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| Sujet: vingt jours (nine) Lun 25 Fév - 17:56 |
| (20 jours depuis la disparition). Maman dit plus rien. Tu l'a vue pleurer. Tu te doutes qu’il se passe quelques choses. Quelques choses de plus grave que son absence, que son silence. Pourtant maman ne dit plus rien. Elle ne répond plus aux quelques questions que tu oses encore poser, et ce matin, ce matin vous avez craqué. Parce que tu t’es énervé, une nouvelle fois, parce que tu lui as demandé, une nouvelle fois, pourquoi est-ce qu'elle ne s’inquiétait pas de la disparition de son fils, « su hijo ». putain et tu comprends pas comment elle peut rester là, à continuer de sourire devant les clients, à continuer de s’affairer en cuisine, à continuer son petit chemin alors que ton frère n’a toujours pas réapparu. Tu comprends pas et tu craques, quitte le restaurant les yeux pleins de larmes, laissant mama pleurer elle aussi. Il y a des choses que tu ne comprends pas, des choses qui t’échappent et tu retrouves le calme de l’appartement pour te calmer, faire taire ton cœur qui tambourine dans ta poitrine, tes yeux qui ne voient plus bien, noyer dans le sel de tes larmes. Tu traverses le salon, ouvre la porte sans ménagement. Sa chambre. Elle n’a pas bougé depuis son départ. Même m'man n’y a pas mis les pieds pour faire le lit où ramasser les chaussettes qui traînent, les pulls et les magazines. Tu sais pas ce que tu viens chercher là, tu sais pas non plus ce que tu pourrais trouver. Tu fouilles, la commode, l’armoire, sous le lit, ou tu trouves une boîte. Le même genre de boîte que tu caches sous ton propre lit, où tu y entasse quelques précieux souvenirs qui te tiennent à cœur. Tu l’ouvres délicatement, t’appréhende un peu, tu’a l’impression de violer son intimité et t’aime pas ça, t’aimerais pas qu’il le fasse, sauf si c’était pour te retrouver. Sauf que toi t’aurais jamais disparu sans rien dire, sans lui dire à lui surtout. Tu trouves pas grand-chose d’intéressant, de vieux billet de foot, quelques magazines pornos et un petit tas de photo. Celle où vous êtes gosses, t’es sur les genoux de ton père, tu dois avoir cinq piges, Rico en a huit, il a sa casquette de foot, un grand sourire sur le visage. Une autre, où il souffle son douzième anniversaire. Celle-ci est plus récente. Tu ne la connais pas. Tu ne la jamais vu. Elle a été prise dans ces photomatons, deux pièces pour quatre photos. Sans équivoque tu comprends que la brune à ses côtés n’était autre que sa petite amie. Ils ont l’air proche, heureux, pourtant tu ne la connais pas. T’ignore tout d’elle. Il ne t’en a jamais parlé et tu ne comprends pas vraiment pourquoi. T’avais l’impression qu’il te disait tout, ou presque. il n'y a rien d’autre, juste ces clichés figés dans le temps et une date, moins d’un an. T’attrape l’ordinateur qui traîne sur le lit, t’a déjà craqué le code qui te permet de le déverrouiller, d’accéder à ses documents. T'a déjà fouiller, évidemment. Sans rien trouver d’intéressant, sans rien trouver du tout. Et puis tu sais pas, tu suis ton instinct, cherche dans sa messagerie électronique, trouve enfin ce que tu cherches. Elena Wakefield. C’est elle la brune. Heureusement les réseaux sociaux te donnent ce que tu cherches, les quelques infos nécessaires pour essayer de la retrouver. Le destin fait le reste quand tu l’aperçois à quelques pas, elle rentre dans un immeuble, t’en déduis que c’est chez elle, le confirme en voyant le nom sur l’interphone. Tu te répètes l’étage, le numéro de la porte, murmurent les informations comme un mantra. T’es finalement devant la porte, un dernier regard sur la photo que t’a emmené avec toi, tu sonnes. Une fois. Deux fois. Impatiente. C’est elle qui t’ouvre finalement. Pas vraiment accueillante. « Salut… T’es Elena c’est ça ? », tu lui laisse pas le temps de répondre, sort la photo de ta poche pour lui tendre. « Est-ce que tu sais où je peux trouver mon frère ? » |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Mar 26 Fév - 20:01 |
| Sur le long de la peau mise à nue coulent les gouttes d’eau de ses cheveux non essorés. Nine fixe les flammes de ses bougies sans cesse allumées, ses mèches brunes tombant sur son visage éclaté de fatigue. A croire qu’elle ne dort jamais. A croire qu’elle est née avec l’épuisement dans les veines. A genoux face à cette commode de fortune où elle a posé encens, plantes, cristaux et cartes de tarots usées d’avoir été tant manipulées, elle fixe encore les langue oranges sans rien dire, perdue au creux de ses pensées. Le piège. Elle pense à tout. Elle pense à elle-même, à Nina qu’elle veut plus entendre, à Elena qu’elle fout encore dans la case déni sans percuter que sa sœur a clamsée. Elle pense à ces appels qu’elle occulte de sa mère, qui, rempli de ses regrets, essaie de la ramener dans la maison familiale. Mais là-bas, y’a trop de silences, trop de non-dits qui rendent malades, qui rongent le cœur et le fait devenir pierre incassable. Elle veut pas crever là-bas Nine. Elle veut respirer, elle veut rire aux éclats même