it comes and goes in waves. (isabella)

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{ it comes and goes in waves }
crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

C’est le cœur un peu lourd qu’elle a accepté de se rendre à cette nouvelle réception. Le cœur un peu amer, encore envahi des souvenirs de la dernière. Elle n’a pas demandé à Nikolaï de venir avec elle, pas cette fois. Comme elle ne sait pas si Luke sera là. Elle espère que non, la Latina, leur dernière rencontre a provoqué suffisamment de problèmes comme cela. La libération de son ex-mari ne devrait pas impacter sur sa propre vie. Et elle n’impacte pas. Mais c’est différent pour Nikolaï. Elle a l’impression qui a peur. Peur de ta manière d’agir, peur de ce que tu pourrais ressentir. Elle a tourné le problème des centaines de fois dans sa tête. La conclusion est toujours la même. Il n’a pas confiance en elle. Pas suffisamment en tout cas. Entre cette histoire et son silence au sujet de ses propres soucis de famille, elle a l’impression douloureuse, Isa, qu’il y a cette distance qui s’est formée entre eux.

Peut-être que vous n’êtes pas aussi forts que tu l’espères,
Peut-être que tu ne réagis pas de la meilleure des manières,
Peut-être que tu ne sais simplement pas y faire,

Pas aimer.

Pourtant elle lui donne tout, elle se donne elle-même. Elle fait tout ce qu’elle peut pour lui prouver tout cet amour. Et ce n’est pas facile pour une femme aussi repliée sur elle-même que l’est Isabella. Ce n’est pas facile pour elle qui a tendance à beaucoup donner, sans jamais se livrer réellement. Un besoin de se protéger qu’elle parvient à mettre de côté avec lui. Mais, cette fois, elle n’a pas pu. La distance qui s’insinue de plus en plus, elle ne l’empire que davantage en venant seule à cette soirée huppée. Elle est en avance quand elle arrive dans l’hôtel de luxe où auront lieu les festivités. Elle longe, vêtue comme une princesse, les couloirs de cet hôtel où elle a joué les maîtresses. Elle ne peut pas s’empêcher de penser à l’homme qu’elle aime, en se demandant si elle a bien fait, finalement, de ne pas lui demander de l’accompagner. Peut-être que tu aurais dû l’inviter. Lui prouver que tu veux qu’il soit toujours à tes côtés. Peu importe ce qui peut se passer. Elle voulait seulement éviter de lui faire davantage de mal. Mais elle commence à regretter, Isa, quand elle entend soudain des voix la sortir des rouages tortueux de son esprit névrosé. Un homme, une femme. Une femme qui dit non. Elle voit les mains de l’homme se poser sur elle, alors qu’elle fait tout pour le repousser. Il y a quelque chose pendant un instant, son cœur peut-être, qui s’arrête.

Les souvenirs de ton passé,
La souffrance qui ne s’en est jamais allée.

Elle ne réfléchit pas. Rares sont les fois où elle ne réfléchit pas. Mais, tout de suite, elle avance vivement. - Arrêtez tout de suite. - Mêlez vous de... Isabella Kingston. Il lâche instantanément la pauvre gamine, les yeux posés sur elle. - C’est un malentendu, je... Il change totalement de comportement parce qu’il l’a reconnue. Il la connaît, il connaît son influence. Évidemment, il n’est pas devant une simple femme de chambre. C’est ce qu’il doit se dire, cet homme, l’écœurant un peu plus encore que depuis la scène à laquelle elle a assisté. Elle ne veut pas l’entendre, Isa, elle le coupe, de sa voix calme mais ferme. - Allez vous-en. Il hoche la tête, confus, et part sans demander son reste. Elle ne porte pas un regard sur lui, ses prunelles ne se posent que sur elle. - Comment vous vous sentez ? Est-ce qu’il vous a fait mal ? demande-t-elle, le ton doux, malgré cette inquiétude qui perle dans ses pupilles pour cette inconnue.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

