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 Crève, je t'aime (ft. Amour)

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Message Sujet: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Ven 9 Oct - 18:47

crève, je t'aime
Amour & Misha

« Baratine-moi de romances, toi qui part au moindre doute. Rembobine ou recommence que je me repasse nos jours en boucle. »
A la convergence des luttes, des pensées moribondes injectées dans le crâne, la nuit a produit la sale spontanéité de Misha lorsqu’il s’est détourné de ses hommes, fidèles roquets nourris de la misère des ouailles. Ils n’ont pas arqué le sourcil lorsqu’il a asséné de son faciès rembruni qu’il allait voir ailleurs, une fois la négoce accomplie. Lorsque les nouvelles arrivantes ont plié le genou au sol et qu’elles se sont enracinées dans le béton de la salle masure, lorsque les gorges ont déployé la vaillance d’avaler la semence patriarcale, et que c’était tamponné sur leurs dossiers et sur leurs gueules, qu’elles avaient passé le test. Que pour un peu de rondeurs, de fronde ou de jeunesse, on les classerait sous couvert des bonnes oeuvres sexistes. Des “maisons”, qu’ils appelaient, ces enflures. Pas moins que des logis de misère et de stupre, sentant bon le lilas, la vanille, parfois même les cendres chaudes sommeillant dans l’attente du tison. “J’me casse, j’ai d’autres choses à foutre”. Ca avait suffit à annihiler toute velléité zélée engonçant Aleksandr qui avait saisi l’idée ; Misha ne consentirait à aucune forme d’insistance ni d’accompagnement, sous prétexte, peut-être, de la visite d’une amante.  Une confusion brute et sombre passe alors sur la trogne du fils Orlov, et cette propension qu’il a à charger la pupille d’autant de balles de kalach’ donne envie de garder le silence.

Cela ne lui avait pas pris d’un seul coup, ce besoin vital d’aller la voir. Il fallait remonter relativement loin dans le cheminement de ses synapses pour comprendre l’origine de ce vice lié à l’autodestruction. De comment il accourait vers elle et de comment il revenait, pas bien foutu de comprendre que ce qu’elle comptait lui faucher était son corps mort, pas son coeur vivant. Et ce silence assourdissant dans les mots jamais prononcés, ou seulement à travers les sommations, les réprimandes et les grondements. Misha ne met jamais ses inclinations en avant, c’est qu’il est couard et pudique sentimental, pas exhibitionniste. En chemin vers la berline ce sont encore les dissentiments avec le père qui lui reviennent à l’esprit, de ces différends qui gueulaient forts, embourbés dans la jalousie comme l’incompréhension lorsqu’il avait appris pour la descente chez la blonde apathique. La façon qu’avait Grisha de taper du poing, de la honnir si fort qu’une veine apparaissait de temps à autres sur la tempe, et d’assurer qu’à la prochaine mention de son nom, c’était l’acajou du cercueil qui lui percuterait le crâne. Misha s’était embrasé à son tour, pas bien foutu d’éteindre le feu de leurs dissonances. Cette histoire suicidaire, c’était ni une histoire de cul, pas bien une histoire de coeur. C’était le reflet du lien incestuel du père jaloux, du fils amoureux de la mort. Et comme il aimait qu’elle lui fasse du mal, pourvu qu’elle lui appartienne. Il n’avait pas jugé bon d’étouffer les semonces ni l’altercation, sur le moment. Le problème des excuses, sous couvert de la sagesse, c’est que c’est foutrement moins ludique. Passer du crack à la verveine, c’était pas bien sa came.

Le moteur ronronne sous le capot à la traversée du macadam le menant dans les artères paupéristes du Queens. Les yeux noirs braqués sur la route et c’est admirable, cette façon qu’il a de polariser son attention sur nulle part en conduisant, la cornée polie d’autant de nuances sombres. Minutieusement, Misha tend à recadrer ses pensées, se raconter une histoire plausible avec le fatras qu’ils ont laissé derrière eux. Du va te faire foutre, ou du crève, j’t’aimais quand même. Faire semblant d’y voir clair, d’être cohérent. Mais agir sans réfléchir et aller la voir tout de même. Et il y peut rien, s’entend-il penser. Y a rien qu’la violence, pour faire parler les gens, sinon ils t’envoient chier. Rien que la violence, pour bien communiquer. C’est pas Amour qui devrait le contredire.

Trois heures du matin, pas la bonne heure pour visiter une donzelle, pas même une de sa trempe. Ce n’est pas une porte grinçante qui l’accueille au pied de l’immeuble crasse mais des cartons dressés obstruant la cavité des violences passées sans que cela ne lui arrache une moue surprise. C’est absurde, mais il toque. Pas moins con, pourtant, que de s’annoncer. “C’est moi, Misha” ou comment entendre le cliquetis du flingue qui se met en branle. Alors il se tait, pénètre comme chez lui le taudis plongé dans les ténèbres perforée de la lumière de son téléphone, jusqu’à ce qu’il trouve un interrupteur. Lorsqu’il tombe sur elle, la gueule enfarinée de haine, c’est certain qu’il nage sous l’eau, sous le gouffre qu’ils ont creusé. « J’ai frappé, merde, j’suis poli. » Mais l’heure n’est pas aux boutades. Elle n’est pas même aux retrouvailles. Misha enchaîne derechef, le faciès taillé dans le marbre et pourtant marqué du manque. « J’ai appris y a quelques jours c’qui s’était passé. J’avais plus d’nouvelles. J’ai cru qu’il t’avait descendue. » Pas longtemps, mais tout de même. Ce que ça m’a fait dans le poitrail, l’idée de te voir pourrir, ça a taraudé tout mon être, l’a percé de bout en bout. Comme des écrous vissés dans l’estomac, c’est les cris déchirants qu’on n’entend pas. Mais crois pas que j’vais te l’dire, tout ça.


