Chaque famille à son histoire | Ft. Ella

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{  of the same blood  }
crédit/ tumblr ☾ w/@Owen Swaguer

Non. Non, la mort de sa sœur ne la laisse pas indifférente. Elle lui manque. Elle lui manquera toujours. Mais elle l’a acceptée, comme elle a accepté beaucoup de souffrances qu’elle a pu endurer.  Elle les a peut-être même trop acceptées, Ella. Comme une condamnée. Comme une damnée. Prisonnière de ses ténèbres, prisonnière de ses tourments, elle n’essaie plus de remonter à la surface depuis bien longtemps. Elle se contente d’exister, elle erre partout de son âme abîmée. Mais ce n’est pas quelque chose qu’elle va dévoiler. Encore moins à un étranger. Il a beau être son cousin, elle n’est pas proche de lui. Elle ne peut pas se laisser aller devant lui. Elle ne le fait plus depuis trop longtemps. – C’est pas le cas. lui dit-elle néanmoins, dans un haussement d’épaules. – J’ai juste accepté le fait que tout le monde se barre un jour. Même la famille. Surtout la famille. Ils sont ceux en lesquels on croit le plus, ceux qui déçoivent le plus. Elle le sait, elle a été les deux. Celle qui est abandonnée, et celle qui abandonne. Dans les deux cas, rien ne perdure, rien hormis la douleur. Alors, non, elle n’est pas indifférente. Juste consciente.

T’es juste réaliste,
Peut-être bien fataliste.

Elle pourrait lui dire. Lui dire combien elle s’est sentie brisée quand elle s’est retrouvée sans sa sœur. Quand elle a décidé de fuir, d’abord, puis quand elle a fini par mourir. Elle l’a abandonnée deux fois, Mila. Elle pourrait lui dire, aussi. Qu’elle n’avait pas le droit de la pleurer, pas le droit de dire combien elle lui manquait. Pas le droit de l’aimer. Alors, c’est normal maintenant, qu’elle taise tout ce qu’elle peut éprouver. Mais elle ne lui dit pas, non. Elle ne cherche pas à se rendre appréciable, ou touchante, elle ne cherche pas à avoir sa compassion. Elle ne cherche pas à paraître meilleure qu’elle l’est. Elle n’a aucune envie qu’il s’attache à une image erronnée, lui aussi. Pourtant, le jeune homme lui tend malgré tout une serviette avec son numéro de téléphone dessus. Elle est presque surprise qu’il ressente encore l’envie de la connaître. – Hum, peut-être... déclare-t-elle simplement, pas convaincue, bien qu’elle prenne soin de ranger le bout de papier dans son sac. Elle relève ses prunelles vers les siennes et, pour la première fois, lui adresse un faible sourire. – Je t’aurais prévenu. Elle se redresse finalement. – Je vais devoir y aller. Merci pour le café. Elle se lève, un brin hésitante, elle se sent chamboulée malgré tout, de se dire qu’elle est face à son cousin. Mais, finalement, elle ose quelques mots qui n'ont rien d'anodin. – À bientôt Owen. Elle a besoin d’encaisser tout ce qui vient de se passer. Mais, ses mots-là, ils sont comme une promesse, celle qu’ils se reverront.