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 No hero (Arya)

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Message Sujet: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Ven 28 Aoû - 14:02



01h20, début de la prise en charge.
« Fibrillation ventriculaire, je choque tout le monde s’écarte. ... Ok c’est bon, c’est reparti. » Une nuit, encore une longue nuit, une énième nuit aux urgences – pourtant toutes différentes les unes des autres. Celle-ci offrait au moins la douceur d’un visage familier et apprécié pour faire passer les heures de travail jusqu’au petit matin, de quoi enchainer plus agréablement les blessures des uns et des autres, des corps souvent, des âmes parfois. Parmi tous les étudiants qu’il côtoyait régulièrement, Arya était de loin sa préférée : Marshall faisait clairement dans le favoritisme, mais les jeunes qui défilaient lors de leurs premières gardes n’étaient pas ses élèves à lui (il imaginait qu’il n’aurait pas été très bon pour enseigner à la faculté) alors il se disait que ça n’était pas si grave. Il aimait son enthousiasme, sa curiosité, son application auprès de tous les patients sans distinction, son implication, qu’il essayait même régulièrement de modérer tant bien que mal. Il repassait toujours derrière elle parce qu’elle était encore toute jeune, mais lui faisait confiance : et il se disait aussi que c’était encore en faisant d’abord toute seule qu’elle apprendrait le mieux et le plus vite.

L’histoire de cette nuit-ci était simple, le patient était arrivé sur ses deux jambes mais il se sentait, disait-il, particulièrement et anormalement essoufflé : raison de sa venue aux urgences. Monsieur H., patient de 67 ans, avait des antécédents d’insuffisance cardiaque sur cardiopathie ischémique (en d’autres termes moins barbares, le cœur était fragilisé après de multiples infarctus) et il suivait pour cela le traitement adéquat. C’était un motif d’admission plus que classique, alors Ambroise avait laissé à Arya le soin de tout commencer toute seule : l’interrogatoire, l’examen clinique, l’auscultation du cœur et des poumons, l’électrocardiogramme... bref, tout ce qui pouvait lui sembler important dans son rôle d’apprentie doctoresse.

Et puis finalement quelques minutes plus tard il y avait eu un grand appel à l’aide paniqué : ni une ni deux il s’était précipité, avait retrouvé Arya pétrifiée et encore plus livide que leur tenue blanche à côté d’un patient inconscient. Le tracé sur l’écran connecté à la poitrine par quelques électrodes indiquait un trouble du rythme cardiaque (la fibrillation ventriculaire, donc) responsable de la perte de conscience brutale ; le tout ayant bien entendu été favorisé par le terrain déjà très pathologique du patient sur le plan cardiologique. Le type avait eu de la chance dans son malheur, de s’arrêter là comme ça soudainement juste devant elle : un électrochoc de défibrillateur plus tard et le cœur repartait dans un rythme tout à fait viable et convenable, probablement sans séquelle puisqu’ils avaient agi quasi-immédiatement. S’il avait été tout seul chez lui, il ne s’en serait jamais relevé.

02h00. Fin de la prise en charge : le patient avait été pris en urgence par les cardiologues pour qu’ils lui implantent au bloc opératoire un défibrillateur sous la poitrine. Si Ambroise était plutôt satisfait de la façon dont les choses s’étaient déroulées, il avait perdu Arya depuis une grosse demi-heure et s’était mis en tête de la retrouver pour s’assurer que tout allait bien de son côté à elle aussi. Habitué aux nuits plus que blanches et pas fatigué (selon son horloge à lui il était encore tôt), il avait arpenté les quelques couloirs les plus proches en long en large et en travers.

C’est finalement dehors sur un banc et à l’abri sous la lueur d’un réverbère qu’il tomba sur sa protégée. Ce qui tombait plutôt bien, puisque l’adrénaline retombée après l’urgence, il ressentait malgré son éternel calme apparent implacable le besoin omniprésent d’une cigarette. Dans une minute ou deux.

