i want to hold you close. soft breasts, beating heart. as i whisper in your ear. i want to fucking tear you apart.
you pray it all away but it continues to grow. (tear you apart.) nos années sauvagesMa sœur. Petit bout de femme perpétuellement en conflit avec notre père. Née sous l'étoile la plus froide ; dans son regard tombaient des flocons d'éther qui recouvraient son cœur d'enfant en sachant instinctivement qu'on terminerait par le lui briser. Tout comme ses ailes, naïvement attachées à son dos qu'elle faisait battre brutalement dés qu'un homme s'essayait à la moindre autorité sur elle.
Son adolescence est une longue route parsemée d'insomnies et de réalités parallèles s'entrechoquant les unes aux autres. Hera était ce que l'on appelle une créature mystique ; précoce, son corps avait fait d'elle une femme bien avant l'âge. Alors que commençait à lui faire la cour les garçons qui la désiraient, elle ne brûlait que par l'envie de se rebeller contre notre père. Cet homme, qui, sous prétexte qu'il lui avait donné la vie se pensait en droit de la contrôler. Il n'avait même pas eu à rejeter tous ces gamins qui la courtisaient car contrairement à eux, Hera n'espérait rien. Faire la cour à une brique aurait eu la même saveur. Elle était aussi sensuelle et intéressée qu'un fossile. Ses yeux ne disaient qu'une chose '
laissez-moi donc être cette enfant.' mais elle savait, quelque part au fond de sa conscience la plus profonde que notre père éteindrait le feu sacré qui la tenait en vie.
De lui, elle apprendrait que les hommes incarnent des bêtes aux instincts les plus primaires de domination qui tenteraient vainement de faire d'elle et de toutes les autres femmes des choses. De magnifiques poupées de chiffons tenues par des ficelles, vouées à la douceur, la patience mais dont on attendrait d'elles force, courage et prises de décisions.
Sous l'autorité de notre père, elle comprit avec stupeur que l'équilibre ne serait jamais parfait et qu'elle n'obtiendrait d'eux leur respect que si elle restait à sa place. Sa place de femme, bien rangée, silencieuse, élégante ; tout ça,
sans le droit à l'erreur.sois belle et tais-toiLe mariage le plus hypocrite du monde. Derrière son voile de mariée, ses yeux étaient deux aigue-marine qui comprenaient à mesure qu'elle avançait jusqu'à l'autel que sa vie cesserait ici ou du moins, qu'elle se mettrait en suspend.
Dans son dos, toute sa famille, alignée telle les rangées d'une vigne, mimait d'être émue alors qu'elle ne connaissait de cet homme que son compte en banque. Le bras droit emmêlé à celui de son père, à chacun de ses pas s'extirpait son âme de son corps. A la fin de cette marche, Hera n'était plus qu'un être désincarné. En croisant nos regards ce jour-là, j'ai décelé au creux de ses pupilles la douleur du silence. Sa bouche pouvait sortir des sons, s'exprimer mais son cœur était cadenacé sous le poids du devoir et je me trouvais là, à quelques mètres d'elle seulement. Plus jeune mais assez mature pour comprendre que mon père la jetait en pâture afin d'assouvir à travers sa fille son besoin de pouvoir.
Son sourire à lui était sincère.
Probablement l'unique trace d'émotion non simulée dans toute l'église.
Je restais là, pétrifiée, soumise à cet appel qu'elle m'envoyait et que je prenais soin d'ignorer. J'étais alors aussi complice que les autres.
La perdre m'étouffait.
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Et puis un jour elle s'est éteinte. Sans un signe avant coureur, sans même un mot pour nous montrer qu'elle était sur le point de rendre les armes. Personne n'a cru la voir revenir de cet état léthargique. Nous allions la voir à las vegas chaque mois. Ce n'était pas elle qui nous réclamait, comme si elle avait oublié d'où elle venait, qui elle était, perdue dans sa tour dorée où le temps s'était arrêté. Elle nous ouvrait la porte, théâtrale, euphorique. J'observais ses gestes, ses mimiques et tout ce qui se dégageait de sa fine silhouette semblait surjoué. Elle masquait son ennui en plongeant dans le personnage d'une autre, vêtue du rôle de la parfaite épouse.
Ce n'était pas de la tristesse qui irradiait de chaque particule de son aura mais une profonde lassitude. La maison que Moran lui avait acheté ressemblait à un château, stérile, parfaitement entretenue où Hera passait chaque journée de sa vie à épousseter chacun des objets qui la composaient.
Elle était tout ce que l'on espérait d'elle et j'admirais avec effroi l'imagination qu'elle développait pour complimenter l'homme qu'elle avait épousé par dépit.