(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Jeu 15 Oct - 11:58

crève, je t'aime

Au-delà du silence le croassement éraillé du ruban dactylographié qu’elle déchire de part et d’autre de l’encadrement, la môme surmonte les tranches cartonnées sans se berner d’humour. L’appartement ventile l’odeur moribonde d’un clébard bien mort qu’on a retiré avec quelque peu de retard sur l’horloge de la pourriture; ça sent la veuve noire comme elle a été laissée suspendue là. Sous les godasses craquèlent les débris de vaisselle et de mobilier. On entend rien d’autres que ses gravats à elle qui forniquent avec la haine. Par chance, le fiel pourpre d’Orlov senior n’était pas allé jusqu’à éventrer le matelas, peut-être la vue entamée du coton lui avait-elle apporté pleine satisfaction. Mais ce n’est pas la faiblesse de l’embarras qui agite la petite blonde, les bleues cerclées de violet. Car le russe n’avait pas eu le temps de cacher la marmaille boursouflée par les violences entre les ressorts pour relever le caractère insalubre de la paillasse. Les fines exigences du déclin de la pourriture ayant été abruptement réfrénées dans leur élan. À la lumière des rayons de lune qui percent le vitrail, Amour jette un regard aux contours canins sur le parquet usité et opine vers le lit où le corps s’effondre en une expiration bruyante. Les paupières se referment sur les orbes nervurées par la fatigue des nuitées à veiller sans ciller. Toutes agitations de l’esprit annihilées par la traversée éprouvante des événements et des interrogatoires.

Le songe de Misha lui brûle l'encéphale alors que les accusations s’enchevêtrent les unes aux autres, que les points se fracassent lourdement sur la table bancale. La môme est taiseuse, statuesque sur la chaise de plastique, les jambes serrées entre les deux pieds de ferraille. L’oeil dans la tourmente fixe le mur derrière la silhouette chiffonnée par la prolixe soudain taciturne. Elle s’imagine la langue fourchée du garçon, jactant l’ordre au souverain, hélant la sentence. Elle tourne et retourne l’acception dans sa caboche immature, entre quels mots l’a-t-il foutue en pâture. Quand finalement elle y pense, à toute la désinvolture dans laquelle il a certainement drapé le poison d’Amour, la jambe tremble à un rythme frénétique. Derrière la tête dorée, les décors se succèdent aux ravages de la conscience, de la cellule à la piaule des menteurs et des désespérés. Elle veille à ne pas clore le regard s’abritant désespérément du complot. À terme, le cerveau s’épuise et vidange la pensée, il n’y a plus qu’un vide immense où le mutisme fait écho. L’ardoise de la criminelle bientôt lavée et rayée du bouton de manchette de son juge badigeonne de honte son assurance ordinaire. Dante accueille la déception avec un mépris qui masque l’aigreur d’un temps jeté et perdu auprès de son ouaille. Et Amour n’ose pas lever la trogne, déjà criblée des afflictions de chacun.

Elle s’est endormie sans volonté, à contre-coeur, bercée par le vacarme de son existence. Brutalement, cette mélopée du désordre l’exhorte du sommeil. Des sons feutrés et réguliers dont elle ne devine pas qu’ils viennent de cognements sur le carton. Amour glisse avec précaution sur le côté de son lit pour empoigner les éclats tranchants d’une assiette, se tient à couvert dans l’obscurité. Un filet de lumière tâte l’environnement, lui passe à côté. Quand enfin la friche s’éclaire, elle se redresse pour fustiger l’intrus. La représaille s’interrompt nettement, et elle jette aux pompes de Misha l’arme misérable. Les azurs s’attardent à peine sur la palabre, elle détourne l’attention sur la pièce dont elle semble découvrir les dégâts. “Comme si j’étais facile à buter”, l’Amour marmonne passive et vexée tentant de réunir du pied les morceaux dans un coin. Elle ne se demande plus ce que ça lui ferait réellement de la savoir emportée par la mort. Que si un jour elle avait pu lui être précieuse, aujourd’hui il est évident qu’elle ne l’est plus. Que si du moins elle l’est, elle ne veut pas être des Amours que l’on tue. “Pourquoi t’es là franch’ment? T’as pas entendu la rumeur? Paraît qu’j’veux ta peau”, le rire éreinté qu’elle inflige au sol. Une centaine de morts, c’est toutes les occasions qu’elle avait délibérément manquées pour anéantir la crevure. Mais les hommes ont l’orgueil de croire que leur vie est dûe parce qu’ils l’ont choisie ainsi, alors que cette nature n’existe qu’à l’aune d’une sagesse des opportunités faites aux femmes. Raccrochée aux cendres de la mémoire, Amour est encore trop décidée à crever pour un acolyte déloyal. T’es p’t’être là pour voir si ma mort t’fait suffisamment honneur. Pardon j’meurs pas très bien, j’meurs grandiose mais pas sous n’importe quelle main. Et puisqu’on y est, presse la gâchette et tue-moi bien, enfin.


(c) élissan. @misha orlov
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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Dim 25 Oct - 10:05

crève, je t'aime
Amour & Misha

« Baratine-moi de romances, toi qui part au moindre doute. Rembobine ou recommence que je me repasse nos jours en boucle. »
Trois jours de tensions, puis que ça se tasse bien. Misha avait espéré naïvement que tout redeviendrait comme avant, sans que rien d’autre n’interfère que leurs sales fiertés. Pointer un flingue sur le crâne de celle qu’on souhaiterait coucher, pas à terre mais bien dans ses bras, c’était sans doute pas l’idée la plus lumineuse ayant percuté son foutu crâne de débraillé. La livrer aux autorités pour un peu d’ego meurtri non plus. Mais il l’avait fait, visiblement sans remords, et s’était stupidement interrogé sur son silence avant qu’elle ne revienne vers lui par messages interposés. Des laïus de mauvais augure, comme elle savait si bien le faire. Polir sa misère d’autant de violence et quémander sa tête sur un plateau. Mais c’étaient pas bien les menaces de mort qui avaient secoué Misha. De ce qu’il savait d’elle, et de sa pugnacité, c’était évident que son désir furieux d’en découdre l’aurait assassiné déjà mille fois. De ce qu’il savait de lui et de sa foutue propension à se penser invincible, perclus par les sentiments qu’il avait, lui pour elle, c’était sûr qu’il lui aurait donné le peu qu’elle voulait bien de lui. Y avait rien de sa vie, de ses désirs de petites morts, qui le secouait franchement. Mais de ses supputations sur Orphée, de comment la gamine le lâcherait si elle venait à percer le plastron de ses mensonges, ça l’avait follement fait bader. En dépit de la placidité de ses réponses envers Amour, de comment il transpirait soit-disant l’assurance, Misha retenait son souffle à chacun de ses faux-pas. Amour était comme lui. C’était pas bien l’affect pour les bancs de l’école qui l’ébranlait. Taillée dans l’asphalte de la vie, elle avait l’intelligence butée des bitumes, la débrouillardise dans le sang quand elle ne s’injectait pas de l’héroïne dans les membranes. Et du peu que Misha lui avait légué sur lui, c’était certain qu’elle parviendrait à reconstituer tout le foutoir de ce qu’il était vraiment. Il s’était pourtant pointé cette nuit, faisant abstraction de ses mauvais présages. La revoir enfin, certes dans un sale état, du noir sous les yeux et la nuque courbée de fatigue, lui avait arraché un soupir de soulagement bientôt rompu par le bruit sourd de la vaisselle s’écrasant à terre.

