going bad (arya)

dix-sept semaines après sa libération. ☾ avachie sur le comptoir du bar qu'elle monopolise depuis bien trop longtemps, sloan commande un énième verre. "t'es sûre sloan ?" le barman l'appelle par son prénom, preuve incontestable de son mode de vie débridé. ça fait maintenant quelques semaines qu'elle a le loisir de lui parler, depuis qu'elle est sortie de prison, ce bar est devenue en quelque sorte son repère. il n'est pas d'une conversation si désagréable d'ailleurs, elle s'en rendrait sûrement compte si elle n'était pas trop occupée à broyer du noir. "est-ce que j'ai l'air d'hésiter ?" elle ne saurait dire combien de verre elle a ingurgité ce soir, beaucoup sans doute. elle s'en fiche de toute manière, la seule chose qu'elle veut, c'est oublier. si elle pouvait effacer de sa mémoire jusqu'à son prénom elle le ferait. tout serait plus facile de cette façon, il n'aurait pas de peine, de dégout ou même de haine. il ne resterait plus rien. "merci." à peine son verre lui est tendu qu'elle le porte déjà à ses lèvres sous le regard désapprobateur de celui qui l'a servi. il y a un peu près une heure, il a essayé de la faire parler, de comprendre ce qui n'allait pas. il lui a dit qu'elle avait l'air différente, qu'il avait l'impression que quelque chose s'était passé. elle ne lui a pas répondu. que pouvait-elle lui dire ? qu'elle s'est retrouvée nez à nez avec l'homme qui a fait qu'elle a passé les dix dernières années de sa vie en prison ? qu'elle a préféré se faire oublier pendant plus d'une semaine pour ne pas avoir à lui parler ? elle préférerait mourir plutôt que de l'admettre. c'était lui qui l'avait introduite dans le milieu, lui qui l'avait chargé de ce dernier job. et il ne lui a pas rendu visite en prison. pas une seule fois. quel enfoiré. il a fallut qu'elle recroise. elle lui est carrément rentrée dedans nom de dieu ! elle se serait pensé à l'abri de ce genre de mauvaise surprise, ils étaient à new-york après tout. la ville est immense, plus de huit millions d'habitants s'y agglutinent chaque jour. il faut croire cela-dit que la vie n'était pas prête à lui faire ce cadeau. il fallait qu'il soit ici, au même moment qu'elle... encore ce soir, elle ne peut s'empêcher de revoir la scène. encore et encore. elle repense à la colère qu'elle a ressentie en le voyant, à ce sentiment de trahison qui ne l'a pas quitté depuis dix ans, comme si on lui administrait un coup de pied en plein dans l'estomac, la douleur était insupportable. elle se revoit partir, refuser de lui parler. elle a fuit parce qu'elle se sentait capable du pire, là, en face de lui. elle aurait pu le tuer, une partie d'elle en a eu envie. et dire qu'elle l'aidait par le passé, ça la rend malade rien que d'y penser. si elle avait su, si seulement... "la vie est une chienne." elle ne peut retenir cette réflexion pleine d'amertume. les émotions qu'elle ressent sont bien trop contradictoires, la situation bien trop complexe. elle a l'impression qu'elle ne pourra jamais sortir de ce guêpier. elle a pourtant tout fait pour mettre cette histoire derrière elle mais il y a toujours ce quelque chose qui l'en empêche. elle se fait l'effet d'être la pire des idiotes quand elle y pense : si elle est si mal ce soir, c'est de sa faute. il l'atteint et elle déteste ça. pour chasser ces idées, elle boit une autre gorgée de ce liquide ambré qui panse si bien ses plaies. c'est précisément à ce moment qu'elle l'entend. cette voix, elle la reconnait, même à côté de ses pompes comme elle l'est à présent. en cet instant, là qu'elle se retourne pour la voir, un haut le coeur la déstabilise. elle a trop bu, beaucoup trop bu. "oh mais regardez qui voilà !" elle parle assez fort pour qu'elle l'entende, elle peine cela-dit à reconnaître sa voix, bien plus grave qu'elle ne l'est à l'accoutumé. "arya ! ça va comme tu veux poulette ?" elle l'a rencontré après la prison arya, ça fait pas longtemps et pourtant elle a l'impression de la connaître par coeur. c'est peut-être parce qu'elle lui ressemble, terriblement. elles ont passé pas mal de temps ensemble aussi faut dire et honnêtement, elle lui a un peu manqué lors de sa brève fuite improvisée. on s'amuse toujours avec arya.

