je ne sais plus, James,
ce que je voudrais,
que tu me serres jusqu’à me sentir suffoquer,
que tu me berces pour me sentir respirer,

entre l’apaisement recherché,
et la latence dangereusement convoitée,
je ne sais plus, James,

entre la rage de vaincre que tu m’inspires,
et la chimère que tu puisses me guérir,
je ne sais plus, James,

je voudrais juste fermer les paupières,
rester ainsi pour l’éternité,
mettre fin à cet enfer,
rester contre toi pour l’éternité.


Elle se sentirait ridicule, pathétique. Une parcelle d’elle, loin dans son esprit, se sent déjà misérable de se révéler si fragile. Si démunie. Face à lui. Contre lui. Elle ne devrait pas, Alix, elle n’a même sûrement pas le droit. Pas le droit d’être là, dans ses bras, après avoir semé le chaos entre les Marlowe et les Ferreira. Dans les deux familles dont elle a prononcé le schisme, pour étancher cette soif morbide, pour sa fille. Elle n’a pas le droit non plus, sans doute, d’être dans les bras de celui qui lui a fait découvrir l’amour quand un autre l’attend dans cette grande demeure désespérément vide. Mais elle ne pense à rien, non, rien de tout ce qui paraît si dérisoire. Magie du premier amour, peut-être, qui lui donne une sensation de légitimité. Car tout ce qui lui est arrivé après, cet amour l’a précédé.

Je me souviens trop bien de nous, de tout ce que nous avons été. De nos rires qui s’accordaient. De nos coups d’œil complices et nos sourires malices. De nos instants plus tragiques, aussi, de la fébrilité de nos échanges quand il s’agissait de nos familles. De ces rêves que je te murmurais, de l’ombre qui pesait. De ces étoiles qui me venaient, quand tu me faisais basculer. De toi, tout entier. Je me souviens, pour l’éternité. Et plus encore quand ce sont tes effluves que je viens respirer. Plus encore quand ce sont tes bras qui viennent me réconforter. Plus encore quand c’est toi, contre toute attente, qui me permets de me retrouver.

Car c’est aussi la magie d’un premier amour,
avec toi je renoue,
mais c’est moi aussi que je retrouve.


Et les mots qu’elle a secrètement espérés. Les mots que, au fond, elle savait. Elle avait besoin de les entendre, Alix, besoin qu’il accepte de les prononcer. Il n’a pas orchestré le meurtre de Flora, il ne le savait même pas. La mère endeuillée ignore la vérité, elle est plus floue encore avec les confessions qui viennent de s’ajouter. Mais elle se sent, pourtant, soulagée. « Merci… » elle laisse échapper dans un faible murmure. Réfute encore l’arrivée de flots imprévus. Elle ne veut pas craquer. Craquer, c’est prendre le risque d’être incapable de se relever. Alors elle se contente de serrer l’homme qu’elle retrouve pour la première fois depuis une éternité. Elle se noie dans ses bras pour éviter de se laisser couler dans sa propre obscurité. Elle respire un peu mieux, libérée d’une partie de ce poids qui est si lourd à porter. C’est chamboulée, bouleversée, presque sonnée qu’elle détache son corps de celui de James, cette lueur scintillante et troublée dans ses prunelles. Désarçonnée, par ce qui vient de se passer, elle a la sensation de s’être laissée aller. Plus encore que si c’était son corps qu’elle avait livré, elle a révélé son âme beaucoup trop abîmée. Laissant entrevoir les écorchures jusqu’à présent si bien voilées, cette faiblesse inavouée, pourtant évidente désormais. La fille Ferreira prend une inspiration pour tenter de retrouver ses esprits. Peut-être un semblant de contenance, aussi. Même si elle a la sensation qu’il n’y aurait rien de moins utile ; la sensation d’avoir rompu tous les artifices, en renouant avec lui. Le simulacre de sa haine lui paraît déjà trop loin quand il l’évoque encore. Elle n’est plus certaine de rien, plus certaine d’être capable de mener ce combat de front. Mais, sur ses mots suivants, elle se focalise. Retrouve cette concentration pragmatique, cette agilité de l’esprit. La féline acquiesce d’un petit signe, presque imperceptible, non moins attentive. « Je t’écoute. » et c’est peu, je t’écoute, pas grand-chose, presque rien. C’est peu, pourtant, Alix, n’écoute jamais rien. Moins encore depuis qu’elle a choisi d’embrasser cette vendetta contre l’univers. Elle n’entend rien, comme submergée par les acouphènes terribles qui lui hurlent ses envies assassines, ses désirs morbides. Elle n’entend rien, jamais, mais elle est prête à l’écouter, lui, James.

