Mikazuki ou Lune de Miel - Kizuki.

01/ Fœtus. Au commencement, il y avait cet étrange bout de chair gémissant, puis l'enfant, qui n'écoutait rien -légère dyslexie et déficit de l'attention -, mais indéniablement souriant. Il n'avait jamais rien fait comme tout le monde, certainement car il ne comprenait pas tout le monde. "Fais tout ce que tu souhaites, tant que tu ne blesses personne", éducation saveur laissez-faire. Alors, il a vécu comme bon lui semblait suivant le chemin du respect, empreint d'une grande liberté jusqu'à ce que l'étau ne se resserre. D'un coup. Peut-être ne s'était-il pas lui-même assez respecté dans le fond ? Puisqu'il se disait qu'il pouvait tout aussi bien mourir le lendemain, il se perdait dans la fureur de vivre, dangereusement. Adolescent - ou jeune adulte, qu'importe - sur un lit d'hôpital, telle est la scène qu'il voit sorti de son corps. Un déclic alors comme une nouvelle vie commencée par accident. Et il s'envola pour un autre pays sur des airs d'American Dream. 02/ Chrysanthème. Ce fut sa toute première mort, de laquelle il se sortit physiquement indemne. Ô miraculeux miraculé ? Il se mit alors à croire au destin, aux signes, à toute forme de spiritualité ou de métaphysique plus ou moins raisonnées comme pour s'attacher à ce que jamais il n'avait trouvé jusque là : la raison de vivre. 03/ Cancer. Celui-ci n'est pas un signe en revanche, plus une constante - donnée malfaisante récurrente. La main qui glisse sur son front - presque aussi glacé que la mort qui s'en va un jour gris de février. Il sent alors les larmes lui monter, tournant les yeux pour ne rien montrer vers le bouquet fraîchement déposé. Une rose de chaque couleur, reflets éclatants et plein de vie dans une pièce qui en manque maladivement. Il l'a finalement emportée, le cancer, et depuis, il a le mal de mère, Kizuki. C'est lorsqu'il a commencé à ne plus savoir le supporter, à ne plus pouvoir bouger qu'il s'est rappelé la malédiction au-dessus du berceau. Dans son estomac, bien au chaud, il a grandi à nouveau. 04/ Chrysalide. Ce fut ce qu'il avait observé comme un maladroit spectateur aux côtés de sa mère, lui qui était devenu acteur désormais. Les genoux bleuis par le carrelage froid, personne pour retenir ses cheveux qui tombaient, cette impression d'hiberner même en plein été, la peur d'y rester, surtout. Il a tenté de s'envoler avec l'aile qui lui restait et s'est ainsi écrasé chez cette femme d'âge mûr - ironiquement -, entretenu et soigné pendant un temps. Maman, qui n'était qu'illusion finalement. L’histoire était de toute évidence un peu plus complexe que cela et il se pouvait tout à fait qu’il ait joué les gigolos auprès de femmes fortunées pendant un temps de son passé, ce qui expliquerait cette fin, cet atterrissage forcé chez Madame Chamberlain . Et enveloppé de soie alors, il était mort une fois encore. 05/ Extase. Qu'importait, lorsque la nature s'était mise à s'éteindre sous la pression de l'hiver, il avait retrouvé une certaine vitalité. Les poèmes s'était mis à jaillir de son esprit et avec eux, de plus beaux horizons. Il étouffait à nouveau dans cette ville, trop d'ondes négatives, et rêvait de voyage. Il dut cependant attendre la grande rémission avant de repartir tel un jeune papillon vers l'avenir. 06/ Mélancolie. L’Éphémérité de l'existence d'un papillon est  cependant un fait. Il ne pouvait s'empêcher de penser au poids de ce cocon et de tous les autres qu'il avait quitté, ceux qui l'avaient peut-être étouffés mais qu'il regardait pourtant, les yeux plein de nostalgie - le poids du passé. 07/ Karma. Sa vie n'avait jamais rien eu de très sain bien qu'il jouait volontiers le Bon Sa(in)maritain. Couché dans l'herbe et l'herbe qu'il fumait, la tasse de thé pleine de whisky et de liqueur de café, un peu de yoga ou serait-ce du kamasutra - avec qui, comment ça ? Et on change de position, et on change de partenaire, veuillez attendre l'arrêt complet du manège avant de descendre. Ainsi, chaque jour de sa vie, à tout essayer, à brûler les étapes, à brûler tout court. Oui, Kizuki se consumait plus encore en se noyant sous les bonnes intentions. Illusion sur cette scène où quelques fois le masque tombait. 08/ Armageddon. Il avait été le plus gentil des mauvais, les vices en lui pourtant sur ce navire qui avait chaviré. Mais il restait Inuzuka, toujours prêt pour le jour de l'Armageddon, et aucun ne se le cachait, ce serait peut-être bien lui l'étincelle qui ferait tout flamber. Les soirées passées à se rendre immatériels, les coups pour la douleur du vivant, la bile, la haine et le sang. Peut-être qu'au fond c'était de l'amour impossible. Pitoyable. Kizuki pouvait bien l’inonder de fleurs, il y avait des soudoiements de l'âme qui ne fonctionnaient pas, pas aussi bien qu'avec lui-même. Hippie, bohémien, vegan, éthique et zéro déchets,... comme des idéologies désespérées.