ô diable

traits de caractère / hystérique, que gronde la folie qui se mêle au courroux. mégalomane, érigée en reine de son propre royaume. forte, à prier que les coups pleuvent, à faire capituler la mort. violente, à apprendre à nager dans les mers faites de sang. hyperactive, la faiblesse de la fatigue laissée à qui elle soutirera le jour. sans pitié, les états du coeur momifiés. dévouée, à la seule âme de son chef. sexiste, les hommes et les femmes, les êtres de la pire espèce. désinvolte. immature. ambitieuse. loyale. superficielle. menteuse. abominable.

« J’vais pas t’dire pourquoi, mais j’ai jeté mon coeur dans l’débarras
J’te raconterai pas mon histoire, pourquoi j’en suis venue là
Tu m’croirais pas
Y a jamais eu rien à aimer
Y a jamais eu rien à pleurer
J’l’ai jeté parce que maman disait qu’c’était quelque chose d’obsolète, le coeur
Foutue derrière les barreaux, à pisser dans l’caniveau obstrué d’sa cellule
J’suis née dans sa propre merde, t’y crois toi?
Elle savait pas, en précipitant l’père vers la mort, étroitement emboitée sur son bassin, qu’elle emporterait la semence
Paraît qu’j’ai pas pleuré, qu’l’air était trop mauvais, qu’y’avait rien d’nouveau pour moi, j’baignais déjà dans un corps putride ces neuf derniers mois

J’sais pas, j’crois qu’elle était pourrie parce qu’elle était capable d’amour
Parce qu’elle se racontait des histoires sur les hommes, qu’elle les croyait capable en retour, d'amour
Elle m’a appelé ainsi, pour se rappeler l’immondice, se rappeler l’erreur d’avoir été capable un jour
Elle s’est rendue apte à la haine
Et j’étais une putain d’allégorie d’ses déboires
Des nuits à bouffer sa peine dans le noir
Ma peau devait lui rappeler le jour, les temps solides de sa liberté
J’sais pas non plus si elle m’a couverte de bleus pour se souvenir du ciel
Ou peut-être de l’été

Puis j’ai pris d’la hauteur, plus capable de vivre près d’elle
Et franchement, entre toi et moi le jour, c’est flingué
J’ai dégueulé aux premiers rayons, précipitée dans l’foyer
Choyer, dorloter les martyrs, les anonymes d’la société
J’ai eu un haut-l’coeur d’voir autant d’faiblesse au mètre carré

Les cognements au plafond, ça jouissait au-dessus
Un bruit épouvantable d’amour
J’ai encore eu la gerbe
Ils m’ont ri au nez les tourtereaux
Alors j’ai récupéré leurs lambeaux pour décorer mes murs
Mais ça n’a pas plu au reste du bastion
Et des pions ont poursuivi ma croupe

Mais j’ai préféré l’offrir aux fous
Et j’vais t’dire, ils ont pas lésé sur les coups
J’me souviens du sang froid qui s’mêle à ma glace
Aucune envie d’dégobiller, j’dévorais la sensation d’avoir une place

J’te dirai pas quand est-ce que j’ai décidé d’jeter mon coeur
Et j’te dirai pas non plus si un jour j’en ai eu un
Tout ça n’était sans doute qu’un leurre
C’que j’peux dire c’est qu’aujourd’hui, j’ai plus la nausée »