sick boy

un/ Arrivé sur terre dans un foyer loin d’être stable. Un couple très instable. Ils n’étaient pas fait pour être ensembles, ils se tiraient vers le bas. Lorsque sa mère est tombée enceinte, il était trop tard pour se poser la question s’ils le gardaient ou pas. A plusieurs reprises, ils se demandaient s’ils allaient mettre leur enfant à l’adoption mais finalement, ils le voulaient ce gosse qu’ils ne pourraient assumer. deux/ Ses parents n’étaient pas très riches, mais ils s’en sortaient avec des petits boulots à droite et à gauche, au black la plupart du temps, allant de ville en ville en cherchant des opportunités pour pouvoir ramener de la bouffe sur la table. trois/ C’est à ses sept ans qu’ils sont arrivés à New York, où ses parents avaient tous les deux trouver un boulot assez stable. Cette stabilité ne resta pas ainsi longtemps puisque quelques mois plus tard, son père parti avec l’une de ses nouvelles collègues. quatre/ Sa mère est tombée en dépression, elle ne s’occupait pas trop de son fils et c’est pour cette raison qu’il fit beaucoup d’aller-retour chez son père, chez sa mère, chez un oncle. Tous les matins quand il allait à l’école, il ne savait jamais dans quel lit il allait dormir le soir-même. C’est quand sa mère a commencé à beaucoup sortir pour essayer de se remettre en selle, allant souvent en boite, qu’il finit plusieurs fois chez la voisine ; une vieille dame qui sentait fort le tabac, que Wolfe voyait comme une autre figure maternelle. cinq/ C’est par cette instabilité qu’il s’est construit sur un schéma d’abandon. Coltiné à droite puis à gauche, il ne se sentait que très peu accepté. Il ne trouvait pas de relation très fusionnel avec son père ou sa mère. Parfois avec sa voisine, il avait l’impression d’avoir cette relation fusionnelle qu’il ne trouvait pas avec ses propres parents mais elle a dû partir en maison de retraite. six/ Wolfe était à la base un petit garçon tout le temps dans son coin, il avait peur de se faire rejeter alors il n’essayait pas de se faire accepter. sept/ Vers 12 ans, il a commencé à intégrer un groupe de sa classe, ceux qui se mettaient toujours au fond de la classe, qui ne faisaient pas grand-chose à l’école. Wolfe n’était pas très bon à l’école mais à partir du moment où il a intégré ce groupe, il a totalement laissé tomber. Ils séchaient les cours, ils faisaient quelques conneries même si Wolfe était le dernier lorsqu’il fallait faire des trucs très illégaux. huit/  Premier joint à quatorze ans, première cuite à la même époque, il lui fallut que quelques mois pour ne pas franchir une étape en plus : la coke, les champignons hallucinogènes à l’occasion. Il faisait comme les copains, il suivait le mouvement et trouvait du réconfort dans les produits qu’il ingurgitait. Ce manque d’entourage, il ne le ressentait pas avec ses produits où il se sentait totalement connecté avec ses potes. neuf/ il a perdu l’un de ses meilleurs potes quelques années plus tard. Une overdose durant une soirée où Wolfe n’a pas pu y assister car il avait une obligation familiale, un anniversaire d’un cousin où il a passé tout le long dans son coin en étant complètement pris par les produits. Wolfe n’était pas en état pour répondre au téléphone de leurs potes en commun qui lui annonçaient la mauvaise idée. dix/ Ce fut un électrochoc pour Wolfe. Après avoir plongé dans la drogue pour s’y remettre, il a débarqué chez son père en pleine nuit pour un appel à l’aide. C’est ce dont il avait besoin, de l’aide pour cesser de prendre toutes ces conneries. Il était donc d’accord lorsqu’il s’est fait interner d’urgence la même nuit. onze/ Wolfe a fait plusieurs séjours en cure de désintoxication. Il a fait trois rechutes, mais il faut croire que la nouvelle phrase à retenir c’est jamais 3 sans 4 puisque la quatrième cure fut la bonne. Il a suivi une psychothérapie durant un temps et y retourne de temps en temps. Il est allé à des groupes de paroles, s’est lancé dans le bénévolat pour penser à autre chose. douze/ Très vite, sa nouvelle addiction a pris le relais. Ce besoin d’être entouré, cette peur d’être abandonné. Il se donne à cent pour cent dans ses relations, quelle qu’elle soit. Il fait tout pour la personne, même s’il essaye de faire passer pour d’autres actions. La réalité est là, il est dépendant aux autres, il ne peut pas se débrouiller des autres et c’est sans doute pour cela qu’il fait du bénévolat à droite et à gauche. Il a l’impression que s’il fait des choses pour les autres, alors on ne pourra pas l’abandonner. treize/ Qui dit addiction aux autres, dit possessivité. C’est pour cette raison qu’il n’arrive pas à rester plus longtemps que 5 mois en couple. Car il en fait trop, il a tellement peur de se faire abandonner qu’il en fait trop, tout le temps, dans toutes les situations et c’est pour cela qu’on finit par le larguer. quatorze/ Accroc à ses amis, il vit chaque dispute très mal mais ça, il ne montre pas, il ne veut pas montrer des raisons de plus de l’abandonner. Son imperfection le fait souffrir, tout comme cette anxiété qui le ronge de plus en plus. quinze/ Si on lui dit d’aller voir des psy, il refuse de se voir comme quelqu’un de potentiellement malade. Alors il vit sa vie, avec cette angoisse qui le ronge, avec ce mal être qui fait ce qu’il est aujourd’hui mais il ne désespère pas avec l’idée de construire quelque chose avec quelqu’un, et surtout, ne jamais plus se faire abandonner.