c'est pas son genre de faire ami-ami ; sloan, ça a toujours été une solitaire dans l'âme. bien sûr elle est souvent entourée, entourée de visages changeants, d'étrangers qui lui restent superficiels parce qu'elle ne s'arrête pour rien ni personne, parce qu'elle ne s'attache pas. elle se sert d'eux, prend ce dont elle a besoin sans jamais rien donner. c'est comme ça qu'elle fonctionne et rares sont les exceptions à cette règle de conduite qui régit sa vie depuis bien des années maintenant. il y a eu isabella, sa seule amie proche - aujourd'hui véritable étrangère - et il y a eu lui. une connerie de plus à ajouter à un long palmarès, une connerie qui lui a coûté cher et elle s'était promise qu'il serait la dernière. douce illusion, sloan aurait dû s'en rendre compte : les choses ne se passent jamais comme prévues, pas dans sa vie. il y a quelques semaines elle l'a rencontré, elle voulait s'amuser comme sloan le faisait. jusque là rien d'anormal, elle faisait partie de ces anonymes qui se déchainent en sa compagnie, de bars en bars. sauf qu'elle, elle est restée. nuit après nuit, elle la rejoignait dans les abîmes de ce monde de noirceur et elle a finit par réaliser quelque chose : arya la comprend. elle est faite du même bois - même si ce n'est pas forcément une très bonne nouvelle pour elle - ça reste un fait. pas besoin de faire d'efforts en sa présence, pas besoin de changer ou de s'expliquer. alors elle s'est intéressée à elle, elle a appris à la connaître jusqu'à ce qu'elle en vienne à jouer ce rôle de petite soeur, une petite soeur à protéger. à sa façon du moins. c'est pour ça qu'elle n'est pas mécontente de la voir ce soir et ça malgré l'humeur massacrante qui est la sienne. "sloan." pour seule réponse, elle lève son verre dans sa direction et avale une nouvelle rasade de tequila avant de mordre dans un quartier de citron. elle ferme les yeux, grimaçant à la délicieuse brûlure que l'alcool lui procure. elle est désinvolte sloan parce qu'elle ne voit pas le problème ; elle l'aperçoit, elle la salue, quoi de plus normal ? pour elle tout va bien, du moins de ce côté là ; parce que de son côté à elle, c'est le chaos, rien ne va jamais. surtout pas depuis qu'elle la revue. ça la ramène à cette période qu'elle veut oublier, à ses sentiments qu'elle tente désespérément d'étouffer. ça la bouffe et la seule chose qu'elle souhaite, c'est passer une bonne soirée à tout occulter. une de ces soirées où elle se jette sur ses verres, comme elle a déjà commencé à le faire d'ailleurs. l'alcool l'apaise autant qu'il la plonge dans le chaos. un chaos dans lequel elle se perdrait bien à jamais, pour ne plus rien ressentir, pour se ficher de tout. "et toi ça va comme tu veux ? de retour parmi nous ?" elle ne saurait dire si l'alcool est à blâmer ou si l'invraisemblance de la chose a eu raison d'elle mais il lui faut un certain temps pour percuter. son cerveau marche à vive allure, comme s'il essayait de comprendre - sans toute fois y parvenir - l'attitude de son amie. la brune fronce les sourcils, franchement perplexe. parce que quelque chose n'est pas normal, quelque chose cloche. ça ne vient pas de ses mots tout à fait courtois mais bien de la façon dont on les prononce. y'a un truc. arya, elle est froide, glaciale même. sloan peut le sentir et elle ne va pas jouer à l'autruche en faisant comme si de rien était. c'est pas son genre, ça l'a jamais été. elle dit les choses elle, elle en dit même souvent trop. "j'sens comme un malaise là mais j'suis pas sûre de comprendre, il se passe quoi ?" sloan s'est levée du tabouret qui l'accueillait, a ajusté son haut et remis ses cheveux en place pour faire face à son interlocutrice. la tête penchée de côté, d'un geste vague de la main, elle la désigne et prononce ces quelques mots. la confusion se lit dans son regard alors que le ton de sa voix, lui, est assuré parce qu'elle ne doute jamais de rien sloan. l'incertitude ou l'indécision, ce ne sont pas des émotions qu'elle expérimente régulièrement, elle fonce toujours tête baissée elle, sans jamais s'arrêter. et elle veut savoir ce qu'il se passe parce qu'elle n'est pas du genre à accepter qu'on la traite de cette manière sans raisons. la froideur impertinente, c'est sa particularité - son talent - on ne va tout de même pas le retourner contre elle. et qui plus est, elle sait que