Hera ne s'est jamais plainte. J'ai essayé de lire en elle ses souffrances et la vérité mais elle ne m'a jamais rien dit, même à moi,
sa sœur, qui avait été jusqu'ici son oreille la plus attentive. Plus le temps passait et plus je la voyais se délaver pour laisser toujours un peu plus de place aux apparences.
Elle était une énigme que personne n'aurait jamais su résoudre car sa solution avait été enterrée, quelque part entre la passé et le présent.
Je l'ai vu faiblir une fois lors d'un de ces repas de noël où toute la famille se réunissait. Minuit passé, les enfants dévoraient des yeux leurs cadeaux tandis que la bûche de noël ne tarderait plus à arriver sur la table. Hera était debout, à quelques mètres du sapin, elle tenait dans ses mains ce verre de vin qui terminait d'assiéger toute sa torpeur. Brûlant en elle une colère qui la rendait joyeuse. Mais d'une joie mauvaise et agressive. Elle dansait dans la faible musique du salon. Personne ne la regardait jusqu'à ce qu'elle jette son dévolu sur l'homme le plus séduisant de l'assemblée. Un cousin lointain, que nous avions vus quelques fois seulement sur le temps d'une vie. Le bout de ses doigts caressait son torse solide tandis qu'elle dansait autour de son corps comme s'il n'existait pas. Elle s'y frottait, gracieuse et désespérée. Couvée par les regards de cette famille qui ne savait rien d'elle et la prenait de haut, persuadée d'avoir plus de dignité qu'elle. J'ai ressenti jusqu'au plus profond de mes tripes ce mépris qu'elle ressentait pour nous.
Il y avait de la beauté dans cette déchéance qu'elle nous offrait. J'ai vu dans le vulgaire spectacle d'Hera la femme que tous s'étaient épuisés de faire taire. Elle était une héroïne, détachée, autonome,
vivante. Tandis que Moran lui avait attrapé nerveusement le bras, prenant sur lui pour ne pas déborder devant toute l'assemblée, je ressentais sa colère. Elle était poisseuse, celle des hommes dont l'ego se blesse et qui saigne férocement. Il l'avait extirpé de la pièce, la guidant jusqu'à sa chambre en lui implorant de ne plus lui faire honte.
Hera était allongée dans leur grand lit. Vêtue d'une robe de chambre faite de soie, si blanche qu'elle ressemblait à un ange. Je m'étais approchée d'elle d'un pas timide mais elle avait ouvert les yeux pour se saisir de mon regard. Un long frisson avait traversé ma colonne vertébrale tandis qu'elle m'offrait une contrefaçon de son sourire. J'aurais aimé l'empêcher de me crucifier comme si j'étais les autres mais en déposant mes fesses sur son lit, sa voix s'était adressée à moi pour la toute première fois depuis son mariage.
ce doit être jouissif, n'est-ce pas ? Je ne comprenais pas ce qu'elle disait, ce qu'elle tentait vainement d'insinuer. Je ne ressentais que les relents du vin, caresser ma joue, s'endormir dans mes longs cheveux blonds. Elle était d'une beauté qui me glaçait. Impénétrable, redoutable. Elle semblait insinuer que je savais quelque chose et que je profitais de ma position. Ses doigts effleuraient mon avant bras alors qu'elle admirait les traits de mon visage, envieuse, colérique.
Tu n'as rien de si spécial. S'ils te le font croire, ce sera pour mieux te l'enlever. Hera était ivre mais je pouvais ressentir à mesure qu'elle caressait mes cheveux cette haine qu'elle avait en elle et qui se frottait à son affection pour moi tel un animal en mal d'attention. L'amour et le dégoût qui grandissaient en son sein étaient infini, c'était un espace vide et clair, dans lequel se noyait chaque jour l'espoir de pardonner les gardiens de cette cage invisible dans laquelle mon père l'avait enfermé.
Je me sentais piégée avec elle.seuls les indomptés
Moran est mort. Tué de la main d'un de ses associés. Son corps avait été retrouvé dans une des chambres de l'hôtel où se tenaient de sordides affaires de drogues, prostitutions et trafic de femmes.
Le cimetière était bondé le jour de son enterrement mais je me souviens clairement du visage d'Hera. Elle se tenait droite devant son cercueil, prise de sanglots qui la remuaient de la tête aux pieds. Ses larmes étaient si grosses qu'elles ravageaient son visage. Elle était déchirée entre la souffrance de perdre un homme qu'elle avais mis tant d'années à aimer et la joie de retrouver sa liberté. Le poids sur ses épaules s'est envolé en un claquement de doigt, attachée à l'âme de Moran qui s'élevait dans le ciel grisâtre de la fin du mois de Novembre. Une part de ma sœur s'est volatilisée ce jour-là, son visage s'est éclairé, au travers du rideau que déposaient les larmes sur sa peau.