“Pourquoi t’es là franch’ment? T’as pas entendu la rumeur? Paraît qu’j’veux ta peau”. Elle lui casse les côtes par la rudesse de ses mots, pourtant un minime sourire se loge sur les lèvres de Misha. C’qu’elle a pas idée de ce qu’il pourrait lui donner pour qu’elle se sente mieux. P’têtre bien qu’il se laisserait crever pour elle, si c’était le seul moyen pour qu’elle revive. "parce qu’j’fais pitié quand t’es là et qu’c’est pas l’plan", lui avait-elle soufflé entre deux uppercuts sur un ring. Des aveux en filigrane, et de comment il lui pompait la vie, forant profondément dans le geyser de ses derniers retranchements. « Tu dors pas assez, tu t'répètes comme un disque rayé. » Il sait, bien qu’il évite soigneusement d’en prendre conscience, que sa menace passée en boucle germerait bien assez dans son crâne pour un jour se déployer bien comme il faut. Malgré tout, Misha persiste. Cette propension à la provocation, pas bien intelligente et foutrement frondeuse, ça l’excite assez pour ne jamais fermer sa belle gueule. « Si tu voulais vraiment me buter, y a longtemps qu’tu l’aurais fait. » Parce que j’te connais. Du moins le croit-il encore. Un dixième de secondes, pour que l’échange de regard ne prenne la couleur des tensions, de la haine peut-être, de l’amour qu’il a, lui pour elle, c’est certain. Et Misha se fout bien d’avoir ou non le dessus, il se fout de ses mimiques rageuses, de comment elle se l’imagine crever. Ce qui l’accroche, c’est ce moment précis. Ce qu’il va lui dire, c’est foutrement pas le moment, ni le lieu, ni le temps. Ni ici, ni jamais. Mais parce qu’il a le pressentiment que c’est bien la dernière fois qu’il la croisera, Misha, pour une rare fois, balaie sa lâcheté sentimentale. « Je t’aime. Et j’m’en fous, que tu veuilles pas l’entendre. Et j’aurais pas tiré, tu sais. » Il aurait aimé que ça glisse mieux sur ses lèvres, qu’il explique son geste bancal, de comment il a pris peur et qu’il a levé ce foutu flingue. Au moins l’aveu sentimental ne sonne pas chaud, mielleux et sucré. De toute évidence, c’est bien là tout ce qu’il peut se permettre. « Et j’sais bien que tu t’en fous, toi aussi. Que t’es une teigne, tout ça. Pas facile à crever, de c’que t’en dis. Et tant mieux. Tout c’qui s’est passé, tout c’que j’ai pu faire, je sais pas bien pourquoi je l’ai fait. Mais la dernière chose que j’voulais, c’était bien te faire du mal. » Y a rien dans la voix, rien dans le regard et rien sous la langue qui ne trahisse l’état nigaud de ce genre d’aveux poisseux et sucré. Ce qu’il assène avec pragmatisme, un peu de froideur au détour des mots, Misha sait bien que y a rien à attendre en retour. Simplement la vérité fendant ses lippes, avant que le tout ne dégénère.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Mer 11 Nov - 19:46

crève, je t'aime

Dans les mots qu’elle libère, est-ce une façon de délivrer les bagatelles enivrées, de fourrer dans les chardons quelques relents de la violente passion. À chaque expire, Amour plaide le contraire aux moyens de tout ce qui n’en est pas, ces choses qui n’altèrent guère les fortifications érigées. Ainsi, respectant les doléances de la marâtre, chaque fois que l’amour était tangible on y versait un seau d’acide pour l’aider à se dissoudre. Elle épouse alors le rejet dans ces aspects vulgaires, l’armure épaisse, la peau plus encore, la langue fourchue comme il faut.
À la fin peu importe la ferraille, le plomb, l’acide qui ronge.
Les taquineries du garçon tombent dans les bras d’une lassitude écrasante, elle hausse les épaules, claque un rire mauvais parfois, puis renonce. Le dos en appuie sur le comptoir, les bras croisés sur sa poitrine, elle observe fixement le carrelage. “J’suis fatiguée…”, la vapeur de son regard dévie sur la silhouette de Misha, “j’suis crevée, pas ce soir”. Le corps est rompu, la voix enrouée de quelques étincelles d’humanité promptement ravalées alors qu’elle détourne le regard. Amour s’est esquintée au détour d’une myriade de combats innommés, elle s’est étiolée dans son propre courroux et comme prévu l’échec la rattrape, car jamais ne sera faite l’éloge de l’ignominie qui s’est subitement trouvé un coeur. L’iris est cerclée des eaux amères de la contrariété, résignée par toutes ses fois où elle s’est demandée “pourquoi” lorsqu’il s’agissait de lui, avant d’être accueillie par la froideur d’un “parce que” désinvolte. Comme elle l’a écouté et qu’il semble vaguement attendre la certitude, elle lui dit : “t’es v’nu pour t’en assurer c’est ça?”, l'œil de biais flanche sur le jeune russe, “évidemment qu’j’ai aucune envie d’te buter”. Les instincts assassins elle les avait eus, jamais néanmoins au point de les exaucer d’incarnat sur le gravier. Ça lui est arrivé de songer à la guerre qu’ils mènent l’un contre l’autre, sans user les chairs, ni se scalper les veinures, mutilant seulement ce qui jamais ne pourra être pansé. Misha n’ira pas mourir d’Amour, il le fera sans elle, comme peau de chagrin. Amour, elle, sent les gouttes du venin en émulsion sous la carne, elle sent les gouttes tomber dans le creux d’elle-même depuis des années, disséminer la mort puis l’oubli, vaillants belligérants soulevés contre le vice. Comme lui, succomber ne nécessite qu’elle. Il doit bien sentir l’odeur gâtée de la vase où elle croupit, qu’elle se délabre, et que peut-être tout amour doit être nourri, donc qu’elle en avale les miettes qu’il lui jette à travers les barreaux de glace. Les doigts se serrent sur la maille de son pull jusqu’à en meurtrir la peau, le regard fuyant qui entenaille tout de même sa fierté, et malgré ça, les jointures de la petite gueule sont lissées de quiétude.
Il a sifflé les sentiments avec fermeté pour en retirer la substance périlleuse, la mise à nue. Il a dit “je t’aime parce que”, et elle n’a pas eu froid. Mioche au dépôt de peau et de sang sous les ongles, que les bleus de la violence maculent, de la fureur dans le corps et le verbe, séraphin aux couleurs suie et flamme, qui malgré tout finit par être aimé. Et elle reste étourdie un moment, le désir impérieux de se battre encore, de se crever les deux yeux ou de se décocher une flèche droit dans les tympans, de foutre le feu à son propre amour et continuer sa route, seule, estropiée mais au zénith de sa superbe.
Mais à la fin peu importe la ferraille, le plomb, l’acide qui vous ronge.
“J’ai pas mal”, elle tente le détachement mais le plastron est déjà largement ébréché et le trouble se montre. Elle secoue même un peu la tête pour chasser l’humeur.
Pour la première fois, les mots lui sont dits, même dans l’écrin de l’enfance nulle offense de cette envergure lui avait été faite. Amour ne rimait pas avec elle-même et elle s’était résolue à vivre dans son versant. Alors au plus près de la haine elle entend qu'on l'aime et devine que c’est la dernière fois. “Maintenant qu’tu l’as dit, c’est l'moment où tu t’barres c’est ça?”, elle respire mal depuis qu'elle croit sentir la fin, “reste”.

