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 Amour des feintes (ft. Amour)

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Message Sujet: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Sam 29 Aoû - 13:27

amour des feintes
Amour & Misha

« He didn't even say goodbye, he didn't take the time to lie »
« Tu comptes lâcher ton portable un jour ? » C’est le coup d’estoc, rompant le ronronnement de la berline qui  s’engouffre dans les sales artères de New York. Aleksandr a grogné l’invective, courroucé par l’attention trop pleine de Misha pianotant sur l’écran et dont le mutisme s’affale. Le garde du corps du mafieux a saisi le froncement de sourcil, ce pli entre les deux yeux qui ne se rabat que sous couvert de sa contrariété. Misha se questionne, hésite, tapote et reprend. Ce geste qu’il a, pas si anodin, de se frotter le nez de son poignet, ça se sent qu’il a la résistance dans le crâne et la volonté de ne pas choir. Le russe tâtonne quant à l’invitation reçue sur son téléphone, rabroue le trop plein de questions fracassant les parois de son crâne. Amour, c’est pas tant comme amie qu’il souhaite la garder dans son giron. C’est pas tant comme compagne sentimentale non plus. Il ignore ainsi par quelle issue il doit s’engouffrer ; se soumettre à l’exhortation juste amicale ou s’inventer une excuse et ne plus la revoir. D’un soupir lourd, Misha toujours se questionne. Et sa réflexion se rompt sous la houle de la réalité. « On est arrivés. » Sergueï parachève son laïus intérieur et la précipitation se déploie sous le message ; "besoin de me changer les idées, alors ouais ça m'va. Mais j'dois régler un truc avant". L'idée dont il souhaite se dépouiller découpe les ombres cauchemardesques de Orphée. Le seule foutue personne qui savait lui montrer un peu de tendresse, en pleine rue comme ailleurs. Quand elle s’accrochait bien à lui et qu’elle défrichait ses grognements, sous la coupe des rires qui se sont tus. Cotonneuse et atone. Quand il la toise, Misha a la vision d’un tableau. Le Cauchemar de Füssli. C’est pas tant qu’il s’y connaît en toiles de maître mais son père, autoproclamé pontife de son éducation, s’est efforcé à lui engoncer dans le crâne un peu de culture flamboyante. Du cérébral afin de taire la rudesse du langage. L’entreprise avait échoué, mais subsistaient tout de même des monceaux de savoirs perdus dans la niche de ses synapses qui se réveillaient de temps à autres. « Putain t’es amoureux ou quoi ? Arrête de rêvasser, on a les Glycines à visiter. »

Le léger truc à régler. Visiter les putains, s’assurer de leur docilité, du glabre du pubis, de l’argent que l’on y sème. Les trois hommes ont le pas souple lorsqu’ils s’engouffrent dans la maison de passe, chacun portant les costumes chics des cols blancs. Et comme le soulier est propre et l’âme si crasse. Partout, ils demeurent chez eux. Misha en particulier. Ainsi s’avance-t-il vers la tenancière des lieux, putain trop vieille pour exciter la libido des affamés, mais bien assez lucide pour aboyer contre les impayés. ‘Bonsoir Messieurs’, la voix qui coule est mielleuse. Ils échangent des banalités dans un monde où tout se frelate. Comme tout sent le parfum trop chargé, le poudré, le foutre et la sueur. Comment ça échange des rires, et autres ‘et toi Sergueï, ton gosse y s’porte bien?’ Puis lorsque Misha en a assez de ces convenances, frappe le sol de ses godasses en cuir vers le vestibule des catins. Lieu de débâcle où les filles attendent d’être dépouillées. Chaleur des ventres, corps souples et ronds, les yeux qui sombrent. ‘Salut Misha. Rosa, elle est là-haut’, clame l’une d’entre elles d’une voix pâle. Ce ‘là haut’, à la montée des marches, c’est l’enfer. La rencontre des coups de reins, des insultes, parfois des crachats. C’est le corps dominant qui rompt les gorges. Et Misha s’en fout. De ce que l’amoureuse transie subit lorsqu’il inspecte. « Toi, là. La nouvelle. » Il a désigné du chef une jeune fille frêle engoncée dans un pull. L’excès de coton lui déplaît, alors il tempête en grognant : « Enlève-moi ça. T’es pas au chalet ici. » C’est que j'ai froid, glisse-t-elle dans un affaissement d’épaules et d'un anglais médiocre avant de se soumettre à l’invective. "Rien à foutre. T’as vu ta gueule de déterrée ? Si tu dors pas, fais au moins l’effort de t’maquiller. Même les prolos ont l’droit de se taper des filles potables." Il l’a asséné comme une guillotine, palabres aussi coupantes que le verre pilé.

Derrière le monstre, la normalité. Misha a toisé l’écran de son portable lorsque la babiole a vibré dans sa poche intérieure. “En boite. Ramène des potes.” C’est pas plus mal, s’entend-t-il penser. Une histoire d’une nuit, avec une donzelle cueillie sous la froideur des néons, ça émousserait pas mal l’anxiété qui le farde. « Hey les gars. On s’bouge le cul au Pacha ? » Sergueï, niché derrière l’écran de fumée de sa cigarette,  réfute poliment. C’est qu’il a sa p’tite femme, tu vois. Son gosse à embrasser. Tout l’amour qu’on lui r’fourgue, ça vaut pas la proposition des débauchés. Aleksandr tire la moue de celui qui hésite, se fend d’un argumentaire sous l’oeillade interrogative de Misha : « C’est pour retrouver cette meuf là, qu’t’es allé voir en pleine nuit sans même savoir qui c’était ? » Le silence pour approbation, le jacasseur soutient la diatribe. « J’crois qu’Grisha, il l’aime pas trop. C’est pas faute de t’l’avoir fait comprendre. D’ailleurs, ça valait l’coup ? De se farder de la compta juste pour voir sa belle gueule ? » La langue lui brûle. S’enfllamme d’un oui, d’un non, d’un va te faire foutre. Soupir dérisoire. Le patriarche avait corrigé sa stupide témérité en le gratifiant toute une nuit de lourdeur administrative. Pour c’que ça lui avait rapporté. Un baiser qui se meurt et les bruits de ses pas qui s’éloignent en fond sonore. Dans ce mutisme, Aleksandr reprend le creux de la vague. « Bah. Ok, j’viens. Au Pacha y a toujours de quoi grailler. »

