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| a million little pieces / maureen | |
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| Sujet: a million little pieces / maureen Lun 25 Fév - 21:14 |
| Installée au fond d'une salle de cinéma, Louve regarde les images défilées sur l'écran. Ce film ne l'intéresse même pas et quand bien même ce serait le cas, elle est incapable de comprendre ce qui se dit, ayant choisi le premier long-métrage sur lequel ses iris se sont posés sans même regarder en quelle langue il était projeté. Les acteurs sont espagnols, parlant avec une rapidité déconcertante, et il n'y a pas de sous-titres pour l'aider à se faire une idée de ce dont ils parlent. Son coude sur l'accoudoir et son menton entre sa paume, elle fixe l'écran avec des yeux plissés comme si ça pouvait lui apprendre un langage dont elle ne connaît que très vaguement les bases. A défaut de l'apprécier, Louve ne peut pas enlever à ce film sa capacité à lui vider la tête et oublier le monde autour d'elle. Même son téléphone qui vibre dans sa poche ne semble pas l'ennuyer ou l'angoisser. Elle le sent à peine dans sa poche et ce n'est qu'à la fin du film, lorsque les lumières se rallument et viennent brûler ses rétines, qu'elle le sort. Le prénom de Blaise, affiché une dizaine de fois sur l'écran, lui retourne le crâne. Louve secoue doucement la tête avant de le ranger, refusant d'y prêter davantage d'attention et laisser la panique l'empêcher de respirer. Il lui faut quelques minutes pour qu'elle se lève et sorte de la salle, Blaise bouillonnant à l'intérieur de son esprit. Les rayons du soleil brillent à travers les immeubles, illuminant un Queens jusqu'alors grisonnant. Louve ajuste son manteau avant de commencer à marcher, son téléphone vibrant toujours contre sa cuisse et son sang ne faisant qu'un tour dans ses veines. Elle a merdé, la boxeuse le sait. Elle a encore merdé et devra payer les conséquences, mais elle tente de retarder sa confrontation avec Blaise le plus possible, tout en sachant que ça ne fera qu'empirer les choses. Ses pas sont lourds sur le béton. Les corps autour d'elle sont pressés, la bousculant pour continuer leur chemin. Louve ne fait pas attention, acceptant les excuses qu'on lui jette et ne cherchant pas à obtenir celles qui ne viennent pas. Elle marche sans savoir où aller, refusant de rentrer et d'affronter le regard volcanique de son menton aussi vite. Vite, elle se retrouve devant la vitrine d'un fleuriste. Elle est souvent passée par ici, Louve, et pourtant, elle n'y avait jamais fait attention. Son regard vagabonde entre les multiples compositions et l'orpheline sourit. Elle sourit lorsqu'elle pense à Leïla, à sa possible réaction si elle en venait à lui offrir des fleurs. C'est cette pensée qui la pousse à rentrer. Et c'est le visage se dessinant devant ses yeux qui lui fait oublier la raison même pour laquelle elle a passé le seuil de la porte. Des années à passer devant ce bâtiment et jamais, jamais elle ne s'est rendue compte. Ses lèvres s’entrouvrent mais stupéfaite, Louve n'arrive pas à articuler un mot. Il lui faut plusieurs longues secondes pour qu'elle retrouve sa voix. – Maureen ? Plus de dix ans et elle n'a pas changé, Maureen. Plus de dix ans et les regrets reviennent lui exploser en pleine figure. |
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| Sujet: Re: a million little pieces / maureen Ven 29 Mar - 15:08 |