« Tiens » sans autre forme de salutations, il glissa d’une voix posée un gobelet d’eau qu’il avait récupéré à son attention dans les mains de la blondinette à la mine renfrognée, examina un temps les traits tirés de son visage. Puis Ambroise brisa finalement le silence en premier, soucieux de protéger sa tête des cauchemars auxquels lui avait fini par s’habituer : « A quoi tu penses ? »
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 20 Sep - 20:41


is anybody out there, is anybody listening, does anybody really know, if its the end of the beginning, the quiet rush of one breath, is all we're waiting for, sometimes the one we're taking, changes every one before. -- @ambroise marshall

Le regard vide, l’esprit ailleurs, assise sur ce banc, seule. Toujours seule. Comme une évidence. Beaucoup plus simple de se relâcher, lorsqu’elle est seule. La nuit est dure, une garde qu’elle n’oubliera jamais, la première fois qu’elle se retrouve face à un cas critique. Face à un patient qu’elle aurait pu perdre. Et tu réalises que t’es bien plus impliquée qu’il le faudrait, Arya. Que tes patients font partie de ta vie, partie de toi. Ce qu’elle soupçonnait déjà, depuis qu’elle s’est attachée à Silver. Silver, cette patiente en fauteuil roulant. Cette patiente toujours seule qui contient tellement de colère, tellement de peine, tellement de souffrance en elle, qu’elle s’est promis d’aider, d’assister, même au-delà de ces murs. Mais Silver, elle n’a pas frôlé la mort, devant elle. Les autres patients n’ont pas frôlé la mort devant elle. La mort. C’est si fatal, si définitif, bien plus douloureux que tout ce qui torture son être déjà si sombre. Il lui faut du temps, un peu, avant d’envisager un retour chez elle. Avant d’envisager regagner son lit. Un sommeil qui semble bien loin, qu’elle ne parviendra pas à trouver, qu’elle ne parviendra pas à embrasser. Pas avec ces images en tête. Pas avec ces images en tête. Pas avec ce son en tête. Perdue, jusqu’à ce verre d’eau tendu, jusqu’à cette voix qu’elle reconnait, Ambroise. Le médecin urgentiste avec qui elle réalise ses gardes, celui qui est bien plus comme un mentor, comme un grand frère, qu’un réel supérieur. Celui qui sait comment la guider et qui décèle le potentiel en elle lorsqu’elle n’est pas capable de le faire par elle-même. Merci. Faible sourire alors qu’elle attrape du bout des doigts le verre, qu’elle en boit quelques gorgées comme pour revenir à la réalité. Comme pour revenir au présent, à cette nuit bien réelle qu’elle n’oubliera jamais. je ne pensais pas vraiment, en réalité… J’essayais de faire retomber la pression. La pression, le mot est si faible, à côté de ce qu’elle éprouve en cet instant présent. Lui, il semble beaucoup plus serein, beaucoup plus professionnel. L’habitude, surement. L’habitude de faire face aux situations de crise. L’habitude de passer aussi près de l’irrévocable.  Et toi ? Besoin d’une pause ? Pertinemment consciente qu’elle ne pourra pas tricher, cette fois. Qu’elle ne saura pas tricher cette fois.

(c) calaveras.
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 27 Sep - 16:52

Aux journées, qu’elles soient maussades ou ensoleillées, Ambroise avait toujours préféré les nuits. Le jour, tout était différent : l’extérieur de l’hôpital était toujours bruyant, brouillon, grouillant. La nuit, New-York ne dormait pas vraiment bien-sûr, les sirènes ne cessaient jamais de hurler et les néons de la grosse pomme vomissaient toujours leurs lueurs blafardes en camouflant les étoiles : mais au moins il s’entendait penser. L’air, plus frais, agressif et cinglant sur le visage souvent fatigué, lui donnait pourtant l’impression de respirer pour de vrai. Il aimait la ville, sa ville, la nuit surtout, pour le réconfort paradoxal qu’elle lui offrait. La nuit, même sale et polluée, était sa complice bien plus qu’elle ne l’épuisait quand s’écoulaient les heures blanches à faire travailler et ses mains et sa tête. Ca : et puis l’habitude probablement. L’habitude d’être debout bel et bien actif quand le commun des mortels rêvait depuis longtemps, l’habitude face aux situations jadis déstabilisantes, les réflexes et la maturité acquis au fil des années d’expérience. Son calme implacable, Ambroise l’avait travaillé, il avait appris à le développer.