***

618 W, 46th rue. Devant le Pacha y a les corps qui se fondent dans un amas immonde. Ca fait la queue pour le dernier DJ à la mode, et ça brasse la jeunesse dorée comme la petite plèbe. Lorsqu’Aleksandr et Misha ont posé pied au sol et que la berline s’est faite avaler par les rues, le vigile a plaqué tout contre eux l’oeillade opportuniste. Il leur a fait un signe, la sacro-sainte bénédiction : ‘toi là, tu peux griller tous les autres’. Ils défilent sous les regards noirs et les grognements, les voix qui les hèlent et les battement de cils. L’être humain est un parasite. Le nuisible, la sangsue. Les deux hommes néanmoins heurtent leur attention tout contre le vigile taillé dans le coffre d’une armoire. "Allez-y, rentrez !" Tout est dans le sourire vorace. Mais Misha a la pupille qui se braque ailleurs, embrasse les environs. « On attend quelqu’un. » Puis s’engoncer dans ses réflexions comme il se souvient ne pas lui avoir prescrit la bonne tenue. Troquer les baskets crasses contre les talons hauts. Et sous la spéculation, le timbre assuré d’Aleksandr les percute, négociant avec le vigile la rareté d’une table, le sceau de glace, puis le magnum.

           
(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Sam 29 Aoû - 16:57

Sous la coupe du pouce et de l’index,
la carte se rétrécit sur l’adresse.
Club Le Pacha.
“T’as pas les moyens d’aller là-bas”,
glousse Betty, aigreur dans la trachée.
Tête-bêche, les poupées sont allongées,
sur la méridienne dans la cave d’une Ambroisie à peine éclairée.
Le couteau plus confortable qu’une ampoule.

Amour donne un coup de jambe contre l’avant-bras.
“Parce que t’es d’venue riche quand, toi?”
Betty, t’es d’venue riche à quel moment?
Quand tes cuisses perçoivent les réjouissances dégueulasses des bâtards,
c’corps soldé qu’tu refourgues aux désespérés,
et qui m’sert aujourd’hui à m’offrir la moitié, seulement, d’un paquet d’clopes.

La brune, pas tout à fait pute,
danseuse de charme,
roule les orbes sous ses paupières sur-maquillées.
“On peut d’mander à Aayat de venir?”
Elle désapprouve, secouant sa tête de droite à gauche,
sans bavasser sur les raisons.
Creuse pour d’autres qui lui fermeront le clapet.
“J’ramène les meufs, il ramène les mecs. C’est la loi d’la jungle, Betty.”
La môme se redresse,
le sourire lui fend la lèvre.
C’est qu’elle veut se remplir d’allégresse,
oublier la gravité qui maintient sur terre.
“Et tu vas les trouver où, ces fameuses copines? À jouer les p’tites connes, personne veut s’amuser avec toi. Et les sapes. Tu vas pas y aller comme ça?”

Betty a rien d’une amie,
c’est qu’un fantôme dans les souterrains d’l’Ambroisie.
Là depuis si longtemps, qu’on croirait qu’elle y est née.
Chaque fois, elle hèle ses vérités,
puis s’en va régner sur la nuit;
douée pour qu’on la déteste, sans qu’elle en paie le prix,
comme elle envoûte tout ce qu’elle effleure.
Assez misérable d’ailleurs,
qui mesure pas assez sa vie pour côtoyer la louve
qui feint l’indifférence, à l’entendre pester.
Les épaules rehaussées,
elle ne discerne pas les problèmes qui s’exposent.
“J’comptais sur toi, j’suis sûre qu’tu connais une tonne de pétasses prêtes à faire la fête, tous frais payés. C’est la maison qui offre. Dans l’dressing des danseuses, on doit bien pouvoir trouver quelqu’chose non?”
Betty lâche un soupir vénal,
et Amour devine qu’elle a cédé.


Le premier son qu’elle entend,
au milieu du brassage de la foule et des parures,
est celui de son talon qui flanque un coup sur le bitume.
Reine de l’arnaque, Amour s’est parée pour se mélanger au gratin,
et s’exhorte du véhicule en même temps que ses semblables.
Les cils rallongés par un coup de mascara,
la blonde a les yeux plus grands que d’habitude,
le je-m’en-foutisme latent qui tente de cerner un air familier parmi la pègre.
Elle l’aperçoit, dressé devant l’entrée,
heurtant contre sa propre patience ses rétines qui furètent.
Du menton, la môme pointe à Betty et ses trois autres comparses les deux types;
l’un immobile, l’autre arguant avec le vigile.

“J’suppose qu’on va devoir s’contenter de c’qu’il y a à l’intérieur, mais t’exagères, un pote? C’est tout c’que t’avais sous la main?”
Bien qu’elle cingle l’animal, narquoise,
Amour remarque le gèle qui s’est logé dans sa pupille et s’en détourne abruptement.
“Salut, Amour”, elle s’est glissée dans le dos de Misha pour se présenter.
“Aleksandr? T’as l’air plus futé en vrai qu’en photo, ton pote t’rend pas justice.
On rentre?”

Elle badine, Amour,
s’adonne rarement aux échanges courtois.
Pas là pour s’prendre la tête,
sûrement rattraper les joies d’l’enfance volée.

Le cortège s’insère ensemble parmi les ondes fracassantes de la musique,
elle traîne un peu des talons, attend Misha qui traîne à l’arrière du bastion.
“Elles sont toutes payées, j’ai pas autant d’amies. J’connais que Betty, les autres j’sais pas.”
Qu'elle se sent obligée d'admettre avant qu'il ne la moque le premier.

Au volume qui enrobe les voix et les étouffe,
les corps sont subitement forcés au silence.
À couvert sous les néons, Amour lorgne sur le manque de sagacité du garçon,
déjà si peu loquace.

