Il est comme un second souffle de vie, comme si elle était en proie aux doutes, bloquée dans cette peur de ne pas réussir à se faire sa place ici. Et il arrive, Wayatte. Il arrive, venant lui rappeler de doux souvenirs. De beaux souvenirs. Et ce soir, elle n’a pas l’impression d’être une étrangère, pour la première fois depuis des mois. Pour la première fois depuis qu’elle s’est installée à New-York. Elle se sent bien, tellement bien qu’elle se permet de se confier à lui, de lui parler de sa nouvelle vie ici, de Zephyr, entre autres gros changements. Et t’es heureuse, lorsque tu entends ce qu’il répond. Il est quelqu’un de bien, foncièrement quelqu’un de bien ; Parce que contrairement à ce que tu aurais pu imaginer, Zephyr, elle est importante pour toi. Elle compte pour toi, et tu aurais bien trop de mal à accepter qu’elle puisse être discriminée à cause de son autisme. Alors elle acquiesce, d’un signe de tête, un doux sourire sur les lèvres, contente de le voir réagir de cette façon. Puis elle se reconcentre finalement sur le centre de la conversation, leurs métiers respectifs et la pause qu’elle a décidé de s’accorder. Un rire s’échappe des lèvres de l’étoile, alors qu’elle répond comme une évidence. - Bien sûr, le cinéma est fait pour moi ! Elle ironise, bat des cils pour l’amuser, parce que la réalité est bien plus triste, au fond. La réalité, c’est que tu ne sais pas qui tu es, lorsque tu ne te trouves pas derrière les caméras.- Oui, ça me change beaucoup. C’est… Comme un nouvel univers ! Et il ne faut que quelques secondes, pour qu’elle se retrouve presque dans les bras de Wayatte, profitant du baiser qu’il offre à sa crinière brune. Elle y reste, s’y glisse même bien plus encore, comme pour se saisir un peu plus de cette étreinte. Profiter. Simplement profiter de ce moment. De sa chaleur, de sa douceur. Elle vient alors déposer un baiser contre sa joue, lorsqu’il la remercie. Pour lui dire que ce n’est rien, qu’elle est là pour lui, à son tour. Haussant légèrement les épaules, elle répond simplement. - Mon père ? Tu plaisantes, il est beaucoup trop heureux de dire à ses collègues friquées que sa fille passe à la télévision. Leur relation, elle a toujours été superficielle. Comme s’il ne voyait que sa fille actrice et non sa fille. Juste sa fille. Peut-être parce qu’elle n’existe pas, sans la comédie. - Je crois que j’avais juste besoin d’une pause. De me ressourcer. De te trouver. Simplement. De découvrir la fille que tu es réellement, loin des plateaux de tournage, loin des nuits passées à boire, toujours un peu plus. La décadence d’un monde de star.
Elle se sent comme connectée, comme s’il pouvait la comprendre mieux que personne, comme s’il pouvait lire en elle mieux que personne. Peut-être parce qu’ils partagent le même métier, la même célébrité. Et cette lumière, cette lumière qu’ils connaissent tous les deux, qu’ils ont en eux. Seulement, celle d’Asmée est sur le point de se fissurer. Elle ne trouve plus la source, elle ne trouve plus ce qu’il y a de bien en elle. Mais lorsqu’il te regarde, Wayatte, t’as l’impression d’être toujours la même. Toujours cette même étoile, extraordinaire. T’as cette impression, tu ne sais pas si ce n’est qu’une impression, mais tu aimes ce que tu ressens en sa présence. Tout est là. Tout ce qu’il lui faut. Douceur, rire, passion, c’est ce qu’il représente, ce qu’il a toujours représenté. Et elle laisse un rire pénétrer ses lippes, lorsqu’il la compare au chat botté. Elle sait jouer de ses grands yeux bleus, c’est vrai, mais toujours avec innocence. Toujours avec naïveté. Parce qu’elle n’a pas un seul souffle de noirceur en elle, Asmée. Elle est perdue, simplement perdue. Plus qu’il ne le faudrait. Plus qu’elle ne le devrait. Et elle ne souhaite pas rebondir sur les sujets qui fâchent, cherche simplement à profiter de cette soirée avec plus. - Merci pour tes encouragements. Ils lui font du bien, comme il lui fait du bien. Et elle s’apprête déjà à dévorer cette pizza avec lui.