Une fois n’est pas coutume, j’arrive en avance. Je n’ai pas revu Rayleigh depuis notre rencontre mémorable en septembre et je trépigne d’impatience : nous collaborons sur un projet qui me tient particulièrement à cœur. J’ai harcelé mon manageur durant des semaines pour qu’il m’obtienne ce contrat, une campagne publicitaire visant à promouvoir des vêtements de sport – non que j’eusse éprouvé un quelconque intérêt pour l’objet.
Je me familiarise avec le décor, déambule dans le studio et foule les bâches blanchâtres avec la confiance de l’expérience. Puis, face aux équipes techniques qui s’affairent, je ferme les yeux et récite quelques vers dans ma tête, presque religieusement pour me mettre en condition.
Lorsque j’ouvre les yeux, mon regard se pose aussitôt sur l’objet sphérique qu’une assistante dépose sur le sol. Je m’empare derechef du ballon que je fais rouler le long de mes bras dans une tentative désespérée pour impressionner Rayleigh ultérieurement. J’hésite un instant à tenter quelques mouvements plus audacieux mais l’objet me glisse des mains et je ne sais pourquoi, je tente de le rattraper avec le plat de la main. Mon manager n’a le temps que de voir venir l’objet avant qu’il ne s’écrase lamentablement contre son menton dans un bruit sourd. Comme d’ordinaire, les autres prennent pour moi ; par-delà les spots, les ombres se déchaînent et sous l’éclairage aveuglant, je ne peux qu’imaginer ce qui se dessine sous les parapluies. Mon manager s’en prend vivement au premier assistant qui a le malheur d’être dans son champ de vision, menace de le ou de la renvoyer, se désole de collaborer avec des incompétents, maugrée contre le mauvais café servi sur le plateau, frotte un peu trop vigoureusement son menton rougi et lisse sa chemise comme si sa vie en dépendait. Je fulmine devant son discours ô combien infantilisant à mon égard – comme s’il fallait me surveiller en qualité de danger public, comme si je ne méritais pas moi aussi de m’amuser avec les accessoires, et m’avance dans sa direction. Je m’apprête à faire un esclandre à mon tour lorsque mes iris s’illuminent malgré moi, le visage de Rayleigh soudainement éclairé par un spot m’arrache à mes désirs de vengeance. Je m’exclame « JAAQ ! » avant de foncer droit sur elle… et de trébucher sur un câble, tombant comme une pierre sur la jeune femme. Bravo, tu lui tombes déjà dans les bras.
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 966 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
Sujet: Re: welcome to the panic room (rayven) Mer 14 Avr - 16:16
Je ne me heurte à aucune forme de résistance. En dépit de sa silhouette athlétique, sa prise est tendre - je me love un instant dans ses bras. Ses lèvres se retroussent pour dessiner un sourire empreint de douceur. Tout en elle n'est que guimauve, à l'image de ces mots tout droit sortis d'un film de Noël. « Manning. Pas de muffin aujourd'hui ? » Je glousse comme une adolescente à qui l'on aurait jeté des œillades dans les couloirs du lycée. « Non... par contre, j'attends toujours ma tarte aux pommes. » Dis-je en me détachant à contrecœur de son emprise, avec l'étrange sensation de m'y être sentie à ma place. Certes nous avions échangé quelques messages, parfois tard dans la nuit et nous n'étions à présent plus véritablement des inconnues l'une pour l'autre, mais pouvions-nous réellement nous qualifier d'amies si ce n'est de copines ? Ces deux termes me paraissaient pourtant insuffisants.
« J'ai vu ton dernier match à la télé » dis-je en omettant volontairement avoir suivi le replay en avance rapide jusqu'aux actions de Rayleigh. Sur un ton faussement accusateur, j'ajoutais « tu ne leur as laissé aucune chance » avant de pouffer de rire « on devrait te sortir du terrain plus souvent, histoire de laisser aux équipes adverses toute leur chance. » La vibration dans ma poche arrière me coupa dans mon élan, je me jetais sur mon téléphone, collant presque mon nez sur l'écran. Mes épaules s'affaissèrent dans la foulée tandis que mon estomac se contractait à nouveau. Je pianotais avidement en lançant quelques missives dématérialisées avant de soupirer, de lassitude ou de colère, certainement un savant mélange des deux. « Désolé... c'est mon ex. Enfin... c'est compliqué. » Je me passais nerveusement la main dans les cheveux, m'étirant outre mesure et manquant de donner un coup à Rayleigh à l'aide de mon téléphone. « Mon ex ne donne plus signe de vie depuis cinquante-trois jours. Au début je me disais qu'elle devait faire la gueule, que je garderais le chien plus longtemps et tout... » Loin d'être pudique, je poursuivis en extirpant un beignet d'une boîte posée non loin « et puis après, je me suis dit que c'était bizarre... ». J'enfournais la moitié dans la bouche, mâchant à peine, le chocolat se fixant sournoisement sur mes incisives « 'e veux dire, e' me détecht'e, ok mais pas l'chien quoi... s'il y a b'en une 'hose qu'e aime dans c'monde c'h'est l'chien... ». Puis, je m'exclamais, la bouche toujours aussi pleine. « Dé'cholé ch'u en voulais un ? 'au choco'chat ch'i tu veux. »