quelque chose s'y cache toujours. ce n'est pas une simple attitude, inhérente à la personne qui en joue même si elle essaiera toujours de vous le faire croire. c'est un masque, une protection que l'on utilise pour camoufler une autre émotion, telle quelle soit. sloan, ça l'agace parce qu'elle ne voit pas ce qui pourrait justifier ces agissements. faut la comprendre, elle n'a jamais rien dû à personne, elle a toujours été seule. même sa mère, du temps où elle était gamine, se fichait bien pas mal de savoir où elle se trouvait ou ce qu'elle pouvait faire. elle préférait la bouteille, sa fille passait toujours après. en fait, elle passait après bien d'autres choses. et elle n'était pas la seule, personne n'a jamais assez tenue à elle pour s'inquiéter de son absence, pas de cette façon. elle n'avait simplement pas ce genre de relation alors non, elle ne voit pas, vraiment pas. quand on y pense, comment pourrait-on demander à quelqu'un qui n'a jamais rendue de compte de le faire ou ne serait-ce que d'y penser ? ainsi, une seule et unique pensée ne cesse de lui venir à l'esprit sloan : mais c'est toi ton problème arya ?

le bar est bruyant ce soir, emplis des voix et autres rires de ceux qui - un peu trop désinhibés par l'alcool - s'expriment forts, sans penser une seule seconde à leurs voisins d'à côté. sloan, c'est le genre d'ambiance qu'elle affectionne parce qu'il est difficile de s'entendre penser dans une telle cohue et c'est bien là tout ce qu'elle recherche, tout ce qu'elle a jamais voulu. sauf qu'en cet instant, les choses sont un peu différentes ; y'a arya qui lui parle et il se passe un truc, un truc qu'elle n'arrive pas à piger. alors ça l'agace ces piaillements, elle voudrait qu'ils se taisent rien qu'un instant pour qu'elle puisse remettre ses idées en place. et parce que la colère est bien la seule émotion qu'elle s'autorise à exprimer, elle frappe brutalement le comptoir du bar lorsqu'un homme posté non loin hurle la chute d'une blague plus que douteuse. le regard noir qu'elle lui lance ensuite le dissuade de répliquer et il s'affaisse sur le tabouret qui le maintient assis, penaud. "je ne sais pas. tu es là, puis tu disparais. et te voilà de retour, comme si de rien était." arya, elle croise les bras, fixant sloan d'un air dur. son attitude autant que ses mots crient avec évidence au reproche mais benson elle ne voit toujours pas. et en prime, ses tempes pulsent douloureusement - prenant son crâne en étaux - ce qui ne fait qu'amenuir davantage sa patience. c'est bien, tu viens de résumer la situation. tu veux une médaille ? du coup, elle songe une seconde à l'envoyer bouler, à la laisser pester dans son coin parce que c'est ce qu'elle fait toujours dans ce genre de situations la brune. elle ne s'embête pas à passer au dessus d'une attitude passive-agressive exécrable simplement pour les beaux yeux du premier enfoiré qui passe. pour ça, faudrait qu'elle en est quelque chose à foutre et c'est pas le cas. c'est jamais le cas. ou ça l'était parce que là, elle change de fusil d'épaule sloan, sans vraiment savoir pourquoi. "et ça pause problème ?" sa voix se fait moins sèche qu'elle ne s'en serait pensé capable : sa question semble même sincère, pure presque. et ça la trouble parce ce type de douceur lui est normalement étrangé. pourquoi je continue de te parler arya ? pourquoi je cherche à te comprendre ? sloan, c'est la première à mettre tout le monde dans le même panier, à dire qu'ils sont tous pourris jusqu'à la moelle. sans exceptions. c'est de cette manière qu'elle pense depuis des années et pourtant ce soir, elle semble déroger à son propre principe. parce qu'elle lui accorde un peu plus de crédit, parce qu'elle se dit que ça doit cacher quelque chose. et c'est déjà beaucoup pour elle, c'est même énorme. sauf que ça, elle n'arrive pas encore à le réaliser, elle sait simplement qu'il y a quelque chose qui cloche et ça ne lui convient pas - mais alors pas du tout. "enfin, toi cela n’a pas l’air de beaucoup te perturber." encore une porte ouverte enfoncée, encore une affirmation dont elle ne saisit pas le sens. et sloan, elle trépigne, littéralement : son pied vient frapper le sol frénétiquement comme si ce mouvement pouvait revêtir la forme d'une panacée salvatrice. j'te comprends pas arya et c'est en train de m'gaver, sérieusement. elle a jamais aimé