Sa protégée du soir n’avait pas encore développé la même armure : et plus encore, Arya était dotée d’une immense sensibilité sur laquelle il devait absolument veiller. D’où le fait qu’il s’installe là, silencieusement, près d’elle, sur ce banc. Il détailla un temps les traits préoccupés de la très jeune médecin en devenir alors qu’elle lui expliquait qu’elle essayait de faire retomber la pression, puis se perdit finalement dans la contemplation du paysage urbain mal camouflé par l’obscurité. Il inspira longuement, soupira. « J’ai besoin d’une pause, il avoua sans honte alors qu’il fouillait dans ses poches en quête d’un briquet et de son paquet de cigarettes, le temps de faire redescendre l’adrénaline. » C’était épuisant, de mobiliser en un claquement de doigts toute sa concentration, toute son attention, toute son énergie. Il avait besoin d’un peu de temps pour calmer le bruit dans sa tête. S’entendre tout seul, loin du reste. La nuit et les goudrons morbides saupoudrés de nicotine aidaient. Il recracha la fumée du côté opposé à la jeune et jolie tête blonde. Après un instant, il brisa le silence avec le ton de la confidence : « Aujourd’hui je sais plutôt bien gérer les situations difficiles qui finissent bien, comme c’est le cas ici. L’inverse toujours pas, mais puisque notre patient va s’en tirer, je suppose que de mon côté ça va. » Elle ne lui avait rien demandé d’autre : mais il n’était pas question de simplement l’assommer brutalement de question précipitées. Et puis à son âge à elle, l’expérience des plus âgés l’avait aidé à apprendre à s’ancrer droit dans ses bottes.  Il respira encore tranquillement. Parfois il entendait le hanter comme des fantômes les cris, les pleurs dévastatrices, les hurlements de douleur. Il ne laisserait pas Arya rentrer chez elle avec des images qui la poursuivraient encore longtemps. « Mais ça n’a pas toujours été le cas : même quand tout finit bien, le sang, la douleur, la peur, voir quelqu’un frôler la mort, ça n’a rien ni de naturel ni de facile. Vraiment pas. » Il recracha une nouvelle volute de fumée puis s’attacha à essayer de croiser le regard de l’étudiante. « Si tu veux on peut en discuter tous les deux. Après, si tu me dis que tu préfères en parler avec quelqu’un d’autre, promis je ne me vexerais pas. » Il sourit, sérieux pourtant. « Je crois en tous cas qu’il est très important que tu ne gardes pas pour toi des images qui t’ont marquée en te disant que cela finira par passer. »
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Mer 21 Oct - 19:47


is anybody out there, is anybody listening, does anybody really know, if its the end of the beginning, the quiet rush of one breath, is all we're waiting for, sometimes the one we're taking, changes every one before. -- @ambroise marshall

