How my poor heart aches. (vince)

tu te souviens encore du premier jour, de la première fois, où t’a appris qu’un gars du quartier a été mort. tu le connaissais vaguement. il vivait avec sa famille, pas très loin de ton appartement, du temps ou m'man s’était pas encore fait coffrer. tu connaissais son nom, son visage, sa famille. il était lui aussi le frère de quelqu’un. le fils de quelqu’un. un proche. et puis les années sont passés et les grands t’ont dit que c’était comme ça, juste comme ça, qu’il fallait faire avec. T’en verrais d'autres. D'autres pote partir, derrière les barreaux ou sous une tombe. ouais faut juste faire avec Vince, vivre avec ça. le départ des autres. toi qui reste. Chace est tombé. Toi t’es resté. C'est pas juste, t’aurais pu y rester aussi, quand t’a braqué la bijouterie, quand tu tenais les murs tous les soirs pour vendre de la merde, quand t’es là devant le club à refuser l’entrée selon la gueule des clients. pourquoi c'est pas toi qu’est tombé Vince ? pourquoi lui plus que toi ? y a des départs, des événements qui marquent plus que d'autres. la mort de Chace en fait parti. parce qu’il était ton pote, l’un de tes plus vieux potes, celui que tu connaissais le mieux, ou presque. parce qu’il le méritait par parce qu”il n'aurait pas dû être dans cette voiture, pas dû être au volant, pas dû être en face des pleins phares.
c’était qu’un accident Vince. un putain d’accident.
alors pourquoi t’a encore la haine, pourquoi cette rage qui vit toujours au fond de toi ? pourquoi t’accepte pas qu’il soit juste plus là, comme tous les autres gars du quartier, comme tout ceux qui t’ont quitté, qui finiront tous par te quitter. tu traines ce soir, traine du coté du bar où elle travaille. Meg. Meg et Chace, l’évidence, Meg et Chace, comme toi et Céleste, comme Jackie et John, comme Barack et Michelle. Putain d'couple présidentielle Meg et Chace. Mais y a plus de Chace, seulement une Meg seule pour supporter l’idée qu’elle aurait pu mourir en même temps que lui. t’imagine ce qui peut se passer dans sa tête, t’imagine toutes les questions, les remords, le reste. Elle ne vas pas bien Meg. Même si elle prétend le contraire, qu’elle dit le contraire, à tout le monde. elle te ment à toi aussi. et elle sait que tu le sais, t’évite du mieux qu’elle peut. pas ce soir meg. tu m’éviteras pas ce soir. posté devant le bar, vous tombez face à face. T'a une sale gueule meg. la gueule d’une fille qui perd pied, accroché au bord du vide. elle a l’air surprise, te demande ce que tu fais là. t’écrases le mégot sous ton talon, hausse les épaules, les mains dans le jean. “Je passais voir comment t’allais…”, puisque tu réponds pas, puisque t'es jamais là, “vu que tu m’évites en ce moment…”, tu passes pas par quatre chemin, direct, cash, le visage fermé. T’as besoin de savoir comment elle va. T’as besoin de savoir surtout qu’elle va bien. tu l’as promis à Chace. d’être là pour elle....

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{ how my poor heart aches }
crédit/ tumblr ✧ w/@vince barlow