que quelque chose lui échappe - peu en importe la nature - parce que ça lui donne le sentiment d'être plus idiote, moins capable qu'un autre. et l'alcool n'arrange rien, bien au contraire, il vient faire de ses incompréhensions un tourbillon d'émotions puissantes, dévastatrices. "quoi ? je devrais faire quoi ? pleurer ? sauter ? jouer de la mandoline ?" la colère lui remonte à la gorge et elle trouve de nouveau le ton sarcastique qui la caractérise tant : il n'a pas disparu bien longtemps. elle s'est bien trop laissée définir par cette rage dominatrice pour qu'il en soit autrement. elle guide chacun de ses mots, chacun de ses pas. ça fait des années maintenant et ça ne changera jamais, elle ne voit pas pas comment. en revanche, ses mains - levées bien hauts - montrent une incompréhension vivace. parce que même si elle est en pétard, elle cherche toujours une réponse à ses questions sloan. oui, elle n'a pas encore abandonné et ça ne fait que l'exaspérer encore plus. t'es en train de rentrer dans ma tête arya et j'aime pas ça. elle déteste ça même parce que malgré son incapacité actuelle à l'intégrer, ça signifie qu'arya n'est pas comme les autres, qu'elle a quelque chose en plus. et ça, ça mène à tout un tas de dérives qu'elle ne souhaite - sous aucun prétexte - envisager. tenir à quelqu'un, lui donner de l'importance... il en est hors de question. hors. de. question.

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crédit/ tumblr ☾ w/@sloan benson

Elle se bat. Elle se bat avec elle-même pour ne pas hurler. Pour ne pas lui hurler au visage tout ce qu’elle lui reproche. Pour ne pas lui hurler au visage qu’elle s’est inquiétée. Qu’elle aurait aimé, au moins, une toute petite explication. Elle se retient, oui, parce qu’elle n’aime pas se montrer vulnérable, Arya. Elle n’aime pas donner l’impression à quelqu’un qu’il a une emprise sur elle. Même une infime emprise. Parce qu’au fond, elle l’a bien trop fait. Elle l’a bien trop fait et elle a été brisée. Alors elle ne veut pas. Elle ne veut plus. Maintenant c’est elle qui dirige, c’est elle qui contrôle. Elle et personne d’autre. Pourtant, Sloan, elle a quelque chose sur toi, Arya. Elle a cet impact bien réel, ce n’est pas la peine de nier. Mais elle lutte. Elle lutte de toutes ses forces pour essayer de balayer du revers de la main le moindre sentiment pour elle. Elle lutte de toutes ses forces pour ne pas lui donner autant d’importance, pour ne pas se laisser gagner par l’affect, par cette relation qu’elle ne comprend pas et qui prend cependant de plus en plus de place dans sa vie. Dans son cœur. Mais en face d’elle, elle a Sloan. Toujours cette même Sloan. Celle qui ne semble pas vouloir voir, celle qui ne semble pas vouloir comprendre. Peut-être parce que tu ne comptes pas assez, Arya. Comme d’habitude. Après tout, elle n’est certainement que gamine aux yeux de la trentenaire. Une gamine dont elle se fout éperdument. Et sa question la déstabilise, rien qu’un peu. Rien que le temps d’une seconde. Seconde bien trop longue durant laquelle un simple mot s’arrache de sa bouche. - Oui ! Et elle regrette. Elle regrette immédiatement d’avoir répondu. Surtout de cette manière. Elle regrette d’avoir baissé les armes. D’avoir montrer que cette situation la blesse. Que cette situation lui fait mal. Elle se dévoile, rien qu’un peu, alors que Sloan lui répond par son sarcasme habituel. Et ça a le dont de t’agacer, Arya. Parce que tu vois, une fois de plus, à quel point ce que tu ressens ne compte pas. Et comme toujours, elle utilise sa meilleure arme, celle qui la protège depuis des mois, sa fierté. - Tu sais quoi ? Laisse tomber, tu ne comprends rien. Elle se renferme sur elle-même, la petite blonde. Elle se renferme parce qu’elle voit bien que ce qu’elle ressent pour Sloan n’est pas réciproque. Pas autant qu’elle le voudrait. - T’as qu’à rester là et… Continuer à boire. Elle montre cette facette d’elle si dure, une nouvelle fois. Cette carapace qui cache en réalité un petit cœur fragile. Petit cœur qu’elle aurait pu montrer à Sloan, tout simplement, si elle n’était pas certaine qu’elle le piétinerait en une seconde, une seule. Mais tu sais. Tu sais, au fond, que ce que tu devrais faire, c’est la sortir d’ici. La sortir de ce bar. Tu sais, au fond, que c’est ce que tu voudrais faire, Arya. Si tu n’avais pas si peur.