Une présence rassurante, accompagnée de cette auréole qu’il maîtrise bien mieux que personne. Une présence rassurante, celle de quelqu’un qui l’épaule, qui la forme, qui ne lui veut que du bien. Qui ne lui veut toujours que du bien. Elle n’a pas ce genre de craintes, ici, arya. Elle n’a pas ce genre de douleurs. Parce qu’elle se laisse aller, véritablement, comme elle n’est capable de le faire nulle part ailleurs. poupée froide qui laisse fondre la glace à l’approche des patients, lorsqu’elle est près d’eux, lorsqu’elle est avec eux. Poupée froide qui laisse fondre la glace, quand elle a l’occasion de faire quelque chose de bien, quelque chose de bon.
Le masque tombe, ici, et ambroise ne le connait pas. Ambroise ne le voit jamais, ce masque. Ile ne voit qu’elle, elle et uniquement elle, telle qu’elle est vraiment. poupée au grand cœur, poupée sensible, poupée délicate. Poupée ayant trop souffert, qui ne croit plus, qui ne s’estime plus. Qui retrouve un peu de cette importance tant désirée, lorsque l’hôpital est à sa portée. malgré cela, elle se sent fragilisée, plus qu’elle ne l’imaginait. Elle ressent, en elle, cette perte de contrôle, cet instant durant lequel elle se sent vaciller, durant lequel son esprit et son cœur sont bouleversés.
D’ordinaire, elle se renferme, elle se cache, elle se blinde, mais quand ambroise est là, elle se sent comprise. Emotionnellement comprise. Ce qui est bien trop rare, bien trop beau, pour ne pas être souligné. je… je t’admire beaucoup, tu sais. J’espère qu’un jour j’aurai la même expertise, la même maitrise que toi. qu’elle souffle, avec un faible sourire, bien plus loquace que d’habitude, bien plus loquace que n’importe qui. je suis tellement rassurée qu’il s’en sorte. et sans même s’en rendre compte, elle accepte d’en parler, elle accepte de se confier. à lui et uniquement lui. mais non. Tu as raison. Ce n’est ni naturel, ni facile. D’autant plus la première fois. première fois qu’elle fait face à la mort, de cette façon. Première fois qu’elle la regarde, en face, en la personne de quelqu’un d’autre. parce que t’as déjà frôlé la mort, une fois, lors de l’incendie à l’université. Mais tu n’étais pas consciente, tu n’avais aucune décision à prendre, aucune vie entre tes mains.

(c) calaveras.
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Lun 26 Oct - 9:40

Il n’était pas bavard en temps normal, Ambroise. Il avait des difficultés monstrueuses à s’ouvrir lui-même aux autres : mais pour autant, il était toujours une oreille attentive. Les autres avaient sa vigilance et son attention, bien souvent sa dévotion sans compter – tout le monde, sauf lui-même qui avait trop régulièrement tendance à s’oublier ou se faire passer au second plan. Donner sans rien attendre en retour et se satisfaire des grains d’attention semés ici et là tout autour. Sauf peut-être quand il était question de se protéger à son tour, parce qu’il devenait trop important de se libérer la tête des fantômes de l’hôpital. A nouveau : la peur, la souffrance, la mort frôlée in extremis ou inéluctable malgré les efforts déployés.  

Arya, sans qu’elle n’ait rien demandé, avait eu dès le départ cette place privilégiée. Une fois de plus, Ambroise tâchait d’être vigilant à tous ceux qui l’entouraient, plus particulièrement ses étudiants, les internes, jeunes professionnels en devenir pas encore prêts à affronter tous seuls ce qui pouvait cogner de plein fouet. Mais avec Arya, c’était un peu différent et vraiment, le courant était immédiatement passé. Il ne savait pas l’expliquer. C’était comme cela.

« Je suis flatté », il répondit en toute honnêteté, il avait mis une éternité à travailler sur son manque de confiance en lui. Aujourd’hui c’était bien mieux... Pas de quoi encore jouer les faux modestes, toutefois. Il éloigna la cigarette encore incandescente de la tête blonde à ses côtés, la laissa s’exprimer à son rythme, Arya lui faisant suffisamment confiance pour commencer à se livrer. Cadeau inestimable, que la confiance. Il resta songeur un instant encore, le mauvais philosophe à ses heures perdues. « Ce n’est ni naturel ni facile les fois d’après, il eut un sourire discret, rassurant. Il y a toujours cette espèce de malaise, je te rassure cela n’a rien d’anormal, c’est humain. » En tous cas lui, il le ressentait systématiquement. Le malaise au fond des tripes, le besoin de s’aérer l’esprit pour faire de la place pour le reste, malgré l’amour des êtres humains encore bien vivants et de son boulot. Et à la moue sérieuse qu’affichait Arya, il supposait qu’elle ressentait aussi quelque chose de cet acabit-là. Il poursuivit, un brin plus encourageant cette fois-ci : « Tout s’apprend, tu sais. Tu es encore toute jeune, tu apprendras. Et tu seras bien meilleure que moi ! » Lui faisait de son mieux, bien-sûr, mais en la jeune fille il avait toute confiance. « D’ici là, n’oublie pas d’être un peu indulgente avec toi-même » Et merci pour tes conseils, grand-mère feuillage. A nouveau il tira sur la cigarette, laissa s’échapper un nuage de fumée dans la nuit fraiche, s’amusa soudain en riant discrètement : « Dit comme ça, j’ai l’impression d’avoir cent ans, mais je suis sérieux ! »
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Sam 7 Nov - 18:54