(c) élissan. @misha orlov
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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Dim 29 Nov - 10:57

crève, je t'aime
Amour & Misha

« Baratine-moi de romances, toi qui part au moindre doute. Rembobine ou recommence que je me repasse nos jours en boucle. »
Il ne s’était attendu à rien en retour de ses aveux, pas un sourcil qui s’en étonne ni même un silence du mépris. Au mieux, peut-être, un rire sourd se fracassant sur le sol, de ceux qu’elle lui confia tout à l’heure ; ces gausseries usées lui secouant l’âme et le thorax.  Une réplique saugrenue et absente, éventuellement, et dont les palabres pointeraient ailleurs, filant à l’anglaise et se refusant à l’écho. Une riposte du genre “t’as vu il pleut pas cette nuit, trois jours qu’on n’en peut plus”, qu’aucune syntaxe, aucun vocable, aucune intonation, ne réveille la résonance de son “je t’aime”. Elle la balle, lui le flingue, elle a pourtant traversé les plastrons lorsque sa voix s’est enrouée d’humanité et a révélé son trouble ; “J’ai pas mal”. Au milieu de l’impasse leurs âmes soumises au chaos des révélations, Misha a ourlé légèrement la lippe d’un sourire et c’est bien la furieuse envie de la serrer dans ses bras qui l’anime quand il en a compris l’issue. Qu’elle parlait jamais d’avenir car elle peinait à discerner le sien, et que c’était bien facile pour lui, nouvelle marmaille de riche, de lui parler d’amour la panse aussi remplie que le compte en banque. Autrefois, se souvient-il, lorsqu’il lorgnait sur Amour et rongeait les freins de la jalousie, c’était bien les mâchoires de ces autres lui faisant du gringue qu'il souhaitait fracasser. Le regard fuyant et l'air désinvolte enrobant la langue dès lors qu'il devait justifier la flamme envieuse et ardente lui ravageant la pupille, “ils peuvent toujours bander sur ta paire de seins, qu’est-ce que j’m’en fous”, assénait-il sans relâche, la mauvaise foi couvant sous les silences. Au coin du crâne, n’essuyer que des peut-être et partir à la dérive ; survivre demeurait leur priorité lorsque les batifolages relevaient de l’inabsolue nécessité. “Maintenant qu’tu l’as dit, c’est l'moment où tu t’barres c’est ça?” C’est toujours ainsi qu’elle communique, à trop craindre ses faiblesses l’Amour sort les griffes, agressive et bien vivante. Misha a ravalé péniblement un soupir lorsqu’il a détourné la tête, les bras croisés sur le torse en signe de rémission. Elle le connaît trop bien pour qu’il ne grogne encore, mais pour une rare fois se méprend. Il a les jambes trop enracinées dans le sol pour la fuite, bien décidé à rester en dépit de l’aveu lui ayant gratté la gorge jusqu’à ce que la lucidité ne l’étreigne de ses foutues lumières. Ce qu’elle lui crache avec fureur, y a pas que la provocation qui en découle. Mais probablement aussi la requête virulente de le voir prendre la porte, sous couvert d’une question hermétique aux réponses. Les synapses pourtant, n’ont guère le temps d’acheminer leur sale jugement jusqu’à son cerveau puisque la demande se fait entendre ; “reste.”

Misha a retenu son souffle comme il a de nouveau braqué les yeux sur elle. Cette lueur sous la paupière, c’était les grands inconnus. Y avait rien de commun dans l’étincelle de son regard, rien qu’on ne lui connaissait déjà. Un mélange de soulagement, comme un répit après une course folle, de compréhension et de belle usure. Y a qu’à voir, comme ils rendent les armes fatigués d’avoir trop frappé l’estoc, les doigts et le coeur pleins d’échardes. Comme un écho à cette usure, Misha a pris place dans un vieux sofa et a fixé le mur d’en face dans la clameur silencieuse d’un repos mérité. Puis il a tiré le paquet de cigarette de la poche intérieure de son veston dans un froissement d’étoffes rompant la nouvelle accalmie, a congratulé la lèvre d’un tube de nicotine avant de proposer le cancer à sa voisine. La main tendue en silence, il a les gestes souples et apaisés. C’est dingue, ce sentiment qu’il a de vivre leur dernière fois. Alors toujours mutique, Misha se remémore leurs souvenirs, de comment il la regardait autrefois et toujours aujourd’hui, leurs retrouvailles ratées, ses tentatives récurrentes de la séduire. Toujours sans succès. Ses échecs lui tirent un bref sourire amusé lorsqu’enfin ses paroles déchirent le calme alentour. « Souvent je me demande où ça a foiré. Depuis le début, peut-être. » De comment j’aurais pas dû m’accrocher, c’était stupide j’sais bien. Mais je l’ai fait quand même. « J’suis pas certain que ça aurait dû s’passer comme ça. Ouais, j’aurais bien aimé que ça se passe autrement. » Il a l’air sérieux et pensif lorsqu’il recrache la fumée grise, le regard butant sur le mur fissuré d'en face. J’parle de nous, je sais pas bien si tu l’as saisi. Mais des inepties que je te confesse tu sais, ça me fait quand même du bien de le dire.