C’est trop dur. Bien trop dur, de soutenir son regard. Bien trop dur, de le trouver là, devant ce bar. Surtout ce soir. Surtout alors qu’elle sent déjà ses membres trembler par manque. Manque de la seule substance qui lui permet encore de tenir debout. Elle n’a pas le courage d’affronter Vince, qui lui rappelle sans cesse l’homme qu’elle a aimé. Elle n’a pas le courage d’affronter Vince, parce qu’elle ne veut pas à qu’il voit à quel point elle est pitoyable. A quel point elle peine à se relever. Parce que t’es vivante, Meg. T’es vivante et t’as honte de l’être. Honte de ne pas être capable d’honorer celui qui faisait battre ton cœur. Et elle sait. Elle sait qu’il souffre, lui aussi. Elle sait qu’il souffre de la perte de son ami. Mieux que personne, elle le sait. Parce qu’elle serait effondrée à l’idée même de perdre l’une de ses amies, l’une de ses sœurs. Alors elle comprend, oui, et peut-être qu’elle réagit mal. Peut-être qu’elle devrait laisser Vince la soutenir, et le soutenir en retour. Mais tu ne peux pas, Meg. Tu ne peux pas parce que t’as toujours été forte, et que tu ne sais pas faire autrement. Mais Vince, il est là. Déterminé. Il est là, prêt à ne rien lâcher. Ses paroles sont glaçantes, franches, et pourtant tellement vraies. Il a raison. Elle l’évite. Depuis des jours. Des semaines. Des mois. Depuis qu’il n’est plus là. Depuis qu’elle n’est plus la même. - C’est faux. Je ne cherche pas à t’éviter. Le cœur qui s’accélère, la jambe qui commence a vaciller légèrement, le pied tapant contre le sol, elle veut disparaître. Juste disparaître. Oublier ce qu’elle est. Oublier ce qu’elle a perdu. Ce qu’elle a laissé. Oublier la mort pesante de toutes les personnes qui ont le malheur de l’approcher. - Je vais bien. Je t’assure. Alors ne t’inquiète pas pour moi. Ne reste pas près de moi, je t’en prie. Ne reste pas, Vince, parce que je ne supporterai pas qu’il t’arrive quelque chose, à toi aussi. Elle a le visage fermé, elle aussi, Meg. Jouer la dure, elle sait faire. Elle l’a toujours fait. Et pourtant c’est de plus en plus difficile de garder contenance quand le mal la ronge. Quand le mal l’envahit. Quand le mal-être l’attire toujours plus bas, toujours plus loin. Et pourtant, elle demande finalement. - Et toi, comment tu vas ? Parce qu’elle est comme ça. Parce qu’elle aura toujours ce côté protecteur avec les rares personnes qu’elle aime. Les rares qui parviennent à se faire une place dans sa vie. Et Vince, il a réussi. Immédiatement. Parce que là où il y avait Chace, il y avait Vince. Une image qu’elle n’oubliera jamais. Une image gravée, de lui, d’eux, de tous ces putains de beaux moments partagés.

ce sera toujours là, ce sentiment d’injustice, cette chose mauvaise qui torture l’esprit et influence les actes. cette chose que t’ont, en toi, depuis toujours, depuis ta naissance, depuis la naissance de Molly, depuis le départ de papa, les mensonges de maman. et ce sera toujours là, cette rage qui fait serrer les poings, vrille le crâne. te rend mauvais. Tu’n'es pas un gars mauvais pourtant Vince, juste un peu con, juste les poings un peu faciles, la violence pour seul moyen de communication. ce sera toujours là, persistant, d’autant plus quand t’apprend ce genre de nouvelle qui fou un coup, te projette un peu plus dans la merde qui constitue ta vie, ton entourage. un pote mort. un accident. il paraît. Tu n'as pas voulu y croire au début, parce que rien n’arrive jamais par accident, parce qu’il n’y a pas un putain de destin cosmique qui décide pour nous, pas de volonté de Dieu ou de tu ne sais qui d’autre. non, rien n’est dû au hasard. pas vraiment en tout cas.

mais c’est là, bien réel, l’accident qui t’enlève ton pote, laisse sa copine en deuil, un immense silence entre vous. meg s’éloigne, meg se perd, meg à une sale gueule ce soir là, Meg va pas bien. et toi t’e la commune un con, à l’attendre sur le trottoir, tes mains dans les poches, tes promesses plein le crâne. Il t’avait dit Chace, il t’avait fait promettre d’être là pour elle s’il lui arrivait quoi que ce soit, le jour où il y passerait. présage de son avenir. elle sort enfin, viens à ta rencontre. t’écrase le mégot qui se consume encore au bout de tes doigts, accuse le coup dès le départ. elle cherche à te fuir, toi comme les autres, meg se renferme, meg va pas bien, meg veut pas le dire, veut pas l’avouer. et tu la comprends d’une certaine façon, tu’agirais sûrement de la même façon. sauf que t’a promis, et une promesse est une promesse, surtout quand elle est faite à un pote qui n’est plus là. elle se défend, se justifie, elle va bien, elle n'a pas besoin de toi. bien sur que non elle n'a pas besoin de toi, bien sur que non tu ne sais pas comment arrangé ça. tu ne peux surement pas. tu hoches la tête à sa question, un soupire au bord des lèvres. “ouais ça va”, t’a vécu pire, t’a vécu mieux, tu n'as pas envie d’en parler, pas ce soir, pas à Meg. Tu’es là pour elle, pas l’inverse. un signe de tête vers la route, là-bas un peu plus loin, les rues sombres. “Viens-j'te ramène”, tu lui laisses pas vraiment le choix, pas l’envie de la laisser partir, s’enfuir, tu veux qu’elle reste près de toi ce soir, qu’elle te parle, qu’elle ouvre son coeur, crache son venin. elle peut bien hurler, crier, te frapper, t’accuser même, elle peut bien passer ses nerfs sur toi, tant qu’elle crache tout ce qu’elle a craché. tu plantes ton regard océan dans le sien, tes yeux qui cherchent une réponse, cherche à voir où elle a mal, perçoit la douleur, là sous sa poitrine. “on s’inquiète pour toi meg…”, on, c’est qui on ? eux ? vos amis, les quelques uns qui reste, gravite encore autour de vous ? toi surtout.