Tous prennent place dans le carré,
s’exaltent au bouchon de la bouteille qui saute et dégueule la fortune.
Amour s’assoit pour savourer sa coupe,
loin du russe que s’accapare déjà Betty,
curieuse et assidue à l’emploi.
Elle guette un peu,
et tourne la tête sur la piste de danse où se bercent les corps haletants.

Ça lui rappelle qu’ils ne sont là que pour jouir de leur propre trépas,
au milieu d’inconnus,
loin des terrains austères et hostiles.
Mais dans l’atmosphère, il y a le plomb des derniers secrets,
le plomb du quotidien qui s’endure péniblement dont on efface les teintes sous les liqueurs.
Au détour de son portrait animé par le charme de Betty,
Amour croise son fléau,
s’oblige à se noyer dans le monticule d’humains pour se dandiner contre les peaux.

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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Sam 29 Aoû - 19:20

amour des feintes
Amour & Misha

« He didn't even say goodbye, he didn't take the time to lie »
Dans la poudrière de son regard et lorsqu’il la toise, ce n'est plus de l’extase qui s’y traîne. Y a les haillons de l’amour qui s’émiettent sous la paupière, puis la mâchoire contrite sous la résignation. Misha feint la bonne entente mais c’est le malaise qui déloge l’estomac. Les réminiscences du passé ont la saveur âcre du dépit, et comme un goût de reviens-y. Misha a voulu prendre ce risque avec elle, pensant qu’ils arriveraient sur l’autre rive sains et saufs. Mais le gouffre les a avalés, jusqu’à les entraîner au fond. Elle y avait aisément renoncé quand lui, ça lui grattait encore un peu la gorge. Leurs mesquineries, leurs intérêts à se taire, leurs sales conneries l’exaltaient tout de même, alors Misha était revenu. La lippe a même pris la peine de se mouiller de quelques mots lorsque Amour s’indigne de l’unique présence masculine annexée. « Y a l’buffet froid à l’intérieur, t’iras te servir. » Misha est client du je-m’en-foutisme, est assez doué pour réussir à s’en convaincre. Que ça lui fracasse pas le coeur lorsqu’elle se dérobe avec l’individu mâle ou femelle qui n’est pas lui. Le russe pressent ce quelque chose qu’il cerne mal, qui matraque bien, de ces choses laides qui le font sourire. Un peu. Car à force d’ériger entre eux l’hiver des steppes, de son attitude glacée et glaçante, il a trouvé le moyen de faire tomber de la neige en plein mois d’Août à New-York City. Pourtant, Misha a bien lorgné sur la môme lorsqu’elle s’est avancée vers eux, bien apprêtée, le talon esquintant le bitume. L’espace d’un instant. Que la pupille ne dévore l’image, que ça s’imprime bien dans son cerveau et que le regard n’échoue prestement ailleurs.

Le cortège de cocagne s’est laissé avaler par la gueule de la bâtisse, et y a les battements de la musique sourde qui feulent trop bruyamment. Cette impossibilité de bavasser d’avantage déleste Misha d’autres réflexions. De ce qu’il va bien pouvoir lui dire, s’ils ont encore des choses à échanger. Le timbre d’Amour s’est pourtant faufilé sous le brouhaha ambiant :  “Elles sont toutes payées, j’ai pas autant d’amies. J’connais que Betty, les autres j’sais pas.” A ce stade de la sincérité, Misha a du se résigner à fourrer son manteau de glace d’un peu de chaleur. « T’inquiète. Qu'est-ce qu'on s'en fout, finalement. » D’expérience, les quidams se glorifiant d’une vie sociale exacerbée présentaient tous des tares. Mégalomanes, fabulateurs ou juste désespérément chiants. Misha a répondu d’un timbre qui se farde de la conscience lucide de ce qu’il a résolument perdu tout en s’en foutant complètement. Gratter les derniers restes de la complicité, de quand c’était plus simple avant. Quand bien même il va finir par digérer, Misha s’aperçoit que les retrouvailles depuis l'échec ont été précipitées. Qu’il aurait dû jouer franc-jeu, asséner ses opinions sans ses sentiments, puis amorcer le vrai départ. Un truc en lui s’était rétracté, et cela ne se voyait que trop bien. La manière dont il lui répondait, un peu mécanique. Et sa façon de se tenir à bonne distance, éviter de l’effleurer de trop près. La pupille qui déjà en toise d’autres, prompte à se saisir d’un corps pour la nuit.

Mais sa froideur n’enclenche pas le désamour. Misha a recouvré ses couleurs à l’intérieur lorsqu’ils se sont réunis autour du champagne dégueulant son or pur. Y a le rire du russe qui se fracasse à l’oreille d’Aleksandr puis de Betty, laquelle s’épanche sur les bêtes curieuses. Echanges de banalités mondaines ; 'et tu fais quoi dans la vie, parce que t’as pas la gueule d’un étudiant', qu’elle clame de tout son charme. De temps à autres, Misha lorgne sur Amour dont la mine déconfite se farde d’un ennui pâle. A se demander ce qu’elle est venue chercher, dans ce ventre des géhennes : la rédemption par la pénitence ou la lacération de l'âme par la torpeur. Bien se faire chier pour mieux se faire absoudre. A cet instant précis, Misha se questionne sur son histoire laissée en vrac dans un recoin du ring ; si Amour leur a bien explosé la cervelle comme il fallait, ou juste la rotule. Le sentiment jouissif de voir l’antagoniste ramper. Il n’a pas eu le temps de se mouvoir jusqu’à elle, se pencher à son oreille et lui poser la question. Car déjà la môme s’est enfuie, avalée par la houle en transe, partie à la conquête de nouvelles peaux.