is anybody out there, is anybody listening, does anybody really know, if its the end of the beginning, the quiet rush of one breath, is all we're waiting for, sometimes the one we're taking, changes every one before. -- @ambroise marshall

Il trouve les mots justes, mais elle aurait pu le deviner. Deviner que, comme toujours, il serait le mentor parfait pour la guider. Pour lui apprendre le métier. Ou plutôt, pour confirmer cette vocation qu’est la sienne. Parce qu’être médecin, c’est bien plus qu’un travail, c’est une vie toute entière. C’est un sacrifice au service des autres. Et seuls ceux qui font partie de ces âmes solidaires, peuvent le comprendre. l’évidence a su te trouver, arya, les années passant. T’as su presque immédiatement que c’était aux autres, que tu désirais consacrer ta vie. aux autres, alors qu’elle semble toujours si loin d’eux, si différente, presque absente. Mais c’est la peur, qui guide sa vie. la peur de trop donner, la peur de trop s’attacher, la peur de trop aimer. Alors elle ne s’investit qu’ici, qu’avec ambroise, qu’avec les personnes vulnérables qui comptent sur elle. Elle ne s’investit qu’à l’abri des regards indiscrets, que lorsqu’elle incarne cette future médecin, et non plus arya au cœur brisé. Et non plus arya à l’esprit abîmé. je n’aurai pas dit cent ans, mais pas loin… un rire amusé, qui détend l’atmosphère, qui donne un peu plus de chaleur à cette sombre nuit, au manque d’éclaircie. je te remercie pour tes conseils. Ils me font du bien. le ton plus sincère, le regard qui se plonge dans le sien alors qu’elle réalise qu’elle est chanceuse. chanceuse d’avoir une épaule, solide, sur laquelle t’appuyer. Toi qui n’a pas eu de modèle, toi qui n’a pas eu de père, tu trouves aujourd’hui un protecteur, quelqu’un pour prendre ta main et te tirer vers le haut. je pense qu’avec toi, je ne peux que bien apprendre. devenir meilleure, peut-être pas. mais elle serait heureuse d’avoir au moins la moitié de son expérience. Heureuse de devenir, un jour, une médecin accomplie et aguerrie. heureuse d’imaginer qu’un jour, tu deviendras celle qui sauve des vies. Qu’un jour, tu auras cette responsabilité entre tes mains et que tu seras capable de l’assurer.

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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 15 Nov - 21:59

S’entendre avec Ambroise, ça n’avait rien d’un exploit. Il avait, à condition de ne pas essayer de lui marcher sur les pieds, le caractère docile avec à peu près tout le monde. Il n’était pas bruyant, pas exigeant, pas tellement effacé non plus, il savait peser les mots et généralement les trouver au bon moment, il savait écouter et observer, patiemment. Il donnait de sa personne, sans compter, la plupart du temps. Il donnait, et si bien souvent la vie ne le lui rendait pas trop mal, il avait ce côté solitaire qui pourtant lui collait à la peau. S’entendre le temps d’une conversation, ça n’avait rien de phénoménal : mais l’accrocher, l’accrocher avec de véritables atomes crochus, ça ne se produisait pas souvent. Parfois, que ce soit un coup du hasard ou du destin auquel il ne croyait pas vraiment, la vie plaçait de véritables pépites sur son chemin. Arya, du peu qu’il la connaissait, était l’une de ces personnes-là. Ca avait été facile avec la jeune femme, l’apprentie médecin, dès le début. Sans creuser le sujet de la vie privée, sans s’infiltrer dans les domaines qui ne le regardaient pas, sans jamais qu’elle-même ne cherche à le faire se dévoiler plus que cela : à la fois très simplement et très respectueusement.