| Douceur avide de vide. Pureté d’un temps passé presque fanée. Cri du coeur, âme en berne. Ris plus fort Alors, tu as ri comme pied de nez au destin. Un sac sur le dos, une vie impactée empaquetée. Douce Maureen, effacée poupée au sourire usé. Pleure moins souvent. Souvenir blasphémé. Esseulée vintage à l’allure passée, au palpitant rouillé par les larmes acidulées qui n’en ont pas fini de couler. Tu t’agites dans une rengaine habituelle, montée sur piles. Running, yoga, café, livraisons. Journée banale dans ton royaume. Routine réconfortante loin du tumulte des buildings, tu prends ton temps. Des discussions à rallonge avec Susan qui est installée dans un coin de la boutique à te regarder chérir son héritage sans même se rappeler qu’elle est à l’origine de tous ces habitués qui viennent la saluer, des habitués devenus inconnus au fil des souvenirs effacés. Alors, tu essaies de la ménager pour qu’elle oublie sa mémoire défaillante. Un sourire réconfortant devant Johnny et un prénom chuchoté discrètement quand c’est au tour de Bonnie de venir chercher son bouquet hebdomadaire. Des petites astuces pour la rassurer mais tu sais que ça ne durera pas éternellement. Qu’un jour, c’est toi qu’elle ne reconnaîtra plus et ça te fait peur de perdre ta plus vieille amie, ça te fait mal de savoir que bientôt c’est ton regard qu’elle fuira à défaut des murs exigus de son appartement. Et puis, tu as fait l’erreur de tourner le dos un peu trop longtemps pour t’occuper de l’arrangement d’une composition alors qu’elle se promenait parmi les fleurs coupées. Un instant de trop et c’est Alois qui s’est emparé de Susan, lui intimant de fuir. Boutique fermée. Tu sais que tu n’as pas besoin de chercher loin, tu as pris l’habitude de ses fugues improvisées depuis ton retour alors comme toutes les semaines lorsqu’elle s’échappe, c’est dans un parc un peu plus loin dans le Queens que tu la retrouves installée devant une fontaine à se chuchoter des mots apaisants. Ta douceur suffit de moins en moins à la rassurer mais cette fois encore, après une courte discussion sur ses souvenirs sentimentaux, elle revient brièvement à la raison. Assez longtemps pour te suivre jusqu’à la maison. Retour à la case départ, Susan est remontée dans son donjon et la vie reprend son cours, la boutique reprend son âme et tu reprends ta routine fleurie. Un bouquet improvisé de fleurs séchées pour la vitrine en cours d’aménagement et tu es interrompue par la sonnette datée qui retentit derrière toi. Un bonjour à la volée et tu replonges dans ta vitrine en essayant de réfléchir à un aménagement attractif mais il faut avouer que ça n’a jamais été ton truc, il y a qu’à voir ton appartement où les plantes et les livres représentent l’unique décoration. T’as pas le temps pour ces conneries alors tu mets toujours des semaines à finaliser ta vitrine mais pas aujourd’hui, le ciel a décidé de mettre à mal ton planning alors que t’es interrompue dans ton tourbillon de créativité par la nouvelle venue. T’as le sourire symbole qui orne tes lèvres alors que tu te retournes sur l’écho lointain de sa voix, lointain mais familier. Un souvenir malmené par les années et la silhouette toujours aussi gracile. “Oui ?” Parce que le déni c’est ton ultime rempart à la rancune qui pointe. C’est aussi le plus évident de pour éviter de te prendre une vague de nostalgie pleine de rancoeur dans la tronche alors tu joues l’ignorante sans passé. Mais la vérité elle est pas là, la réalité c’est que derrière l’amnésie passagère. T’as les souvenirs qui remontent, ceux des larmes étouffées dans l’oreiller, ceux des espoirs avortés derrière la porte claquée. T’as son rire qui vient claquer tes oreilles devant ta détresse et t’es pas du genre à prôner la rédemption, vous êtes devenues adultes loin l’une de l’autre mais t’as le souvenir de cette gamine écrasée devant la puissance de sa colocataire, t’as en mémoire cette gamine qui cherchait l’approbation d’une autre rejetée. “Je peux t’aider ?” T’as le regard moins pétillant, les griffes acérées. T’as jamais été une adepte du passé, encore moins quand la rencontre est improvisée alors t’adoptes le ton cordial de la fleuriste un peu limitée en battant exagérément des cils mais parée à attaquer.