« Bah t’es con ou quoi, pourquoi tu lui parles pas ? » Dans la prunelle d’Alesksandr, l’incompréhension fracasse la déroute. C’est qu’il fallait être désespérant ou foutrement timide pour ne pas communiquer avec celle qui vous a traîné ici. Misha n’est pas timide, c’est qu’il doit être désespérant. Le haussement d’épaules se fait entendre, la nonchalance en étendard. C’est rien, on s’fait la gueule, ça va passer. Un truc comme ça. Le russe se lève alors, bien déterminé à ne pas se faire laminer de la sorte. Y a les parfums qui l’attirent parmi les vivants lorsqu’il se fond dans la cohue, les yeux parfois braqués vers le maître des platines, les mains qui divaguent sur les hanches. C’est pas tant celles-ci qu’il désire mais qu’importe, ça fera l’affaire. Au loin le bras levé d'Aleksandr l'appelle, noyé parmi les amies factices de la fuyarde. Les silhouettes de Betty et Amour fracassent sa pupille comme il se laisse porter, les rejoint. Se penche à l’oreille de la brune pour échanger des banalités ; t’as l’étiquette de ta robe qui r’ssort. Ce qu’il en dit, c’est pour elle. Personne ne souhaite exhiber sa fausse Prada au monde comme une Kardashian au rabais.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Sam 29 Aoû - 22:34


Sous la lumière intermittente,
tout est contrefaçon.
On a bien veillé
à foutre le feu aux désirs que supportaient nos empreintes.
À dépecer, décharner, pulvériser tout ce qui se loge entre les corps
et pour être sûr de ne pas éprouver de regrets.

Pourtant Amour bichonne les facéties,
comme Misha près de Betty.
D’azurs apathiques jetées d’un bout à l’autre de la table,
elle sermonne l’éclat qu’il fait jaillir d’un charme indolent,
comme la brune s’épanche pour partager la satire.
Elle ne sait pas que, nippé derrière la malice, l’immortelle pourrait mourir.

La blonde se recueille dans l’absinthe et les décibels,
les sens fustigés.
Elle boit,
épie,
s’imagine l’agonie d’une Betty entre la poigne serrée d’un homme.
Lassée par le festin conféré par l’imaginaire,
suffisamment tourmentée par les excès,
l’ombre s'éclipse sous la piste.

Ça se trémousse les yeux clos,
des mains qui se glissent et palpent,
jamais les mêmes.
La cervelle bien tannée de la perdition alentours,
Amour se presse contre les appétits épars,
d’hommes et de femmes,
d’Aleksandr ou de Betty.
Elle rit de l’absurdité de ce qu’il entoure,
de la sensation des banalités.
La glace qui se fracture enfin sous la chaleur irradiant de l’euphorie.

Il est à quelques mètres d’elle,
le bassin effleurant les reins d’une silhouette menue.
Amour sent les tissus épais des rideaux d’autrefois qui se referme lentement sur elle.
Perçoit au loin sa voix nouvellement muée: reste ici, j’reviens.
Mais cette fois-ci,
Misha ne revient pas,
se donne toutes les raisons de fuir avec une autre.
Il s’en retourne néanmoins à l’apostrophe de son ami,
mais toujours bien loin de sa peau à elle,
et soufflant dans le creux de Betty qui lève ses provocations sur les bleues dans l’obscur.
La môme devine la fièvre qui lui monte aux sommations de l’Adonis,
de cette haleine chaude qu’il a craché tout contre son derme,
ce sont les lueurs diffuses dans l’iris qui le lui disent.
Amour détonne,
un sourire contre l’ignorance qu’il lui sert quand elle rencontre brièvement les souillures de sa suie.

Près de son oreille,
Aleksandr tâte les braises.
“Tu devrais aller lui parler.”
“Non.”
L’hérésie est sèchement raillée,
dans la propreté de l’impatience qui l’assiège.

Betty renifle le besoin qu’il a,
de fracasser contre les reins sa frustration,
l’allume à grands coups de murmures et de touchers délicats.
Amour ricane à l’oreille d’Aleksandr qu’elle choisit comme complice,
l’oeillade parcimonieuse sur les appétences des antagonistes tandis qu’ils dansent.
“Il va la tuer. Regarde.”
Mais l’homme ne comprend pas ses allusions,
et s’engouffre dans l’indifférence de ceux qui se détournent manifestement du savoir.

De son décolleté et d’un geste à peine gracieux,
poupée sort une fiole qu’elle remue sous les babines du molosse.
“Ça t’chauffe?”
Le type se défausse dans un regard vers le russe.
“Comme tu veux. J’reviens.”
Avec une légèreté troublante, Amour s'efface sous l'écriteau des toilettes.
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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Dim 30 Aoû - 13:21

amour des feintes
Amour & Misha

« He didn't even say goodbye, he didn't take the time to lie »
Malentendus, il va revenir. Qu’il la perde à nouveau, ça n’aurait aucun sens. Et aucune fille, tombée de nulle part, pourrait lui fracturer la poitrine comme elle le fait si bien. Y en a aucune, de faite pour ça, comme elle est faite pour lui. Malentendus. Il ne revient pas. Son arrogance est systémique. Il la traîne dans le sillage de ses déconvenues lorsqu’il se meut jusqu’à eux, n’adresse pas un regard pour la blonde qui l’affame. Misha a souhaité tirer un trait, pas assez propre. L’encre a bavé dans les recoins du tambour battant. La fuite qu’il amorce se fond dans la pupille bravasse qui se détourne d’elle, dogmatiquement. Y a son parfum de poudre et d'ambroisie qui le perturbe pourtant, noyé dans le fatras de fragrances inconnues. L’odeur des autres, c’est pas tant ça qui l’intéresse. La moiteur poivrée de Betty pourtant le retient ; ça empeste le stupre, la tiédeur des peaux, les gémissements plaintifs. La danseuse a levé sa faim d’une traite comme il n’échangeait que des banalités. Sur un ton de connivence amusée, foison de palabres insignifiantes. Que ça te parle de fausse Prada et que ça dérive sur les étoffes de ton lit et la froideur d’un mur de briques. S’y fracasser le dos puis rompre les lombaires. Aleksandr a levé la pupille avertie sur Amour à l’attention vissée sur la bête à deux têtes et dont les mots se perdent dans la déraison : “Il va la tuer. Regarde.” L’homme n’accède pas aux rigoles où elle y déverse son fiel. Il a froncé le sourcil d’incompréhension comme il a toisé Misha et sa jolie brune. Les synapses se sont agitées moyennement, perturbées par l’alcool et le métal de la musique. Puis il a saisi l’embrouille, a soufflé un soupir glacé de dépit. “Ça t’chauffe?” « C’est du Poppers ? » Aleksandr a le faciès qui se tord d’incertitude et l’oeil bleu qui se brise sur la silhouette de Misha. Sa froide indifférence évidente, depuis qu’elle est arrivée. Chaque regard porté était négligent et stoïque. C’est que c’est bien trop aisé d’être insensible lorsque l’on fuit la tentation et qu’on se réfugie dans les bras de la bonne pote. Aleksandr déboute la proposition, désappointé de ce qu’il sent.

