snow ❆ poor unfortunate soul.

traits de caractère / tu le vois, ce mec chouineur qui se présente comme le vilain petit canard de sa famille ? bah moi, j'suis le mec qui baise ou saigne ce gosse de riche, selon mon envie. dans tous les cas, d'aucuns vous diront que je suis peu fréquentable, d'autant par ma réputation que par ma naissance. la rage, la haine, l'impulsivité et le côté bagarreur, ça coule dans mes putains de veines et ça effraie la plupart des badauds qui croisent ma route. mon goût prononcé pour le langage de charretier et mon addiction à l'alcool, au sexe et aux vices me rendent peu sociable, isolé, persona non grata. quant au fait que je suis régulièrement négligé, stone et paumé, bah... ça ne fait pas de moi le genre idéal, tu vois. mais j'me plais bien comme tel ; sauvage, pas raccord, indomptable ; ça m'dérange pas d'être un cafard dans un monde de chiens.

t'es encore là ? bah putain, tu crois encore qu'il y aura du positif ? y'en avait quand j'étais plus jeune, mais désolé, y'en aura pas, car j'suis pu cet enfant sensible et rêveur, ce puceau passionné et romantique. ouep, y'a bien longtemps qu'il est mort et enterré, celui-là ! alors t'peux arrêter ta lecture intrusive là, à moins que tu veuilles un doigt ?

anecdotes nazes en vrac / en hommage à ma défunte maman, j'ai un flocon tatoué sur la poitrine, juste au dessus du coeur. ∞ ma grand-mère est la seule personne au monde pouvant se vanter de m'avoir entendu dire « je t'aime ». ∞ j'ai une malformation des poumons, car je suis né prématurément, à six mois de grossesse, mais osef ; j'fume comme bob marley. ∞ j'fais de la boxe, mais j'préfère taper d'la chair. ∞ j'suis un passionné de cinéma et un fan inconditionnel de l'univers de disney, même si je ne l'avouerais que sous la torture. ∞ ma couleur préférée est la couleur de l'hymen percé. ∞ mon coeur est un bisounours sur pattes, même si je le cache derrière le loup hargneux de ma face. ∞ je déteste le café, mais j'pourrais vendre mon âme au diable pour un chocolat chaud - ou pour un peu de gnôle. ∞ je bois sûrement plus que je respire. ∞ j'aimerais voyager au moins une fois en dehors du continent, de visiter les merveilles du monde. ∞ j'ai déjà essayé d'attenter à mes jours, par le passé, mais, comme tout ce que je fais et entreprends, ce fut un lamentable échec. ∞ mon père m'a souvent répété que j'étais un bon à rien. et je crois qu'il est franchement lucide sur ce point. ∞ mes seuls résultats positifs, ce sont mes dépistages de MST. ∞ au pieu, j'ai l'esprit trèèèès tordu et imaginatif. ∞ j'suis très petit, mais, si tu m'fais chier, ça m'empêchera pas de te cogner. #tête-brulée-boxeur-d'un-mètre-dix. ∞ suite au traumatisme qu'a engendré mon visionnement du film ça, j'ai la phobie des clowns. ∞ ma plus grande peur était de perdre ma mamie. c'est une peur devenue réalité. ∞ enfant, j'ai été le témoin d'un évènement traumatisant, qui me hante et poursuit, encore et encore, jour et nuit, qui handicape mon coeur, mes pensées, ma chienne de vie. ∞ je ne parle ainsi jamais de mon passé, que je renie, exècre et condamne allègrement. ∞ j'ai parfois l'impression d'être un oiseau à qui on a brisé les ailes, et il m'arrive souvent de me dire que je n'arriverai plus jamais à voler correctement dans le ciel chaotique de cette vie de merde. ∞ replié sur moi-même, dégoûté par l'univers, je fais tout mon possible pour garder les autres à distance. ∞ ça t'explique peut-être la lecture du paragraphe précédent ? ∞ suce ma b*te, p'tite bitch.

