anger is my refuge (lonàn)

« anger is the only thing they left me. anger is my refuge, it's my shield. anger is my birthright. lonàn&hera »

Elle lit dans son regard des attentes, l'espoir vain qu'elle arrête afin son jeu pour lui parler. Si Hera lutte encore, c'est parce qu'elle est persuadée d'avoir bien trop à perdre. Lonàn n'est plus seulement l'homme contre lequel elle se perdait durant ces longues soirées de solitude ; il porte au dessus de son âme les ailes protectrices du corbeau, aliéné par leur amour fraternel, dévoué à ces yeux bleus qui les hantent tous. Cahal est là, elle ressent sa présence, sa force à travers les pupilles colériques du blond. Son cœur se retranche brutalement mais à chaque fois qu'il s'enfonce un peu plus profond dans les ténèbres, chimères et flammes le trouvent pour le déloger. Lonàn la traque et sait toujours exactement où la dénicher. Pourquoi faut-il toujours que les sentiments la fassent se sentir si ridicule et vulnérable ? Hera réalise sur ce parking glacé et humide qu'elle n'est rien de plus qu'une ombre mimant une existence d'humaine mais que tout ce qui la compose est terrifié par l'idée de connaître à nouveau la perte. Brûlée vive par le regard de l'Irlandais, son souffle se coupe et ses yeux le fuient plutôt que lui avouer qu'il ne comprend rien, qu'elle ne supporterait pas de le voir s'autodétruire, le préférant mort de ses mains que par bêtise.
Tout ça n'est qu'une connerie Lonàn et toi tu plonges dedans, les yeux fermés, tu ne réfléchis pas. Tu es si nuancé ; ton âme est d'une richesse, un trésor mal dissimulé que tous s'évertuent à piller.

Ce n'est pas sa vie qui lui importe, elle se fiche de comment il l'use, du pourquoi, du comment. Il n'y a que la mort de Lonàn qui la tétanise et lui noue la gorge mais il est bien trop dans le réel et le concret pour lire réellement cette inquiétude dans ses yeux.  Moran voudrait pouvoir éclaircir les choses mais la reine est lâche. Sa présence n'a plus rien de courageux. Ses forces l'ont quitté dés l'instant où cette claque a résonné contre sa joue. Elle aurait voulu qu'il la lui rende, se sentir offensée par ses coups et oublier les battements de son cœur.

Tu ne sais pas, tu n'étais pas là lorsqu'il est venu me voir. Sa voix est agressive, laisse entrevoir une faille. Peu importe que Lonàn soit son frère, elle ne supporte pas qu'il parle de lui. Son amitié avec Morgan lui était si précieuse qu'elle est à présent tabou. Le terrain est bien trop glissant, parsemé de mille rancoeurs prêtes à lui exploser à la gueule pour qu'elle puisse nourrir le moindre espoir de le retrouver un jour. Hera s'est fait une raison et enterrer leurs souvenirs était de loin l'acte le plus douloureux. Elle avait l'impression de les sentir bouger même une fois sous cette couche épaisse qu'est l'oubli, comme s'ils la réclamaient, n'attendaient qu'elle pour revivre.

Les aveux du blond sont difficiles à entendre. Elle peine à assimiler sa compassion et cette sincérité qu'il lui offre. Son visage se fige alors qu'elle le tourne, fixant l'entrée du bar pour oublier ce qu'elle est en train de faire. Si l'un des siens la voyait faire, elle perdrait instantanément tout leur respect. Son règne ne perdure que grâce à sa force et l'admiration qui en découle. S'ils la savaient capable de faiblesse, qui accepterait encore de la suivre ? L'Irlandais met une muselière à sa colère avant même qu'elle ne puisse s'exprimer. Tu te raccroches à des détails tellement futiles … Son souffle se coupe, Hera ne peut plus le fuir, lui échapper. Si cela lui coûte énormément, elle accepte malgré tout de le regarder à nouveau lorsque la vérité frappe à sa porte. Elle s'était persuadée qu'elle finirait tôt ou tard par craquer et laisser entrevoir une partie d'elle-même mais pas dans cette situation, encore moins face à lui. Lonàn n'est qu'un petit dealer pathétique qui ne mériterait même pas l'ombre de son attention. Il n'est rien. Ou si peu. J'ai espéré que tu viennes. J'ai attendu que tu traverses la porte de cet hôtel. Je voulais te voir parce que durant ces longs derniers mois quand Dione n'était pas là, ni morte, ni vivante, seulement disparue, c'est avec toi que j'ai passé les moments les plus apaisants de ma vie. J'avais envie de retrouver cette sérénité. Lonàn était une bulle dans laquelle elle ne cherchait pas seulement le fantasme, il était son échappatoire, son salut. Mais ce n'est jamais arrivé. La rancoeur suinte de ses mots. Tu ne l'as pas fait, jamais. J'ai probablement mes tords mais ça ne change rien au problème. Tu n'étais pas là. Son cœur implose sous sa cage thoracique, c'est d'une douleur sans précédent. Offrir à McGrath ce qu'il attendait exactement d'elle la détruit de part en part. Tandis qu'elle sent son âme glisser dans un puits sans fond, sa persévérance s'accroche au dernier moment à une aspérité afin de leur infliger le coup fatal.

Tu es Hera Moran et tu seras punie d'être ce monstre. Condamnée à vivre loin des autres et surtout de ceux qui t'apportent la paix.
Elle prend une longue inspiration, à nouveau plus froide et redoutable.
Ne demande pas la vérité alors que tu  n'es même pas capable de l'assumer. Tu ferais peut-être mieux de nous rendre service à tous et terminer ce que t'as commencé. En espérant que cette fois Cahal ne vienne pas à ta rescousse. Le pont qui s'écroule entre eux est si brutal que l'onde de choc traverse l'entièreté de son être. Elle aurait voulu avoir la force de le prendre dans ses bras, l'embrasser, accepter ce qu'il réveille en elle mais à la place de ça, Hera se crucifie elle-même. Lonàn n'a même pas besoin de préparer sa croix.
Le masque de Moran lui fait mal. Il s'accroche aux traits de son visage, contre son gré.