Les moments en solitaire, pour se vider la tête avec rapidité et efficacité, il détestait les partager. Le temps d’une cigarette, les mains griffées par la nuit froide et les yeux égarés dans le ciel sans étoile. Il passait des heures et des heures à aider les autres, mais parfois, il avait besoin de souffler. Les gens parlaient, parlaient trop, l’empêchaient parfois de se retrouver seul avec ses propres pensées, l’empêchaient de faire le point, de s’entendre penser. Il détestait les balivernes futiles... Mais avant de retrouver Arya, pour passer auprès d’elle aussi longtemps qu’il le faudrait, pour veiller sur elle comme sa protégée le méritait, il ne s’était pas posé la moindre question. Elle lui décrocha un rire discret. Curieusement, elle, elle s’était fait sa place. Une place solide. « Je t’en prie », réponse courte, complétée par un regard bienveillant et sincère qu’elle lui arracha rapidement. Il ne précisa pas qu’elle pouvait compter sur lui si elle avait besoin à nouveau, un jour ou l’autre, tôt ou tard : il était mauvais pour les longs discours. « Tu me flattes beaucoup trop » Encore un sourire, sans artifice ni masque, entre deux échappées de fumée de cigarette. « Mais sincèrement, ça me touche, merci », il admit, à deux doigts de préciser qu’elle ne devrait ses progrès qu’à elle-même à force de travail rigoureux... Mais Arya était déjà tout d’une bosseuse acharnée. C’est plutôt la direction inverse, qu’il prit : « Après, tu sais, être un bon médecin, être efficace pour aider les autres, toujours chercher à s’améliorer... C’est bien et je suis le premier à dire combien c’est important, mais à côté de tout ça, tu as ta vie à toi. Les années à venir vont passer très vite et ton travail ne doit pas engloutir ni toutes tes pensées, ni le temps que tu as de libre pour toi-même et les tiens... Tu vois ce que je veux dire ? » Evidemment qu’en cet instant précis, ses pensées accrochèrent Ella très fort, comme depuis des mois maintenant elle était devenu le motif le plus récurrent de son esprit tout entier. Il n'avait que dix ans de plus qu'Arya, à quelques mois près, Ambroise. Il était encore jeune - mais dix ans, c'était amplement suffisant, une fois la tête sous l'eau, pour risquer à trois fois rien de passer à côté de l'amour de sa vie.
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 29 Nov - 20:32


is anybody out there, is anybody listening, does anybody really know, if its the end of the beginning, the quiet rush of one breath, is all we're waiting for, sometimes the one we're taking, changes every one before. -- @ambroise marshall

Le moindre mot prononcé par ambroise prend une place dans son esprit, une importance dans son cœur. Parce qu’ambroise, il est de loin la réelle figure masculine de son existence. Celui qu’elle admire, celui qu’elle estime bien plus que n’importe qui d’autre. cette admiration sans limite, cette affection qui commence à naître, entre eux. Elle lui sourit lorsqu’il la remercie, persuadée de le voir tel qu’il est, une épaule solide, un ange gardien toujours présent pour elle. quelqu’un sur qui compter, dans ce monde à la fois si beau et si difficile. c’est ce que tu ressens quand t’es ici, arya. Tu ressens tout cet amour en toi confronté à la misère du monde. confrontée à la douleur humaine. la douleur des patients, la douleur des familles éprouvées, la douleur du médecin qui n’est pas toujours capable de sauver. Le monde est comme la vie, à la croisée des chemins, dur, toujours. la vie, plus belle, lorsqu’elle est accompagnée. Ce qu’elle croit comprendre à travers les mots de son tuteur, qui affirme qu’il est aussi important de penser à elle que d’être un bon médecin. Qui affirme que le temps est trop précieux pour prendre le risque de le laisser filer. Pour prendre le risque de perdre l’essentiel. tu veux dire qu’il ne faut pas que je m’engouffres dans le travail en dépit de ma vie personnelle, c’est ça ? un faible sourire malicieux, comprenant parfaitement où il souhaite en venir. la vérité, c’est que ça te fait du bien d’être ici, arya. parce que tu ne penses plus à rien, tu ne penses plus à toi. à ton mal être. Mais tu sais aussi qu’il a raison, que des personnes comptent sur toi et que, tu le veuilles ou non, ton palpitant vibre encore. c’est ce que tu as fait, toi ? ou tu as toujours su poser les limites entre vie professionnelle et vie privée ? elle imagine sans mal qu’un homme comme lui contient une panoplie de facilités avec les relations humaines. une évidence, car même avec toi, la plus fermée qui soit, il parvient à se lier. Il parvient à te parler, à te pousser à te livrer, aussi facilement. j’imagine que c’est compliqué entre les gardes de nuit et le cotât d’heures souvent dépassé. ce qui l’attend très certainement dans les années à venir. Un investissement dont elle mesure le prix, dont elle connait les conséquences et qu’elle accepte pourtant. Qu’elle embrasse de tout son cœur, de toutes ses forces.  