l'enfer c'est les autres, elle ne sait pas qui a couché sur papier cette formule - détentrice de la vérité suprême - mais elle voudrait pouvoir lui serrer la main sloan. parce qu'elle en est persuadée, il s'agissait incontestablement d'un génie. et cette certitude, elle est encore plus vive ce soir, là qu'elle fait face à une arya révoltée. le poupon brisé n'a pas la patience de gérer les états d'âmes d'autrui, bordel, elle n'est même pas capable de gérer les siens. alors, à mesure que les minutes s'égrènent - que la blonde s'enflamme - sloan, elle, perd le peu de mansuétude qui lui reste. elle l'a écouté, elle a tenté de comprendre mais maintenant c'est fini, elle ne peut plus rester là, à jouer à ce petit jeu sans queue ni tête. oui ça pose problème arya ? vraiment ? et bah tant pis. j'vais pas me casser la tête à essayer de te décoder. jamais plus elle ne laissera ses proches l'atteindre sloan, elle se l'est promis il y a bien longtemps. l'autarcie revêtit comme armure inébranlable, elle avance seule depuis lors - inarrêtable. et arya ne le remettra pas en question, elle ne le permettra pas ; pas quand tout ce qui se passe cette nuit ne fait que confirmer ce qu'elle a toujours su : dès lors qu'on laisse quelqu'un entrer dans sa vie, il complique tout. "tu sais quoi ? laisse tomber, tu ne comprends rien." la fureur peut se lire sur les traits de l'impétueuse ; désormais éclairs, ses yeux levés vers le ciel ne laissent rien présager de bon. déjà excédée par la colère inexplicable de la poupée blonde, la veine ne pulse que d'avantage sur sa tempe maintenant que la locutrice se mure dans la désertion. tu crois que tu me prendre la tête et partir comme ça ? tu crois vraiment que c'est comme ça que ça va se passer ? le contrôle qui menace de sombrer à chaque seconde, elle parait plus féroce désormais sloan, sauvage. "que je laisse tomber ?" l'interrogation revêt le ton d'un grondement menaçant alors les yeux se plissent, comme pour mieux fixer la proie. en cet instant, arya n'est plus arya ; aveuglée par cette rage qui la contrôle depuis tant d'années, elle ne la voit plus à présent que comme l'objet de son courroux. et il ne faut jamais - au grand jamais - sous-estimer son courroux. s'il lui était possible de mettre les choses en perspective, peut-être réaliserait-elle que la colère qui l'assaille n'est qu'intrinsèquement lié à l'attachement grandissant qu'elle lui porte mais ça, ça lui est tout bonnement inconcevable. elle ne reste qu'entièrement focalisée sur l'horripilante attitude de la trouble-fête. "t’as qu'à rester là et… continuer à boire." un seconde à peine passe et le poing de la virulente s'abat sur le bar de bois, juste devant arya. ainsi, la tête blonde ne peut s'éloigner - piégée par ce bras qui l'entrave. alors, elle s'approche sloan, suffisamment pour que de l'autre main, l'index qu'elle lève soit à quelques millimètres à peine de la juvénile. "j'crois pas non. visiblement t'as un truc à me dire alors tu vas le faire." la beauté venimeuse bouillonne ; menaçante, elle ne quitte pas des yeux celle qui la blâme. "personne esquive avant que ça soit sortie de ta putain de bouche. compris ?" elle ne crie pas, non, son ton est simplement d'une sècheresse à faire disparaitre les océans et quelque part, c'est peut-être pire. elle parait plus dangereuse ainsi - capable de tout. elle ne lui ferait jamais aucun mal pourtant, la rudesse, elle ne connaît simplement que ça. depuis qu'elle est môme, elle régit ses échanges ; jamais personne ne l'a traité autrement qu'avec une dureté infinie. certains pouvaient laisser penser le contraire mais - en réalité - ils n'enfilaient qu'un masque et la claque n'en fut que plus brutale, une fois la vraie nature dévoilée. c'est sa triste vérité, son monde. l'agressivité dont elle fait preuve n'a jamais été qu'un rempart, érigé pour se protéger. et elle ressent le besoin de s'en armer ce soir, là qu'elle se voit acculée par d'obscurs reproches. reproches qui la touchent plus qu'elle ne voudrait se l'autoriser ; elle ne peut les comprendre mais ce n'est pas l'important, non. ce qui lui importe, c'est que cette désagréable blondinette lui tient rancune et ça la met en rage. ni plus, ni moins. 