si elle le fait pas souvent, un peu réservée, un peu froide aussi. Elle veut aimer et ça foire. Elle veut boire et elle gerbe trop vite. Elle veut fumer mais elle s’endort même plus à force d’habitude. Sa vie ressemble à une succession de ratés. Déjà enfant, elle trébuchait sur des trucs invisibles, le simple béton suffisait à la faire buter et à lui foutre le nez contre le gravier. La bosse quasi invisible sur l'arête de son nez en témoigne encore. Nine qui parlait pas souvent, qui fixait les gens sans chercher à s’intéresser à eux. Elle se rappelle de ses mains de gamine liées à celles d’Elena qui souriait tout le temps, qui hurlait à qui le voulait qu’elle était putain d’heureuse, qui riait d’un éclat cristallin qui retenait le souffle des garçons et des filles, qui se drapait dans des belles couleurs pastels quand Nina restait attirée par le noir, le gris et le blanc pour provoquer. C’est l’esquisse d’un sourire nostalgique qui se taille sur ses lèvres sèches. Ses paupières tombent et elle se remet à prier. Elle prie jamais le Seigneur. Elle y croit pas. Non, Nine elle a ses propres Dieux, ses Déesses enchanteresses, ses Reines de l’obscurité. Elle les assaillent de bénédictions, toujours pour Elena. Putain, elle la détestait mais elle espère pas que là où elle est, là où elle erre, elle souffre. Ca serait être maudite que de se jeter sous les roues d’une bagnole pour avoir à saigner encore, une fois morte. Aucune larme ne coule. Rien. A croire que tout est désertique à l’intérieur. Peut-être parce qu’elle a un goût d’inachevé, peut-être parce qu’elle a pas eu le temps de comprendre que ça y est, la mort ne fait revenir personne. Ses cheveux pleurent à sa place, mouillant le haut de son t-shirt. Elle s’agace et finit de les attacher mais le geste se fige quand la sonnerie tremble, agresse ses oreilles. Nine fixe la porte d’un air interdit, certaine d’attendre personne. Coup d’œil jeté à l’horloge hibou qui joue son tic-tac au mur et l’heure lui laisse dire que ça peut pas être Billie ni une autre de ses potes. Rapidement, elle souffle la flamme de ses bougies, jette le joint à peine entamé derrière un coussin et rouvre brutalement ses rideaux pour laisser entrer la lumière. L’agacement bien vivace, elle traîne des pieds jusqu’au visiteur pressée. La porte s’ouvre et elle a pas le temps d’ouvrir la bouche face à la brune qui lui fait face que celle-ci entame déjà la conversation. Quand le prénom Elena est prononcé, Nine fait tout pour pas vaciller, elle s’accroche fort à la poignée, elle s’accroche trop fort même à s’en blanchir les phalanges et encore plus quand la photo lui est tendu. Bordel, qu’est-ce qu’elle a encore foutue cette conne ? Sa main libre attrape la photo et elle fixe le visage d’un type inconnu. Son frère ? Le visage souriant d’Elena la meurtrie, lui plante un clou dans le cœur. Elle s’arrache à sa vision pour venir se planter dans des prunelles plus vivantes “Elena est plus trop disponible.” Elle est morte. Elle le dit pas. Haussant les épaules, elle lui tend à nouveau le papier brillant “Désolée, j’connais pas ce gars et je crois pas que je pourrais t’aider.” Le ton est distant, elle se force à pas la laisser trembler sa voix. Ca l’atteint pas de la voir là auprès d’un type dont elle a jamais entendu parlé. Parce qu’elle inatteignable Nine. |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Sam 2 Mar - 22:49 |
| Toutes les pistes déjà exploitées n’ont rien donner, rien, pas un indice, pas un signe. Alors tu cherches ailleurs, tu penses que la réponse est autre part, et qu’il te faut la trouver. Pour retrouver le sommeil, le calme dans ton crâne, pour sécher les larmes de mama, pour le ramener à la maison. À toi d’aller le chercher, a toi d’aller le sauver. Pourtant tu ne sais plus vraiment ou chercher, maintenant que tu as interrogé tout le monde, ses amis, la famille, fait tous les lieux ou il aimait traîner, se cacher. Tu pourrais retourner toute la ville, explorer tous les recoins les plus sombres, les petits bars, les hôtels, et quoi d’autre . Il pourrait être partout. Il pourrait aussi avoir quitté la ville, quitter New York, peut-être même être loin d’ici, avoir quitté le pays, le continent. Comme il pourrait être mort, même si tu refuses l’idée, même si tu refuses d’y penser une seule seconde. Tu n'as pas d’autre choix que de suivre la seule piste que tu as, la photo trouvée sous le lit, la jolie brune au doux sourire, l’objet des attentions de ton frère, du regard tendre qu’il pose sur elle. Il n’a jamais été du genre à ramener ses petites copines à la maison Rico, peut-être parce qu’il en avait un peu trop, le donjuan de la famille, les relations vite avortées, vite jeter dans un coin de sa vie. Rico disait tout le temps qu’il ne voulait pas se marier, pas pour le moment, pas encore même si maman voulait lui présenter toutes les Portoricaine du quartier. Mais cette fille-là, t’en est sûr, il t’en a jamais parler, il ne l’a jamais évoqué, et tu ne la jamais vu avec lui. Peut-être a-t-il voulut la préserver, peut-être a-elle