ça, c'n'était qu'un avant-goût. t'veux la suite, bb ? c'est juste end'sous

i. naguère.
j’ne sais même plus quel âge j’avais, putain. Tout ce dont je me rappelle vraiment, c’est que j’avais perdu une dent - naturellement, cette fois-ci - et que j’attendais naïvement et vainement l’arrivée de la petite souris. cependant, en dépit de mes souhaits, la garce ne s’est jamais pointée. oublié, délaissé, renié une fois de plus, le petit jimmy ! et ce n’est pas le père noël - ce gros enfoiré - qui dira le contraire, puisque jamais il n’est venu se délecter des cookies eco+ que, chaque vingt-cinq décembre de l’année, je lui laissais sur ma table de chevet délabrée.
après, je comprends que la caravane où je vivais n’était pas facile à localiser, et que sans cheminée où s’engouffrer et sans trou par lequel se faufiler, il était difficile pour ces deux êtres tant désirés de me retrouver et de s’inviter dans ma chambre à coucher.
mais était-ce vraiment l’accès, le problème ?
n’étaient-ils pas plutôt incommodés par l’ambiance pesante et lugubre qui régnait dans l’habitacle crasseux qu’était ce maudit « foyer » ? n’étaient-ils pas plutôt effrayés par la haine, le chaos et la brutalité qui y régnaient ? ou se trouvaient-ils simplement trop accablés par les autres enfants pour ne serait-ce que venir égayer l’une de mes mornes journées ?
qu’importe, je ne le saurais sûrement jamais…
mais s’ils avaient fait leur job, comme ils le promettaient dans les maigres livres dont je disposais, peut-être que ç’aurait tout changé ?
à eux deux, maman, ils auraient peut-être pu nous sauver ?
et se débarrasser de mon père, par la même occasion ?
mais non.
non.
ils n'ont jamais bougé, ces enculés, comme tous les autres.
jamais, jamais.
malheureusement.

les cris et la terreur ont continué de composer la seule mélodie de ma sinistre vie, jusqu’au jour où tout a basculé. comme tous les soirs, ç’a commencé par des effluves d’alcool - du sky de basse qualité - accompagnées des coutumières insultes que j’étais encore trop jeune pour décrypter.
mais c’était pas grande chose, voire rien ; j’y étais habitué.
ce que j’aimais moins, c’était la suite, car ça finissait inlassablement de la même manière : le poing acariâtre et pugnace paternel finissait toujours par se lever et par marteler le corps féminin rachitique qui s’offrait à lui.
ma mère m'ordonnait alors de m’isoler, mais, cette fois-ci, quand j’ai vu son sang suinter, la colère, la haine et la soif de vengeance m’ont submergé.
le coeur courroucé, j’n’en ai alors fait qu’à ma tête et ai voulu l’aider à s’extirper des griffes acérées de l’animal endiablé, mais… c’était franchement une mauvaise idée.
j’pourrais romancer la suite et dire que j’me suis battu vaillamment et héroïquement contre ce monstre de cruauté, mais ce serait mentir et carrément inventer.
en toute honnêteté, j’n’ai pas fait long feu face à la bête ; j’ai dû seulement réussir à lui infliger une morsure dans le dos avant d’être cogné et mis hors service.

j’me suis réveillé la semaine d’après, service pédiatrie d’une ville que je n’avais jamais visitée, entouré de mes grands-parents assoupis et enlacés sur un fauteuil présent à mes côtés.  
ils étaient si mignons et paisibles que je n'ai pas eu le coeur de les réveiller.
l'écran allumé devant moi, cependant, m'a vite happé.
et l’enfer m’a derechef bouffé.
à la télé, le journaliste un peu trop ridé parlait de l’animal paternel comme d’un assassin en série, d’une bête que la justice venait d’emprisonner pour de très longues années. j’me suis alors senti libre et satisfait, mais la suite du « fait divers » a vite fait muer cette émotion extatique en un grave sentiment désenchanté.
j’ai failli chialer, putain, quand ils ont dénigré et mis au pilori l’entièreté de ma lignée, mais ce n’était rien comparé à la suite : des images de l’enterrement de sa dernière victime - ma maman, médiatisées allègrement par ces putains de charognes de journalistes.
et j’y étais même pas.
j’ai même rien pu faire pour elle.
et j’lui ai même pas dit au revoir.
bizarrement, à partir de cet instant, je n’ai jamais plus trop repensé à cette conne de petite souris ou à ce pingre bâtard obèse en costume rouge.
fallait croire que ces injustices d’enfance ne valaient pas les plus récentes…