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L’ascendant. L’ascendant qu’elles cherchent à avoir, l’une sur l’autre. L’ascendant qu’elles ne veulent pas perdre, alors qu’elles se font face. L’une pleine de rancune, l’autre emplie d’incompréhension. Sloan ne comprend pas, et elle perd patience. Arya ne comprend pas, et elle perd patience. Au fond, peut-être qu’elles s’y prennent mal. L’une comme l’autre. L’une avec l’autre. Peut-être que ce serait plus simple, si tu lui disais vraiment ce que tu as sur le cœur, Arya. Peut-être que ce serait plus simple, si tu lui avouais simplement ton inquiétude. Mais elle en est incapable. Incapable d’être honnête. Incapable d’être sincère. Parce qu’être sincère, c’est être vulnérable. Être sincère, c’est se mettre en position de fragilité face à Sloan. Et il est là, le problème. Elles se comportent comme deux ennemies. Elles se comportent comme si elles étaient l’une contre l’autre, alors qu’elles sont identiques. C’est justement ce qui les rapprochent, cette souffrance. C’est ce qui les lie, bien plus fort que la blonde ne le voudrait. Bien plus intensément que ce qu’elle imagine. Et son sang bouillonne, alors que les paroles de Sloan résonnent dans le bar. Son sang bouillonne, alors que le poing de Sloan frappe le comptoir. Elle n’a pas idée, Sloan. Elle n’a pas idée de ce qu’elle provoque, en Arya. Se sentiment qui ronge son cœur. Celui d’être délaissée. Abandonnée. Une fois de plus. Une fois encore. Une fois de trop. T’as cette douleur qui s’insinue dans ton esprit. Cette douleur qui te bousille de l’intérieur. Elle ne peut rien faire. Rien faire d’autre que craquer, sous pression. Pression des paroles de la brune. - Très bien ! Tu veux que je te le dise ! Je m’inquiétais ! Je m’inquiétais parce que t’es partie, envolée, d’un coup ! Elle craque. Elle craque et elle lâche ce qu’elle voulait garder pour elle. Ce qu’elle souhaitait emmurer. Ce qu’elle souhaitait passer sous silence. Tu craques, Arya. Tu dévoiles que la plus faible des deux, c’est toi. Parce que Sloan, elle n’en a visiblement rien à faire. Pourtant elle lui tient tête. Ses yeux de plongent dans les siens. Son regard durci. Simplement parce qu’elle réalise qu’elle vient de fauter. Simplement parce qu’elle réalise qu’elle s’est manquée, elle. Des paroles envoyées par colère, des paroles qu’elle regrette déjà. Mais elles sont dites. Elles sont dites et passées dans l’esprit embué de Sloan. Et comme pour se rattraper, comme pour effacer sa faiblesse, elle reprend. - Mais je vois à quel point tu n’en valais pas la peine. Elle se protège. Encore. Et comme à son habitude, elle craque sa haine, elle craque sa fierté. Seule carapace. Seul rempart entre elle et le reste du monde. Entre elle et tout ce qui peut encore la faire souffrir. Vous êtes les mêmes, toutes les deux. Même mécanisme de défense. Même agressivité. Même façon d’abandonner parce que c’est plus facile que de risquer de souffrir. Et c’est tout ce qu’elle demande, Arya. S’enfuir. S’enfuir pour oublier cette soirée. Cette discussion. Ces aveux. S’enfuir pour oublier Sloan. A tout jamais. - C’est bon ? T’as ce que tu voulais ? Tu me laisses partir maintenant ! Et elle s’approche. Prête à s’en aller. Qu’elle le veuille ou non. Il est hors de question qu’elle la retienne. Hors de question qu’elle passe une minute de plus en sa compagnie. Parce que t’as perdu le contrôle, Arya. T’as perdu le contrôle à cause de ton attachement pour elle. A cause de ce que tu ressens pour elle. T’as perdu le contrôle, et c’est tout ce que tu détestes.