une tout autre importance, une relation qu’il aurait voulu vous cacher. À ta mère tu comprends, mais à toi ? Ça te vexe, et attise ta curiosité. Te pousse à chercher plus loin, traverser les quartiers jusque chez elle, sonner jusqu’à sa porte. Tu sais pas vraiment ce que tu lui demanderas à cette fille, peut-être si elle a vu ton frère, peut-être si elle sait où il est, ou tu peux le trouver, ou au moins lui laisser un message. La fille t’ouvre. Elle a l’air différente. Pas aimable. Tu remarques ses cheveux mouillés, peut-être que tu viens de la déranger, peut-être aussi que t’en a rien à foutre en fait. Elle est distante, froide, te dit qu’Élena n’est pas disponible et tu fronce les sourcils, parce qu’Élena c’est elle pas vrai ? tu comprends pas pourquoi elle parle d’elle à la troisième personne, tu te demandes quand même si elle n’est pas dérangé du crâne, t'avais pas prévu de tomber en face d’une dingo. Elle te redonne la photo, en te disant qu’elle ne le connaît pas, qu’elle ne peut pas t’aider. Tu sais que ton frère n’est pas un sain, pas le gendre idéal non plus, t’imagine assez facilement qu’il ait pu lui briser le cœur, et qu’elle préfère faire comme si il ne s’était jamais rien passé, comme s’il n’avait jamais existé. « Attend… », t’avance d’un pas, tu veux la retenir, tu comptes pas partir comme ça, avec aussi peu d’infos, tu tends la photo vers elle, les sourcils toujours froncés, sans comprendre. « C’est bien toi sur la photo ? »,parce que la ressemblance est certaine, et tu ne penses pas qu’elle ait pu oublier. « Elle a été prise en novembre, il y a juste quelques mois… », est-ce qu'elle est devenue amnésique entre temps ? Ça existe bien ce genre d’histoire, tu le sais t’a vu un reportage la dernière fois, d’une gamine qui après un accident de la route ne reconnaissait même plus sa mère. Tu soupires, à bout de nerfs. « Mon frère a disparu depuis vingt jours, sans donner de nouvelles, je pensais que t’aurais pu m’aider, qu’il aurait pu te dire quelque chose… », n’importe quoi, tu prends tout, même des banalités. |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Dim 3 Mar - 11:05 |
| Ses yeux lorgnent la photo comme on observerait un revenant mais elle cache bien sa surprise, peut-être qu’elle pâlit, que sa respiration s’accélère mais y’a pas un pli de tristesse au fond de sa gorge quand elle lui rend son cadeau empoisonné. Elle espère la faire partir, ne se demande même pas comment elle a pu revenir jusqu’à elle. Nine qui est prête à la renvoyer d’où elle vient, peu importe le gars sur la photo et ses airs de voyou hispanique, peu importe le sourire qui éclate de joie sur le papier au côté d’un type qu’elle a jamais vu. Qu’est-ce qu’elle lui a caché d’autre ? Qu’est-ce qu’elle va encore découvrir au fil du temps qui coule et qui, sous sa poussière, révèle de précieux secrets ? La porte prête à se fermer, elle bloque quand l’inconnue s’avance. Nine la fusille du regard, les insultes au bord des lèvres, pourvu que ça la fasse virer de son perron. Mais elle avance encore, s’incruste dans sa bulle protectrice et Nine perd patience. “Je t’ai dit …” Elle est coupée par sa question, entrouvre les lèvres avant de lâcher un profond soupir, croisant ses bras contre sa poitrine, comme un rempart ridicule entre elle et tout ce que représente cette fille. Un instant, elle la regarde, crayonne ses traits de ses opales sombres, voyant sous les mots lâchés toute la détresse qui doit la hanter. Ses doigts mordent sa propre peau, le souvenir de sa propre panique au fond des tripes quand elle a pas vu revenir Elena à la maison, comme le mauvais pressentiment qu’un truc était arrivé sans qu’elle s’en aperçoive, impuissante dans son statut de pauvre être humain égoïste. Elle aussi, elle a perdu une moitié d’elle sans pouvoir rien y faire. “Ecoute, ça va paraître totalement dingue, sûrement mais …” Elle hésite, baisse les yeux sur la photo toujours tenue dans la dextre nerveuse avant de reprendre “C’est ma sœur sur la photo. On était jumelles.” Bras décroisés, elle passe une main dans ses cheveux encore humide, la laisse s’y tordre d’angoisse à lui en faire mal aux racines avant de pincer les lèvres “Ma soeur est … Elle a clamsée y’a deux mois. Suicide.” La voix est sans timbre mais l’étau qui lui enserre la gorge rend la respiration plus laborieuse, à croire qu’elle refoule un torrent de chagrin dans sa poitrine. Puis d’un souffle, elle se reprend, envoie valser la crise d’anxiété qui manque de poindre au coin de son cœur, se remaquille de son air blasé. “J’suis désolée pour ton frère. Apparemment, Elena avait plus de secrets à garder que j’le pensais.” Un sourire d’amertume au coin des lèvres, elle relève enfin les yeux vers elle, prête à lui offrir de nouveau la sortie avant que comme un pic au cerveau, un détail ne lui revienne “Attends, t’as dit que ça a été pris en novembre ?” Parce qu’elle a jamais compris. Jamais compris ce qui avait poussé sa soeur à se jeter sous les roues d’une bagnole, jamais compris ce qu’il avait poussé, sans alcool ni drogue dans le