Dis-moi, tout ce que je n’aurais pas ouï jusque-là. Tout ce que j’aurais refusé d’entendre de ta voix. De toi. De ta part, à toi, le grain de sable qui a toujours été capable de faire basculer mes émois. Toi, le souffle qui a embrasé les flammes en moi. Toi, capable de me faire renaître de mes cendres. Toi, capable de me faire basculer d’un monde à l’autre en un instant. Toi, qui sais, ce que j’ai enfoui en moi. Ce que j’ai si souvent caché à tout le monde, y compris à moi-même, mais jamais à toi. Toi, siamois de mon âme de plus en plus noire.
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la mort des amants
@alix romani

la mort de l’innocence invoquée, c’est comme si les flots noirâtres remontaient des profondeurs de leurs abîmes, pour venir tout ensevelir, tout pervertir. de l’image passée, ne demeure que la félicité d’avoir su l’étreindre l’espace d’un instant, d’avoir trouvé en ces secondes arrachées au temps autant de douleur que d’accalmie. sur sa peau, sur ses vêtements, à chaque fois qu’il la touche, il a l’impression de corrompre la perfection qu’il a très longtemps lovée tout contre le secret de ses imaginaires. alix, celle qu’il avait élue en égale, alix, celle qui aurait pu devenir reine triviale. alix qu’il n’a pas suivie dans la lumière, alix à laquelle il a préféré ses enfers. alix, fière amie, désolée amante, alix chérie, encore aujourd’hui, à chaque souffle qui s’échange. cette faiblesse, cette humanité qui reparaît dès lors qu’elle est là, il sait que cela le perdra, il en a une certitude aussi amère que brutale, alors qu’elle est encore trop proche. alors qu’elle demeure encore trop loin. les mots qu’il prononce lui sont arrachés, donnés sous la contrainte d’un sentiment qui en cet instant trop pur, l’envahit totalement. il en oublie les envies dissolues qui continuent de paver de pourpre les chemins qu’il emprunte, car à chaque fois qu’il l’a imaginée lui revenir, d’autres voies plus claires, s’ouvraient devant lui. et il aimerait y croire ce soir, il aimerait y croire pour se défendre de cette peine qui continue de défigurer son existence. il aurait préféré sans doute les vestiges indécents de leur haine, de cette incompréhension qui continuait de les opposer. désormais qui sont-ils, s’ils ne peuvent ni être ennemis, ni être unis ? james est perdu, il effleure la peau, respire son parfum, il aimerait tout, et il ne veut plus rien. il n’a jamais été aussi maladroit que dans cette contradiction qui le parcourt, comme si la fragilité du moment pouvait s’avérer plus dangereuse encore que toute cette vindicte qu’ils connurent. alors qu’il s’éloigne pour le regarder, alors qu’il plonge ses yeux clairs dans ses orbes noires, il est de nouveau celui qui n’a pas encore basculé. et elle est celle qui pourrait le sauver. alix, alix, je pourrais te demander de rester, je pourrais m’agenouiller devant ta silhouette farouche et fragile, et te regarder dériver toute l’horreur de mes songes, choisir d’autres serments pour supporter la violence de l’empire que je t’ai préféré. peut-être alors aurais-je enfin la clarté d’une vision prophétique, où tu serais encore à mes côtés. où tu serais restée. où tu resterais, ce soir. ce soir.

james cherche à se détourner, presque gêné de ce qu’elle dévoile et de ce qu’il immole dans la ferveur de ses prunelles, avide, trop avide toujours, de saisir les replis d’une âme offerte, sans savoir s’il s’agit là de l’instinct de la protéger ou du besoin animal de déchirer la seule pureté que en ce monde le retient encore. à l’orée de la faute, à l’aube du massacre, ils se tiennent là, lui qui regarde en direction de la ville qui aurait pu leur appartenir, le souffle court, et les idées harassées par des envies contradictoires, elle encore brûlante, sous ses mains, alors qu’il n’a pu l’abandonner, rompre ce contact devenu viscéral. rebours de sensations qu’il a cru combattre, et qu’il n’est pas parvenu à délabrer. le parfum de sa corruption ne peut en cet instant étrangler celui plus éternel des amours qui lui offrirent le refuge auquel il aspirait, et même un semblant de passé qu’il n’a pas à honnir. il le respire. il le respire. à bout de souffle, il lui promet de parler enfin, et le silence revient, silence tentateur qu’il ne peut toutefois embrasser. sa main longe l’avant bras, vient recueillir les doigts d’alix, les serrer. avec une facilité désarmante, il y entremêle les siens, se raccroche à la pâleur de la trêve, l’aube encore lointaine, le couvert de la nuit pour tisser une alliance dont ils ne sauront que faire le jour venu. car je ne pourrai pas avouer. car je ne pourrai pas dire, ce que j’ai espéré ce soir, pour toi et moi, le long de ces secondes arrachées à notre mémoire. je ne pourrai jamais le dire à quiconque, car elles ne pourraient pas comprendre. elle ne pourrait pas comprendre. que je puisse encore imaginer avoir le choix, douter en ces instants-là, dès que tu reparais auprès de moi.

