sang d'ébène. (alix)

traits de caractère / Alix, paradoxe d’une vie.
Règne en elle cette contradiction permanente. Entre le bien et le mal, le haut et le bas, la vie et la mort. Le cœur en demande de lumière, l’âme prisonnière des ténèbres. Elle est vouée aux regrets quand elle n’est pas submergée par le remord. La culpabilité dans les veines, elle essaie de s’améliorer un jour, pour hurler haut et fort ses travers le lendemain. Coupable de son nom, coupable d’un héritage familial qu’elle arbore et déteste à la fois, Coupable de les abandonner, coupable de leur revenir la seconde d’après.
Coupable de ses choix,
quoi qu’elle fasse.

Alix, c’est le tourbillon imprévisible.
Celle qui paraît en totale maîtrise avant de se révéler au bord de l’abîme.
Inconstante en déséquilibre, déchirée entre deux vies, elle n’a jamais su choisir.
Seule femme dans un milieu masculin, jamais épargnée par les siens. Tout le contraire, en réalité, pour celle qui a dû sortir les poings ; faire ses preuves bien plus encore que ses frères. La détermination sans faille, la tolérance à la douleur remarquable, la capacité de résistance admirable. Fière et assurée, la reine peut paraître froide au premier abord. Elle ne dévoile que peu ses émotions jusqu’à arriver au bord de l’implosion. Car ceux qui la côtoient connaissent le feu derrière la glace. Impétueuse et incandescente, l’âme volcanique n’en a pas moins la tête sur les épaules. D’une loyauté à toute épreuve, elle n’hésite pas à prendre des risques pour ceux qu’elle aime. Elle ne détient aucune notion du danger, manque de prudence, parfois de clairvoyance ; mais sait faire preuve de calme et de maturité pour agir avec pragmatisme. Combative dans l’âme et dans l’esprit, elle ne fixe que son but ultime. Avec elle, tout est possible. Il y a juste la souffrance qu’elle renie ; le refus catégorique d’être fragile.
Capable de tout, jusqu’à y laisser sa vie.

Alix,
soleil nocturne,
ou étoile diurne,

la chaleur incandescente de ses caresses,
la foudre dans ses yeux de braise,
tendresse et haine,
tout à la fois,
elle bascule d’un monde à son contraire,
comme si aucun n’était fait pour elle,
comme si elle n’avait sa place dans aucun univers,

Alix,
la belle éclipse.

Au loin, les échos des voix masculines comblent son silence léthargique. Elle les entend déblatérer sur la qualité du marbre choisi. Les lippes resserrées, la silhouette amaigrie garde le voile sur ses pensées, désespérément mutique. Pas de choix, pas d’opinion, pas d’avis. Aucune préférence établie.
Pierre glaciale,
dans tous les cas,
pierre tombale,
dans tous les cas,
dernière demeure de Flora.

Les acouphènes demeurent si lointains qu’ils ne semblent pas l’atteindre. Ils ne sont que des murmures avortés. La signification des mots qui lui sont adressés semblent totalement lui échapper. Et toujours aucun mot prononcé.
Il n’y a qu’une chose à laquelle elle pense,
une chose qui la hante,
le besoin de vengeance.

Souffrance réprimée,
parce qu’elle la briserait,
elle la tuerait.
Elle ne va pas mourir, Alix.
Pas avant de l’avoir démoli.

Elle avait arrêté.
Elle avait arrêté les trafics en tous genres. Elle avait coupé les ponts avec ce fragment trop morcelé d’une vie reconstruite. Depuis qu’elle l’a connu, lui. Ezio, astre solaire au milieu de son obscurité, il est celui qui l’a sauvée. Celui qui lui a fait entrevoir une autre réalité. Elle a découvert un nouveau monde à ses côtés.
Loin de la mafia,
loin des Ferreira.

Mais la loi du sang revient toujours,
plus forte que tout.

Comme une loi de la nature, un poison ancré dans ses racines portoricaines. Une seule mission, acceptée pour les siens, incapable de laisser tomber ses frères. Ils sont le sang qui coule dans ses veines ;  demeurent, malgré tout, son univers.
Une dernière mission pour la famille dans laquelle elle est née,
qui a bousillé celle qu’elle avait créé,
qu’ils avaient créé.
Tous les trois,
elle, Ezio, Flora.

Son monde s’effrite sous ses pieds,
il n’y a que la haine qui lui permet de garder la tête relevée.

Derrière le calme implacable de la reine des glaces,
il y a le cœur sauvage,
l’âme nourrie par la rage,
l’envie bestiale,
de casser les membres un à un de celui qui leur a pris Flora,
il n’y a qu’elle qui la fasse tenir,
qu’elle pour la maintenir en vie,
la vendetta,
pour sa fille,
pour Flora.