Cela ne devrait pas exister. Les hommes, comme lui, ne devraient pas exister. Les penchants qu’elle n’arrive pas à comprendre, la souffrance qu’ils engendrent. Il n’y pense pas. Ils n’y pensent pas. Ils se fichent de ce qu’ils laissent derrière eux. Ne voient que le plaisir, leur plaisir, instantané, sans réaliser qu’elles n’oublieront pas, même des années après. Qu’elles n’oublieront jamais. Elle vit si mal la scène, qui la ramène des années en arrière. Dans une douleur qu’elle ne connaît que trop bien. Elle ne se laisse pas submerger, Isabella, car ce n’est pas ce dont elle a besoin. Elle a besoin de quelqu’un pour empêcher cet homme de définitivement la traumatiser. L’empêcher de créer des souvenirs terribles à jamais gravés. L’empêcher de devenir, comme elle, une victime d’un homme qui l’utilise comme une simple poupée. Le monstre n’insiste pas longtemps, pas devant quelqu’un d’aussi influent. Il part sans demander son reste, les laissant elles deux, en tête à tête. L’ancienne victime et celle qui aurait pu le devenir, elles sont là, ne se connaissent pas. Mais, à cet instant bien précis, toute l’attention de la Latina n’est focalisée que sur cette jeune femme. Le monde autour pourrait disparaître, elle ne le réaliserait pas. Non, il n’y a qu’elle. Elle et cette lueur tourmentée, pourtant combative. Cette lueur de celle qui ne demande qu’à vivre. Quelque chose qui la touche, instantanément, au-delà de la détresse qu’elle doit ressentir. Devant ses remerciements, Isabella secoue la tête de gauche à droite. – Non, vraiment, vous n’avez pas à me remercier. C’est ce que n’importe qui devrait faire. Mais, elle le sait, il y a tant de gens qui ferment les yeux . Tant d’autres qui ne veulent pas prendre le risque de se mêler. Les prunelles toujours fixement ancrées dans celles de l’inconnue, cette lueur inquiète qui perle à l’intérieur, la belle s’approche un peu plus d’elle. – Voulez-vous en informer le responsable de l’hôtel ? Ou bien, je peux appeler la police ? Et parce qu’elle sait combien c’est difficile de tout raconter. Difficile de n’avoir pas honte, de tout raconter. Elle ajoute, la voix tendre, douce comme elle a le secret. – Je resterais avec vous. Je pourrais tout confirmer. Elle ne veut pas qu’elle ait peur. Ce n’est pas à elle d’avoir peur. Et, déjà, tu ressens cette envie profonde dans ton cœur… celle de veiller sur elle, elle que tu ne connais absolument pas. Elle que tu rencontres pour la première fois.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

C’est loin d’être quelque chose d’anodin. C’est loin d’être banal, non, il aurait pu lui faire mal. Vraiment mal. Pas seulement physiquement, pas seulement sur l’instant. Il aurait pu engendrer cette souffrance pour des années, il aurait pu la briser. Il aurait pu faire disparaître celle qu’elle a toujours été. Isabella, elle ne peut pas rester indifférente face à toute la douleur que cet homme aurait infligé. Elle se sent immédiatement concernée. Elle voudrait que la jeune femme épargnée fasse le choix d’en parler, à la police, ou ne serait-ce qu’au responsable de cet hôtel. Cet hôtel où elle travaille, cet hôtel où elle peut à tout moment le revoir. Mais elle n’est même pas surprise quand elle l’entend refuser… tristement pas surprise. Elle non plus, elle n’a jamais voulu révéler ce secret. Jamais, elle ne l’a dénoncé. Jamais, elle ne l’a avoué. Elle ne peut pas juger la jeune femme alors qu’elle a décidé de se taire, elle aussi, il y a de cela des années. Elle ne peut de toute manière pas juger la jeune femme, il n’y a qu’elle qui peut décider. Mais elle n’est pas rassurée de l’entendre prendre pratiquement la défense de son agresseur. Comme si son propre comportement pouvait justifier celui qu’il a eu, comme si elle lui avait donné l’occasion de faire une pareille erreur. C’est loin d’être le cas. Elle a fini par le comprendre, Isa. Mais l’inconnue n’en est pas encore là. Tout vient d’arriver, si vite, elle doit encore être chamboulée. Ses opales sombres posées sur elle, la Latina la contemple avec une certaine attention. Un soupçon de préoccupation. – Et si nous allions quelques instants nous asseoir ? Laissez-moi vous offrir quelque chose à boire. Elle indique, du regard, le couloir menant au café privatisé de l’hôtel. Là où tous les clients n’ont pas l’occasion de se rendre. Isabella ne profite pas souvent de son influence. Mais elle a besoin de la mettre, comme, en sécurité. Juste, quelques instants, le temps de lui parler. – Je vous promets que vous n’aurez pas de problème. précise-t-elle à l’attention de celle qui doit s’inquiéter pour son emploi. Mais elle n’a pas à avoir ces préoccupations-là. Pas en ce moment. Il n’y a que son bien-être qui compte à cet instant.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

