in rain or shine (irma)

tu glissais tes doigts dans tes cheveux et tu t’observais dans le miroir pendant de longues secondes, avant de soupirer. tu allais bientôt quitter cet appartement, la vie que ta mère te faisait mener ici. tu n’en pouvais plus, et il était grand temps pour toi de partir d’ici, de faire ta vie. tu te pinçais les lèvres avant d’entendre ton téléphone sonner et tu décrochais. irma. ta meilleure amie. tu fronçais les sourcils alors qu’elle ne semblait pas aller très bien et tu soupirais. « j’arrive, irma. je suis bientôt là. » tu soufflais en raccrochant. tu soupirais et tu enfilais rapidement un jean et un pull, enveloppant ensuite ton corps dans un manteau bien chaud. tu regardais par la fenêtre, la neige tombait silencieusement. tu enfilais tes bottines et tu te mettais en marche pour te rendre chez irma. elle semblait avoir besoin de réconfort, alors tu t’arrêtais au café du coin, qui vendait des chocolats chauds et de délicieux cookies. tu en achetais tout un assortiment et tu te remettais en marche, te dirigeant d’un pas pressé vers l’habitation d’irma. tu ne t’attardais pas vraiment dans les rues, il faisait froid et ton corps de mexicaine avait encore du mal à s’habituer aux températures et à la neige, même si tu étais à new-york depuis de nombreuses années maintenant. ton téléphone sonnait et tu le regardais, un sourire éclairant ton visage quand le prénom de lion s’affichait sur l’écran. tu répondais à son texto rapidement et tu soupirais un peu, ne tardant finalement pas à arriver devant le domicile de ta meilleure amie. tu frappais vigoureusement à la porte et tu attendais patiemment qu’elle vienne t’ouvrir. la jolie brune terminait par arriver et tu la serrais dans tes bras, aussitôt entrée dans l’appartement. « salut. j’ai apporté des petites douceurs. » tu soufflais dans un petit rire en l’observant quelques instants. elle n’avait pas l’air d’aller franchement bien. votre amitié durait depuis de longues années maintenant, irma savait tout de toi et tu savais tout d’elle. vous aviez vécu une enfance assez difficile toutes les deux, et vous viviez encore sous l’emprise de vos parents respectifs. ça vous avait rapproché, tout ça. et elle était finalement devenue un vrai pilier dans ta vie, l’acrobate. elle t’avait beaucoup aidé à affronter ta grossesse puis ton avortement, et toutes ces histoires avec dino, à une époque. dino qui avait fini par disparaitre. ta mère avait forcément dû mettre fin à ces fiançailles qui ne voulaient rien dire, et tu étais de nouveau libre. tu le serais totalement une fois que tu aurais déménagé, et que tu couperais définitivement les ponts avec ta mère. tu prévoyais tout, pour qu’elle te laisse tranquille. si il fallait aller jusqu’à la jeter en prison, tu le ferais aussi, sans aucune pitié. tu regardais ta meilleure amie et tu soupirais un peu. « qu’est-ce qui se passe ? ça n’a pas l’air d’aller. » tu soufflais avec une petite moue en retirant ton manteau et en venant caresser doucement ses cheveux d’un geste tendre et bienveillant.

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{ friends are the family you choose }
w/@georgia torres