(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Dim 6 Déc - 14:12

crève, je t'aime

Dans la chrysalide de l’ordre qu’elle éructe, la seule supplique qu’elle a jamais été capable de dire. Un aveu de la faiblesse dont chacun doit être pourvue pour être faillible, pour confier à quelqu’un cet espoir rongeur de carne. Qu’une vie pour la sienne, ça rend foutrement plus vivant à l’issue de la transaction. C’est ainsi qu’elle s’est imaginée qu’ils étaient; un ensemble horrifié par la mort qu’ils pourraient bien trouver dans l’autre, taillé dans l’assentiment des sentiments. Qu’enfin dans la réserve des siens, Amour s’épargne la lumière du chaos qui scintille derrière le regard qu’il lui tend.


Misha bouge un peu, sous ses pieds retentissent les débris froissés d’un passif, probablement le leur. Elle craint qu’il s’articule pour partir, se devine à court d’insultes avant même qu’il ait franchi le pallier, les regains épuisés, Amour resterait en arrière pour savourer son paradoxe; la fierté et les remords. Au lieu de quoi, il se blottit dans l’inconfort d’une banquette, puis grille une clope sur le talus de la lippe. Les épaules se délestent un peu en même temps que la tension s’absout, les doigts piquent dans le paquet tendu et explore une table basse improvisée pour saisir le briquet. La flamme s’étire sous son nez et devant ses orbes, lorsqu’il assène au silence son coup fatal. Les premières fumées créent une nuée entre eux, ses iris percent l’encens pour y dénicher ceux du garçon. La môme s’assied sur l’autre extrémité du canapé, l’écoute réitérer et dessine d’un regard les mêmes lignes que le sien sur la fissure.

Elle tire longuement sur le tube jusqu’à faire geindre les poumons, grattant les souvenirs du coffre crânien déjà bien à l’air pour y avoir fouillé désespérément, à la recherche de bonne raison de vomir un rejet perpétuel. Et il n’existait pas d’autre voie que celle empruntée, à moins qu’un jour dans une enfance lointaine et piteuse, ils n’aient jamais souhaité se rencontrer au péril d’une solitude devenue intolérable. Amour ne possède pas la réminiscence du paisible, cette émotion des vulnérables qui vous imposent l’immobilisme. D’être trahie puis plantée par la première pourriture sur laquelle elle a posé la tête et clôturé les paupières. De traverser les vergers du sentimentalisme, puis d’épouser cette diminution d’elle-même avant d’être abandonnée pour des soupirs d’entre-cuisses stellaires.

« Mais c’était pas possible autrement, hein? » des mots subits ceints d’un fatalisme évident. Il n’y avait pas d’autrement pour des gamins de leur étoffe, poussés dans ce monde par des râles à fendre les entrailles; des mères déchirées par le bas ont donné naissance à leurs propres plaies. Nés dans l’aversion, ce terrible dégoût de la parenté qui donne ses raisons à l’abandon. Misha, rejeton d’un désir dérangé, et Amour d’aucun, foutue répudiée. Ils avaient pas le choix, l’avaient jamais eu, et y avait qu’à voir s’ils remplissaient ou non les critères d’adoption des désespérés, quand leur était donné le bonheur d’un repas complet juste pour supporter un peu mieux la route du retour au foyer. « Si y avait eu un autrement, t’aurais p’t’être jamais eu d’famille. Ton père est un putain d’taré, mais c’type est capable du pire juste pour s’assurer qu’tu vivras ». Elle se souvient un peu, dans le courroux qu’il instillait en claquant sa langue sur le palais pour se donner de la prestance dès qu’il fallait goûter à ces bouches impatientes et alignées par le désir, du sale besoin d’être aimé qu’elle pouvait cerner pour le couver la première. Et le festin conquis, il mimait avoir la panse pleine d’amour et elle roulait de l’oeil, la tête ailleurs. L’éclat des pupilles vivotent dans le grand vide de l’appartement, le volute de la cigarette se consomme tout seul. « T’sais j’me fais pas d’illusion, j’sais bien qu’y’a rien d’bon qui m’attend, j’sais même pas si y a quelque chose qui m’attend. J’me suis juste jamais sentie aussi seule, et tout ce que je peux faire c’est r’garder cette foutue solitude et prendre suffisamment d’médocs pour en faire une personne… Et ça lui plaît pas non plus d’être coincée avec moi ».

La gestuelle nerveuse, Amour se frotte le nez du dos de la main, écrase le mégot puis se redresse comme vivifiée. « Tu sais ce que ça fait d’en arriver à un point où tu t’dis qu’tu pourrais bien crever sans être regrettée d’personne? J’veux dire vraiment Misha… », les mains trouvent la tranche d’une assiette sur le sol, la voix est placide, absente d’elle-même « j’pourrais me foutre en l’air juste avec ce truc dans la jugulaire ou me tailler les poignets avec qu’on s’empresserait d’mettre mon cadavre au feu ». De l’extrémité mal aiguisée, la blonde fait frémir la veine du poignet, hésite puis jette le débris en céramique dans un soupir. Le corps tombe, accroupi sur le sol, devant le garçon perdu dans sa propre réflexion. « J’devrais probablement partir, être the girl next door quelque part ». Elle pouffe, moque sa propre idée tant celle-ci ne pourrait être réelle. Et elle ânonne comme s'il ne venait pas de lui parler d'amour, de révéler ses inclinaisons, parce qu'elle sait qu'avec cela rien ne vient, n'est-ce pas?

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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Ven 11 Déc - 15:28

