i walked alone (Zadig M.)

mère & père/ Douleur. Cris. Obscurité. Résumé de son enfance, en ces mots laconiques. Pesé de ces absences, de cette mère qu'il n'a que peu connu. Là sans l'être. Regard vidé dans ces coups qui s'abattent sans cesser. Tu parles trop qu'il pouvait dire. Tu es trop silencieuse qu'il lançait le lendemain. Tu m'énerves qu'il bramait quand il ne voulait pas prétendre. Chaque occasion appelle ces poings. Et lui l'enfant, pleurait en silence. Trop discret pour se faire attraper. Le paternel trop alcoolisé pour se souvenir de son rejeton. Aubaine sacrée, bénie pendant des années. Il savait se taire. Se fondre dans la masse des objets de la maison, pour n'en être qu'un de plus. Peureux effrayé, du monstre de muscles qu'était son père.
nouvelle famille/ Fugue tardive. Il n'avait pas encore quinze ans qu'il sillonnait déjà les rues. Larcins et petits crimes, pour survivre et ne pas devoir retourner chez lui. Maison du passé, qu'il craint autant qu'il hait, sans comprendre pourquoi il ne laisse pas ces sentiments derrière lui. Tout abandonner. L'amour pour sa mère. La colère pour son père. Rien de plus simple. Abandonner la peur de ces quatre murs, reste un exploit dont il n'a jamais été capable. Alors il s'envole, quitte le quartier pour ne jamais y revenir sans un frisson. Ses pas et bêtises le mènent jusqu'à cet homme. Misha. Modèle qu'il n'a jamais eu. Père qui n'en porte pas le titre. Refuge qui l'accueille sans une hésitation.
fais gaffe à elle/ C'est une enfant d'abord. Une petite fille avec de grands yeux. Lui est un jeune con. Difficile à canaliser, même au sein d'une mafia dangereuse, il devient l'élément dont on ne sait que faire. Trop violent pour récupérer de l'argent aux commerces dont ils prennent soin. Trop joueur pour négocier des deals intéressants. Toujours trop. Jamais assez. Rôle bâtard qu'on lui invente finalement. Fais gaffe à elle. Protège là du mal qui nous entoure. Sous entendu qu'il ne met guère longtemps à comprendre. Cette gamine est son passé. Son présent. Son futur. Il râle quand on lui impose, mais comprend vite qu'il a besoin de cette gamine pour survivre.
va te faire foutre Zag!/ éternelle ritournelle. Agression pour les oreilles, qu'il n'accueille que dans un rire habituellement. Pas cette fois. Son regard est resté grave. Son faciès armé d'un sérieux imparable. Douce imposture, quand ses entrailles résonnent d'une furie qu'il tente difficilement d'endiguer. Elle n'a pas écouté. Cette femme dont il a été un jour l'amant doux et calme, le compagnon protecteur et adorable, l'homme romantique et à l'écoute. Cette femme qui se présente ce jour à lui, alors qu'il l'a sommé de ne jamais revenir. Cette femme qu'il a rejeté brusquement, lorsqu'elle a annoncé dans un sourire amoureux attendre un bébé. Cette femme à laquelle il a demandé de ne pas poursuivre sa grossesse. Cette femme qui s'est moqué de ce désir de ne pas vouloir être père, en tentant de lui imposer cette gamine aux yeux si bleus. Cette femme qu'il vient encore de briser, en prononçant ces mots assassins. Parce que tu crois que j'ai changé d'avis? Larmes éternelles qui baignent ce visage de poupée qu'il a adoré embrasser, mais qu'il déteste actuellement...
coeur & pieds/ De loin il observe. Refuse de quitter des yeux le caneton devenu cygne. Magnifique danseuse aux pieds de fée, qui virevolte et le fait rêver. Touche et meurs! Avertissement simple, qui le repousse aux confins de sentiments qu'il ne sait pas ressentir. Où elle va, il suit. Pour la protéger. C'est la raison officielle, son ordre de mission. Il sait aussi qu'il a besoin de savoir où elle est, ce qu'elle fait. Discrètement, sans intervenir dans sa vie, sans modifier son destin. Ce n'est pas un ange gardien. Il ne l'empêche pas de faire les bêtises de sa vie. Il répare les pots cassés. Les cœurs aussi, sans en avoir l'air. Cruel imbécile, qui ose préférer sa carrière à l'ange qu'il était censé chérir. Il se promet d'un jour revenir pour lui. Pas maintenant. Il doit d'abord s'assurer de la survie de la gamine. Deux ans. Il lui a fallu deux ans pour se remettre. Deux ans. Il lui a fallu deux ans pour être certain qu'elle ne ferait pas de bêtises contre sa propre vie.  Deux ans. Avant de retrouver le jeune sot pour le briser à son tour. Les coups se sont abattus. Abîmer son gagne pain. Son visage d'abord, pour dissimuler et tuer son charme. Puis ses jambes. Acharnement sur ses chevilles, pour que plus jamais elles ne supportent son poids. Rêve et corps qui s'écroulent, dans une satisfaction malsaine que l'arménien a su chérir. Vengeance anonyme, pour taire la frustration qu'elle fait naître si aisément en lui.
filiale américaine/ La fée s'envole jusqu'aux états unis. Nouvelle vie, nouvelle langue, nouvelle adaptation. Lui prend goûts à ces découvertes. Il s'installe. Avec les années il a su s'assagir, suffisament pour obtenir la confiance du boss. Tu n'as qu'à dépouiller les gens accrocs aux jeux. Idée de génie, qui le propulse dans le monde aussi amusant que violent, des bookmakers. Il prend les paris mais surtout l'argent. Étrangement doué, il parvient à se faire un nom dans le domaine. Un oeil sur les affaires. Un oeil sur la demoiselle. Il n'est pas maître de la branche américaine, mais sa place reste enviable. Suffisamment pour qu'on ne l'embête pas. La discrétion reste son amie néanmoins. Sans papiers, sans existence légale, il ne peut se permettre la moindre arrestation. Alors il bouge. S'évade et s'installe, entre les draps divers de ses amies nombreuses. Pied à terre qu'il quitte souvent, mais qu'il retrouve avec un dégoût palpable. Il est bien plus agréable de partager sa couche, que de devoir l'honorer seul...