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 Summer rains | ft. Iskandar

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Message Sujet: Summer rains | ft. Iskandar   Summer rains | ft. Iskandar Empty Lun 1 Mar - 8:29

Summer rains
Bea & Iskandar
Les immeubles défilent, s'enfilent les uns derrières les autres. Quelques sourires se lisent sur les visages qui accueillent le printemps avec un soulagement enthousiaste. Une tête est collée contre la vitre du bus qui roule lentement, traversant les rues bondées du traffic new-yorkais. Elle ne sourit pas la demoiselle, elle regarde. Plongée dans la contemplation de ce spectacle magnifique des passants qui partent travailler, elle les dévore des yeux, hagare de leurs histoires, curieuse de leurs trous noirs. Une fillette s'accroche à la main de sa mère et supplie pour quelque lubie que Beatrix ne peut que deviner. Le regard attendri et maternel de la femme décroche un sourire à l'observatrice silencieuse. Sa mère aussi posait sur elle ce genre de regard doux et conciliant. Beatrix est plongée dans ses pensées quand soudain, au loin, une autre ombre du passé la secoue et la ramène à la réalité. Le fantôme de la mère est chassé par le souvenir du presque amant. Une veste droite, une chevelure qui semble ne pas avoir changé et son coeur perce tant le tambourinement en devient affolant. Pourquoi te mettre dans un tel état pour un étranger? Mais et s'il ne l'était pas? Le bus avance vers cette silhouette d'autrefois, la rapproche de celui qu'elle ne croit pas être un inconnu. La foule se dessine autour de lui, rendant le stress plus grand de ne pas pouvoir voir son visage au moment de passer à côté. Puis quand l'homme est atteint, quand il tourne à droite alors que le véhicule de transport continue son chemin, Beatrix appuie machinalement sur le bouton d'arrêt. Elle se faufile entre les passagers, s'accrochant à ce point qui devient plus lointain derrière la vitre arrière. Mais elle s'y accroche comme une ancre à son port. L'observatrice est désormais observée par tous ceux qu'elle bouscule pendant qu'elle fait tout le bus dans le sens inverse, s'en allant vers une porte dernière, insistant sur le bouton pour qu'il la libère. Et enfin, l'ouverture se fait et elle se jette corps et âme dans la rue, courant sans savoir si elle le retrouvera.

Elle suit la piste la plus probable, attrape les passants de son regard qui transperce sans détour, le cherche plus loin et enfin... s'arrête. De l'autre côté de la petite rue, près d'un kiosque à journaux, celui qu'elle n'a plus vu depuis des années se tient droit, de dos. Lit-il un journal ou est-il sur son téléphone? L'heure n'est plus aux devinettes. Un monde entier s'ouvre sous les pieds de la jeune chimiste. Iskandar. C'est un souffle douloureux que celui de l'amertume passée. Elle ne traverse pas, bloquée sur l'autre rive. Iskandar. Me sens-tu? Sens-tu ma présence, là, si près de toi? A quelques mètres, à quelques secondes de tes yeux qui parcourent à nouveau mon visage et mon âme. Me sens-tu? Elle sent l'envie de courir jusqu'à lui et de le prendre dans ses bras. Comme si la mort d'Hannah datait de la veille. Elle voudrait qu'il l'étreigne enfin et qu'elle lui rende la pareille. Mais elle ne parvient à rien bouger, bloquée par l'angoisse de ce regard trop puissant pour elle. Et dans cette immobilité, c'est lui qui se tourne. Son souffle se coupe quand il pose ses yeux sur elle, sans savoir ce qui l'attend. La profondeur de cet échange n'a d'égale que la douleur de leur séparation. Elle n'a pas dit au revoir. Il n'a pas cherché à savoir. Ils ont tous les deux su que ça serait trop pour l'un de continuer cette histoire qui n'avait plus de sens. Au bout d'un moment attaché à l'infini, Beatrix lâche un sourire. Le sourire du présent, celui de la jeune femme de 28 ans, celle qu'il n'a pas pu connaître. Mais qu'il a contribué à créer. @Iskandar Wilde
electric bird.