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Amour & Misha

« Baratine-moi de romances, toi qui part au moindre doute. Rembobine ou recommence que je me repasse nos jours en boucle. »
« Mais c’était pas possible autrement, hein? » Les vapeurs de la jeunesse passée se confondent sous la retraite sentimentale ; lorsque Misha plante ses rétines sur le sol fissuré, y a ni la haine ni la défaite qui le subjuguent, mais ce douloureux tiraillement grattant sa gorge à mesure que la nicotine s’y engouffre. Et feindre de ne pas comprendre la chute lorsqu’il savait pourtant qu’un rien suffirait à faire dérailler le train des maraudes, les ventres des wagons pleins de sa fierté comme de ses doutes. Se repasser leurs vieux jours en boucle et se remémorer la jalousie, furieuse, creuser la cavité des marasmes à la seule lueur de son regard sur elle, et taire ce qu’il n’avoue que maintenant. Lui dont la seule terreur prend les pourtours de l’abandon, lui qui pousserait les battants de l’enfer pour fuir l’incurie des sentiments, avait fermé grand sa gueule à l’époque de l’éclosion du coeur. Gamin des perditions, embarrassé d’un corps d’adolescent dont il ne sut que faire, et dont seule la langue, la prestance et la dignité suffisaient à panser les craintes affectives, avait préféré se taire face à elle. Porter en lui un vide immense et un trop plein de rancune, pour un “je t’aime” endormi dans le gosier, sclérosé par l’orgueil et la certitude que rien n’était possible autrement. « Non. » finit-il par admettre dans un souffle. « Non, c’était pas possible autrement. » Comment saisir sa chance lorsque le destin ne t’en accorde aucune, et que dans le crâne de ces adolescents en proie aux hideuses projections d’un avenir abscons, l’amour côtoie les petites intrigues épisodiques. Mais de comment il l’aime aujourd’hui, et de comment ça crève les yeux - puisque le père se rendit jaloux des élans du coeur d’un héritier pour la môme - ça se sent que Misha se préserve. Et que y a rien de mieux à faire que d’ériger le plastron des sentiments ; je t’aime parce que j’sais bien que des sentiments que t’as toi, pour moi, sont inexistants. Et t’as pas conscience de comment ça me fait du bien. Même si j'ai braqué ton coeur comme le hasard d'un cambriolage, au sens propre j'veux dire, et que pour ça je m'en veux.

Elle lui parle de l’amour délétère d’un père ayant revêtu les haillons de la Faucheuse (et comme la porte s’en souvient encore, pense-t-il lorsque son regard brièvement se pose sur le carton de fortune obstruant le châssis), et de comment elle a pour compagne la solitude lorsque lui, le privilégié des attachements, traîne dans son sillage les ombres d’une personne qui tuerait pour sa vie. Un instant Misha se fige et observe, impuissant, la séparation de leurs chemins d’antan. D’où ça a foiré, de ce qu’il se demandait tout à l’heure, il se rend  compte à présent que le clivage de leurs destinées avait accéléré le processus. Tous les deux issus du ventre de la misère, à sucer le sein de l’indigence, et que l’un aspire à être aimé, l’autre à choir encore. Alors il acquiesce, toujours mutique, comprend les affres de la solitude dont elle souffre sans pour autant parvenir à les dissiper.

Amour a mal à devenir dingue et c’est d’un bond qu’elle revit. La lueur pourpre dans le regard de la suicidaire accapare l’attention de Misha dont le bras s’est figé au-dessus du cendrier. L’odeur âcre de la cigarette écrasée par à coup, machinal comme un instinct de survie, s'encrasse dans ses poumons. Il a serré fort la mâchoire lorsqu’il a levé les yeux sur elle, bien prompt à réagir, le souffle court et des réponses déjà plein la tête, sans qu’aucune ne rime à rien et sans qu’il ne les dégoise. C’est pourtant bien l’estomac qui se tord lorsqu’il l’observe se saisir du tranchant de faïence et qu’il a pour lui ce réflexe amoureux de se lever. Face à elle le silence et la peur faisant battre les veines bleues à son cou ; "j’pourrais me foutre en l’air, et tout le monde s’en fout". C’est fou comme pour lui et même en l'instant, elle est solaire et que pour d’autres c’est l’hiver qui l’habite, mais c’est bien là la seule option qu’on lui donne. « Putain fais pas ça, merde. » De cette requête expulsée de sa trachée, sans pathos ni emphase, Misha ne sait pas bien si Amour l'a entendue. Il a levé la main, amorcé un pas, la crainte peut-être que la gestuelle nerveuse de celle qui a le mal de vivre ne soit trop véloce le retient de bondir sur elle.

Le corps sous ses yeux se désosse, abandonne le dessein funeste ayant injecté trop d’adrénaline dans leurs coeurs, et c’est ainsi qu’Amour croule, se moque, survit. Il ignore bien ce qu’elle baragouine et c’est pour dire comme y a trop de voix dans son crâne, l’ascension de ses démons qui parlent ensemble, de ses doutes et de ses fiertés qui s’effritent. Comme il se sent con à rester planté là, et comme il hésite à la rejoindre. Sa pudeur le rend invalide lorsque d’un souffle Misha l’envoie valser ; et qu’importe si elle se débat, le repousse, le maudit, l’invective, le voilà accroupi à ses côtés. Et de ses grands bras  enserrant les épaules Amour dans un étau soulagé, ce qu’il peut la serrer fort pour s’assurer qu’ici encore elle demeure, il clame d’une voix aussi posée que tremblante : « T’es balaise pour faire semblant. » J’t’ai toujours vue seule du haut de ta falaise, mais j’ai toujours pensé que tout allait à peu près bien et que t'allais pas sauter.

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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Sam 12 Déc - 22:48

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Misha se redresse, la silhouette longiligne, bien plus grande et imposante que celle de la môme étouffée par les couches de cette obscurité charbonneuse dont il se pare souvent. Ça ne lui fait pas lever le nez de ses petites manigances masochistes. Elle continue de griffonner les rivières ensevelies sous les poignets; le regard frémissant sous le terrible calvaire qui s’annonce, celui de gratter les globules hors des planches, cet ultime acte clément envers la sainte-terre et son orbite tracassé depuis qu’elle en arpente la circonférence. Aux vibrations de la voix, la main armée tressaille un peu mais n’admet pas la répudiation émise. Car l’entaille qu’elle se suggère est un soliloque, c’est elle qui se demande, c’est elle qui se répond. Mais là où Misha fait erreur, engoncé dans ses habitudes de suceur de pleurs, c’est qu’Amour n’a rien à se dire, ni d’idée à chasser, car elle ne peut se résoudre à se tuer puisque ce n’est jamais qu’aux autres qu’elle reproche de lui avoir failli.

Le plumage noir remue doucement, et c’est ce coup de vent sous le manteau qui provoque l’effondrement. Sur le sol, la môme est avalée dans les grandes mâchoires du garçon et ricane quand même de là où ça l’amène, ce foutoir. Levant des yeux encore rieurs, elle accède avec stupeur à la chute du morveux tout près d’elle. Et y avait quelque chose à les voir s’écraser l’un après l’autre contre le parterre; des briques fielleuses défoncées, du granit de la misère troué par le fracas d’une pioche, la poussière du béton des batailles. Les fondations d’un échec voué ou des déconvenues de l’amour, où les gravats gisaient à présent l’un près de l’autre, puis l’un contre l’autre tandis qu’il la glisse dans l’étreinte. La tête posée sur l’épaule, le visage vers l’extérieur, Amour écoute les détonations de la parole à l’intérieur du corps en même temps qu’elle observe l’allure bégueule du canapé. Cet endroit est à jamais  le seul témoin de toute la tendresse dont elle était capable: un enlacement des corps qu’elle n’avait pas initié, qui générait la paix, le repos et le bouleversement de l’affect occulte.