sang, à tanguer en plein milieu d’une autoroute. Elena qui vibrait chaque fois de vivre, de sourire, de rire, d’être vu par tous et aimé de toutes personnes qu’elle croisait. Elena et ses ambitions royales, Elena et ses mecs qui lui auraient offert le monde puis encore Elena et juste sa soif de vie. Pourquoi se jeter entre les doigts de la mort ? C’est comme un acide qui s’expulse brutalement dans ses veines, la fait brutalement reculer d’un pas, regard perdu dans le vide “Elena est … Elena est partie en décembre. Elle a pas laissé de mots, rien. Juste un sms qui me disait qu’il fallait qu’elle le fasse, qu’elle avait pas le choix.” C’est la première fois qu’elle en parle et sûrement la première aussi que sa voix craque un peu au souvenir de ces quelques mots qui ont précédés le drame. Ses yeux reviennent au visage qui lui fait face et c’est à elle de se questionner, de vouloir comprendre. “Tu sais vraiment rien de leur relation ? Il t’a jamais parlé d’elle ? Ou … Ou depuis combien de temps ils se fréquentaient ?” Et tout en la martelant d’interrogations, elle saisi son bras, referme la porte pour s’y appuyer, la faisant presque prisonnière à son tour de ses doutes et de son mystère. |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Sam 9 Mar - 14:11 |
| T'as l'air désespéré. Non, tu l’es. Vraiment. Et tu t’en fous bien de ce que t’a l’air, tu te fous bien de savoir si tu passes pour une folle, la photo à la main, le pied qui bloque la porte. Elle pourrait prendre peur la brune en face de toi, paniqué, t’envoyer chier, appeler les flics. Peu importe, tu dois savoir, tu dois repartir avec quelques choses, même l’indice le plus petit, même l’information la plus futile, il te faut quelque chose. Pour avancer, pour continuer à espérer, pour ne pas lâcher prise, ne pas sombrer. Et puis en vérité, tu te fous bien de savoir à quoi tu ressembles. T’agite la photo, insiste encore un peu. Tu l’agaces, tu le sais, tu le vois, du détail son visage et tu vois bien que tu l’agaces, que ta présence la gêne, qu’elle ne veut pas te parler. Peut-être parce qu’elle n’a, au fond, rien à te dire, peut-être parce qu’elle ne sait rien sur la disparition de ton frère ou ses activités qui auraient pu le conduire à devoir disparaître. Peut-être aussi parce qu’elle n’est pas celle que tu crois, et tu comprends pas vraiment quand elle te dit qu’Élisa n’est pas là, tu comprends pas, tu la détail, un regard insistant. Ça te reviens aux oreilles comme à chaque fois, m'man qui te dis de ne pas regarder les gens comme ça, de pas poser ses questions dérangeante qui pointe dans ton cerveau. Et tu te retiens, très fort. Tu’aurais eu envie de lui demander si elle est folle, saine d'esprit, complètement allumée. Non tu demandes pas, tu veux pas la faire fuir, elle rêve déjà de se barricader chez elle en te laissant sur le paillasson. Alors tu joues le tout pour le tout, tu parles de Rico, de cette photo et de cette date écrite à la main dans son dos. Peut-être que ça lui ravivera quelques souvenirs, qu'elle se souviendra enfin du visage de ton frère, des moments qu’elle aurait pu passer avec lui. Finalement tu vois l’éclair dans ses yeux, elle reste dans l’encadrement de la porte pour t’annoncer que c’est dingue, que cette fille-là qui lui ressemble trait pour trait n’est autre que sa sœur jumelle. Clamsé. Suicide. Il y a deux mois. Et t’ouvre un peu la bouche, hésitante, tu t’attendais pas à ce genre de nouvelle et tu te sens con d’être là, de lui demander de raviver des souvenirs que t’imagine douloureux. Est-ce que ce sera ton cas aussi ? Quand tu trouveras le corps sans vie de Rico, la certitude de ne jamais le voir revenir. Est-ce qu’a toi aussi on viendra poser des questions ? Est-ce que toi aussi tu devras leurs dires dont’il est décédé ? Tu bégayes, « je… j'suis désolé », tu l’es pas vraiment, parce que tu la connaissais pas et tu comprends toujours pas qu’on doit dire ça dans ce genre de moment. Mais c’est ce qu’on t’a appris et tu récites bêtement, te mordant l’intérieur de la lèvre. La brune aussi est désolée, pour ton frère, pour les secrets que sa moitié d’âme semblait lui cacher. Elle a surement rien de plus à te dire, rien que des silences qui ne te donne pas la moindre piste pour retrouver ton frère, rien de plus que ce que tu’avais en venant. Puis, elle relève ses yeux vers toi, comme si l’idée venez de « popper » dans son crâne. Elle te demande si c’était bien en novembre, tu hoches la tête, l’écoute quand elle te raconte le départ de sa sœur en décembre, le SMS qui annonce son destin funeste, le devoir de le faire. Tu comprends pas tout, fronce les sourcils. Tu’n'es pas bien sûr que son histoire ai un quelconque rapport avec Rico, avec son départ, son silence. Mais au fond en sait rien, et c’est sûrement ce qui te fait rester là, sur le palier. Et tu la vois pas venir quand elle attrape ton bras, pour te tirer vers elle, retrouver l’entrée de son appartement, la porte qu’elle ferme derrière vous. Ok. Te voilà prise au piège. Et si elle était vraiment folle ? Tu sers la photo