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Elle voudrait juste qu’on la laisse, Meg. Elle voudrait juste qu’on la laisse s’enfoncer. Qu’on la laisse s’écrouler. Parce qu’elle chutera, quoi qu’il arrive. Elle finira par tomber. Et elle préfère tomber seule plutôt qu’en entraînant une fois de plus des personnes qu’elle aime. Elle voudrait juste que tout s’arrête, que tout s’envole. La peine. La souffrance. La mort. Mais il n’y a rien qui s’envole, rien, sauf ceux qui comptent pour elle. Ils s’envolent, ils disparaissent à jamais. Ils deviennent fantômes dans une vie de noirceur. Fantôme sur ton épaule, Meg. Fantôme qui te tire, qui t’entraîne plus bas, toujours plus bas. Et puis Vince est là. Vince s’inquiète. Vince cherche à comprendre, à comprendre pourquoi elle n’est plus la même, pour elle disparaît du paysage, elle aussi, peu à peu. Vince n’est pas au mieux de sa forme, lui non plus. Elle peut le voir. Elle peut le sentir. Ils sont tous les mêmes, ces gamins des rues. L’habitude de jouer les durs. L’habitude de mentir pour ne pas se montrer vulnérable. Au fond, c’est tout. Tout ce qu’elle a toujours su faire, Meg. Être forte. Se battre. La tête brûlée qui ne craint rien. La tête brûlée qui ne s’arrête jamais. Avant. Une autre époque. Et son cœur manque un bon, lorsque Vince affirme qu’il va la raccompagner. C’est tout ce qu’elle souhaite éviter, qu’il se sente responsable d’elle. C’est tout ce qu’elle souhaite éviter, qu’il voit comment elle vit, réellement. - Je suis capable de rentrer toute seule… T’as… T’as pas à faire ça. La voix fragile, la voix qui tremble. Loin d’être sûre d’elle, Meg. Loin d’avoir assez de volonté pour pouvoir lui résister. Loin d’avoir assez de force pour pouvoir le repousser. Le sentiment de manque qui la brise. Qui brise son cœur. Qui brise son corps. Elle faiblit, elle a beaucoup trop de mal à garder contenance. Beaucoup trop de mal à le regarder dans les yeux. Pourtant t’as le cœur qui serre, quand t’entends ses dernières paroles. - Il ne faut pas. Je m’en sors. Une tombe. Muette comme une tombe. Elle n’avouera pas qu’elle crève, sans Chace. Elle n’avouera pas qu’elle crève, de le savoir mort, et de se sentir encore envie. Elle n’avouera pas, parce qu’elle a bien trop peur de finir par s’effondrer complètement. Tu réalises pas que t’es déjà au sol, Meg. - Ecoute, c’est gentil de ta part de faire attention à moi… Et je sais pourquoi tu le fais… Mais j’suis contagieuse, Vince. Tu ferais mieux de t’éloigner de moi. Le cerveau qui déraille, les pensées qui se bousculent, tout ce qu’elle voudrait dire mais qu’elle ne dit pas. Ce qu’elle ne voudrait pas avouer qui ressort finalement. Perdue. L’esprit embué. L’esprit déraillé. Au fond, t’as peut-être besoin de lui bien plus que tu ne le voudrais, Meg.

des règles auxquels tu tiens,
celle que tu respectes depuis que t’es gosse,
comme honorer tes promesses Vince.

T'as toujours mis un point d’honneur à ne pas ressembler à ta mère, à faire tout ce qu’elle n’a jamais su faire, en commençant par tenir parole, tenir tes promesses. et celle-ci ton faite à Chace est l’une des plus importantes. capitale. cruciale. la seule promesse que tu dois tenir peut-être. Celle de protéger Meg, de veiller sur elle. tu la prends à cœur ta mission, traverse même tout le quartier pour l’attendre à la sortie de son boulot. parce que tu sais qu’elle ne va pas bien, malgré tout ce qu’elle prétend, malgré ses faux sourires qu’elle vous vend, tu sais que c’est dur pour elle, tu l’imagines assez facilement.

