fleur de vermeille. (nika)

mains dans les poches de ta veste, tu finis ta cigarette que tu balances au sol pour l’écraser sous ta chaussure pendant casey semble en forme ce soir, le regard quand même sur sa bagnole au loin. sa femme, son bébé ou tsais pas quoi encore mais la camaro qui vous a amené ici, à bon port et toujours vivant. tsais pas encore qui vous protège là-haut parce que t’es encore en vie depuis le temps que tu poses ton cul dans sa caisse. allez jte jure momo, t’as besoin de tla sortir de la tête ta jolie voisine. qu’il balance casey, un rire qui rejoint le tien. t’as presque le rire jaune pourtant toi. il entoure tes épaules, laissant le jamaïcain derrière vous alors que vous rentrez dans le club. tu l’aurais vu l’autre jour, putain, j’ai oublié de prendre une toff de sa dégaine. il continue, se foutant ouvertement de sa gueule et tu lèves les yeux au ciel avant de saluer le gars à l’entrée. qu’est-ce tu veux, c’est presque un canard maintenant. il avait mis du parfum ? tu rétorques, sourire amusé, moqueur. ouais, t’aurais bien voulu le voir, le moïse, le jean à la place du jogging, ce con apprêté. checks, rapides nouvelles entre rires et accolades, vous voilà enfin à l’intérieur.
verres qui s’enchaînent, sorties fumettes, discussions, engueulades et vannes, filles qui s’enchaînent sur les plateformes, le regard sur elles. ou presque pas. cpas le genre de filles qui t’intéresse ici. surprenant, diraient certains. mais tu viens toujours et seulement là pour passer une bonne soirée. parce que soit, elles sont inaccessibles. soit trop faciles. soit, t’as même pas envie de tenter, pas l’envie de te choper un truc sale et que les trois connards assis avec toi se foutent de ta gueule.
regard sur la salle, tu soupires quand c’est à ton tour de te lever pour aller chercher la tournée. ça va, ça va, j’y vais. coup poing dans l’épaule de jamal qui te pousse presque, putain d'assoiffé connard, tu pars vers le bar, les laissant derrière toi, déjà repartis dans une discussion quelconque. carcasse que tu faufiles entre les gens, t’attends ton tour, avant-bras posé sur le comptoir collant, jusqu’à ce que ton regard tombe dans un autre. il s’accroche dans des yeux que t’as bien trop connu, il pénètre. tu te tends sans pour autant bouger de position alors qu’elle marchait encore. yeux qui tombent sur sa tenue de danseuse, sourcil qui se lève, ils reviennent dans les siens. et putain, ça te fait marrer mais aussi chier. ça te fait un truc. déjà de la trouver là. et puis simplement de la retrouver. ça te fait bizarre, ça te créer un truc dans le coeur.
rancoeur et nostalgie.
rancune et amertume.
tes commissures qui s’agrandissent alors que ton regard vient accrocher le sien. la tête qui se penche légèrement, y a toutes les expressions dans le visage, dans les yeux, pas besoin de t’approcher, pas besoin de mots.
bordel, qu’est-ce que tu fous là, nika ?

@nika jenkins  

cette soirée devait être une soirée détente. l’une de vos nombreuses avec tes frères du gang. les verres avalées, les femmes reluquées, les rires et les vannes lancés, les discussions infantiles, sérieuses et profondes, houleuses et tendues. elles étaient ainsi vos soirées. parfois couronnées d’une bonne bagarre avec des mecs à la sortie.
mais là, tout dérivé. ta soirée prenait une direction inattendue, elle s’aventurait sur le chemin caché, sombre, te révélant la fille du passé. celle que tu pouvais presque qualifier d’ex. pas après pas, elle s’approche alors que tu ne lâches pas son regard. alors que t’y lis surprise et tout autre chose. tu ne saurais dire, l’alcool déjà dans le sang, perturbant ta lucidité. elle sourit, elle est belle quand elle sourit nika. et toi, y a rien sur ton visage. pas l’ombre d’un frémissement des lèvres, juste la lueur qui danse. l'interrogatoire. la surprise. presque la nostalgique. tu dates. qu’elle lance, le son de sa voix posée qui parvient jusqu’à tes oreilles malgré la musique ambiante. sérieusement ? la mâchoire qui se serre, les sourcils qui se lèvent. c’est tout cque tu me trouves à dire nika ? question silencieuse alors que tu croises les bras contre ton torse. yeux dans les yeux, plongée dans la marée chocolat, celle que t’as aimé te perdre par moment. contre ton avis. contre ton envie. c’est toujours difficile de te dire qu’elle a compté pour toi. toujours difficile de te dire qu’elle a été quelque chose pour toi. plus que les autres. plus qu’un autre. un temps. avant que tout foire. avant l’ultimatum et ton rire moqueur incapable de croire à une chose pareille. tu me connaissais, nika. tu connais ma vie. c’était pas possible pour toi d’arrêter. t’étais trop impliqué dans les affaires. t’aimais trop ça. peut-être bien plus qu’elle. tsais pas. t’as jamais pu réellement t’y consacrer. effaçant de ta mémoire ce qui ruinait tes pensées. elle. elle et son abandon. t’étais pourtant la seule, nika. la première que t’aimais plus qu’ordinnaire. la seule où il y aurait pu y avoir plus. mais elle a pas su te comprendre. pas su comprendre que c’était ça ta vie. pas ldroit chemin. ça fait un long moment c’est vrai. que tu balances, lregard qui descend sur son corps. même pas pour la reluquer. c’est simplement la tenue qui t’interpelle. lgenre qui lui va pas. lgenre qu’elle n’a jamais porté avec toi. tu fais quoi ici ? elle lit dans tes pensées la beauté brune. te devance avant que les mots sortent d’entre tes lèvres. cpas de toi que vous allez parler. y a rien d’important qu’une soirée entre potes, avec tes frères. ou du moins, ça a l’air moins important que sa présence ici. ça coule de sens la tienne. je te retourne la question. les yeux qui reviennent sur son visage, t’as les lèvres serrées. l’étrange réaction au corps. ça te brûle aussi les lèvres de lui demander ce qu’elle fout dans cette tenue alors que l’évidence te brûle la rétine. y a qu’à voir les autres filles de l’endroit bossant ici. c’est le même genre de tenue. le genre qui ne va pas à nika. le genre qui te gonfle alors que tu voudrais t’en foutre complet.