Misha s’est confondu dans la mascarade de la débauche sans y prêter grande attention. La pupille a roulé dans le coin de l’oeil et a lorgné sur Amour. Il a tourné la tête pile lorsqu’elle s’est éloignée, abandonnant aux pieds de Betty ses fausses intentions pour elle. Magnanime, la danseuse a haussé les sourcils en se délestant d’un long soupir : “l’alcool porte conseil”, a-t-elle clamé, fardée d’amertume comme elle a tourné les talons vers la table esseulée. Etancher sa soif de champagne, à défaut de fornication sale. Cette dérobade coutumière, Misha n’y a guère prêté attention. La prunelle de charbon s’est fracassée sur la silhouette d’Amour scindant la piste en deux. Elle a fragmenté la Mer rouge de sa colère, ses effluves furibondes éludant les pauvres hères, puis s’est frayé un passage sans grands efforts. « Merde, vous faites chier. » Aleskandr a craché son ire froide d’un emportement inusuel. Sous le fiel de l’ami, Misha s’éjecte un léger shoot de lucidité dans un coin du crâne comme il s'enlise dans le sillage de la blonde. La paupière n’a jamais cillé, la pupille jamais délogée de la silhouette avalée par la houle. Il la rejoint dans les toilettes rutilantes. L’odeur âcre de javel leur rappelle qu’ils ont foutu le pied dans le monde des gosses de riches. Le respect des individus s’évalue à la propreté des chiottes.

Y a trop de mots qui butent à l’orée de ses lèvres, puis y a le coeur qui s’agite, s’accroche à la gorge. Tout ce qu’il ressent pour elle, de sentiments et de désirs, faut le minorer bien comme il faut. Misha perd la pupille sur la fiole, parce que son cerveau n’a pas su lui déclamer autre chose. Il aimerait échanger quelques mots, l’intimer de partager sa trouvaille. Si c’est du poppers, files-en. Que la nuit soit pas complètement gâchée par nos fiertés et que, quand même, j’m’envoie en l’air. Puis faire semblant d’aimer ça, avec elle. Mais la lippe demeure close et la pupille flamboie comme il s’avance. Y a ce battement sourd dans la poitrine et dans les tempes lorsqu’il se saisit de ses lèvres. C’est un baiser chaud, affamé. Misha a pris sans demander. Il a posé les mains sur les hanches saillantes de la môme et l’a embrassée à souffle portant. La faim prise au corps. « On n’est pas obligés d’faire comme dans les films. » Quelques mots sous la langue et les mains qui pétrissent. Y a rien de romantique dans l’approche et pourtant le myocarde prend la couleur des sentiments. C’est pas bien grave si tu m’jettes, j’aurais tenté jusqu’au bout. Puis ça m'va, si on fait rien comme il faut, qu’on se quitte puis qu’on se retrouve. J’te demande pas de construire un truc viable, puisqu’on n’est pas foutus d’édifier des fondations de ciment. Ca se fissure chaque fois qu’on ouvre la gueule, mais sans doute qu’un jour, peut-être, ça va se colmater.

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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Lun 31 Aoû - 19:42

Aleksandr peut deviner ce qu’elle a voulu dire,
le mépris qu’il porte aux intentions d’Amour ne se presse pas pour l’arrêter.
Ce qui lui fait comprendre, à elle, qu’il est passé à côté.
Parce que sur le minois de la blonde,
il ne lit qu’un intérêt profond pour le bouffon d’en face.
Que peut-elle bien vouloir de plus, après tout, qu’une romance édulcorée dont la réalité détraquée se débat déjà sous ses azurs?

Délirante,
la cervelle distordue animée par tout ce que chacun ignore,
Amour s’évapore pour nourrir l’autre qui sommeille.
D’amphétamine en adrénaline,
la môme s’applique au dosage sur le bord de l’évier,
écrasant les comprimés sous le poids de son téléphone,
manipulant son trépas avec délicatesse.
Et ses yeux ravalent l’appétence quand ils se portent sur ce qui la toise,
apparu sous l’éclat de toutes les mauvaises auspices de cette soirée,
dans un battement de porte.

La fronce de ses sourcils questionne: pourquoi t’es pas avec Betty, Misha? Elle te plaît pas?
Mais les formulations sont restées bloquées dans le baiser qu’il lui vole,
profitant des interrogations en suspension dans sa caboche ralentie.
Et probablement par mimétisme,
de tout ce qu’il a bien pu voir et faire sur la piste,
Misha promène ses mains et les attache à son corps.

Ça lui dit quelque chose, cet instant.
Que Misha est revenu, tardivement,
appuyant sur elle les mauvaises manières qu’il aurait donné à une autre, avant.
Bien éduquée dans l’indélicatesse et le vicieux,
elle se conforte dans ces tendresses barbares et agressives,
qu’elle rend tant qu’il le lui permet, elle aussi.

Et comme il est revenu,
on se dévore en pensant au départ prochain,
et à tous ceux qui ont eu lieu avant et sans qu’on se revienne.
On se rassure en soufflant quelques palabres,
qu’Amour ignore le coeur déjà blême de ses méfaits.
Le désir foule les lèvres,
la collision des sentiments qu’on tait bien par la fougue et le mouvement.

Dans cet espace désaffecté, la débâcle pourrait atteindre son point culminant,
mais Amour interrompt, se libère,
le nez rougi et les lèvres mordues, achevant l’entame de son soupir.
“Putain Misha, Betty. Tu devais d’abord t’occuper d’Betty. Puis si elle sait qu’t’es là avec moi… Fais chier. Ramène-toi. Faut qu’on la trouve.”
Le talon claque sévèrement vers la sortie,
Amour néglige de contempler la bulle qui les tenait à l’abri,
s’épargne jusqu’à son regard probablement sceptique à l’issue.