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| Sujet: Re: a million little pieces / maureen Mar 2 Avr - 21:07 |
| Des milliards d'êtres ont croisé le chemin de Louve – qu'ils soient des inconnus, leurs traits effacés de sa mémoire aussi vite qu'ils sont arrivés, ou des âmes avec qui elle a été forcée de vivre. De sa vie passée, l'orpheline a tout enterré, commençant par son identité assignée à l'orphelinat. Et en laissant Nika mourir sous ses pas, elle pensait avoir tué jusqu'au dernier démon de son ancienne vie. Il faut croire que le destin ne voulait pas qu'elle oublie. Qu'elle avance avec le cœur léger et l'esprit libre. Un mois auparavant, c'est Livia qui a croisé son chemin, ses mots ricochant encore dans sa boîte crânienne. Et aujourd'hui, c'est Maureen qui apparaît comme un mirage, toujours aussi rayonnante et insouciante au milieu de ce monde grisâtre. Le ciel semble tomber sur la tête de Louve, la ramenant plusieurs années en arrière. Elle redevient Nika le temps d'un instant, son être entier tiraillé par la culpabilité et les remords. Les excuses imaginées se perdent dans les abysses, fondent sous la honte cuisante qu'elle ressent jusqu'au plus profond de ses entrailles. Des erreurs, l'orpheline en a fait des milliers, sa rage intérieure et sa haine de l'humain la poussant parfois à l'extrême. Elle a cogné, injurié, laissé sa colère prendre le dessus jusqu'à ne plus pouvoir la contrôler. Il y a un paquet d'erreurs qu'elle se trimbale sur le dos, mais rares sont celles qu'elle regrette autant que les paroles dévalorisantes et haineuses qu'elle a pu avoir à l'encontre de Maureen. Cette dernière ne méritait pas ses attaques continuelles, n'avait pas à supporter ses sautes d'humeur. Des mois à vivre sous le même toit, à partager la même chambre et Louve n'est même pas sûre d'avoir un jour dit un mot gentil à Maureen. Elle pourrait remettre la faute sur ses parents inconnus, sur sa rancœur qu'elle ne pouvait plus contenir mais ne savait pas comment exprimer non plus, sur ses troubles psychotiques non diagnostiqués à l'époque. Ces éléments ont certes joué, mais elle reste la seule responsable de ses actions. Et lorsque le visage de Maureen se dessine, elle se rend qu'elle n'a jamais oublié. Que les souvenirs de son temps avec elle n'étaient pas loin, enfermés à clé dans un coin de son crâne pour empêcher les regrets de la bouffer. – Oui ? Maureen est toujours la même, de la tendresse au fond de ses iris et de ses cheveux flamboyants au timbre de sa voix. Sa confirmation ne fait qu'accentuer la douleur au creux de son estomac. Peut-être qu'elle aurait dû passer son chemin, agir avec autant de lâcheté qu'elle en est capable. Le passé n'est bon qu'à être enterré. Elle s'en est convaincue, Louve, et c'est ce qui rend la situation encore plus difficile. Je peux t’aider ? La cordialité de son ton est presque aussi surprenante qu'elle en est déconcertante. L'orpheline aurait imaginé une réaction différente – plus personnelle, plus Maureen. Pendant une seconde, Louve se demande si elle la reconnaît ou si son visage s'est perdu dans le néant. Cependant, la faible lueur dans ses yeux parle pour elle, dit silencieusement ce qui est retenu à la frontière de ses lèvres. – Je... Louve est rendue muette par l'acidité de ses remords. Elle détourne son regard, cherchant du réconfort dans les diverses compositions de fleurs qui l'entourent. Son assurance est jetée à la poubelle face à ce fantôme du passé. Ta boutique est très jolie, Maureen, qu'elle arrive à articuler, relevant ses yeux jusqu'aux siens. Une main nerveuse rencontre ses cheveux emmêlés, tirant légèrement dessus sous l'angoisse du moment. Je passais par hasard et... Ses dents attrapent sa lèvre inférieure. Je veux pas t'embêter et je comprendrais que tu ne veuilles pas m'aider, mais je pensais offrir des fleurs à ma – copine, petite amie, compagne, amante, tant de mots qui sonnent si faux que ça lui ferait grincer des dents, à une amie. Le problème est que ma relation avec les fleurs est toujours aussi chaotique. Ses paroles s'enchaînent à grande vitesse, Louve ne s'autorisant pas à reprendre son souffle pour en finir rapidement. Elle les accompagne d'un sourire maladroit, plus semblable à une grimace qu'autre chose. La perche est tendue et son cœur tambourine douloureusement dans sa poitrine.
