y a n a ( ( elle menait la danse face à son absence.

traits de caractère / froide, réservée, discrète (fermée, tu te protèges), silencieuse, muette, calme (on t'entend jamais), charismatique, troublante, captivante (accroche les regards, trouble, ensorcelle), indépendante (besoin de personne), déstabilisante (les silences qui gênent), sauvage (farouche), pudique et pourtant si douce quand tu l'veux, franche (blessante), brutale, violente, impitoyable (les plaies camouflées derrière les poings, les pics de haine), brisée (putain), difficile à comprendre, à cerner, courageuse (audacieuse), cultivée (littéraire dans l'âme, artiste), vulgaire (dans les mots employés, pour qu'ils s'éloignent d'toi, anxieuse (pour tout et rien, mais dans l'silence) : l'apparence d'une brute, les agissements d'un tyran.

T'es née un jour, Yana et c'était déjà trop. Tu t'souviens pas de grand-chose, c'est comme si ta vie a commencé avec ton entrée dans le monde du crime. Tu te souviens juste d'ce jour, où t'es rentrée, puis qu'ton frère s'est tiré une balle, qu'son cerveau a explosé devant ta gueule d'ange. Et ça t'as changé pour toujours, cette merde. T'revois sans cesse sa gueule éclatée, t'entends tes cris, puis ceux d'tes parents. Et ça fait deux ans que t'as vrillé, Yana : t'tues les gens, ça t'amuse, t'fait du bien, ça t'soulage bordel. T'es devenue un monstre, avare d'sang, le cruor comme élixir de jouvence. Puis, y'a tes parents, dévastés, que tu soutiens du mieux que tu peux, mais Yana, t'gardes tout ce désespoir, t'sais que c'est préférable pour les épargner : faut pas qu'ils te voient mal, tes parents. Alors, tu te défoules dans les crimes, t'es qu'une ombre dans le Queens, personne connaît ton visage et t'enchaînes les contrats, dans l'anonymat. C'est avec du sang sur les mains que t'revis, Yana.

T'es là, dans la nuit, le visage camouflé sous ta capuche noire et tu ondules, à la manière d'un chat sous la voûte étoilée. Personne te remarque, ça t'plaît d'savoir que t'passes inaperçue, que les regards ne s'éternisent pas sur ta personne. T'es détruite par la mort d'ton frère, d'ton jumeau et quand tu rentres, t'as qu'une envie, c'est d'tuer, pour t'vider l'esprit, pour alléger tes épaules frêles. T'es plus rien : plus de sourires, plus de rires ni de gestes affectueux, t'en as rien à foutre des autres, d'ceux qui tentent de t'approcher. Sauvage, indomptable, t'laisses personne se rapprocher d'toi, Yana, t'es froide, glaciale, les autres ? Ils peuvent crever, t'passeras ta route. T'es qu'une coquille vile, une carcasse, une âme envolée, là, dans les cieux, tandis qu'le monde s'effondre autour de toi.