Ce qu’il en dit des derniers instants Amour ne le comprend pas, alors qu’il l’accusait de s’être toujours cachée comme elle avait continué à vivre sans rien attendre du reste, elle songeait qu’il ne l’avait simplement jamais vue éprouver ses pertes et comment elle faisait pour leur subsister. Qu’alors il était évident qu’elle avait toujours été seule sous des regards éclairés, et qu’on attendait d’elle qu’elle pleure sur son sort ou qu’elle implore d’être sauvée. Mais la blonde avait l’orgueil monstrueux de se montrer solide parmi les estropiés, et parce qu’elle n’était pas bonne non plus à materner ou même répandre ce foutu bien, l’insolence arborée méritait bien qu’on en fasse une étrangère, une exilée, de cette fille pas même assez pour être putain. C’est pourquoi elle les retenait encore, ces mots qui créent les ascensions vertigineuses du myocarde, ces confessions amoureuses qui effraient l’oscillogramme et pulsent le sang au creux des reins pour distribuer la nécessité du toucher et des baisers. Parce qu’il paraissait évident que l’amour que Misha avait révélé ne le rendait pas plus digne d’entendre la réciproque de la môme, qui luttait pourtant comme une forcenée pour ne pas faire périr ce terrible secret d’épanchement. La parole de Misha s’éteint ainsi dans une ignorance feinte par Amour.

Autour de ses épaules elle sent l’étau de ses bras perdre de sa puissance, alors la gosse scelle enfin l’étreinte pressant ses mains dans le dos de Misha, contre les omoplates sur lesquelles elle appuie doucement. C’est cette façon qu’ils ont de se passer le relai, de se reposer sur l’autre, de puiser dans leurs ressources mutuelles, et qui faisait qu’on ne pouvait s’attendre qu’à la ruine, notamment lorsqu’il se relayait dans le pire comme il l’avait fait jusque-là. Si j’te pète la mâchoire, fais-moi sauter la cervelle et j’invoquerai l’enfer sur terre. Amour ferme les paupières sur ces pensées, « moi j’aurais pas voulu qu’ça s’passe autrement », les rouvre instamment sur le visage de l’éphèbe déchirant le cercle du tendre en faisant glisser ses mains sur le sol. « Quand t’y penses… Une gamine d’ma trempe qu’allait d’rade en rade au milieu des toxicos et des enfoirés, j’aurais pu m’faire tringler à onze ans puis finir en cloque à quinze ans », elle rit un peu du fatalisme de son éducation ratée car inexistante, ancre son regard de sauvageonne qu’elle possédait en ces temps-là dans celui du minot rompu et fois moqueur qu’il était lui-même autrefois. « J’t’aurai pas laissé m’toucher, j’aurai trouvé plus con qu’toi pour l’faire, et toi t’aurais fini en taule pour de bon. P’t’être qu’t’aurais fini par faire un gosse à ton droit d’visite, une pute prépayée qu’aurait eu l’mauvais goût d’t’appeler bébé pendant qu’tu lui en foutais un dans l’ventre », elle énumère les envisageables entre le sérieux et la mesquinerie. « Puis p’t’être qu’on se s’rait plus jamais vus mais qu’c’est pas ça qu’on aura l’plus foiré, alors on n’aurait pas été déçus », la dernière mélopée dictée dans le défaut d’un mince sourire perdu en cours de discours, parce qu’il est certain qu’en cet instant ce qu’ils avaient le plus foiré, c’était eux.  

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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Lun 21 Déc - 13:52

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« Baratine-moi de romances, toi qui part au moindre doute. Rembobine ou recommence que je me repasse nos jours en boucle. »
C’est lorsqu’il ressent sur lui son étreinte que Misha se rend compte, au-delà du fait qu’il ne la connaît guère si bien, que ceux qui songent à te tuer sont bien ceux qui tiennent le plus à toi. Elle et lui, les rescapés d’une vie foireuse, par-delà la houle et les remous, s’échouent enfin l’un contre l’autre. L’étreinte demeure brève cependant, c’est qu’il ne faudrait pas que ça sanglote ni que ça s’apitoie, le larmoyant a quelque chose de foutrement nauséeux les tenant à bonne distance. Aussi lorsque Amour se déploie ailleurs, loin de lui, Misha réchappe un soupir à ses lèvres comme le dernier bastion de ce qu’il n’aura jamais d’elle. Mais cela lui suffit, alors il demeure mutique lorsqu’elle parle des réalités alternatives, du monde qu’ils auraient regardé pourrir à travers les fenêtres ou les barreaux. Sans que sa voix ne se joigne à la cohorte de ses vérités, le russe opine pourtant du chef. Et c’est bien vrai, qu’Amour aurait écarté les cuisses avant même que la puberté ne daigne arrondir sa poitrine. Que des cités englouties, de là où ils venaient, ça ne faisait pas grand état de la pudeur, de l’hygiène et moins encore de la justice. Elle ne l’aurait pas laissé le toucher, affirme-t-elle, et cette révélation pourtant évidente arrache un froncement de nez au concerné. Il le sait, pourtant, qu’il l’avait repérée adolescente avec son ventre et l’instinct qui s’y logeait déjà. Que s’il avait eu envie d’elle, c’était bien parce qu’elle avait le discours sale et qu’elle était pas bien foutue de lui rendre ne serait-ce qu’un ersatz amoureux. Le pur trading spéculatif des sentiments, et s’assurer avoir bandé sur la seule qui ne rentrerait pas dans ses sales histoires, de comment il n’aurait pas à la rembarrer une fois qu’elle se serait attachée trop fort. Parce que Amour ne s’attachait pas, et cela, Misha l’avait bien compris. Tout ce qui les préoccupait alors, c’était de foncer vers le pire. En cela elle surenchère, toujours avec justesse, sur l’autre potentielle destinée du russe ; une vie derrière les barreaux, pour un délit certainement, un crime peut-être. Misha ne peut qu’approuver silencieusement cette conviction élevée au rang de dogme car il n’ignore pas que la main tendue de celui qui demeure aujourd’hui son père, le hissa hors du marasme carcéral. L’évocation d’un bâtard conçu brutalement contre un mur lors d’un jour de visite le fait étonnamment sourire ; c’est dingue comme les chemins que l’on emprunte déterminent la personne que l’on devient. « J’suis pas déçu de t’avoir retrouvée. » qu’il assène enfin, le regard d’ambre bien ancré sur les fissures du sol. Sait-on jamais si la surprise se lisait dans l’iris de son vis-à-vis et qu’il se sentirait rougir, pâlir ou peu importe, stupidement sous l’effet des aveux et des sentiments qu’il enterre cette nuit. « Y a quand même des choses qui changent pas. On aime toujours autant faire chier l’autre. » C’est compulsif, la propension qu’ils ont à foutre la merde dans la vie de l’autre. Comme un appel à l’aide, du genre “ne m’oublie pas”, ou “rends-moi accro”, du moins, c’est ainsi que Misha l’envisage.