La rage s’enfonce parmi la foule,
perce cet abcès purulent d’oisiveté jusqu’à la porte de secours.
La rue attenante n’est faite que de noir,
le noir de la moisissure sur les parpaings,
le noir du crépuscule,
le noir du liner de Betty le nez plongé sur son téléphone.

“C’est pour ça qu’t’es pétée d’tunes hein?”
Amour s’esclaffe.
“J’suis sûre qu’tu m’croyais trop conne pour rassembler les pièces du puzzle, c’est ça?”
“Tu t’es foutue dans la merde toute seule Amour. C’qu’une question d’temps avant qu’tous les bouffons qu’tu mènes à la baguette comprennent qui t’es.”
La brune psalmodie en lorgnant sur Misha statué derrière Amour.
À le voir ici, Betty a l’air de se jurer invincible,
car Amour n’oserait rien tenter sous le regard curieux de l’étudiant.
Et ça lui arrache un sourire carnassier.
Le médoc oublié ne lui aurait donné les saveurs du plaisir suppliant
à la vision d’une Betty qui comprend.

De ses sanglantes, elle jauge la peur qui s’épaissit.
La blonde colle une première droite qui courbe la traître,
empoigne sa tignasse pour que la lumière n’ait pas à voir ses sales affaires.
À l’ombre derrière elle,
elle intime de faire le guet.

J'sais bien,
qu'j'avais promis qu'j'pourrais l'subir sans qu'ça m'dérange, Misha.
Mais tout ça,
j'le fais pour moi,
pour fuir les revers.
Dans cette histoire t'es juste l'appât.
Pour m'donner une bonne raison d'le faire.


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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Mer 2 Sep - 9:38

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Amour & Misha

« He didn't even say goodbye, he didn't take the time to lie »
Il n’a rien de lilial, ce baiser. Ni de transcendant, ni de remarquable. Il est sublime pour lui, car couvent sous la langue l’appétence et le sentiment, perclus dans le précipice du myocarde. Vaincu par la félicité physique, Misha n’a pas relevé l’opprobre de la blonde lorsqu’elle arque les sourcils d’un étonnement hostile. Pourquoi t’es là, à te vautrer dans mes vestiges et la couleur de mes poisons. Pourquoi tu m’suis, si j’veux pas d’toi. Et comment je te rends la pupille, ternie d’un vernis de grisaille, ça se sent, tout d’même, que y a rien de symétrique dans nos sentiments et que ça miroite pas pareil. Mais il a des airs de triomphe armé lorsqu’il l’embrasse, ne répudiant ni sa faim ni son plaisir. La pulpe de ses doigts sur le soyeux de ses vêtements, rien que ça, ça lui remue les ardeurs et fait tressauter son âme. C’est qu’il aimerait refermer le judas avec elle, retranché dans ce qui ressemble à de l’amour puis goûter à sa peau dans ces lieux de débauche. Lorsqu’elle communique avec lui, le rappelant à la vie réelle : “Putain Misha, Betty.” Elle tempête ses angoisses que le russe ne comprend pas. Le sourcil a ployé sous l’agacement, comment elle s’agite soudainement d’un sursaut furieux. Ce talon qui claque outrageusement le carrelage jusqu’à la porte, l’intimant à le suivre. Misha n’a pas su déloger du gosier autant de questions que de secousses involontaires, il n’a saisi que l’impudence de leur instant. Ce que Amour déplore au-delà de la porte, Misha s’en est fait un manteau d’intentions. Que ça le prenne bien en étau et qu’il ressente la foutue étreinte du manque comme des déboires lorsqu’elle le fuit, lorsqu’il la suit.

Qu’a-t-il donc conquis cette nuit-là, sous la froideur des néons, entre les bras changeants de l’Amour à la fronde tempétueuse ? Y la pupille de Betty qui se lève et lui répond, par le prisme de la blonde s’époumone dans des rictus. C’qu’une question d’temps. Avant qu’il ne comprenne. C’est le côté pénible des vainqueurs. Cette propension qu’elle a, à bien se sentir chez elle, vautrée dans ses dérives la mettant bien à l’aise. Le poing de la blonde s’est échoué sur la mâchoire, bien déterminée à la faire taire. Et la mener dans l’ombre d’une ruelle aux pavés humides ; ce que la lumière pâle des lampadaires dissimule à la vue des pauvres hères assène le tourment de la moucharde.

Ce qu’elle déverse de violence ne l’a pas secoué. Y a l’habitude et le passé qui encrassent le cerveau, huilent bien les coudes lorsqu’ils se déploient. Misha a tout contre le crâne les réminiscences d’antan qui se fracassent, l’écume éprouvant le roc ; Amour et ses galères, Amour et ces yeux sales à hauteur de sa beauté d’asphalte, Amour et sa dureté, et sa violence, et ses emphases et ses excès. Puis y a la peine qui se greffe tout autour, la convive mal logée qu’elle s’évertue à déraciner. La frappe est rude et volontaire, le déferlement fait luire dans la pupille de Misha cet éclat d’étonnement. La puanteur de ce qu’elles cachent affole les narines.

Puis le cliquetis reconnaissable du barillet. Misha a braqué la brune, pas bien foutu de faire la part des choses, bien concerné comme il faut, sans trop savoir. Aleksandr s’est fondu dans son dos, ombre protectrice et vivace. La pupille lorgnant toujours sur l’héritier, embrassant la saynette, réflexes aux aguets. « T’es qui toi. » La suavité de la voix, ferme mais coulante, a la saveur âpre des invectives. Misha a lorgné sur la brunette comme il s’est enquis d’une identité dont il se fout. Y a tous ces mots qui le fracassent, qui lui reviennent. Il a levé le voile sur la lucidité lorsqu’il a oublié le parfum de leur baiser. “Putain Misha, Betty. Tu devais d’abord t’occuper d’Betty” Les desseins dans le gosier, de ce qu’il ignore encore. Il a saisi l’embrouille et de comment il lui sert. Ce qu’il est pour elle, c’est pas grand chose. Amour c’est la guerre des nerfs, le vide émotif qui la dévore. « C’est quoi, c't’embrouille ? Qu'est-ce que tu m'veux, putain. » Le fiel est sous la langue lorsqu’il s’adresse à la blonde. Ce qu’il lui renvoie dans la pupille, monceaux de courroux et d’ivresse furieuse, ça se sent que la sagacité est tombée lourdement comme un rideau. Qu’il a bien saisi le jeu des géhennes, que lorsqu’elle l’appelle pour mieux le fuir, c’est pas tant pour eux qu’elle le fait. Les rouages de la manipulation engrangés, bien comme il faut. Il s'est laissé berner et s'en veut foutrement pour cela. T’as pourri de l’intérieur Amour, et j’me laisserai pas contaminer.

