I heard that you've been having some trouble finding your place in the world (vanille)

"t'es malade ! tu le comprends pas ?!" vanille fronce les sourcils, elle a du mal à comprendre sa colère. elle ne comprend la colère de personne en fait, pourquoi les autres ne peuvent-ils pas bien le vivre? elle lui sourie, essayant d'être rassurante. "je sais que je le suis papa.. mais je vais bien." il soupire, roule des yeux et tape violemment contre la table. " NON ! non, tu vas TOUT sauf bien !" les martin ne sont ni riches, ni pauvres, une sorte d'entre deux. on peut dire que dans une famille comme la leur, la maladie c'est quelque chose de laquelle on peut espérer guérir, mais il faut quand même se préparer psychologiquement au pire. ils sont assez riches pour payer les traitements, les petites interventions, mais le père de vanille s'est déjà ruiné en voulant avoir l'avis de plusieurs médecins. il n'y croyait pas, au début, il se disait que c'était pas possible, que ça pouvait arriver à n'importe qui mais pas à vanille. pas à vanille.

la maladie, c'est pas quelque chose qui frappe avant d'entrer. elle est calme, douce, et elle s'installe. elle ne demande pas la permission, elle ne prend pas en compte votre âge, votre vie, votre manière de penser ou vos rêves, elle se moque même de votre religion. un matin, vous vous réveillez et … surprise ! vous êtes malade. et votre famille se met en colère. elle vous protège trop, aussi. la mère de vanille est restée quelques mois dans sa vie. son père lui ment lorsqu’il lui dit qu’il l’a oubliée. sa plus belle chose, c'était sa mère. il est encore fou d'elle, alors même qu’elle l'a abandonné.

vanille aimerait parfois raconter de belles choses aux gens, parler de la journée avant d'apprendre sa maladie, ou bien même la manière dont elle vit différemment, qu'elle croque la vie à pleine dents depuis. mais non, rien du tout. elle allait bien, avant. et aujourd’hui, elle se sent bien aussi. rien n'a changé. elle sait qu’elle va mourir, mais n'est-ce pas le cas de tout le monde ? elle sait comment elle va mourir, c'est une information de plus sur sa vie, c'est tout. vous, par exemple, vous pouvez très bien mourir demain en vous faisant écraser par un bus, qu’elle dit quand elle prend ses proches à parti. elle aura vécu plus longtemps alors qu’elle est malade. les gens ont de la pitié face à ce mal qui la ronge mais il n’y a aucune raison d'en avoir. vanille vit normalement, avec des médicaments.

"tu devrais arrêter de travailler et juste.. profiter de moi." vanille lui sourit, mais il est préoccupé. il fait ses comptes, comme d'habitude, alors qu’elle s’assoit sur le plan de travail. « papa, tu m'écoutes ? » . « je t'entends, mais j'ai pas envie d'écouter ça. » elle pique une gorgée dans son verre de jus, et poursuit « pourquoi tu fais tout ça si tu sais que je vais mourir ? j'veux dire, c'est gentil mais.. on devrait pas plutôt passer du temps ensemble ? » la belle sait bien ce qu'il pense. il veut qu’elle arrête de le sermonner, qu’il retourne enfin à ses comptes. mais pourquoi est-ce qu’il compte ? pour lui offrir une greffe. elle n’en veut pas, de greffe. « j'veux prendre du temps avec toi plus tard, quand je saurais que tu sera en bonne santé. tu vas avoir des enfants, je veux que tu connaisse tout ça. alors laisse moi faire mes calculs et va faire tes devoirs. » c'est ça. des calculs d'argent, des boulots triples et des boulots au noir, et puis une maladie du cœur.

ca l’empêche pas de vivre. son père dit qu’elle est inconsciente, mais s'il lui reste si peu de temps à vivre, autant vivre à fond, non ? cinq ans qu’elle est malade, elle s’est habituée. alors oui, elle ose et elle prend des risques. elle se fait belle, va aux soirées de ses amis sans en rater aucune. elle boit, est toujours la dernière à se coucher. elle veut vivre tout ce qui est possible de vivre, faire des sauts en parachute, connaître l'angoisse, la passion, l'horreur et l'amour. elle veut ressentir tout ça. elle vit peut-être plus vite que les autres mais ne veut rien manquer. elle veut voir des couchers de soleil, des levers de soleil depuis le pont de brooklyn, connaître les constellations et s’endormir devant, dans le froid. elle veut vivre comme dans un film, sans la liste de chose à faire avant de mourir. une liste. une liste pourquoi faire ? se souvenir des choses qu’elle aura ratées ? elle voudrait juste vivre des choses que jamais elle n’aurait espéré faire. et déménager à new york n’est que le commencement de tout ça.

on passe notre vie entière à s’inquiéter de l’avenir, à faire des projets pour l’avenir... comme si savoir à l’avance pouvait amortir le choc. mais l’avenir change constamment. l’avenir est le lieu de nos espoirs les plus fous. mais une chose est sûre : quand finalement, il se dévoile... l’avenir n’est jamais comme on l’avait imaginé.