Khae est un mélange du monde. Sa mère est une jeune femme colombienne arrivée clandestinement sur le sol des Etats Unis d’Amérique. Elle a travaillé si dur pour avoir enfin une vie décente. Une vie qu’elle voulait offrir à ses enfants. Il ne lui aura fallu pas longtemps pour tomber sous le charme de Monsieur Oguri. Un militaire tantôt en mission, tantôt auprès de sa famille. Leur histoire n’était faite que de passion et d’amour fugace mais si intense que jamais la mère de Khae n’avait pu l’oublier. Alors quand il a refusé de reconnaitre son enfant, leur enfant, la mère de la jeune Kacy a réalisé que plus rien ne pouvait lui importer dans ce monde. Les épreuves l’épuisaient et elle n’arrivait plus à tenir debout. Elle résista les premières années pour offrir à sa fille un toit et de quoi se nourrir. Elles étaient ensemble et ça leur suffisait. Khae n’avait pas besoin de grand-chose. Elle avait sa mère, elle avait dieu, elle avait l’école. Qu’importe que ses yeux bridés dénotent avec ce colombien qu’elle ne cessait de parler, la jeune femme ne connaissait rien de ses origines japonaises, étaient même bien incapable d’en prononcer le moindre mot et malgré les histoires que lui racontaient sa mère sur son père, jamais Khae n’avait eu envie de le rencontrer.
Sa mère lui avait toujours dis la vérité, sans réellement le faire passer pour le méchant de l’histoire (elle l’aimait encore beaucoup trop pour lui en vouloir …) mais Khae n’avait pas eu besoin des mots tranchants de sa mère pour se faire une idée. Elle n’avait qu’à poser son regard sur le visage dévasté de sa mère chaque fois qu’elle parlait de son père, ou bien elle n’avait qu’à tendre l’oreille la nuit pour l’entendre pleurer. Alors quand Khae eu 10 ans et que sa mère a commencé à prendre de la drogue la jeune enfant s’est alors décidé à prendre les choses en mains. Elle était suffisamment intelligente pour réussir à l’école (ce qui n’est pas bien difficile au vu du niveau de son école dans ce quartier défavoriser de sa ville) et pour pouvoir s’assurer que tout irait bien à la maison. Elle avait ce poids sur les épaules mais le vivait avec sérénité, elle était juste inquiète que sa mère finisse par ne plus se réveiller un jour … elle avait peur des hommes qui parfois entraient chez eux. Elle s’enfermait toujours dans sa chambre et n’en sortait que lorsque sa mère venait toquer. Parfois cela pouvait prendre 2 jours, mais Khae était toujours en sécurité. Elles étaient ensemble, contre le reste du monde … et chaque fois que sa mère s’effondrait en pleure devant elle pour se faire pardonner, Khae lui caressait les cheveux en soufflant que ce n’était rien … que ça irait. Parce qu’elle ne pouvait imaginer autre chose.
Sa mère n’était pas un monstre, elle était juste dépassée, incapable de s’accrocher à la vie … Elle disparaissait parfois pendant des jours sans donner de nouvelles et lorsqu’elle rentrait, son corps paraissait plus frêle et faible que la veille. Khae avait peur pour la vie de sa mère … assez pour oser lui parler de sevrage, de centre … elle s’était renseignée, qu’elle triste image avait-elle renvoyé ce jour-là devant l’ordinateur de la bibliothèque de l’école. Une enfant de dix ans cherchant comment aider sa mère à son addiction à l’héroïne. Khae avait vu la beauté de sa mère se faner, disparaitre au fil des mois, mais sans ne jamais devenir hideuse aux yeux de sa fille. Non, l’enfant ne voyait là que la douleur de sa mère et se sentait si impuissante … si désarmée. L’argent avait fini par manquer, et dans cette lente descente en enfer Khae arrivait à manger suffisamment que grâce à la bonté de cette femme de son école qui lui servait toujours une portion de plus qu’elle pouvait emporter le soir chez elle. Khae la partageait toujours avec sa mère même si le plus souvent elle terminait à la poubelle. L’enfant refusait d’abandonner, mais sa mère l’avait fait pour elle.