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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Mer 2 Sep - 12:20

Elle a tourné la tête, et l’a vu. Misha, indisposé, a braqué le calibre haut et droit. Un engin étalant son dominat sur toutes les engeances d’Amour qu’elle voyait déjà défiler d’un instinct concupiscent. La fronce de ses sourcils marque la colère des déprivés; Non, elle ordonne par-dessus quand il prie la proie de parler. Betty gît contre ses jambes, la chevelure comme monticule de vipères entre les doigts crasses de blondie. Si elle la tient tout contre elle, c’est pour lui imposer sa tyrannie. Furieuse, excessive, à l’apogée inéluctablement dramatique. Voûtée sur les larmes, faucheuse harassée par le travail, Amour redresse les vertèbres quand c’est elle qu’il interpelle. Et ça se voit qu’il a compris les manigances, la supercherie, à cause de cette pupille orageuse qui gratte sa foudre sur le marbre de ses bleues. À revers de la coutume, Amour garde le silence, saborde brièvement Aleksandr d’une oeillade sévère mais complice. Elle l’avait prévenu, et il avait su, un peu, ce qu’elle voulait quand elle s’évertuait à réfuter.

Si elle se tait,
Amour ne sait plus.
Où sont ses intentions,
devine les contradictions.

Par flegme sans doute, elle s’attendait à ce qu’il comprenne par lui-même les profondeurs hirsutes de sa petite pensée. Car Amour, là sous le coups d’une -au moins- de ses raisons, ne pouvait se confondre en logos. Résoudre les élucubrations qui tenaient Misha prisonnier de sa flamboyante colère. Mais il pointe l’arme, et elle se dit que ça pourrait aussi bien être elle, qu’il vise. Les instabilités du garçon, l’impulsion toujours en retrait ont l’oeil sur la jugulaire. Le monstre se vexe quand il attaque sa loyauté, et rompt l’emprise sur une Betty atrophiée.

“Tu d’vais la tuer elle” - par le seul contact fiévreux, l’allumette aurait pris feu. L’Amour comprenant, par l’insupportable vision qui se dressait sous ses yeux, qu’elle était sienne avant d’être elle. Il devait la tuer, de l’arme d’Amour obsolète, perdant la maîtrise et déjouant les promesses faites sur le ring.
“On dirait qu’t’as trouvé ton prince charmant”, elle rit un peu comme elle a la haine des insécurités du bonhomme. Elle l’a mauvaise, observe Betty gesticulant, de toute sa hauteur, puis s’accroupit tout près d’elle. Amour coince la mèche de jais humide derrière l’oreille, lève le menton de la danseuse: “va, r’garde comme il t’attend. Une vraie lune de miel en perspective, t’crois pas?”. Elle lui fait tourner le faciès vers l'ephèbe qu’elles jaugent tour à tour. Tu veux t’tuer avec moi, Misha, c’est ça?

Brutalité au bout des doigts et de la langue, Amour force Betty à ramper jusqu’aux pieds bordés de la neige noire et colère des iris masculins. L’exubérante se frotte à sa plus grande faiblesse, perdre ce qu’il lui reste, tôt ou tard. Mais perdre ce qu’il lui reste quand même. Mais la symbolique est là, léchant le bitume d'accoups désespérés, portant la volonté de faire cesser l’invective de Misha, à croire qu’Amour n’est là que pour le faire couler. C’est pourtant bien le cas, mais c’est toujours une question de chance et jamais de contrôle, mais ça lui échappe à lui qui jouit des deux.

Loin d’en avoir terminé, Amour zieute le choix qu’elle a fait, et celui qu’elle a encore: maîtriser l’information que la pleureuse possède toujours, et soldera après sans détour. Au péril de chacun, d’Amour comme de Misha. Elle avale sa salive, trépigne en réflexion. Avec virulence, Amour écourte la tension d’un geste abrupt, Betty a la nuque rompue contre le goudron. Mais j’te laisserai pas faire.
Et elle lui dit, sans un regard:"pardon pour tes noces, j'pouvais pas l'supporter finalement."
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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Jeu 3 Sep - 19:00

amour des feintes
Amour & Misha

« He didn't even say goodbye, he didn't take the time to lie »
La négation des invectives s’est pendue aux lèvres d’Amour en un grognement féroce lorsque le russe intime au gibier de parler. La directive de la blonde s’est heurtée tout contre l’inclémence de son pendant masculin, le flingue à la poigne mais la pupille braquée sur elle. La traitresse. Pas la moucharde, l’autre. Misha abandonne le fiel de sa prunelle dans celui de son vis-à-vis, y déverse le plomb de sa lucarne comme il la considère. Y a le feu de ses tourments, la bile de sa fureur lorsqu’il toise Amour, comme une ire de misère. Il a beau tenter d’embrasser ce qui s’est joué entre eux depuis son retour, assembler les pièces puis s’échouer dans ses sales réflexions, il n’a pas bien compris, ce qu’elle attend de lui. Et comment elle le regarde, et comment elle lui parle, émiettant sa distance et lui rendant les coups comme les baisers. Juste assez pour l’échauffer, ne jamais le laisser partir bien loin. L’index sur la détente a la furieuse envie d’en découdre, sur l’une comme sur l’autre. Mais c’est Amour qui mène la danse, comme à l’accoutumée, songe-t-il enfin, dépouillé de ses oeillères. Sa langue claque vindicativement contre le palais lorsqu’elle déverse dans ses menaces un flot de rires inertes, c’est le brocard sous la bégueule, de ces non-dits qui exaspèrent. “Tu d’vais la tuer elle” Le bras toujours tendu, d’une placidité glaçante et jamais nerveuse, exhorte la chialeuse à ne pas souiller ses godasses. C’est en joue qu’il la tient mais c’est Amour qui assène ses tourments. Et lorsqu’elle parle, déverse ses secrets dans le sybillin de ses palabres. Aleksandr a revêtu le manteau des ombres comme il observe, la pupille bien plaquée sur la blonde, observant ce foutu chienlit. Y en a aucun, des deux qui se disent mâle, bien foutu de comprendre ce qui se trame. Et y en a aucun, non plus, qui s’offusquera de la petite mort de la brunette lorsque la sauvage rompera sa nuque sur le bitume comme on achève la volaille.