ii. ores.
j’l’admettrai jamais, mais j’ai beaucoup trop chialé, genre, comme un bébé. m’enfin, chacun sa merde, alors j’vais pas davantage chouiner.
et malgré cette douleur lancinante qui annihile encore aujourd’hui mon coeur et mon âme, j’dois admettre que ma vie a radicalement et positivement changé.
au revoir, remugle écoeurant de la caravane rouillée, et bonjour, enivrante odeur florale de la demeure cosy des grands-parents adorés.
bientôt, un nouveau blase pour une nouvelle vie : snow whitkins ; à dieu définitif au nom sali par la folie paternelle et aux préjugés qui en découlent inéluctablement. j'pouvais pas la garder, mon identité. imagine, c'est un peu comme si t'avais été le fils de michel fourniret. comment n'pas être handicapé dans ta vie avec un tel nom et une affaire si horrible et médiatisée ? snow whitkins, cette couverture et protection, était l'ouverture parfaite vers mon émancipation.
libéré du passé.  
et une fois rebaptisé officiellement et confortablement installé dans le quartier familial du Queens auprès de mes sauveurs, j’ai rapidement été scolarisé - rien à voir avec l’école à domicile que maman me faisait, puis la petite souris et le père noël ont fini par me trouver, même si, désormais, ils m’indifféraient.
les cicatrices et hématomes visibles, eux, ont fini par s’estomper, grâce aux avalanches d’amour et petits soins procurés par mes aïeuls.
cette vie, en comparaison avec celle que j’avais endurée dans la caravane, c’était, oui, le jour et la nuit.
et j’aurais pu être heureux.
mais faut croire que la culpabilité m’empêchait de me concilier avec le bonheur.
maman est morte, ouais, et si je ne m’étais pas interposé, peut-être que ce ne serait jamais arrivé.
à qui la faute ? à celui qui a levé sa main meurtrière ou à celui qui n’a pas été assez courageux et fort pour arrêter à temps ce couperet ?
les avis sont partagés.
et, à quinze ans, j’ai commencé à boire pour oublier.
oublier ces images sanglantes.
oublier cette culpabilité dévorante.
oublier cette vie que j’aurais d’ores et déjà voulu abréger.
pour oublier, oui, me consoler, mais ça n’a jamais fonctionné.

toujours déçue et peinée, la grand-mère, mais elle n’a jamais cessé de m’aimer. moi, j’la remballais plus qu’elle le méritait, et j’m’en voudrai toujours de m’être comporté comme un tel enculé auprès d’elle.
mais la crise d’adolescence s’est estompée et j’ai fini par comprendre que je devais arrêter de lui faire payer les cicatrices de mon coeur maltraité et abîmé. plus éclairé et raisonné, j’ai tenté de me racheter, quand bien même je continuais perpétuellement à la décevoir.
échec sur échec.
mais j’en suis désolé, c’est ma spécialité et sans doute ce pour quoi je suis né.
études avortées, comas éthyliques, MST, drogues, bagarres, prostituées, flics à la maison et autres cautions à payer, j’n’lui ai rien épargné et n’ai jamais plus rien fait de bon pour la rendre fier de son petit flocon de neige préféré.
et pourtant, je l’aime et j’aurais voulu qu’elle soit fière de moi, mais… mais j’suis malheureusement incapable de mener à bien quoi que ce soit.
le sombre petit flocon ne changera pas, car ce sont ses gênes qui sont contaminés par la noirceur sanguinaire de son cher papa.
ne dit-on pas que les chiens ne font pas des chats ?
putain, pourquoi faut-il que je sois comme ça ?!
prisonnier de l’hérédité et de la destinée, et ça semble figé.
fils de meurtrier
être raté.