Tu l’as dans la peau, de cette manière loin d’être saine. T’as vos disputes qui bourrinent ton crâne à mesure que tu t’enfonces dans le Queens. C’est la dernière fois, pour la centième fois. Promesse silencieuse que tu t’efforces de tenir dans une volonté d’avancer. Raf et cette obsession néfaste pour vos cris, vos retrouvailles et vos écorchures. Vous nourrissez vos extrêmes, vos pires côtés et pourtant dans une valse putride, vous vous donnez la réplique dans un parfait timing. Il est fait pour toi avec sa gueule d’ange et ses manières de sale type. T’es faite pour lui avec ton corps d’Aphrodite et ta grâce des enfers. T’es usée à l’avance par vos promesses silencieuses de mieux. Tu sais même pas combien de temps ça prendra avant que tu cèdes à nouveau aux sirènes enjôleuses de votre passion mais il te manque déjà et à mesure que tu fais le constat de votre dernier accrochage, t’oublies jusqu’au déhanché de la tentatrice retrouvée dans le lit de ton amant. T’es perdue Irma, t’es croquée et t’as plus la moindre chance de t’en sortir. Cercle vicieux et les affres de la jalousie. T’as fait la moitié du chemin jusqu’au cirque et t’en es déjà rendue à lui trouver des excuses, à prouver ta culpabilité. T’aurais dû être plus présente Irma, un peu moins envahissante, un peu plus douce, un peu moins obéissante. Mais la vérité, elle est ailleurs. Elle réside dans vos silences, dans votre absence de projection. Vous foncez dans un mur tous les deux, et vous accélérez naïvement en pensant en réchapper. T’as la voix plus cassée qu’à l’habitude et les sanglots encore coincés dans la gorge quand t’appelles Georgia. Georgia, c’est ton roc. Le Tic de ton Tac et c’est toujours vers elle que tu te tournes en cas d’urgence sentimentale. Une de tes seules amies alors que tu n’as confiance qu’en toi. Tu glisses ton numéro sur ton premier numéro favori en reniflant, tu lances une bouteille à la mer en sachant pertinemment qu’elle l’attrapera sur l’autre rive. Elle te rattrape toujours après tes crises, elle te soutient toujours dans tes larmes. Tu te glisses à l’intérieur de ta caravane, cadeau empoisonné de ton paternel. Te surveiller pour mieux régner. C’est comme ça chez vous, une caravane à la majorité ou au mariage. Une caravane pour apprendre la vie, une caravane pour l’indépendance. Une caravane avec vue plongeante sur le cirque endormi. C’est ta prison à toi cette piste. Tu files sous la douche pour noyer tes larmes dans le siphon, ta culpabilité avec les eaux usées. Georgia, c’est ton Yang. Celle qui te rattrape avant la chute et réciproquement. C’est celle qui a cueilli tes larmes après Hippolyte, tes confessions après chaque écart. C’est ton alibi le plus plausible. T’as peur qu’elle prenne la fuite Georgia un jour et tu suffoques à l’idée de voir ton univers déséquilibré. T’as parfois envie de lui dire de s’en aller mais t’es trop égoïste pour passer à l’acte alors tu le serres contre ton coeur et tu la soutiens dans sa présence, dans son histoire familiale un peu trop lourde, un peu trop similaire à la tienne. Tu t’éternises dans la douche jusqu’à entendre toquer contre ta porte alors tu sors en enfilant un short trop large et un débardeur en guise de pyjama d’appoint. Tu sais à qui tu vas faire face alors t’as aucune raison de jouer la pudique. Un soupir accueille ta meilleure amie et creuse un peu plus ton air fatigué, un peu lassé. « C’est Raf, encore. On s’est engueulés. Je suis tombée sur la photo d’une fille qui l’avait tagué sur instagram. Elle était presque à poil dans son lit. » Tu soupires, t’as l’impression d’être un vinyle rayé, coincé continuellement sur la même chanson. Tu la laisses prendre ses airs pour aller te glisser sous un plaid dans le canapé en attendant qu’elle te rejoigne. « Et toi, ça va ? »