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Message Sujet: Re: Summer rains | ft. Iskandar   Summer rains | ft. Iskandar Empty Dim 7 Mar - 18:13


summer rains
@beatrix vaughan

déambulations dans la ville, il se perd, il retrouve des instants oubliés, impressions irrépressibles qui l’étreignent dans ce quartier où il déambula tant de fois, avec maxine à son bras, contant des épopées solitaires à un amour qu’il prétendait incertain à chaque regard. car il regardait des éternités de mensonges, les visages de ces autres tout autour, qui parachevaient l’image d’un bonheur sans y croire non plus, et tout cela avait le goût trop doucereux des romances à bas coût. parce que chacun n’était qu’un personnage, fait de papier et de paille, qui bientôt prendrait feu sous l’influx virulent des petites manigances. ces cachotteries qui deviennent des secrets mortels, que l’on aiguise lentement dans la nuit où l’on se dissimule, pour savoir frapper celui ou celle qu’on a prétendu aimer avec tant de fidélité. alors il balaye d’un regard gris et glacé, ces personnages fantoches, qui continuent de se raccrocher à la vie. parasites opportuns, qui rongent, qui veulent, qui désirent sans n’en retirer qu’un très veule plaisir. sans voir qu’il faut aimer jusqu’à l’infini pour consentir à créer. il arrange le noeud trop ouvert de sa cravate, tentant piètrement d’avoir l’air d’un chef quand il n’est qu’un loup qui déchaîne sa solitude parmi les hommes. il faut aujourd’hui mettre au courant l’équipe des lettres de l’étrangleur, avant que la presse n’informe ses collègues avec d’autres hérésies que celles de l’esprit tordu qui se targue d’avoir tué, des enfants et des femmes, abandonnant leurs cadavres sur l’humus pleurant de rosée. voilà pour ces âmes navrées la seule cérémonie qui leur a été accordée. dans les lettres, des dates, des lieux, des années à recouvrer avec quelques indices trop maigres pour se sustenter. l’étrangleur joue, il joue tant qu’il a adressé une de ses lettres au New York Times qui s’est engagé à ne pas la publier telle qu’elle. son pas l’emmène au kiosque où il achève sa quête, contre quelques dollars, le voilà armé de ce que l’on nomme l’information, il pourrait en rire si cela n’allait pas soulever la terreur dans toute la ville. la une n’a pas été défigurée par la monstruosité du tueur cependant, le rédacteur en chef a suivi les conseils de la cellule d’enquête, pour éviter de narrer les corps putréfiés des enfants, en première page, rendant ignoble la matinée de tout le lectorat du journal. il feuillette. page 6. ça ne durera pas, ça remontera peu à peu comme les humeurs âcres et pernicieuses, relents des entrailles d’un monde qui ne peut que naître et mourir chaque jour. page 2 d’ici quelques jours. la une la semaine prochaine, et puis le 20h. il grimace, à la perspective d’une enquête qui viendra bientôt enchaîner les médias et les flics dans une danse macabre. visages tordus par la ferveur d’un désamour.

c’est à cet instant là qu’il le ressent. un picotement à la base de sa nuque qui se hérisse d’une impression étrange, inconnue parce que depuis longtemps oubliée. et le monde danse, ça n’est pas macabre pourtant, c’est au contraire la douceur d’une sensation pourpre et blanche, profonde et superficielle à la fois. il a des couleurs dans les iris qui peignent le monde de ces carmins oniriques, le temps ralentit, puis stagne, alors qu’il se retourne et qu’il la voit. qu’il la reconnaît, malgré l’éclat de ces dernières années qui rendirent à une adolescente toute la majesté de la femme. il ne lui sourit pas, mais il penche légèrement la tête sur le côté, comme pour la saluer, elle qui demeure de l’autre côté, de la foule et de la réalité. il pourrait passer son chemin, laisser à jamais deux voies autrefois entrelacées dans la droiture presque brutale de deux parallèles. plus rien à partager, si ce n’est la conscience que l’autre existe sur le même plan que soi. et puis voilà, repartir, chercher à tracer plus loin le trait au noir du deuil qui le brouilla, il y a maintenant des années. il hésite iskandar. car tu sais ce qu’elle fut pour toi. trouble et vice, banalité de mâle excédé par son mariage et par son travail, qui finit par lorgner le corps à peine pubère d’une baby-sitter. tu t’es alors jugé bien sévèrement, à demeurer parfois auprès d’elle, à lui parler d’art et de littérature, souvent même de ces mystères réarrangés que tu ramenais tout contre ta chair marquée, par les années et par les enquêtes. tu lui as parlé d’interpol, tu lui as dépeint la france. tu as immiscé en elle un désir qu’elle excitait chez toi, peut-être même sans qu’elle ne le sache. puis tout s’est arrêté. pour elle et pour toi. les conversations et les regards appuyés, les murmures gênés quand vous vous croisiez dans le couloir désert, et que sa silhouette était si proche de la tienne. le coeur battant d’une enfance qui fleurissait, il aurait suffi de tendre la main pour commencer à faner la douceur des pétales. sans même le réaliser, il a fendu la foule et l’a rejointe de l’autre côté, sans courir, sans se presser, avec une émotion indescriptible au coeur, qui bascule entre les morceaux d’un désir entaché de sang et la laideur du deuil qu’il porte comme une couronne fiévreuse et tranchante. la serpe du temps a donné à ses traits des allures plus sévères. béatrix… soupir, et douceur du timbre. invocation incertaine, comme s’il doutait de sa présence. je suis heureux de te revoir, tu sais. politesse et vérité se mélangent, même si le bonheur n’a strictement rien à voir dans ce qui se bouscule avec violence dans son souffle et dans ses yeux.
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Message Sujet: Re: Summer rains | ft. Iskandar   Summer rains | ft. Iskandar Empty Mar 9 Mar - 14:36