"pardon pour tes noces, j'pouvais pas l'supporter finalement." C’est le tambour qui clabaude sous la bravade de trop. Ces mensonges qu’elle prolifère, sous une langue bien pendue. Et cette manie qu’elle a, de lui faire croire qu’elle tient à lui, puis de s’en foutre royalement. Misha a déversé dans la pupille tout le goudron qu’ils avalèrent autrefois, quand ils battaient l’asphalte de leurs savates usées, que l’insouciance les abreuvait encore comme ils avaient sucé la haine au sein de leurs mères. Que dans son regard à elle, y avait encore l’éclat d’eux. Et qu’il ne trouve plus aujourd’hui, même sous les baisers volés. Alors Misha a serré la mâchoire bien fort lorsque le coeur s’est figé sur la détente. “Misha ...” Aleksandr susurre le prénom du paumé. Il a compris la bévue, dès lors que le russe a braqué son flingue sur Amour. C’est pas tant qu’il voudrait la buter. Enfin, si peut-être. Un peu. Passionnément. C’est pas tant ça. C’est qu’il a le myocarde qui se noie sous la houle de la colère. De n’avoir rien vu venir, de pas savoir y faire. « Arrête de t’foutre de ma gueule. C’était qui, cette meuf ? Dans quoi tu baignes ? » Et il sait, pourtant, qu’elle ouvrira pas sa gueule. Qu’elle préfère y loger le plomb, plutôt que de jouer les balances. Et elle sait, d’ailleurs, que ça détonnera pas sous ses doigts. Que le coeur n'appuiera pas sur la gâchette. Car Misha, de ce qu’on en sait depuis qu’il traîne ses nippes dans les boues New-Yorkaises et de ce qu’il se susurre depuis toujours, porte la couardise sentimentale.

(c) DΛNDELION ; @amour vaughn
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Message Sujet: Re: Amour des feintes (ft. Amour)   Amour des feintes (ft. Amour) Empty Ven 4 Sep - 0:27

Amour ne rit plus, elle sent contre sa peau l’épine de la balle qui voudrait percer son crâne. Elle se rappelle les toits qui ont vu naître la supplique; qu’un jour avec elle, Misha en finisse. Entre les deux yeux, avait-elle pu dire. Aleksandr fait l’effort courtois de retenir le môme, mais nettoiera les morceaux de cervelle qu’il fera sauter. Les regrets bien rangés dans un coin de l’inf(âme). Ce qui la déroute, Amour, c’est la décision qui se traduit dans la solidité du bras qui ne tremble guère, en même temps que la superbe qui se mêle à sa carrure. Elle n’est pas futée, mais distingue cette haine dans la pupille et l’envie d’en découdre.
L’Amour se dissout à force d’être usée. Il s’effrite parce qu’abusée.
Du sel de l’azur, la blonde soutient cette rage abondante comme pétrole dans l’océan. Tous cherchent à savoir, jusqu’où peut-elle endurer sans défaillir. Et elle lui dit bien en se taisant qu’il est pas foutue de l’aimer comme il le prétend, qu’elle voit clairement qu’il a la trouille près d’elle et comme les autres, et pour ça il la tient à bout portant. Bafouée, elle qui s’est pourtant vouée quand il scellait ses baisers ailleurs, vouée dans l’absence et vouée dans un retour toujours patient. Et accusée, toujours, parce qu’elle sentait sous les tendresses indélicates de la lèvre, la fuite imminente du garçon. Les larmes gorgent l’oeil sans se fracasser sur la joue.
“Arrête de t’foutre de ma gueule. C’était qui, cette meuf ? Dans quoi tu baignes ?”
“T’as un flingue pointé sur ma gueule et tu d’mandes des réponses?”, elle moque l’audace et une larme roule, dévale et s’écrase. “Qu’est-ce tu crois, hein? Qu’j’ai été bercée comme toi par un joli p’tit couple? Qu’y’avait quelqu’un pour m’raconter une putain d’histoire pour m’aider à dormir? J’ai fait c’que j’avais à faire et t’aurais fait pareil si t’y avais trouvé c’que j’ai trouvé. Parce que quand toi tu l’as trouvé, tu t’es barré sans r’garder derrière.”
Dans sa poitrine, la sensation qu’on a enveloppé son coeur et qu’on tire sur le papier pour en retenir les battements. Il ne discerne plus les gosses qu’ils étaient, comment on pouvait s’aimer sans avoir besoin de le sentir, jusqu’à la perte finalement où ça nous soulevait comme aucun sentiment alors. “Tu sais pourquoi tu l’dis pas Misha? C’pour les mêmes raisons qu’moi. Si t’avais fini par l’dire t’aurais jamais pu lever ce flingue au moment voulu. Et si j’te dis qu’je t’aime, tu m’tueras comme il faut, parce qu’tu tues déjà bien ceux qui sont pas arrivés jusque-là d’toute façon. Mais ça t'dérang'rait pas hein, parce qu'au moins tu l'auras entendu et moi j'pourrais toujours aller m'faire foutre”. Il fallait toujours se damner à l’alignement de sa tête dans le foutoir du paysage. C’était pas important que le bordel glisse d’un bout à l’autre de sa caboche ou qu’il se déployait sous ses doigts, Misha forçait toujours l’amour comme il ne lui avait jamais été donné, et devenait capricieux quand on le lui refusait.
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