iii. sort.
j’ai fini par attraper des poils au menton et au zgeg, et, après un long séjour en camp de redressement plutôt difficile, j’en suis sorti grandi - pour de vrai, cette fois-ci.
j'en ai longtemps voulu à mamie et papy de m’avoir envoyé là-bas, mais je comprends mieux, maintenant, qu’ils n’avaient guère le choix ; j’avoue que j’avais fini par devenir un vrai p’tit con odieux, impulsif et violent.
fin bref, tout ce que j’ai fait pour qu’ils m’envoient là-bas est loin d’être glorieux, et j'ai pas envie d'en parler plus que ça.

influencé par cette pseudo secte aux allures de camp militaire, j’ai repris partiellement ma vie en main. j’me suis alors investi à fond dans la boxe et ai suivi une brève formation pour devenir barman - alcool, mi amor - dans un quartier pourri, ce qui m'a permis de gagner mon oseille, mon indépendance et m’prendre un p’tit appart délabré dans un quartier d’merde.
j’le déteste, ce taudis, mais j’peux pas m’payer mieux.
plus assagi (vraiment, ce coup-ci), j’ai arrêté la baston, les putes et pas mal de conneries, même si l’amour de la bouteille, lui, éternel, inconditionnel, est resté.
mais c’est pas si mal, non, au final ?
et maintenant, j’le dit : merci, papy et mamie, de m’aimer assez pour avoir repris en main ma pitoyable destinée.
j'reste encore bancal, brouillon et abîmé, mais j'tiens debout, et c'est grâce à vous.
putain, sans vous, que me serait-il arrivé ?!
j'vous aime, putain de merde, même si j'vous l'dit pas assez.

quant à toi, cher papa, j'espère qu'on te libèrera et qu'on se retrouvera.  
si je m'entraîne jour et nuit, crois-moi, ce n'est pas seulement pour faire joli.
promis, juré, craché, : un jour, un beau jour, je te tuerai !
lentement, avec souffrance, supplices et déchirements, exactement comme tu l'as fait pour maman.
j'vais te vider, l'animal, t'arracher le coeur et te nouer les tripes.
tu vas douiller, saigner, chialer, implorer... puis crever, espèce de sombre enculé.
et ta mémoire, maman, sera ainsi vengée.  

iv. mort.
ça allait mieux, ouais, j'me réconciliais presque avec cette chienne de vie.
puis vous êtes partis, vous aussi, papy et mamie. l'un a pris le cancer sous son bras, l'autre, peu de temps après, est mort de chagrin.
et la terre s'est encore dérobée sous mes pas.
et tous mes efforts, tout ce pour quoi j'ai travaillé avec acharnement, tout ce que j'ai fait pour vous rendre fiers de moi, tout, tout ça... tout s'est éteint à ce moment-là.
c'est comme si j'étais dans un ascenseur qui avait gravi les cent deux étages de l'empire state building et que, d'un coup, les câbles avaient cédé et que l'habitacle s'était précipité vers le néant, dans une chute vertigineuse, incontrôlable et mortelle. BOUM ! écrasé, explosé, émietté, annihilé au sol. comme mon coeur. et tout, tout a été niqué.
& on en est là ; trop, trop, trop de dégâts.
seul, désormais.
seul, sans famille ou ange gardien, recroquevillé dans ma douleur et emmitouflé dans mon cafard, j'ai arrêté de me battre pour sauver mon âme et ai accepté de renouer avec mes vieux démons, d'assumer ma véritable identité, de porter mes gênes comme on porte ses couilles.
tu vois le tableau ?
ouais, t'es pas si con que ça.
une fois sorti de ces longues semaines de spleen dépressif, j'suis rapidement redevenu un sale gars, une raclure des bas fonds, un rien-du-tout radical.
et retour à la case départ :
les putes,
la baston,
la hargne,
la bouteille,
la drogue,
les MST,
bref, tout ce qui fait joli sur un putain de cv.
j'suis à nouveau une vraie sale race, ouais, un beau déchet, peut-être, mais c'est moi, et j'me sens vivant comme ça.

ah ! pauvre fils de meurtrier, tu as vainement essayé, mais rend-toi à l'évidence : tu ne peux singer une autre destinée, car ta véritable identité finira toujours par inéluctablement te rattraper !

PD.