A l’aube de ses 12 ans, elle se retrouva devant une maison, sa valise en main, les yeux rougis de larmes. Une lettre dans les mains elle n’avait qu’à toquer à la porte sans avoir la certitude que ce père qu’elle avait longtemps détesté l’accepterait. Sa mère lui avait promis que ça ne durerait que quelques mois, le temps qu’elle réussisse à se sevrer de la drogue, qu’elle trouve un boulot et un endroit qui ne serait plus insalubre. Khae l’avait cru. Son père lui avait vite compris qu’elle ne reviendrait pas. Khae avait mis de longs mois à réaliser qu’elle avait été abandonné par sa mère, et la seule chose qui l’avait fait tenir après avoir débarqué dans la vie de son père c’était son demi-frère Liam et son meilleur ami Jeyden. Les deux garçons étaient unis comme aurait pu l’être deux jumeaux. Elle trouvait leur relation belle et sincère, le genre de relation qui ne pourrait jamais casser. Elle aimait rêver se trouver une personne qui puisse l’aimer autant. Qui ne l’abandonnerait pas. A la vie à la mort.
L’arrivée chez son père n’a pas été de tout repos. Des cris, des pleurs, des hurlements, mais il aurait été impensable pour la femme de son père de mettre à la rue une enfant. Pas quand elle montrait des signes de malnutrition et de négligence. Depuis des mois personnes ne s’occupait de cette enfant et Khae bien qu’elle soit forte et obstinée était épuisée. Elle voulait simplement poser sa valise cassée dans un coin d’une pièce et dormir. Juste dormir … Liam aurait été le seul capable d’unir leur famille ainsi. L’acceptant avec un cœur pur, il avait adopté sa sœur plus rapidement que le reste de la famille. Jeyden avait rapidement suivi et le petit trio, une fois Khae apprivoisée, se montré soudé et unis. Leur rire et leur cavalcade remplissait les couloirs de cette maison familiale. Garçon manqué pour avoir le plaisir de les suivre partout, et ces quelques années passés avec eux furent les plus belle de la jeune femme.
Elle avait toujours tu ses sentiments pour Jeyden, parce qu’elle n’avait envie de rien gâcher, parce qu’elle croyait que la vie leur était réservé et que l’avenir les attendait. Elle aurait le temps de lui dire, de lui dire qu’elle l’aimait comme on pouvait aimer à 15 ans. Mais les disputes entre les parents se faisaient de plus en plus fréquentes, de plus en plus forte … Jusqu’au jour où son père débarqua dans sa chambre en lui sommant de rassembler ses affaires, ils partiraient demain matin. Il avait été muté en Californie et ne lui laissait pas le choix. Elle n’aurait pas su lui dire non de toute façon, même si cela voulait dire abandonner la seule famille qui l’avait un jour réellement aimé. Abandonner Liam et Jeyden avait été sûrement la deuxième chose la plus difficile de sa vie. Elle avait longuement pleuré ce jour-là, s’étaient collée à son frère plus que de raisons et avait même prit sa belle-mère dans ses bras, seule complice de tout ce qui se tramait. Rien n’avait été annoncé, car ils étaient censés partir dans plusieurs jours, mais Khae avait compris que son père voulait fuir le plus vite possible …
Alors elle avait demandé, dans un dernier élan de courage à Jeyden de rester avec elle cette nuit-là. Elle avait même pensé à tout, à lui dire, à l’embrasser, à lui offrir sa première fois … Mais elle avait pris peur, peur de tout gâcher pour cette unique nuit qu’elle pourrait avoir avec lui. Liam s’était endormi, et les avait laissés seuls. Comme souvent. Ils avaient regardé un film nul, ils avaient ri, refait le monde, puis elle s’était blottit contre lui, l’empêchant de partir, avant de s’endormir contre lui. «
No te vayas … » lui avait-elle soufflé dans son sommeil, mais elle était celle qui partait. Qui l’abandonnait. Au petit matin, elle avait quitté la maison sans bruit, sa valise déjà chargé dans le coffre de la voiture et après un dernier regard à cette bâtisse aurait juré avoir senti les lèvres de Jeyden contre les siennes. Elle abandonnait une vie qu’elle aimait pour en découvrir une nouvelle. Une de celle qui lui demanderait beaucoup d’effort. Beaucoup trop …