Elle s'est transformée en l'espace de quelques mois.
Hera est revenue à la vie, sans un bruit, sans une tâche. Un jour elle était dans la triste maison qui abritait son deuil et le lendemain, son visage hantait les murs de cet hôtel de vegas qui portait son prénom.
J'ai su qu'elle était au courant de tout. Ces longues années passées dans l'ombre de Moran ont été sa mère nourricière. En prenant le pouvoir de l'empire poisseux qu'il avait érigé, ma sœur savait déjà tout et n'avait plus qu'à se battre pour montrer aux hommes qui étaient sous ses ordres que son rang était légitime.
Au détour d'un verre, elle m'a un jour confié respectueusement que la mort de son époux l'avait fait renaître. Il n'y avait ni honte ni fierté dans sa voix. Seule la fatalité lui brûlait la langue, nue et fébrile.
J'admirais son courage et sa persévérance. Tout chez elle semblait calculée, de sa froideur jusqu'à l'ovulation de son corps. Moran avait essayé de lui offrir un enfant mais s'était heurté à un organisme qui refusait d'engendrer la vie dans la tourmente.
Si elle avait aimé cet homme, elle ne lui avait jamais pardonné d'avoir détruit la jeune fille qu'elle était et qui ne demandait qu'à découvrir le monde de ses propres yeux. Tout comme elle ne nous pardonnerait jamais,
nous, de ne pas lui avoir tendu la main.
Et enfin, dans la foulée de cette résurrection notre père s'est bien comporté pour la première avec Hera :
il est mort. Emportant alors avec lui l'amertume et la rancœur d'une fille qu'il avait façonné de toutes pièces et dont elle garderait éternellement les séquelles. Il avait vu en ma sœur cette force que je n'avais pas. Toute cette rébellion et ce venin qu'elle lui crachait au visage était la preuve qu'elle possédait les armes pour se battre. Moi je n'étais qu'un pion, qui se laisserait faire, guider, couler … tranquille, soumis.
Transparent. J'étais son ombre. Sa seconde peau. J'aimais ma sœur et rien d'autre que sa réussite ne comptait.
mordre au traversLe décès de Moran a creusé en elle un trou qu'elle niait. Éviscérée par la solitude, Hera a muselé son cœur, empêchant celui-ci de passer au delà du plaisir de la chair. Elle a trouvé l'amour qu'elle espérait et attendait depuis toujours uniquement dans le sourire d'un petit garçon :
Nevada. Il était si jeune, si fragile, tellement facile à manipuler. C'était un morceau d'argile qu'elle malaxait de mille rêves. Orphelin, fils d'un traître et d'une toxicomane, elle s'est gorgée d'affection pour lui, confondant maladroitement protection et manipulation. Elle a fait de lui son pantin, sa petite poupée qu'elle chérissait et dont la vie reposait sur un mensonge. Il n'y a que de cette façon qu'elle s'est persuadée qu'il pourrait l'aimer, telle une déesse qui n'avait en elle rien de divin. Hera l'a trompé comme notre père avait fait avec elle car c'était finalement la seule chose qu'elle connaissait.
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Il y a eu la dérive. La soif du pouvoir, incontrôlable, intarissable. Cette soif, responsable de sa réussite, son ascension mais aussi de son départ. Elle se sentait tel un marin, le bateau qu'elle menait à travers les torrents était plein de sirènes qu'elle espérait vendre au-delà du Nevada et de Vegas.
Le queens était pour nous une terre pour laquelle il faudrait nous battre de la manière la plus intelligente. Elle n'était pas seulement porteuse de l'avenir mais aussi de notre perte. Hera, du plus haut de son nuage glorieux était aveuglée par l'insolence d'en vouloir encore, quitte à s'y perdre.
D'un hôtel luxueux à l'apparence discrète, l'âme de ma sœur s'est répandue dans les veines de la ville. Et c'est finalement là, au cœur d'un monde qu'elle ne connaissait pas qu'elle s'est heurtée aux hommes qui causeraient notre chute. Les
Mcgrath possédaient ce qu'elle avait à Vegas et qu'elle désirait étendre au Queens. Malgré l'ambition qui frappait contre ses tempes, Hera s'est montrée juste dans son jugement et son attaque.