pourtant elle répète que non, qu’elle n’a certainement pas besoin de toi, pas besoin de ton aide, pas besoin de tout ça. tu comprends pas pourquoi elle refuse la main tendue, le geste que tu fais vers elle. tu comprends pas son excès de fierté, et tu souffles une nouvelle fois quand elle refuse que tu l’accompagnes, prétextant pouvoir rentré seule. bien sur qu’elle le peut, bien sur qu’elle n’a pas besoin de toi coller à ses bask’, bien sur. pourtant tu l’entends sa voix tremblante, tu les vois ses yeux qui cherchent à te fuir, le regard qu’elle détourne volontairement. qu’est-ce qu'elle cherche à cacher ? ses yeux humides ? des larmes qui peuvent pointer à tout moment ? tu’as l’impression d’avoir en face de toi une chose fragile, beauté cristalline, qui, à tout moment pourrait se briser.

elle crache enfin, le fond de sa pensée, ses idées noires, ses idées stupide de malchance, de porter l’oeil sur tous ceux qui l’entoure. contagieuse. ça t’fait marrer, un rictus sur les lèvres, tu secoue la tête. “arrête tes conneries”, tu souffles, avance vers elle, un pas, le regard fond dans le sien. “et au pire je prends le risque”, tu hausse les épaules en l’observant. “T'es pas contagieuse Meg, t’y est pour rien dans l’accident, c’est juste que…”, tu cherches les mots, loin d’avoir le tact qu’il faudrait avoir dans ce genre de situation. Tu n'as jamais su faire ça de toute façon, trouver les bons mots. “Y'as des choses qui arrive sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit…”, tu le sais bien, tu le comprends le sentiment de culpabilité, l’envie de changer ce qui a été fait, ce qui s’est passé, changer le destin. “arrête de te torturer, tu mérites pas ça”, un pas de plus vers elle, un bras qui entoure ses épaules, un baiser sur le haut de son crâne. tu l’oublieras pas ta promesse, tu la laisseras pas sombrer Meg, même si au fond, t’as peur que ce soit déjà trop tard, t’as peur de ne pas savoir quoi faire de ses idées qui la hante.

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crédit/ tumblr ✧ w/@vince barlow

Il y a cette sensation,
Celle que tout est déjà perdu.
Celle que tout est déjà trop tard.

Cette sensation qui pèse lourd sur ses épaules. Comme un boulet, attaché à sa cheville. Un boulet qui l’entraîne, tout au fond de l’océan. Et l’idée que jamais plus elle ne retrouvera la surface. L’idée que jamais plus elle ne pourra respirer. Et peut-être que c’est mieux. Peut-être que ce serait mieux. Pour elle, pour tout le monde. Être libérée de ce poids. De ce mal qui la ronge. Et libérer le monde, d’elle. Libérer le monde de cette noirceur qui l’entoure. Parce que Vince, il est là uniquement pour l’aider, ce soir. Il est ici parce qu’il s’inquiète pour elle. C’est l’effet néfaste que tu as sur les gens, Meg. C’est ce que tu provoques chez eux. Et ils tomberont en essayant de te relever. Ils tomberont. Comme sa mère. Comme Chace. Comme Aquila. Comme toutes les personnes qu’elle s’évertue à aimer. Comme toutes les personnes qui entrent dans sa vie. Elle leur fera du mal, à tous. Elle leur fera du mal, même sans le vouloir.

Mais il ne le croit pas. Vince ne le croit pas. Comme personne d’autre. Ils te prennent tous pour une folle. Et c’est peut-être ce que tu es, au fond. Folle. Avec les voix que tu entends. Les mains invisibles sur tes épaules. Elle devrait écouter son discours. Elle devrait le croire sur parole. Elle devrait l’écouter pour espérer aller mieux, un jour. Pour espérer s’en sortir. Mais son cœur hurle le contraire. Son cœur hurle qu’elle est responsable. Son cœur hurle qu’elle est la seule fautive. Qu’elle brise tout ce qu’elle touche. Qu’elle brise tous ceux s’approchent. - Il n’y a pas que cet accident Vince, c’est… C’est… Toute ma vie qui est comme ça. Son bras autour d’elle vient pourtant la rassurer, rien qu’un peu. Ce baiser contre son front la conforte dans l’idée qu’elle n’est pas seule. Qu’elle n’est plus seule. - Peut-être que… Que c’est justement, exactement, ce que je mérite… Elle se serre pourtant dans ses bras, les yeux brillants. C’est tout ce qu’elle voulait éviter. C’est tout ce qu’elle voulait éviter, devoir montrer à quel point elle est perturbée. A quel point est-ce qu’elle se sent mal. Détruite. Complètement détruite de l’intérieur. Elle est rongée par les fantômes tout autour d’elle. Rongée par les fantômes qui vacillent, et se font toujours plus présents.