l'hostilité érigée en rempart, elle immobilise celle qui l'injure, celle qui la déclame. le pouls qui s'accélère, les tempes qui maintiennent leur danse infernale, elle tape du poing sloan. elle laisse sa rage prendre les commandes, pour se protéger. parce qu'elle n'admettra pas que le petit numéro de blondie la blesse plus qu'il ne la dérange, ça lui est impossible. quelle conclusion devrait-elle en tirer si elle venait à le faire ? qu'elle tient sincèrement à elle ? qu'elle ne veut pas perdre ce qui les unit ? plutôt mourir. isabella est la dernière personne à qui elle a accordé son amitié et ça ne changera pas. elle le sait, elle est mieux seule. elle a tenté de se livrer pourtant ; par le passé, elle a ouvert son coeur. conclusion ? elle ne fut que duper, encore et toujours. qu'il s'agisse de sa mère et de son désintérêt le plus total ou de cade et de son horripilante trahison, ils lui ont montré qu'aucun amour ne pouvait s'affirmer inconditionnel. finalement, elle devait toujours se débrouiller seule comme elle le doit encore, c'est là sa dure réalité. et ne pouvoir compter que sur elle, ça signifie ne pouvoir compter sur personne parce qu'elle n'a pas la prétention de la blanche colombe sloan. dysfonctionnelle depuis toujours, elle ne saurait prendre soin d'elle, même si on lui indiquait la marche à suivre. enchainant les mauvais choix comme les verres le jour de la saint patrick, elle ne fait que se détruire chaque jour un peu plus. c'est avec cette défiance ravageuse, ce mépris auto-destructeur que s'articule son monde : c'est ce qui fait d'elle ce qu'elle est, c'est ce qui la pousse à réagir comme elle le fait. "très bien ! tu veux que je te le dise ! je m’inquiétais ! je m’inquiétais parce que t’es partie, envolée, d’un coup !" par surprise, elle manque de s'étouffer. parce qu'elle avait repris un verre sloan, une fois assurée d'avoir l'explication qu'elle pensait mériter de droit. elle avait frappé le bar à deux reprises, comme convenu avec le serveur - c'était leur signal, un moyen de dire ressers-moi. alors oui, elle s'étrangle, se retrouve obligée de poser brutalement le crystal sur le comptoir pour porter la main à ses lèvres. et quelques bonnes secondes s'égrènent avant qu'elle ne reprenne ses esprits, la stupéfaction persistante. jamais elle n'aurait pensé, une telle raison, pouvoir engendrer ses reproches, elle n'est partie que quelques jours à peine. qui s'en inquièterait ? et pourquoi ? j'suis pas le genre de fille pour qui on se fait du soucis. non moi on se dit que je trouverai bien le moyen de me débrouiller. ça, c'était la phrase fétiche de sa mère, celle qu'elle dégainait à la moindre occasion, pour se dédouaner. "mais je vois à quel point tu n’en valais pas la peine." elle est hargneuse arya mais sloan, ça ne la dérange pas, pas le moins du monde même. elle n'a jamais pensé valoir la peine - pas un instant - et elle ne souhaite certainement que qui que ce soit pense le contraire. c'est trop lui en demander, trop de responsabilité lui donner. parce qu'elle en persuadée, elle est pourrie jusqu'à la moelle l'impétueuse - tout comme l'est le monde entier. oui, elle ne se pense pas meilleure que le commun des mortels, loin de là. et c'est précisément pour cette raison qu'elle ne tient à devoir se montrer sous un meilleure jour qu'elle ne l'est réellement. parce qu'elle, contrairement aux autres, elle ne jouera pas la comédie. elle est fidèle à elle-même sloan, on peut au moins lui accorder ça. "j'ai jamais dit le contraire." elle est sèche, elle est abrupte la poupée cassée. elle n'hésite pas à trancher le vif pour qu'elle comprenne arya, pour qu'elle