Elle deviendrait une vipère, vicieuse, venimeuse, sournoise. Elle se transformerait en une plante, solide mais qui laisserait entendre qu'on puisse la briser. Il y a chez les hommes des stimulus rares et complexes qui les rassurent lorsque la femme qui leur fait face possède des failles et les horrifie si celle-ci leur semble indomptable. Ils ne lui auraient jamais fait confiance si elle avait été ce genre de créature. Hera s'est une fois de plus dissimulée dans la peau de cette autre qu'elle avait épousé durant son long mariage. Cahal Mcgrath était son point d'ancrage, celui en qui elle se raccrochait car il était le pilier de toute cette affaire qu'il tenait avec sa famille. Durant tous ces mois, je restais en retrait, le nez plongé dans les comptes, continuant d'honorer mon rôle d'oreille attentive auprès de ma sœur qui portait sur ses épaules un empire représentant tout ce qu'elle avait toujours espéré.
Hera était composée à 90% de la mafia australienne et à 10% de vide. Morgan s'est insinué dans cette faille, sans rien avoir à faire, à dire ou à prouver. Il existait et cela suffisait. J'aperçois encore, le regard bienveillant que lui offrait ma sœur. Elle semblait sereine, en sécurité. Aux côtés de cet homme, de cet être qu'elle ne voyait ni comme un allié ni comme un adversaire, elle s'est laissée surprendre par la légèreté et la confiance. Morgan insufflait en elle de la vie que j'avais tant cherché à lui rendre. Je m'étais épuisée, esquintée et lui n'avait qu'à être là pour lui décrocher un sourire qui ne ressemblait en rien à ceux qu'elle m'offrait, rassurant mais dévoré par le ressentiment.
J'étais saisie par la simplicité de leur lien qui rendait alors tout si complexe dans mon esprit. Je dévorais des yeux la sympathie qu'elle ressentait à son égard, éprouvée par la peur de la perdre mais aussi qu'elle s'y brûle.
le bruit du silence
Je devenais l'enfant qu'Hera était. J'étais l'adolescente trahie. Le cœur au bord des lèvres, l'âme disloquée. Je retenais en moi ce brouillard qu'elle avait crée. Je la laissais me dévorer comme un plat délicieux dont elle avait besoin pour se sentir pleine et en bonne santé. J'autorisais à son pouvoir de dépasser les limites et m'arracher les ailes. En m'avançant à mon tour jusqu'à l'autel, j'accusais le coup. En face de moi, de l'autre côté du voile de ma longue robe blanche se dessinait le visage de Cahal qui me pétrifiait.
A mes côtés se trouvait ma sœur comme je l'avais été lors de son mariage. En la cherchant du regard afin de m'accrocher à elle, j'avais eu la sensation de glisser contre sa froideur. Mes doigts tentaient vainement de tenir contre la parois mais un vide noir m'engloutissait. Je n'étais qu'un pion que l'on mariait dans le but ultime d'obtenir suffisamment d'informations sur les Mcgrath afin de les faire tomber. Et je prenais part à cette supercherie, embarrassée par mon envie de la rendre fière et blessée de n'être que ça.
Mais pour la première fois, je ressentais exactement qui elle avait été durant ces années où je n'étais qu'une gamine et elle une âme sauvage. Comme elle ce jour-là, je me sentais terriblement seule, abandonnée.
Était-elle en train de se venger pour mon inaction ?
Ou le faisait-elle simplement pour les affaires ?
Plus je la regardais et plus je me sentais éloignée d'elle, piégée, lacérée. A la seule différence que j'étais une adulte et elle une enfant.
Nous nous aimions, je le savais, le ressentais. Son amour était si intransigeant qu'on ne pouvait pas se contenter de l'apprécier, il fallait s'y vouer.
Ce jour-là, Hera m'a pardonnée.
Enfin.sacrificesJe n'avais pas eu le temps de la prévenir même si je me débattais de toutes mes forces. Je m'étais comportée comme elle l'aurait fait, toutes griffes dehors, crocs acérées, je ressemblais à une chienne que l'humain aurait trahi et qui se vengeait brutalement qu'on lui passe la laisse autour du cou. Je savais que j'allais mourir et c'est cette mort inévitable qui m'avait donné un tel élan. Tous ceux qui arrivent au bout du chemin possèdent un sursaut de vie comme s'ils tentaient de se raccrocher à elle une ultime fois.
Tandis que la fin venait à moi, bras ouverts, tranquille, reposante, je n'étais plus hantée par la haine de Cahal mais par la déception de ma sœur. J'imaginais Hera et je savais que cet homme avait frappé à l'endroit le plus juste pour la briser. Dans les derniers instants, je ressentais ce lien si subtil de deux sœurs agoniser et tenter de communiquer.