entre tes doigts, fait un petit pas pour t’écarter d’elle, t’apprête à répondre à l’interrogatoire. « Non il n'a jamais évoqué son prénom… », t’observe un peu autour de toi, détail la couleur des murs, celle des sols, les odeurs d’anniversaire, celle qui vient après avoir éteint les bougies. « on est plutôt proche pourtant », t’arrive toujours pas à parler de lui au passé, « mais quand il cache une relation avec une fille c’est que c’est vraiment important… », le doux sourire qui accompagne le doux souvenir, tu te tournes à nouveau vers elle. « tu crois que mon frère pourrait être lié au suicide de ta sœur ? », t’espère que non, tu veux pas imaginer la culpabilité qui habiterait Rico, peut-être assez coupable pour vouloir en finir lui aussi… |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Ven 15 Mar - 13:00 |
| “Je… j'suis désolée” Nine accepte les excuses d’un hochement de tête. Ce sont des mots bateaux, ça navigue sur la mer de ses plaies mais ça ne l’atteint jamais vraiment. Après tout, elle aussi, elle sait pas bien quoi dire face aux gens qui ont perdus quelqu’un, elle sait juste fermer sa gueule, balbutie peut-être quelques banalités avant de passer à autre chose comme elle tente d’oublier que sa sœur est décédée. Le cœur en fuite vers l’estomac, elle essaie d’y voir plus clair, d’oublier le sourire de sa sœur à côté de ce mec aux traits inconnus. Elle a l’impression de reprendre sa chute libre, déjà entamée lors de l’enterrement d’Elena. Ca s’était arrêté jusqu’ici, elle était écorchée mais belle et bien en vie sur une corniche aiguisée. Et là, elle arrive, cette fille au prénom même pas encore entendu, elle débarque avec ses photos qui foutent le doute et Nine reprend forcément sa descente aux Enfers. Elle sait pas si elle a l’envie de la gifler et de l’envoyer se faire foutre, de la secouer pour qu’elle crache ce qu’elle sait, elle est fébrile, prête à vaciller mais elle cache tout ça sous une couche d’indifférence balbutiante. Ses membres parlent pour elle, crient des discours de peine sans fin sans qu’elle ne puisse le retenir. Ses jambes faites de coton, son cœur devenu tambour puis le sang dans ses veines devenu corrosif, remontant jusqu’à sa tête pour lui taper contre les tempes. Nine la revoit sous ses yeux Elena, son visage barbouillé de blessures, ses bandages autour de la tête, ses doigts fracassés, son corps inerte et sa poitrine immobile dans un lit trop blanc pour elle. Y’a des rires et des échos de disputes qui lui martèlent le crâne, elle ferme un instant les yeux pour se concentrer sur le présent et ne pas craquer devant l’inconnue débarquée tout droit du néant pour venir ranimer ses blessures. Elle l’attrape trop brutalement, un contact fugace qui reste comme un fourmillement au bout de ses doigts mais vite oublié sous son envie d’avoir des réponses. La première réponse arrive à l’agacer. Pourtant, elle s’énerve jamais Nine, elle est le genre tempête tranquille, ça gronde avant de se calmer, ça gifle sans lever la main, elle a des couteaux à la place des mots le plus souvent, jamais de violence. Mais ça grésille sous ses doigts. Elle croise les bras comme pour s’empêcher de lui faire cracher plus d’infos mais se fige quand un sourire vient pointer le bout de sa lueur sur ses lèvres. Nine l’observe, certaine qu’elle a un souvenir en tête et elle se souvient, qu’elle aussi, elle cherche des réponses, qu’elle non plus, elle n’a rien à lui donner finalement. “J’étais pas assez proche de ma sœur pour savoir qu’elle avait un mec j’crois.” J'suis pleine de regrets. Un océan de regrets.Des années qu’elle se préoccupait plus de sa vie, de ses coups d’un soir, de ses amies éphémères. Elle voulait pas savoir. Elle l’a abandonné pour vivre sa propre vie. La question fatale vient lui planter un pic dans la peau, violente nausée, méchant frisson, elle observe un silence avant de reprendre “J’en sais rien. J’espère pas pour lui.” Ca claque plus violemment qu’elle le veut. “Désolée, j’suis un peu à cran.” Elle soupire, passe encore une main dans ses cheveux humides qu’elle finit par attacher en un chignon, se décale en lui présentant le canapé d’un geste vague “Vas-y, assieds-toi. J’pense qu’on a des choses à s’apprendre toi et moi.” L’ombre d’un sourire lui vient mais retombe vivement quand elle se détourne pour aller chercher deux bières. Le bruit des capsules tombantes éclate et elle revient vers elle, lui en tend une dans un geste plus doux, comme une offrande de paix “Tu sais si ton frère avait des soucis en ce moment ? Peut-être qu’il avait … j’sais pas, des problèmes de thune, des personnes qui lui veulent du mal.” Elle hausse une épaule, pas certaine que ça aide avant d’échouer près d’elle, s’appuyant contre les coussins avant d’esquisser un sourire à nouveau “Tu m’as pas dit ton prénom.” Elle aimerait le savoir, le retenir, l’imprimer bien au fond de sa tête pour ne jamais l’oublier. Parce qu’elle a bien peur qu’elle soit sa réponse, la fin de son errance mystérieuse qui dure depuis deux mois. Pourquoi et pour qui t’es partie Elena ?