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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 6 Déc - 10:53

« C’est ça, il affirma entre deux volutes de fumée de cigarette, maladroit philosophe des temps modernes. Et il ne faut pas non plus que ton travail s’engouffre dans ta vie personnelle. » Il reprit ses mots, clairs et lucides. Il savait qu’Arya voyait précisément là où il voulait en venir : une fois de plus, les discussions avec elle avaient cela d’agréable qu’elles étaient d’une facilité incroyable. Lui avait à peu près toujours eu conscience de l’importance de faire la part des choses... Pourtant il faut croire qu’il avait sciemment choisi de foncer la tête tout droit dans le guidon. Aussi quand la demoiselle, qu’il s’efforçait de protéger à sa façon, lui demanda s’il avait toujours su appliquer ses propres conseils, il rit : coupable. « J’ai fait exactement l’inverse », il avoua, l’homme à l’oreille attentive toujours prêt à donner de sages conseils, mais bien moins enclin à lui-même les appliquer. Ca n’était pas quelque chose dont il se plaignait, les gardes de nuit, les heures supplémentaires parce que les patients arrivaient comme par wagons : il estimait même que c’était une chance, d’aimer les heures passées au travail, se sentir parfois réellement utile même pour des broutilles. Quel intérêt de les écourter pour rentrer et recevoir sa propre solitude en pleine figure, après tout ? Solitaire, oui, mais au bout du compte, solitaire malgré lui. Ambroise chercha ses mots un instant, sans tout à fait réaliser qu’Arya, si jeune Arya pourtant, le rendait capable de se livrer comme il était incapable de le faire avec qui que ce soit d’autre. « Je ne suis pas bon pour sociabiliser, j’aime passer du temps à écouter les autres mais je ne sais pas m’accrocher, je me lasse à la vitesse de l’éclair et finis toujours par m’ennuyer. Les gardes de nuit et les horaires décousus m’ont servi d’excuse plus d’une fois. » Coupable, encore une fois, mais il assumait entièrement ses capacités affectives d’ermite. « Paradoxalement... »

Il l’avait en tête toute la journée, Ella. Elle peuplait ses insomnies et la quasi-totalité de ses pensées vagabondes. Il l’avait dans la peau et encrée au fond de la poitrine autant qu’égoïstement, il ne parlait que rarement d’eux deux.

La cigarette terminée lui offrit un délai de réflexion supplémentaire avant même qu’il ne se lance dans la poursuite de son analyse, laissée en suspend le temps de se lever pour jeter le mégot. En retournant s’asseoir, il enfouit les mains dans les poches de sa blouse, les doigts occupés à jouer avec la tubulure du stéthoscope enroulé et abandonné-là. « Je pensais que travailler en décalé m’avait toujours plu et paradoxalement, j’ai le sentiment d’avoir stupidement perdu beaucoup de temps. Au moins dix ans. » Il cessa de torturer ses poches pour poser un pied sur le banc froid, les coudes croisés sur son genou replié. Un air soudain stupidement amoureux, oubliant au passage deux ou trois connecteurs logiques. « Elle s’appelle Ella, je suis dingue de cette fille et j’échangerais à présent volontiers mes heures ici contre des nuits près d’elle. Officiellement, ça dure depuis plusieurs mois maintenant... En pratique, sans doute que ça aurait pu être le cas depuis bien plus longtemps si je n’avais pas fait l’autruche. Travailler jusqu’à éclipser tout le reste, ça n’est pas l’idée de génie de la décennie. »
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Message Sujet: Re: No hero (Arya)   No hero (Arya) Empty Dim 24 Jan - 18:52