C’est un milieu difficile, dans un monde encore plus difficile. Elle le sait, Isabella, elle a été des deux côtés. Durant des années, elle a fait des métiers parfois bien compliqués, des conditions loin d’être toujours appropriées, pour être souvent peu rémunérée. Elle avait l’ambition de sortir du bas-monde, l’ambition de devenir quelqu’un. Ce qu’elle a réussi, tant bien que mal, et un peu aidée aussi. Mais l’univers élitiste dans lequel elle évolue depuis un petit moment désormais n’est pas des plus faciles non plus. L’injustice est trop régulière, la solidarité pas assez présente au contraire. Elle n’a pas beaucoup d’amis mondains, seulement de rares personnes de confiance, mais elle se méfie bien plus finalement de ce monde que de celui dont elle vient. Celui dont elles viennent toutes les deux, certainement. Sinon, elle n’aurait pas si peur de ce qui pourrait lui arriver. Pas si peur de perdre un travail sous-payé après ce qu’elle vient d’endurer. Et parce qu’elle vient de subir un instant effrayant, douloureux même, Isabella invite rapidement l’inconnue à s’apaiser l’esprit le temps d’un café. Elle parvient à trouver les mots pour la rassurer, et c’est ensemble qu’elles rejoignent le lieu désigné. Ses prunelles embrassent le café intimiste un instant, avant de choisir une table, un peu reculée, à l’abri des regards indiscrets. Elles s’installent l’une en face de l’autre, que le serveur est déjà prêt à prendre leur commande. Isa laisse la jeune femme choisir avant d’opter quant à elle pour un cappuccino. Et, enfin, elles se retrouvent toutes les deux. – Je m’appelle Isabella. dit-elle enfin pour se présenter. Son prénom s’est échappé des lèvres de l’agresseur, mais elle préfère autant le répéter. Elle veut la mettre en confiance, puis connaître le sien, évidemment. – C’est la première fois que je vous vois. Vous travaillez ici depuis longtemps ? demande-t-elle, la voix douce, rassurante. Elle a le don pour mettre les autres à l’aise, Isa, en tout cas quand elle le veut bien. Elle peut paraître aussi bien plus froide quand elle se méfie. Mais elle a cette sensation, que c’est elle qui doit obtenir la confiance de son interlocutrice, non l’inverse. La sensation qu’elle devrait garder un œil sur elle.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @Joy Stevenson

Ses grands yeux bleus n’ont cessé de scruter les lieux. Comme si elle les découvrait, alors qu’elle a dû si souvent les nettoyer. Comme si elle redoutait, que quelqu’un ne vienne subitement lui demander des comptes en la voyant où elle ne devrait pas être. Ou, comme si… comme si c’était d’être vue, tout bonnement, qui créait en elle cette frayeur. Elle le décèle facilement, Isabella, elle était comme elle. L’âme en perdition tentant inlassablement de montrer un semblant de contrôle. Les gens n’y voient que du feu… les gens n’y voient toujours que du feu, parce que c’est ce dont ils ont envie. C’est ce qui les arrange, à eux aussi.

Isabella, elle voit au-delà.

Un soupçon de fragilité derrière le calme retrouvé. Les émotions apaisées de celle qui a pris l’habitude de se maîtriser, elle n’en paraît pas moins à fleur de mot. Submergée par d’inextricables mots. Impénétrable, elle paraît être de celles qui ne se dévoilent pas facilement. Ceux qui cachent, au mieux, leurs tourments. Car une autre serait encore bouleversée, ne cacherait pas combien elle est bouleversée. Elle, a su comme se reprendre et faire comme si de rien n’était.

C’est plus effrayant encore,
et ça te prend au corps.

Incapable de se détacher de la belle au nom rayonnant, la latina lui donne toute son attention. La scrute, malgré elle, plus ou moins discrètement. Mais toujours avec cet air bienveillant. La lueur chaleureuse, elle la contemple, quand les mots de la jeune femme font naître un léger voile dans ses opales. Au contraire de Joy qui, comme son nom l’indique, laisse échapper ce rire rayonnant. – Ce ne sont pas des circonstances qui devraient exister. elle avoue, quant à elle, presque dans un murmure. La douleur toujours quelque part ancrée dans son cœur, Isabella tente de l’évacuer, pour mieux lui parler. – Une dispute ne justifie en rien ce qu’il a tenté de faire. Vous le savez, n’est-ce pas ? Son ton est doux, rassurant. Elle a la sensation d’apprivoiser un animal blessé. Elle risque à tout moment de la pousser à s’échapper. Mais elle doit s’assurer, Isa, qu’elle se rend bien compte qu’elle n’a rien fait pour le mériter. Le besoin de la soulager, le besoin soudain de la protéger. Des autres ou bien d’elle-même, elle ne sait pas encore.