Aurait-elle un petit soubresaut qui la réveillerait ? Aurait-elle la nausée alors que mon âme s'élèverait au dessus du monde tel un nuage de fumée ? M'entendrait-elle, lui avouer notre échec ?
Je m'éteignais en laissant derrière moi la seule personne que j'avais aimé. Je m'en allais, créant dans son cœur un trou sans fin où les démons de la vengeance n'hésiteraient pas à se loger.
J'emportais dans ma chute Hera, la plongeais dans un cercle vicieux, brûlant à l'acide le peu de pitié et d'affection qu'il lui restait. Je décimais les derniers remparts qui la mèneraient vers l'enfer.
Je ressentais le goût ferreux de mon sang qui coulait pour elle mais aussi le souffre de sa perte.
J'entendais ses cris, je ressentais ses larmes, j'assimilais sa peine ; elle m'écrasait.
Je n'aurais même pas le temps de lui dire de laisser tomber qu'elle partirait déjà à ma recherche et deviendrait une bête cruelle en découvrant ma dépouille.
Je l'imaginais, pliée à deux, chassant la douleur au creux de son être. Elle laisserait alors ce cri si spécifique à la mort s'échapper de ses lèvres. Il lui brûlerait l’œsophage et malgré toute sa droiture, elle ne trouverait pas la force de marcher jusqu'à sa voiture. Ses hommes tenteraient de la relever mais elle se débattrait comme je l'avais fait, une dernière fois, avant de m'effondrer. Je l'observerai de tout en haut et réaliserai que durant toute cette vie je m'étais contentée d'obéir à ses ordres, entraînée dans sa folie. Je connaissais du monde que ce qu'Hera m'en disait. J'ai appris tout de son fonctionnement irréel dans ses yeux mais aussi dans le regard de ceux qui la couvaient avec exaspération, pitié ou méfiance. Plus âgée que moi, j'avais eu la sensation de naître pour elle, d'avoir quitté son ventre et non celui de notre mère.
Et c'est aussi pour elle que j'étais morte. J'étais son drame. Ma disparition ne serait qu'une raison de plus pour elle de continuer et de grandir. Les âmes qu'elle grignotait à chaque enterrement la rendaient plus forte, plus à-même de dévorer ce monde qui lui avait volé tant d'années de son existence.
Cahal pourrait bien la tuer, elle trouverait encore le moyen de le hanter, l'aliéner.
Dans ce monde, seuls les morts connaissent la paix. Les vivants, eux, sont condamnés à serrer les dents afin de supporter ce que l'existence leur réserve.
J'avais rendu les armes. Ce n'était même pas douloureux.
dynamique du chaos
MAFIA AUSTRALIENNE.implantation : principalement las vegas, le nevada et plus récemment le queens.
activités : trafic de femmes, des jeunes femmes de l'europe de l'Est sont ramenées sur le sol américain sous la promesse d'un petit travail et d'un programme pour apprendre la langue. une fois sur place, celles-ci se retrouvent vendues une fortune à différents réseaux que ce soit pour la prostitution, l'esclavage ou la mendicité forcée. aux yeux de la mafia australienne, ses filles que ne sont que de la chair à vendre au meilleur prix. elles restent peu de jours dans l'hôtel de vegas avant d'être envoyées vers leurs acquéreurs. leurs papiers d'identité sont alors détruits, et toutes passeront leur existence à rembourser la dette de leur proxénète en se prostituant.
se faire acheter par un homme, c'est lui faire dépenser de l'argent et c'est devoir lui rembourser. toutes ne connaissent que la misère et la subissent encore dans ces réseaux. à vegas se trouvent quelques chambres de passe dissimulées dans l'hôtel luxueux de la mafia mais représentent un faible pourcentage des revenus.
couverture : différents hôtels de luxe au nom de 'HERA".
chronologie : autrefois, la mafia australienne sévissait dans le trafic de drogues mais le marché les a poussé vers un commerce bien plus florissant : le trafic de femmes
(1993). hera monte au pouvoir à la mort de Adon Moran
(2009) qui étale l'emprise de la mafia jusque dans le queens où un tiers des marchandises y seront vendues
(2011). Elle scelle un pacte avec les Mcgrath dans le but de les détruire et reprendre leur part du marché
(2014) et retourne à vegas auprès des siens. sa petite soeur, fiancée de cahal disparaît avant d'être retrouvée morte. hera décide alors de revenir, persuadée de l'implication de cahal dans son meurtre afin d'obtenir vengeance.
(2019)