tu affichais un sourire triste, quand tes yeux se posaient sur ta meilleure amie, qui semblait vraiment fatiguée. tu soupirais un peu, hochant la tête à ses mots. raf n’était pas quelqu’un pour elle. raf, c’était ce genre de gars que tu pouvais croiser au club de striptease où tu bossais désormais. irma, elle méritait tellement mieux qu’un connard dans ce genre. tu la laissais s’installer sur le canapé, sous son plaid et tu soupirais un peu, terminant par la rejoindre, ouvrant la boite de cookies face à elle, et lui donnant son chocolat chaud. tu la regardais et tu glissais doucement tes doigts dans ses cheveux. « raf n’est pas un mec pour toi. » tu soufflais en soupirant doucement. t’avais aucune leçon à lui donner, t’en étais bien consciente mais c’était ta meilleure amie, tu étais aussi là pour prendre soin d’elle. elle t’avait toujours aidé, même quand ça n’allait pas, même quand tu ne savais pas quoi faire de ce bébé, même quand tu te disputais avec ta mère. elle te demandait comment toi tu allais et tu soupirais un peu, haussant les épaules doucement. « je déménage bientôt, ma mère n’en sait rien. et je… j’ai trouvé un petit boulot mais ça va certainement pas te plaire. » tu soufflais en soupirant longuement. t’avais rien trouvé d’autres pour le moment, et ce boulot de stripteaseuse, il allait pouvoir te permettre de commencer cette nouvelle vie. certes, c’était pas ce dont tu rêvais, mais maintenant tu étais prête à tout pour avoir réellement ton indépendance, et pour t’éloigner de ta mère coûte que coûte. quitte à te dénuder devant des hommes surexcitées, quitte à faire n’importe quoi d’autres. t’en avais pas si honte, finalement. tu trouverais quelque chose de mieux, plus tard, quand tu seras posée. tu soupirais en portant ta boisson à tes lèvres et tu en buvais une petite gorgée, la douceur du chocolat te faisant du bien. tu te pinçais les lèvres en continuant d’observer ta meilleure amie et tu soupirais. « je suis danseuse dans un club. ne me juge pas s’il te plait j’ai vraiment besoin de ce boulot. » tu soufflais en secouant un peu la tête, croquant dans un cookie. « raconte moi ce qui s’est passé. en détails. tu l’as vu ? » tu demandais alors doucement en venant te caler contre son épaule avec tendresse. tu l’aimais irma, c’était une des personnes, si ce n’est la seule personne, que tu savais qu’elle n’allait jamais te lâcher. vous vous connaissiez depuis de nombreuses années, vous vous ressembliez énormément et surtout, tu avais l’impression qu’elle pouvait te comprendre mieux que n’importe qui. vous aviez subit le même genre de choses durant votre enfance, et même encore maintenant, toi avec ta mère, elle avec son père. « tu veux pas venir t’installer avec moi ? » tu demandais alors en observant autour de toi, la roulotte dans laquelle elle faisait sa vie.

tu observais la jeune femme longuement, ça ne te plaisait pas de la voir comme ça. tu détestais le fait qu’elle pleure pour ce mec. tu soupirais alors qu’elle ne relevait pas et tu plongeais tes lèvres sur le gobelet en carton pour boire une gorgée de chocolat chaud. tu terminais par lui expliquer ta situation, lui lançant un regard gêné. tu redoutais sa réaction, tu redoutais qu’elle te juge. mais elle n’en faisait rien, elle se contentait de te demander si c’est ce que tu voulais vraiment. tu secouais un peu la tête. « non, c’est pas absolument ce que je désire. tu t’en doutes. mais ça m’aidera les premiers mois. je peux plus rester chez ma mère, elle va finir par me rendre folle. » tu soufflais avec une moue en glissant ta main dans ton carré brun. tu haussais un peu les épaules, tu ne savais pas ce que tu allais faire. reprendre des études, peut-être. trouver un job moins ingrat, qui payerait sans doute moins mais qui ne te ferait pas te mettre nue tous les soirs devant des riches en manque d’attention. tu reposais ton regard sur la jeune femme qui croquait dans un cookie et tu te pinçais les lèvres en l’observant, levant les yeux au ciel quand elle t’expliquait qu’elle avait trouvé raf accompagné. tu n’avais pas besoin de plus de détails. tu avais envie de l’étrangler. « je vois. » tu te contentais de répondre en soupirant et en buvant une nouvelle gorgée de ton chocolat chaud. tu lui proposais alors de venir t’installer avec toi, et une lueur de déception passait dans tes yeux à sa réponse. tu acquiesçais lentement, sa situation familiale était similaire à la tienne. elle était surement même pire. tu soupirais en regardant autour de toi et tu la regardais longuement. poupée de chiffon, sous l’emprise de son patriarche. tu ne pouvais pas la forcer à partir, évidemment. tu savais qu’elle ne voulait pas empirer la situation avec sa famille, mais tu savais aussi qu’ici, elle n’était pas heureuse irma. tu savais que la liberté lui ferait un bien fou, de vivre dans un vrai appartement aussi. « tu pourrais t’affranchir de tout ça irma. vivre comme tu l’entends. » tu murmurais en prenant doucement sa main. tu esquissais un petit sourire et tu venais la prendre dans tes bras en soupirant longuement, caressant tendrement ses cheveux. la vie n’avait pas été tendre avec vous. ta mère avait assassinée ton père sous tes yeux, ne se doutant pas un seul moment que tu les avais vu, et que tu avais un souvenir très précis de ce moment. ce qu’il te manquait, c’était les preuves pour que ta mère paie our tout ce qu’elle avait fait. « tu veux qu’on sorte ce soir ? » tu demandais alors, pas certaine de ce que tu proposais. ça faisait longtemps que tu n’étais pas sortie pour t’amuser. la dernière fois, tu ne te rappelais même plus vraiment quand c’était. avant la grossesse et ton avortement, certainement. depuis, tu n’avais pas franchement remis les pieds dans un bar, hormis celui de ta mère, ou une boite de nuit.