je ne devrais pas te prévenir, pas toi. j’aurais dû le dire à gregor, car tu n’es plus aux affaires mais… il hausse une épaule, caresse de son pouce la paume offerte, délicatesse troublante comme pour apaiser les futurs outrages. son regard lui revient, cette naïveté qu’il contient encore, qu’il cajole dans son esprit contrarié, d’imaginer qu’alix n’est revenue dans leurs affres mafieuses qu’à cause de flora, et uniquement à cause du deuil qui la frappe. james n’a pas imaginé une seule seconde qu’elle ait pu revenir avant cela. qu’en saurait-il, lui qui était encore souvent terré à atlantic city, à oublié ce passé pour forger un avenir plus flamboyant ? qu’en saurait-il ? pourtant… pourtant, il la connaît, il la sait, il pressent le dilemme depuis qu’il la fréquente. alix parjurée par la lumière autant que par les ténèbres. il inspire, et penche la tête sur le côté, comme pour s’excuser. j’ai cru que vous vous étiez alliés aux park. la mafia coréenne s’apprête sans doute à porter une vendetta sur ma famille, pour ce qui s’est passé à atlantic city. et s’ils balancent votre nom, ton nom, pour me porter à vous frapper, c’est sans doute pour rebattre les cartes. il serre sa main un peu plus fort. si on se déchire, alix, si on parvient à s’atteindre vraiment, alors ils auront tout, et nous, on aura plus rien. ni le deuil, ni le froid, ni nos territoires, ni nos empires, ni cette normalité à laquelle tu aspires. rien. cesse de chercher qui l’a tuée, cesse de fouiller mes ombres, car je t’assure que si tu t’y perds, on crèvera tous les deux, et sans l’avoir choisi. il l’emmène, pas lents vers le sofa, s’assied tout en la regardant, encore debout devant lui, ses doigts entre les siens. toujours. toujours. y a rien au bout de ta vengeance, alix. il n’y a pas de renaissance. tu comprends ? et au milieu de ses instincts qui le poussent à protéger les siens, à les parer d’une guerre qui l’attire autant qu’elle l’effraie, la vérité devient trouble, indécence de mots toujours si bien choisis pour désarmer la fière guerrière qui a voulu l’enchaîner à la fièvre de sa haine. gregor ne m’écoutera pas, il n’arrêtera pas de chercher des raisons, des preuves, et qu’importe ce qu’il trouvera, ça finira par nous tuer. je veux que ça cesse. le serpent murmure, il n’est jamais très loin, il se raconte qu’il tient à elle pour la protéger de ses ombres, il se raconte qu’il pourrait éviter la perversion de la vendetta qu’elle a portée sur son front. il se raconte que tout pourrait être désarmé ce soir, car les armes c’est elle qui les détient, c’est elle qui les a. si tu embrassais le destin pour lequel tu as été forgée, nous saurions nous entendre n’est-ce pas ? choisis de blesser ton orgueil une dernière fois, mon tendre amour, choisis la seule félicité qui soit, celle de ta véritable place, tant pis pour la promesse d’antan. choisis de me faire confiance pour nous remettre les clefs qui nous manquent, cette unité qui fut entre nos familles, redonne-lui sa noblesse et sa loi, pour échapper au pire. qu’importe la réalité qui t’a emmenée sur les sentiers de la vengeance, qu’importe ces voies qui déjà pointent sur nous, malgré mes confidences. qu’importe ce que tu es venue chercher ici, ce que tu y trouveras ne sera que la déception et la peine, sauf si tu choisis de garder ma main dans la tienne.
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