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Sam 6 Avr - 20:34 |
| Tu sais vraiment pas dans quoi tu t’embarques Tony, tu devrais être plus prudente surement, arrêter de fourrer ton nez dans tous les recoins du quartier. Ça pourrait t’attirer des emmerdes, tu le sais, Kenn t’a pourtant mis en garde même si tu ne tiens pas vraiment compte de ses recommandations qui sonnent comme des menaces, des mises en garde. Te voilà chez un inconnu, attirer dans son appartement, la porte refermer derrière elle. Merde. Pourvu qu’elle ne soit pas complètement dingue, qu’elle te séquestre pas, ou pire. Elle a l’air folle, mais pas à proprement parler, pas comme un fou qui pourrait te tuer sans aucune raison. Non une autre folie, quelques choses de différends, une flamme qui brillent plus que les autres peut-être. Tu ne sais pas, et puis de toute façon tu ne peux rien faire que l’écouter, l’espoir tenace qu’elle puisse t’apprendre quoi que ce soit que tu ne sache pas sur ton frère. Peut-être bien qu’il était avec sa sœur, peut-être qu’il était prêt à tout quitter pour elle, peut-être bien que tu te fais des films. La sœur est morte, claqué, suicidé, pas l’ombre de ton frère dans son esprit, elle ignorait tout de leurs relations. Comme toi quelques heures avant. Tu sais pas quelles relations elles pouvaient avoir, tu ne connais rien d’elle, rien qu’un visage figé sur une photo, un sort sordide. Et un aveu quand elle te dit qu’elle n’était pas assez proche de sa sœur pour avoir ce genre d’information. Tu juges pas, hausse simplement les épaules, tu sais bien que l’exemple de ta famille n’est pas un modèle commun, n’est certainement pas non plus le meilleur des tableaux au fond. Un moment de silence et tu poses la question. Est-ce que Rico est lié à la disparition de sa sœur ? À son suicide ? Tu l’imagines pas, tu le penses incapable d’une telle horreur et pourtant l’idée effleure ton esprit, s’y installe assez longtemps pour que la question soit posée. Elle sait pas la brune, dit qu’elle n'espère pas pour lui, ça sonne comme une menace, ça te fait froncer les sourcils. Elle s’excuse presque aussitôt, d’être à cran, de la violence de ses propos, te propose de t’installer. Elle montre un canapé que tu observes un moment avant de te résoudre à t’asseoir, continuant à observer la pièce autour de toi. Tu détailles tout, de grands yeux qui enregistre les moindres détails, sa démarche quand elle revient, fait sauter les deux capsules des bouteilles de bière, t’en offre une. Tu l’acceptes bien volontiers, écoute sa question. Tu hausse les épaules. « C'est pas un sain… mais de la à avoir des gens sur le dos qui lui veulent du mal… », tu te tais, soudain. Tu’en sais rien au fond. Tu sais pas. Tu sais pas dans quoi il traîne au juste Rico, dans quelles affaires il a pu se fourrer, dans quelle merde il a pu s’empêtrer. Et tu repenses aux paroles de Kenn, qui pouvait en savoir plus que toi. « Ouais c’est possible, ouais », que tu finis par avouer, noyant tes paroles dans ta bière. Elle te demande enfin ton prénom, tu te tournes vers elle, noie ton regard dans le sien, les yeux noir hypnotisant. « Antonia, mais tout le monde m’appelle Tony… », une nouvelle gorgée de bière. « Et toi ? », tu soupires, fais glisser la bouteille sur la table basse. « Parle- moi de ta sœur », nouveau regard dans ses yeux, « si tu veux bien… » |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Dim 14 Avr - 17:32 |
| L'or de la bière fraîche sur sa langue n'anesthésie rien du tout. Elle est un feu hurlant Nine, une galaxie de questions qui appellent leurs réponses dans un vide abyssale. Elle a que les traits de sa soeur planqués dans les rétines, ses derniers mots sur l'écran de son portable, son "j'avais pas le choix" qui lui flanque encore la nausée. Elle se souvient trop bien Nine, du froid qui l'a envahit à l'annonce de sa mort, de tout ce qu'elle a gerbé à défaut d'en pleurer. C'est en fixant le profil de la fille tout près d'elle qu'elle arrive à rester dans la réalité, à ne pas divaguer dans les eaux profondes et sombres de ses pensées morbides. "C'est pas un sain… mais de la à avoir des gens sur le dos qui lui veulent du mal…" En silence, elle la voit réfléchir, ravaler son affirmation. Nine a l'envie de sourire, juste par compassion, parfaitement consciente de tous les rouages qui doivent grincer dans sa tête. Non, finalement, on les connaissait pas tant que ça. Finalement, on a le droit de laisser peser le doute sur ceux qui partagent notre sang. "Ouais c’est possible, ouais." L'inconnue finit par abdiquer mais ça la soulage même pas un peu, ça ne fait qu'accentuer l'angoisse qui lui tord le ventre et qu'elle tente de noyer dans des gorgées trop lourde de bière qui ne la rendront même pas un peu ivre. Dans un claquement vif, elle repose sa bouteille, se penche rien qu'un peu vers son invitée surprise, sa main dérivant vers le coussin où elle a dissimulé le joint roulé quelques minutes avant. C'est en le glissant entre ses lèvres qu'elle reprend "On a tous besoin de décompresser pas vrai ?" Sans attendre de réponse, elle craque la pierre du briquet pour laisser la flamme lécher le bout de son roulé. Une première taffe relâchée l'aide à mieux s'enraciner. Une autre à être pleinement attentive à ce qu'elle lui dit. "Antonia, mais tout le monde m’appelle Tony…" Nine se tourne à nouveau vers elle, l'ébauche d'un sourire au coin des lèvres. "Tony …" Elle le prononce d'un ton plus amusé que celui qu'elle lui a offert jusque là, enfant