Summer rains
Bea & Iskandar

Dans ta direction, j'ai couru cent fois.
J'ai traversé ce trottoir qui me séparait de toi.
Et puis, inlassablement, je me suis réveillée.
Car rien, rien ne pouvait nous rapprocher.
Loin, si loin. Et pourtant toujours accrochés
Dans nos coeurs tendrement écorchés.


De l'autre côté, un monde les sépare, un monde, une histoire. Les souvenirs semblent avoir changés, comme aspirés par le fantôme de la fillette qu'ils n'ont pu oublier. Elle vit encore dans son coeur de femme. Elle respire encore quelques couleurs dans l'âme de la Vaughan qui se rappelle.

C'étaient des étincelles que les rires d'Hannah. Des petites lueurs qui vous attrapaient les tripes et qui vous forçaient à la rejoindre dans les limbes du bonheur. C'étaient des rayons de bonheur. Et elle a laissé derrière un vide trop immense, trop intense pour qu'il soit judicieux d'essayer de le combler. Beatrix a songé quelque fois à contacter Iskandar. Un homme comme lui, il vous manque aussi. Elle avait eu envie de prendre son téléphone et de demander à l'opératrice qu'on la mette en communication avec le sire sauvage. Mais elle s'était toujours contentée d'y penser sans jamais même lever un doigt en direction du combiné. A quoi bon?

Et là, maintenant, elle le voit qui traverse l'avenue comme un éclair qui illumine le ciel. Le coeur de la jeune femme bat la chamade. Tu sais les soldats, quand ils reviennent, ils attrapent leurs femmes dans les bras et les font tourner dans les airs. J'aimerais que papa en soit un pour voir maman tourner comme ça. Pour qu'il me soulève comme ça. La voix de la gamine perce dans ses oreilles et des larmes éternelles étreignent ses yeux tandis que l'homme mûr arrive à son niveau. Le soupir qu'il échappe brise le silence de plusieurs années et ...

je me jette à ton cou comme une damnée. Mon corps retrouve le tien alors qu'auparavant, jamais nous ne les avions laissés se toucher. Je m'accroche à toi, avant que tu ne t'évapores comme tu le fais toujours dans mes rêves. Je saisis ce que je peux avant que même ton souvenir crève. Elle le pense mais elle n'en fait rien. Absorbée par des fantasmes sans arrière pensée, elle l'enlace sans rien bouger. Péniblement, un sourire s'esquisse sur le visage de la jeune femme, accueillant avec douleur cette confession qui lui a tant coûté. Et sur le même ton, avec cette même défaite dans la voix, elle livre enfin son propre soupir. « Iskandar...  »

Que dire dans pareil moment? Que dire quand j'ai envie de crier? Que faire quand je voudrais me sauver? Les yeux luisants d'une émotion tardive, refoulée, elle baisse son visage pour l'étaler vers le trottoir. « Je...  » Mais les mots ne sortent pas. Car elle ne sait vraiment pas quoi dire. Terrible ironie. Ceux qui autrefois ne savaient pas s'arrêter de parler, ceux qui avaient toujours un commentaire à partager... les voilà bloqués par un mutisme insensible. « Je...  » Elle réessaie mal à l'aise de ne pas finir une idée. Mais l'idée n'est pas. Le vide l'occupe, près de lui, incapable de se rappeler comment on fait pour discuter. Elle relève la tête enfin et esquisse un sourire juvénile, innocent. «  Un café? » Deux mots. C'est plus facile que de prononcer toute une phrase qu'on n'arrive pas à formuler. Un café. Repousser à plus tard le moment où l'on devra se parler. @Iskandar Wilde
electric bird.

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