réalise pour de bon l'évidence. tu peux pas t'attacher à moi blondie, je t'apporterai rien de bon. "est-ce que j'ai l'air d'être ta marraine la bonne fée arya ? est-ce que me voir tous les soirs ivre morte dans ce bar t'as fait pensé que j'étais quelqu'un de fiable ?" la tête penchée sur le côté, les yeux plissés de perplexité, elle n'hésite pas une seconde à hausser le ton. il n'est plus question d'elle ou sa colère, non ; en cet instant, il ne s'agit plus que de remettre les pendules à l'heure. alors, elle ne prendra pas la peine de se justifier : elle ne lui dira pas pourquoi elle n'a pas prévenu son absence, pourquoi elle n'y a même pas songer un instant. cela reviendrait à s'ouvrir, à accepter la charge que sa proximité représente. et elle s'est déjà bien trop engagée dans cette voie pour que quoique ce soit de bon en sorte. le repli est son unique option, celle qui conviendra à tout le monde - elle en persuadée. "c’est bon ? t’as ce que tu voulais ? tu me laisses partir maintenant !" un pas de côté l'éloigne du bar sloan, de par ce geste, elle invite arya à partir - comme elle le souhaite. elle ne cherchera pas à la retenir, plus maintenant. "c'est bon. tu peux te barrer, ça vaut mieux pour toi." parce que moi je pourrais pas te promettre d'elle là, j'sais pas comment faire. on m'a jamais appris et c'est tant mieux, j'suis pas une belle personne arya.

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{ so look me in the eyes }
crédit/ tumblr ☾ w/@sloan benson

Ecœurée. Ecœurée par la position de faiblesse dans laquelle elle se trouve. Ecœurée par la vulnérabilité que provoque ses aveux. Aveux qu’elle voudrait effacer. Aveux qu’elle voudrait oublier. Mais c’est trop tard. Le mal est fait. Les mots sont lancés, dans l’obscurité du bar. Les mots sont lancés, glissant par jusqu’à Sloan. Glissant jusqu’à ses oreilles. Les mots sont lancés, et c’est déjà beaucoup trop tard pour fuir. Beaucoup trop tard pour partir en courant. T’as le cœur qui s’est arrêté. T’as le cœur mis en veille. Et t’as surtout pas envie de l’éveiller de nouveau, Arya. Sloan est donc à éviter. A éviter, parce que vraisemblablement elle tient à elle bien plus qu’elle ne le voudrait. Parce que vraisemblablement, Sloan a pris de l’importance, a mesure des soirées passées ensemble. Elle a su la découvrir. Voir la souffrance derrière la colère. A voir le désespoir derrière l’ivresse. Et tu t’es attachée, comme une conne, Arya. Tu t’es attachée à elle, et maintenant le prix est beaucoup trop élevé pour toi. Bien plus encore, à la réponse de Sloan. C’est une vraie claque, une vraie claque qu’elle se prend dans la gueule, Arya. Elle savait. Elle sentait. Elle sentait que Sloan n’en avait rien à faire. Elle sentait qu’elle était bien plus attachée que le contraire. Mais l’entendre aussi violemment, c’est beaucoup plus difficile que ce qu’elle aurait pu imaginer. T’as mal, poupée cassée. T’as mal, encore, d’avoir laissé entrer quelqu’un. Parce qu’au fond, tu ferais mieux de la laisser se détruire ici. A se saouler comme l’ivrogne qu’elle est. - Tu sais quoi ? Vas te faire voir. La colère. La rancune. La douleur. Il n’y a plus que cette haine sur son visage. Il n’y a plus que cette haine qui l’enrage. Et jamais plus. Jamais plus elle ne veut la revoir. Jamais plus elle ne souhaite croiser son regard. Jamais. Et t’essaie de te convaincre, t’essaie de te convaincre qu’elle est bien plus pitoyable que toi, Sloan. Qu’au fond, elle crèvera avant toi. Et elle se dégage d’elle. Elle se dégage de son emprise, pour s’éloigner d’elle le plus possible. Parce que tout est terminé. Tout est terminé entre elles. Définitivement.