is anybody out there, is anybody listening, does anybody really know, if its the end of the beginning, the quiet rush of one breath, is all we're waiting for, sometimes the one we're taking, changes every one before. -- @ambroise marshall

les mots d’ambroise résonnent dans son cœur comme s’ils étaient susurrés. comme s’ils étaient parfaitement justes, prononcés exactement pour elle, en direction de son âme. elle sent, pourtant, que les vécus sont différents. que dans son cas à elle, ce n’est pas tant la difficulté à sociabiliser qui l’abîme mais bien plus les blessures du cœur. les souffrances passées. la peur. la peur, surtout. celle de souffrir encore, celle de finir en sanglots encore. la peur d’être confrontée à ses propres névroses, aussi. qu’il s’agisse des plus physiques, comme cette maladie mentale qu’est la boulimie, ou bien des mentales, comme cette angoisse constante d’être abandonnée. être face à l’autre, c’est prendre le risque de servir sur un plateau ses faiblesses. prendre le risque de les voir exploitées. ici, tu diriges, arya. tu te retrouves dans la position de force, de celle qui est face aux faiblesses des autres. et le meilleur moyen de cacher les tiennes, c’est bien de t’imprégner de celles du monde qui t’entoure. elle s’y est glissée sans aucun mal, dans la peau de la future médecin empathique. de celle qui franchit un peu trop les limites. qui se laisse toucher jusqu’au cœur par certains de ses patients. esquissant un sourire en coin, le regard fixé sur l’obscurité, elle répond transparente de vérité. que le travail ne s’engouffre pas dans ma vie privée. je crois que c’est certainement à ce niveau que je suis la moins bonne. tu ne diras pas que c’est déjà fait, arya. que t’as raccompagné une patiente chez elle, que t’es revenue la voir pour s’assurer que tout allait bien, que tu commences à jouer un rôle dans sa vie en dehors des mûrs de l’hôpital. elle ne sait pas faire autrement, la poupée, trop sensible aux souffrances extérieures pour ne pas s’y attacher. pour ne pas les prendre sur elle, s’en emparer, comme si elle pouvait les soigner. je vois. être ici était une excuse toute trouvée pour ne pas être ailleurs. ils se comprennent, tous les deux. ils se comprennent, ambroise et arya, en quelques regards, en quelques mots, quelques intentions. ils n’ont jamais eu à être explicites pour que la relation dépasse le simple cadre d’un tuteur et d’une stagiaire, l’alchimie est naturelle, comme s’ils étaient voués à se rencontrer. mais ses mots, ses aveux suivants, tirent un sourire bien différent sur ton visage, arya. un sourire sincère, un sourire heureux. heureux pour lui, qu’il partage à présent sa vie avec quelqu’un qu’il aime, qui l’aime, à en croire les mois passés. ella. le nom tilt un peu dans son esprit, parce qu’elle en connaît brièvement une, mais elle doute qu’il s’agisse de cette ella. que le monde soit si petit. c’est beau. beau de sentir son cœur vibrer ainsi. je suis contente pour toi, tu sais. et puis, le vieux dicton dit qu’il vaut mieux tard que jamais. aujourd’hui tu l’as trouvée, peu importe le temps qu’il fallait. mais elle comprend l’idée, derrière ces paroles. ne pas sacrifier sa vie, ne pas sacrifier l’amour. mais quand l’amour s’est tiré il y a bien longtemps déjà, que reste-t-il à sauver ?

(c) calaveras.
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