ravie d'avoir trouvée une autre âme en pleine galère. "Et toi ?" Elle prend le temps de répondre, laissant la gorgée de bière descendre le long de sa gorge pour mieux venir imbiber son estomac vide "Nina. Mais j'force tout le monde à m'appeler Nine." Encore un sourire, à croire qu'ils s'enchaînent plus facilement au fil du temps resté près d'elle. C'est son vrai prénom qu'elle prononce, nouvelle offrande d'une confiance fragile qu'elles tissent. Parce qu'il faudra bien faire confiance à sa seule piste, à la seule qui peut la mener vers une vérité qui lui semble toujours plus effrayante. T'es comme une corde reliée à une autre. Et j'espère qu'elle nous mènera pas vers un gouffre sans fond. "Parle- moi de ta sœur, si tu veux bien…" Cette fois Nine ne sourit plus, détourne son regard charbonneux vers le vide, joint entre ses doigts faméliques, sa tête de poupée sibylline assombrie par les souvenirs qui lui coulent sur les yeux pour ne jamais devenir des larmes. C'est quand que j'arriverais à cesser de bloquer ? à pleurer ton départ ? à ne plus te haïr ? "Elena … C'était la pire des connasses." ça sort d'entre ses lèvres brutalement, recraché comme un mot façonné à la haine, son corps tremblant sous le poids des mots qu'elles se sont échangées, de ses disputes qui ne finissaient jamais, de cette rancune que seule Nine entretenait sur la fin. "Elle était hypocrite, faisait tout pour se faire bien voir, égoïste comme jamais. Elle n'était pas … quelqu'un de bien." Et pourtant tes lèvres tremblent quand tu en parles Nine. Et pourtant t'as cette main de désespoir plongée dans la poitrine qui comprime ton cœur entre ses doigts d'acier, menaçant de le faire éclater. Pourtant, tu te sens toujours aussi vide depuis sa mort. "Ouais, on était loin du lien fusionnel qu'on idéalise sur les jumeaux mais …" Elle tourne enfin son regard vers Tony, des reflets de chagrin plein les yeux, la langue faite de plomb "C'était ma soeur. Et j'ignore ce qu'il a poussée à se suicider. Elle avait rien de suicidaire. Elle était heureuse." C'est finalement un rire qui ne résonne que d'une infinité de cynisme qui lui échappe "J'peux pas affirmer ça. J'la connaissais pas vraiment." Quelques minutes passent, le temps d'encore souffler toute la fumée qui lui embrume les poumons, de tendre son joint à Tony pour mieux se lever. Tout en s'agenouillant face à l'autel où des babioles étranges s'amoncellent, allumant une tige d'encens, elle reprend "Et toi ? Comment il était ton frère ?" Sourire lunaire plongé dans l'ombre des mèches qui lui retombent sur le visage, elle murmure "Il devait être bien différent d'Elena. J'sais pas ce qu'il lui trouvait d'ailleurs." Une pic juste faite pour la jumelle absente, pour jouer les mégères sans que ce ne soit sincère. Elle devait bien lui apporter quelque chose, tout comme lui. Son sourire sur le cliché lui donne l'intuition qu'elle a au moins été heureuse avant de faire sonner les cloches de sa mort. |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Dim 28 Avr - 20:28 |
| Tu te méfies même pas quand elle te pousse à l’intérieur, quand tu prends place sur le canapé sans te poser aucune question, accepte la bière qu’elle te tend sans même te méfier. Tu pourrais rentrer chez une folle, ce genre de psychopathe qu’on vient de relâcher de l’asile, qu’on traite à coup de Valium et toutes ces merdes qui font dormir. Elle pourrait essayer de te tuer, de te torturer, où tu ne sais quoi. Pourtant non, tu te méfies pas, aveuglé par le besoin, l’envie d’en apprendre plus sur la disparition de sa sœur, sur son lien avec ton propre frère. Tu sais même pas si elle pourra t’aider cette fille, elle est peut-être juste complètement tarée, et le joint qu’elle est en train de rouler au beau milieu de l’après-midi te laisse pas penser le contraire. elle se justifie en prétendant vouloir se détendre, tu hausse les épaules. Tu t’en fous pas mal. tu pourrais même vouloir y goûter. Elle décline enfin son identité et t’arrache un sourire. c’est jolie nine. t’ose enfin poser la question, tu veux en savoir plus sur sa soeur, cette Elena au sourire brillant, accroché au cou de ton frère sur cette photo. La première description te laisse silencieux. “Une connasse”, ça confirme que ce n'était pas le grand amour entre les deux jeunes femmes, et t’a un peu de mal à le comprendre. Toi t’a toujours été proche de Rico, parce que jusqu’à aujourd’hui, il se comportait comme le grand frère parfait. T’écoute le reste d’un portrait peu flatteur de “feu” Élena. Puis elle avoue, que leur relation n’était pas des plus idéals, loin de ce qu’on imagine entre deux sœurs qui ont partagé le même utérus pendant neuf mois. T'as l’impression que les souvenirs lui reviennent en pleine face quand elle te parle d’elle, pose un regard plein de tristesse et de mélancolie. plein de regrets peut-être aussi. Elena était heureuse, loin de ces personnes qui veulent se suicider. Loin d’imaginer qu’elle passerait à l’acte. Enfin c’est ce qu’elle croit. Elle quitte le canapé, te tend le joint que tu poses entre tes lèvres, tire sur le mélange de tabac et d’herbe. Ça fait longtemps. C’était avec lui la dernière fois. Comme toujours. Pourtant tu ferme les yeux un court instant, inspire le plaisir que le joint procure, les rouvre sur une Nine à genoux devant un petit autel. Tu fronce les sourcils, qu’est-ce qu'elle fou ? Est-ce qu'elle va sortir un chaton du placard pour le sacrifié ? Tu n'as pas le temps de lui poser la question qu’elle te demande déjà