my strange addiction (frida)

La douleur. Ça se fane. Ça s'oublie. Ça passe comme ça. Comme si c'était jamais arrivé. Comme si ça avait jamais existé. On oublies vite. On retombe. Comme cette cigarette qu'on rallume comme si on s'était pas craché les poumons, encore, le matin même. Peu-être que les gens aime simplement ses mélanges toxiques qui leur font goûter à leur propre mortalité.

Comme ce que t'as bu. Cette tendre intoxication de la soirée qui te rend la tête légère, avant le goutte de trop. Le verre de la nostalgie qui prend doucement possession de ton sang. Le bonheur ivre laisse place au petit blues. Tu voudrais, en écouter, du blues en revoyant tes fantômes. La vie serait tellement mieux avec une bande sonore. Plus magique. Tes doigts pianotent, d'Orion à Lali, pour te sentir moins seule, même perdue dans un semblant de fête. Vous irez danser bientôt, ça ira mieux. Tu bougeras ton corps engourdis jusqu'à ne plus ressentir autre choses que les mains étrangères qui osent s'aventurer sur tes courbes.  Des mains sans visage. Sans odeurs et sans marques. T'en rêves déjà et ça te fait doucement sourire, quand ton cousin t'envoies un clin d’œil de l'autre bout de la table. Lui. Lui depuis qu'il est ici, dans cette ville, ça va tellement mieux. Tu t'ennuies déjà de quand vous habitiez ensemble, regrette de ne pas l'avoir chouchouter davantage quand t'en avais l'occasion. Tu lui ébouriffes les cheveux au passage et il se recoiffe en rigolant. Toi tu ré-attaques ton verre, laissant tes yeux se perdre sur l'assistance. Sur une assistance particulière. Sur les courbes d'une jolie demoiselle qui te fait dos, les longs cheveux bruns, le rire qui vole gracieusement pour qui veut bien l'attraper. Elle se retourne, juste assez pour que tu vois ses yeux bleutés, ses petites galaxies de tâches de rousseur sur son nez, camouflés tant bien que mal.

La gorgée passe tout droit, vas dans tes poumons plutôt que d'aller dans ta trachée et dans un toussotement tu te noies de l'intérieur. Tes potes se foutent de ta gueule et tu fais profil bas, pas envie d'attirer son attention, pas envie de la recroiser, lui reparler, rouvrir aux ciseaux ou aux dents les blessures fraîchement cicatrisées. Ton talent. « On part bientôt ? » Que tu crachotes du bout de tes poumons. La réponse c'est non, il est trop tôt. Tu choisis donc la fuite. Parce que ça recommence à faire mal, de la voir avec ce qui est sans doutes ce fiancé dont elle n'avait pas voulu te parler. Tu fuis, avec ta veste, direction la salle de bain. Même pas envie de pisser, surtout envie de te foutre un peu d'eau dans la gueule, de souffler, prendre une petite pause, peut-être vomir, tu sais plus. Ça se calmes, ça tourne moins. Sauf quand tu sors. Que oui, faut que tu te cognes à elle. Faut qu'elle t'ai suivie. Et là, c'est plus possible de fuir. Comme un choc électric, tu te recules, t'éloignes d'elle. Ramènes nerveusement ta frange vers l'arrière.

« Pardon... Oh ! Salut ! » Fausse joie, grand malaise. Si elle pouvait juste dire bonsoir et te laisser filer fumer ta clope, ce serait bien. Ou si elle ne disait rien, même, passive agressive. Non. Non, surement que ce serait pire. Elle est toujours aussi belle. Aussi belle que ce soir là. Fait chier.