@maureen stonem |
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| Sujet: Re: a million little pieces / maureen Jeu 6 Juin - 19:51 |
| Tu grimaces, tu souris. Tu ne sais plus trop, tes yeux ne sont plus que le reflet de la rancoeur qu’elle a laissé derrière elle. Vous avez changé, grandi dans des directions opposées. Tu t’es renforcée mais tu gardes en mémoire cette gamine blessée par les sarcasmes d’une autre abandonnée. T’as la douleur qui remonte, accompagnée par ce qu’il faut de rancune. T’es prête à monter sur le ring en hommage à l’enfance que t’as laissé derrière toi le jour où t’as claqué la porte. “Tu pourrais lui offrir une rose et en bouffer les épines.” Parce que le reste est trop doux, trop doux pour ta noirceur, trop liquoreux pour ta bassesse.Tu refuses même de prononcer son nom, lui accorder l’importance de tes souvenirs. T’aimerais ne même pas avoir à lui offrir ta rancune, qu’elle signifie si peu que même la querelle serait rendue superflue par ta hauteur mais la cicatrice de tes nuits à errer sur le bitume du Queens avec pour seule couverture la voûte céleste est encore trop récente et le sel nommé Nika ravive la plaie restée béante de ta solitude précipitée par ses tortures revendiquées. Ton ton reste doux mais il ne perd rien de son tranchant, tu économises tes mots pour qu’elle n’entende que ceux qui touchent, ceux que tu gardes depuis tellement d’années qu’ils ont fini par rouiller dans le bassin de ton aigreur. Tu hausses les épaules pour renforcer ton air nonchalant, t’accrochant à ton calme bouillonnant pour ne pas lui lâcher les saloperies qui viennent abonder en masse derrière tes lèvres qui demeurent scellées. L’ignorance est le pire des mépris et le pardon n’est pas à l’ordre du jour, tu n’es même pas certaine d’être capable de l’accorder un jour alors tu bombes la poitrine pour lui montrer que t’es sortie de ce bordel, que t’es loin de ces considérations et que le passé ne t’atteint plus mais la vérité est différente. T’as la fragilité fléau, l’estime creusée par le passé. Son amie, le terme te pique parce que tu aurais aimé pendant si longtemps qu’il te soit attribué mais t’as jamais été assez flamboyante, pas assez revêche pour que l’importance te soit accordée. Privilège d’une poignée d’élus, c’est la gamine esseulée qui revient à la charge, la silencieuse qu’on oubliait toujours d’inviter. La persécutée des mauvais jours, t’as la jalousie mauvaise. Et dans un autre contexte avec d’autres souvenirs, tu l’aurais probablement serré contre ton coeur parce que ça te ressemble tellement plus que la colère qui te serre le ventre, que les insultes qui menacent de se déverser à chaque instant. Si les évènements étaient plus récents, t’aurais sûrement changé d’opinion et imaginé des tas d’excuses mais l’ego blessé ne pardonne pas et ses insultes ont résonné si fort dans ta boîte crânienne que tu avais fini par t’en faire un mantra, précipitant ton manque d’estime à son apogée et c’est pour tout ce que tu as vécu que tu lui en veux. Les mots qu’elle t’as asséné et ceux dont elle n’était même pas au fait. Elle prend pour tous les autres que tu ne reverras plus, ceux qui ont creusé ta peine comme un temple à leur naufrage. “C’est pas ta relation aux fleurs qui était chaotique Nika, c’est ta relation aux autres. C’est ta notion de l’amour et du respect qui était déficiente, enfin absente même.” Trop tard pour jouer encore les amnésiques. Et c’est sorti mais au lieu de te purger, c’est une autre culpabilité qui s’abat sur toi. Une culpabilité empreinte de soulagement. T’as plus le temps de faire semblant et sa douceur dénote dans tes souvenirs si bien que tu en viens à regretter ton aigreur dans ta naïveté exacerbée. L’évocation de vos vestiges partagés te ramène à ces moments de solitude où ta douceur n’avait d’écho que sa colère et ces excuses que tu lui trouvais à chaque remarque acerbe, quand elle régnait en maître absolu sur les sacrifiés opprimés. “T’étais la pire Nika, parce que t’as choisi qui tu voulais être.” T’as toujours trouvé des excuses à tes parents démissionnaires, aux services sociaux dépassés, à ceux qui étaient adoptés avant toi mais t’as jamais réussi à trouver un motif valable à sa méchanceté déversée comme un tas de merde sur ta fragilité. Peut-être qu’elle avait simplement besoin de trouver plus faible qu’elle après tout.
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| Sujet: Re: a million little pieces / maureen |
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