comment été Rico, et surtout, ce qu’il pouvait bien faire avec une fille comme sa sœur. “Rico est…”, un doux sourire aux lèvres, tu l’aimes ton frère, assez pour en faire ses éloges, “il aime bien aider les autres. mais il n'est pas si différent”, un autre bouffé sur le cône entre tes phalanges, “il a fait pas mal de conneries aussi, il a un don pour se foutre dans la merde”, et tu te rappelles de ces soirs où les flics sont venu le chercher, devant m'man qui prier déjà, devant ta tante qui secouait la tête en priant pour que son neveu arrête ses conneries. Tu te lèves à ton tour, t’approche d’elle pour lui tendre le joint. “par contre j'suis certaines qu’il se serait jamais barré sans me le dire”, tu t’accroupis, observent les babioles, l’encens. “Tu fais quoi ? tu jettes des sorts ?”, un rire au coin des lèvres, pourtant t’est pas très sereine face à ça, t’entend déjà m'man conjurer le sort avec des prières et de l’eau bénite. |
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| Sujet: Re: vingt jours (nine) Dim 26 Mai - 13:35 |
| Le sourire est de coton quand vient le temps de parler de son frère. Nine l'observe, quasi fascinée par ce que l'amour fraternel peut apporter sur un visage. De la lumière, une lueur douce-amère qui l'a toujours intriguée. Jamais ses traits n'ont réussie à s'illuminer de cette façon au simple écho du nom d'Elena. Rien. Juste le froid de la haine et les ombres des vieilles rancœurs pour gâcher le faciès. Rico est… il aime bien aider les autres. mais il n'est pas si différent. Attentive, elle n'essaie pas d'interrompre Nine, l'observe de son perchoir de cuir usé, décroise et recroise les jambes dans l'attente d'une chute. A quoi il pouvait bien ressembler ton frère ? On a tous des parts d'ombres. Si son sourire sur le papier n'affiche que le bonheur amoureux, il ne devait pas être le roi de la pureté non plus. Il a fait pas mal de conneries aussi, il a un don pour se foutre dans la merde. Le rire est discret, soufflé par le nez alors qu'un sourire s'esquisse sur ses lèvres parcheminées. Ils ont un point commun alors. Qu'est-ce qui lui a tant plu chez Elena ? Qu'est-ce qui les mettaient à genoux ? Souvenirs de tant d'hommes aux yeux éclatés par l'alcool et ivre de désespoir hurlant à la mort leur passion pour elle. Elle rendait fou d'un simple sourire, en quelques mots, l'aura d'une déesse attirant le moindre moustique avide d'une peau à butiner. Pourtant, dans toute la flopée d'amants qui avaient parcourus le parquet de leur appartement, jamais le nom de Rico n'a résonné. Jamais. Elle aurait pu s'en souvenir même avec la distance prise, même avec le lien qui commençait à devenir poussière entre elles. Elle aurait dû savoir. Les méninges turbines alors que Tony reprend Par contre j'suis certaines qu’il se serait jamais barré sans me le dire. Le joint offert est repris, de nouveau prisonnier des lèvres assoiffées d'allégeance à l'herbe brûlée, voulant à tout prix calmer le myocarde torturé depuis des semaines. Le deuil mal fait mal cousu, les plaies à vifs qu'on tente de refermer pour oublier plus vite. L'impossible guérison. Le besoin de retrouver l'habitude d'un rituel sacré, l'encens qu'elle brûle, à genou fasse à l'autel de fortune, encombré de babioles, de boîtes d'allumettes mal refermées et encore pleines, de figurines aux têtes étranges. Elle attaque la tige d'une flamme pour mieux la planter dans le sable, esquisse un sourire quand l'ombre curieuse vient finalement près d'elle. Tu fais quoi ? tu jettes des sorts ? Les yeux se tournent lentement vers elle, le sourire persiste, lueur d'un mystère jamais résolu. Si c'était le cas, ça te ferait flipper ? Elle test un peu trop Nine, tente de fouiller les limites mais le sourire échoue, devient cendre et retombe dans l'oubli pour reprendre la conversation. Ton frère avait l'air d'être quelqu'un de bien. J'avoue que j'comprends pas ce qu'il a pu trouver à ma sœur mais c'est peut-être le dernier à l'avoir vu en vie. Elle fouille les prunelles sombres, essaie de savoir jusqu'où peuvent aller ses aveux. Parfois … J'me dis qu'elle s'est peut-être pas suicidée. Le mot est lourd, comme un boulet qu'on laisse tomber dans une eau calme mais enfin craché, enfin avoué. Elle cille pour mieux détourner le regard, reprendre une tige d'encens pour en faire rougir la pointe. T'as des pistes déjà ? Là où il taffait, où il traînait, sa dernière journée ? Les questions s'enchaînent alors qu'elle se relève lentement Je pense qu'on est toutes les deux la réponse de l'autre à ce gros bordel. Dernière latte, assez longue pour que la fumée qui ressorte soit aussi épaisse qu'un brouillard soufflé par ses lèvres, le mégot échoué dans un cendrier plein alors que ses pas frappent le parquet pour attraper feuille et stylo. J'te laisse mon numéro. On peut se recontacter rapidement si tu veux. L'encre coule un instant sur le papier, l'intrigue de comprendre pourquoi l'envie d'aider la saigne à ce point. Elle devrait se foutre de sa sœur, de sa mort soudaine, de son spectre qui plane sans cesse autour d'elles. Mais ne règne que l'obsession de savoir et de comprendre. Le papier est tendu alors qu'elle replonge dans les abysses de son regard J'espère qu'on pourra retrouver ton frère. Qu'il aura pas subit le même sort qu'elle, que t'auras pas à vivre avec la maladie du deuil, celle pour qui il n'y a que le temps comme unique remède. Et parfois, même le temps ne suffit pas.
@tony cruz-cordoba |
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