Le silence couve les têtes lorsqu’il réfléchit encore à cette fameuse descente, cette nuit qui libéra la bête furieuse et jalouse sur elle. La question lui brûle les lèvres, bien qu’il conçoit que peut-être, il serait plus judicieux de se taire : « J’ai su que les flics étaient venus. » Misha la toise enfin, fouille dans son regard à la recherche de vérités. Il se souvient de cette pétasse à la gueule éclatée sur le bitume, la froide détermination d’Amour à la crever ainsi, les questions du russe sur le moment : faisait-elle partie d’un clan rival, connaissait-elle ses agissements, dans quelles sales intrigues trempait-elle ? « Mon père s’en est sorti. Il s’en sort toujours. » La vérité, c’est que l’influence et l’argent triomphent toujours de la justice, n’en déplaisent aux blockbusters de Tom Cruise. « Et toi, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce qu’il va se passer, maintenant ? » Une question crue, débarrassée de toute pudeur. Seulement s’assurer qu’elle va rester.


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Message Sujet: Re: Crève, je t'aime (ft. Amour)   Crève, je t'aime (ft. Amour) Empty Jeu 14 Jan - 23:23

crève, je t'aime

Les secrets de Misha roulent sur sa langue sans qu’il sache en encaisser proprement la chute. Ils s’écoulent lentement dans la fissure et Amour l’observe macérant dans le silence de ses spéculations. S’il osait porter le regard, verrait-il alors le reflet mutilé et infectieux de leurs retrouvailles, cet ardent présage de leur ruine. Cette ruine même qu’ils avaient foulée ensemble par le passé et qu’ils s’infligent désormais, par cette sujétion au pire, la vindicte des myocardes. Amour a le sourire mince, la joie sporadique, qui fait dévier ses opales sur un autre recoin vétuste de son appartement tandis qu’il tâte le plaisir certain de leurs chamailleries. Se faire chier en s’abîmant les jointures d’un peu de sang ou du nitrate d’un flingue enclenché, en s’arrachant du même temps les lèvres à la morsure de baisers subtilisés, en sifflant la menace de se voir crevé un jour. Se faire chier et sans retour, puisque les babillages enfantins endossent maintenant des prétentions meurtrières; qu’ils se sont déjà brûlés maintes fois sur un feu qu’ils excitent pour savoir qui d’elle ou de lui, brûlera le plus fort.

Dans le parfum du silence qui les couronne, Amour peut sentir les tribulations que Misha tient suspendue dans sa cervelle jusqu’à ce que, sans qu’il s’encombre d’aucun formalisme, il en appelle aux souvenirs d’une nuit fatale. Le soupir qu’elle exulte est chargé de cette aigreur dans laquelle s’est confondu le subit tourment dont le garçon s’est épris en s’imaginant le pire. La môme réunit ses genoux contre sa poitrine, pose son menton sur les fondations de ses bras. « J’savais qu’ils viendraient, j’veux dire, j’pouvais m’y attendre après l’coup qu’tu m’as fait l’autre soir », le regard soutient fixement celui de son homologue, se rappelle la mise en garde de Dante, « j’sais qu’c’était toi Misha, à la description qu’a été donnée aux flics puis y a qu’toi d’assez rancunier pour monter un coup d’pute pareil contre moi ». La colère irrigue un peu de chaleur dans le corps froid, ses mains deviennent moites et la blonde détourne précipitamment le regard. Elle soupire encore, tout contre les remembrances désappointées du juge, contre cette peur retentissante et inconnue jusqu’alors provoquée par la rage d’un père, contre le parachèvement de sa solitude perçu dans le dernier chahut du cabot. « Ouais, l’armée et le flingue qu’il trimballe pour s’exécuter à sa place y sont p’t’être pour quelque chose », c’est la prétention qui fulmine de n’avoir su boucler le sort des indésirables. Que la corruption est bien loin de cette issue que le monstre a créé de sa main déloyale, venue forcer le renoncement de Vaughn qui n’avait su périr même de l’inévitable. Amour fronce les sourcils, songeuse. « Putain. C’est qui ton vieux? Et m’sors pas tes salades, j’ai bien vu qu’il en était pas à son coup d’essai », les orbes se sont vilement portés sur l’expression du garçon, de ce noeud de mensonges inextricables qu’il s’apprête à dégobiller.

« Comment ça qu’est-ce qu’il s’est passé, ton père est v’nu pour m’buter mais les flics avaient d’jà prévu leur descente. J’avais l’physique et l’casier pour qu’on m’inculpe mais ils avaient pas d’preuve contre moi, alors j’ai tranquillement fini ma garde à vue puis j’suis rentrée. Fin du conte », les nerfs en branle, ses ongles grattent les manches en tissu et les iris sévissent sur les questions de Misha. « On m’a r’commandé d’trouver un boulot, parce qu’les charges pèsent et qu’mon inactivité m’rend suspecte. Tu comprends, faut un putain d’col blanc pour être innocenté ici et ton père est un bel exemple », elle étend les jambes, préfère la douce hypocrisie de ce monde à la reconnaissance de ce meurtre qu’elle a pourtant commis, et ça la soulage un peu de la rancoeur qu’elle tient contre le russe. « J’sais pas, p’t’être reprendre depuis l’départ, commencer des études et faire profil-bas un certain temps », vaincue par le brouillard qui couvre désormais l’avenir, la môme hausse les épaules, les cérulées survolant le vide béant devant elle. « On s’ra enfin à égalité, même si ça f’ra pas beaucoup de différence parce qu’j’ai pas attendu d’être ton égale pour être meilleure que toi. Mais t’sais j’pourrais faire exactement c’que tu fais, m’cacher derrière des phrases bien articulées et des vêtements hors de prix et ça suffira pour qu’on m’prenne pour une enfant d’choeur. Qu’est-ce t’en penses? » les lèvres se déforment en un mince rictus, elle attend qu’il grogne un peu et conforte ainsi son choix.  

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