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{ friends are the family you choose }
w/@georgia torres

souvenir constellé d’un manque de sincérité. tu t’attaches à toujours sembler forte pour qu’on ne s’attarde pas sur tes faiblesses mais georgia connaît les détails qui te tiennent captive, ceux que tu as confessé dans un excès de confiance. la menace qui pèse sur les épaules de ta mère, étoile admirée éteinte dans un pacte avec le diable. alors tu n’en dis pas plus parce que le souvenir du dernier uppercut est encore trop présent dans ta mémoire acculée. la grâce qui ploie sous la douleur pour un retard trop marqué, un manque d’intérêt explicitement témoigné. et puis il y a eu ta bulle d’ailleurs qui a chuté en plein vol, les doigts posés sur une chute de reins inconnue. vous avez voulu jouer avec le feu, vous avez fini par vous brûler mais la douleur a quelque chose d’addictif et tu finis par retourner à la source de tes larmes avant qu’elles aient seulement le temps de sécher. et dans tout ce chaos, tu noies ta meilleure amie dans le bordel de ta vie comme si le sien ne lui suffisait pas et fidèle acolyte, elle finit toujours par accourir pour t’écouter déblatérer sur l’échec de ta vie sans jamais porter de jugement sur tes décisions alors tu n’as pas grand chose à faire d’autre que lui rendre la pareille. ses histoires familiales sont aussi sombres que les tiennes, elle a simplement le courage de s’émanciper quand tu n’as que celui de pleurer et tu l’admires pour ça georgia. pour cette manière qu’elle a de toujours garder la tête haute sans jamais se laisser abattre par les magouilles maternelles et sa dernière confidence ne fait que raviver ta fierté pour ta meilleure amie, pour son courage d’assumer ses opinions et sa ténacité. “ alors si tu as l’opportunité, vas-y mais il faut pas que ça dure trop longtemps ou tu vas finir par t’y perdre. ” et quitter un bourreau pour se perdre dans les limbes d’un autre tortionnaire n’est probablement pas dans ses projets d’avenir, pas dans ceux dont tu la crédites en tout cas. tes joues sèches de toute trace de larmes sentimentales, tu te concentres sur votre discussion et à chaque évocation de ta situation familiale, tu te sens accablée par l’héritage imposé et sa violence importune mais elle le comprend georgia à ta manière de ne plus répondre, d’entrer dans ta zone de défense alors elle s’éloigne du tabou pour te proposer de partager son courage et ses espoirs. t’aimerais lui dire oui, tout quitter et t’évader mais t’es bien incapable d’être aussi définitive parce que tu sais ce qu’il adviendrait de la dynastie des reinhardt si tu en venais à claquer la porte toi aussi. et tu crains de trouver le visage de ta mère au milieu des faits divers, d’entraîner ton amie dans ta chute parce que t’as le sang nocif et tu pourrais pas te pardonner de lui rajouter un fardeau. “ j’ai pas d’alternative georgia, il me laisserait pas partir et il trouvera toujours quelque chose pour faire pression. ” et tu l’as vu perdre le contrôle, tu sais de quoi il est capable et si avec le temps, tu as fini par ne plus avoir peur de ses coups de sang. c’est ton corps qui est constellé à chaque colère et tu refuses de voir le récipiendaire de ses coups changer de visage. t’as pris l’habitude de ta double vie et de ses inconvénients, t’as fini par te résigner. tu oses un sourire lointain lorsqu’elle te prend dans tes bras, un sourire teinté d’amertume. “ je me sens vidée, il m’a tiré toute mon énergie mais si tu en as envie, je te suis. ” et tu comprends à sa proposition, les mots qu’elle tait. ce besoin de décompresser qu’elle ressent alors tu t’en voudrais de lui opposer un refus alors qu’elle a fait le chemin pour ne pas te laisser sombrer. “ faut que je me prépare si on bouge et que je me change, me maquille. tu t’occupes de la tenue au pire ? ” ta volonté de t’opposer à sa proposition s’en va se fracasser alors tu finis par céder parce qu’elle a besoin aussi de s’évader.