Sa vie en Californie n’était pas beaucoup plus glorieuse que son enfance. Délaissé par un père bien trop souvent en mission, Khae vivait seule dans un petit appartement sur la côte ouest. Elle aimait la Californie, pouvait renouer avec ses racines latines et se rappelait de cette année qu’elle avait passé en Colombie avec la famille de sa mère avant de devoir revenir aux USA sans trop comprendre pourquoi. Elle pouvait parler espagnol ici. Elle pouvait retrouver une communauté à laquelle elle s’identifiait. Elle n’était pas asiatique pour elle et la seule chose qui trahissait ses origines ce n’étaient que ses yeux bridés. Mais sa beauté n’avait fait que s’affirmer au fil des jours, le regard des hommes se faisaient de plus en plus insistant et dans un monde où la femme est objet, Khae avait appris à se défendre. Verbalement, mais physiquement. Au fil des jours elle avait fait comprendre que peu importe la longueur de sa jupe, elle restait une femme que l’on devait respecter et si cela en dérangeait plus d’un elle s’en moquait. Jusqu’à ses 19 ans elle avait élevé par sa voisine, une femme en pleine fleur de l’âge qui se prostituait pour gagner sa vie. Elle avait longuement mis Khae en garde contre les hommes, contre l’argent facile à vendre son corps. Elle refusait que ce petit ange de 16 ans fasse la même erreur qu’elle, mais elle ne s’inquiétait pas. Khae était intelligente et avec un caractère qui l’emmènerait loin.
La jeune métisse s’était prise d’une affection sincère et forte pour cette femme qui lui avait appris à se maquiller, à porter une robe, à assumer ce corps qu’elle avait hérité de sa mère. Elle était colombienne et comptait bien le faire comprendre au reste du monde. D’une fierté sans borne pour ses origines latines, Khae n’a de cesse le montrer. Et les années passent, son père vieillit, peine à contrôler sa fille de feu qui rêve de liberté, de voir le monde. Elle étouffe enfermée dans cet appartement. Elle veut découvrir le monde. Elle veut retrouver Liam. Elle veut retrouver Jeyden. Retrouver Jeyden. Mais la vie est capricieuse. Khae n’abandonne pas pour autant, se trouve une université à New York, mais elle a peur. Peur de ce qu’elle pourrait trouver là-bas. Elle aurait voulu reprendre sa vie là où elle s’était arrêté à ses 15 ans mais elle se doutait que les retrouvailles seraient … douloureuses, particulièrement après avoir disparu presque 5 ans de leur vie. Comme un signe du destin Matthew entra dans sa vie. Il n’était là que pour les vacances mais l’attirance fut mutuelle et intense. Du haut de ses 19 ans Khae ne pouvait lutter contre l’attraction et les sentiments qu’elle avait pour Matthew. Qu’elle ne fut pas sa surprise de constater qu’il connaissait Jeyden et Liam. Elle vit ça comme un signe du seigneur et le lendemain prit un billet d’avion pour rentrer à New York avec son désormais petit ami …
La bande s’étaient (re)trouvée, ils étaient jeunes, ils étaient libres. Ils s’aimaient, se détestait. L’argent, l’adrénaline, le besoin de ressentir quelques choses … ils ont fait la pire des folies, la pire. Mais ils avaient ressenti, rien qu’un instant, le bonheur de vivre. Puis Jeyden en avait payé le prix et s’était retrouvé derrière les barreaux. Puis Matthew en avait payé le prix : de sa vie. Depuis … Khae n’était plus cette Latina au sang chaud, au caractère indomptable, à la cambrure fiévreuse … elle n’était qu’une gosse perdue qui pour la première fois de sa vie ne savait pas quoi faire. Beaucoup d’épreuves, beaucoup de non-dit, la vie mouvementée de Khae est loin d’être terminée et la jeune femme sait que si elle veut surmonter et retrouver sa joie de vivre, elle devra changer …
fuir. P. ---- / 28 ans ---- / rpgiste