Frozen. (Arya)

Elle fait la fière, pourtant, c’est douloureux pour elle aussi d’être dans une telle situation avec Cassey. Elles n’ont toujours été que toutes les deux, dans leur monde à elle. Un monde dans lequel seule leur relation n’avait d’importance. Et c’est peut-être pour cette raison qu’elle est si blessée aujourd’hui, Arya. Parce qu’elle a eu la sensation que soudainement, du jour au lendemain, tout ce petit monde s’écroulait juste sous ses yeux. Et que la principale fautive n’était autre que sa mère. Mais ce n’est pas pour autant que c’est facile. Ce n’est pas parce qu’elle est en colère que c’est plus facile à gérer. Au contraire. Cassey est ici pour reconquérir Arya, elle sait ce qu’elle veut, alors que la jolie blonde est complètement perdue, elle. Une partie d’elle voudrait retrouver sa mère. Une partie d’elle a besoin, de retrouver sa mère. Mais une autre a peur. Peur qu’elle la laisse une nouvelle fois. Elle est en colère, elle est blessée, et elle ne parvient pas à faire disparaître ces sentiments négatifs qui l’envahissent peu à peu. Pourtant, lorsque sa mère s’approche d’elle pour attraper sa main dans la sienne, elle ne la rejette pas. Elle n’enlève pas sa main. Cela ne veut pas dire que tout est gagné pour autant entre elles, mais elle ne peut pas non plus complètement tirer un trait sur Cassey. Elle reste sa mère, quoi qu’il arrive. - Je l’ai pris comme un abandon parce que c’est le cas. Du jour au lendemain tu as décidé qu’on ne vivrait plus ensemble. Et elle pourrait continuer. Elle pourrait continuer à lui expliquer ce qu’elle ressent pendant des heures, mais elle sent l’émotion la gagner et il en est absolument hors de question. Elle ne veut pas craquer, Arya. Surtout pas. Et surtout pas devant Cassey. Elle préfère se laisser aller lorsqu’elle est seule, lorsque personne ne peut la voir. Et puis c’est une discussion sans fin, parce qu’elles ne tomberont jamais d’accord toutes les deux. Elles n’acceptent pas leurs torts, l’une comme l’autre. Et puis Cassey semble oublier à quel point elle a manqué de clarté. Jamais elle n’a expliqué à Arya que cela durerait si peu de temps. Elle a simplement envoyé valser toute leur vie sans aucune explication. Mais la petite blonde ne se sent pas prête à assumer cette conversation jusqu’au bout, et de toute manière sa mère n’a vraisemblablement rien à ajouter elle non plus. Alors détournant le regard, l’étudiante reprend la parole d’une plus petite voix. - Tu veux boire quelque chose ? Elles ne vont pas rester là à se déchirer pendant des heures. Cela ne servirait à rien. Alors autant montrer à sa mère la maison de son oncle, qui est, par la même occasion, sa nouvelle maison à elle aussi.

Elle ne rejette pas sa mère. Pour la première fois depuis des semaines, elle ne la rejette pas. Pourtant, Cassey ne doit pas s’estimer heureuse pour autant. Arya ne la rejette pas parce qu’elle reste sa mère, parce qu’elle l’aime plus que n’importe quoi au monde, plus que tout. Elle ne la rejette pas parce qu’elle ne veut pas la blesser et parce qu’elle a bien conscience qu’elle ne pourra pas passer toute sa vie sans elle. Mais elle lui en veut toujours, elle souffre toujours, et sa souffrance est bien plus profonde que sa mère l’imagine. Elle a pris une ampleur qu’Arya elle-même n’avait pas imaginé. Elle a ce mal-être, cette chose qui la ronge de l’intérieur, cette chose qui vient petit à petit à éclipser sa lumière. Et Cassey n’est pas la seule responsable. Loin de là. Mais elle est sa mère. Elle est celle qui est censée la protéger et l’aimer quoi qu’il arrive. Au lieu de cela, elle a simplement baissé les bras, avec elle. Elle a baissé les bras au moment où Arya avait le plus besoin d’elle. Et l’étudiante a la sensation d’avoir tout perdu en même temps, si bien qu’aujourd’hui, elle n’espère plus rien. Il en est de même pour sa relation avec Cassey. Elle n’espère plus rien, parce qu’elle est terrorisée à l’idée d’être déçue, une nouvelle fois. Mais son amour pour sa mère ne pourra jamais s’effacer. Alors elle se dirige dans la cuisine avec elle, la laissant s’installer avant de lui servir un verre de jus de fruits. A ses paroles suivantes, elle acquiesce d’un signe de tête. - Il venait d’emménager quand je suis arrivée, alors j’ai fait ce que j’ai pu. Elle se sert un verre à son tour, regardant un peu sa mère. Il est vrai qu’elle a pris ses marques, ici, chez Nikolaï. Pourtant, lorsqu’elle est arrivée, elle n’y croyait pas vraiment. Mais elle a mis de la bonne volonté, elle a décoré sa chambre, elle s’est appropriée les lieux, parce que même si Nikolaï l’a abandonné par le passé, ce n’est pas sa faute si Cassey en a fait de même. Il a déjà été extrêmement généreux d’accepter qu’elle vive ici. - Et toi, tu vas vivre où ? Puisqu’elle est visiblement décidée à rester à New-York, c’est une question qui se pose. Arya imagine bien qu’elle ne va pas s’installer chez Nikolaï, elle aussi. Ils seraient trop à l’étroit et puis chacun doit avoir sa vie bien à lui.

Elle se sent comme une inconnue avec sa propre mère, et c’est bien la première fois que cela lui arrive. Elle a la sensation qu’elles ne se sont pas vues depuis tellement longtemps, qu’elle ne se sont pas parlées depuis tellement longtemps. Et c’est étrange, Arya ne sait presque plus comment faire pour lui parler. Elle se laisse bien trop submergée par sa rancœur, bien trop pour savoir quoi dire. Pourtant Cassey fait une multitude d’efforts pour renouer un contact avec elle. Et au fond, c’est peut-être tout ce qu’elle attend, Arya. Même si elle est incapable de l’avouer, ni à sa mère, ni à elle-même. Tout ce qu’elle a toujours attendu c’est de retrouver leur relation passée, mais à la place, elle s’est retrouvée à devoir vivre chez un oncle qui lui avait tourné le dos lui aussi. Lorsqu’elle entend les paroles de Cassey à son sujet, elle ne peut qu’esquisser un sourire amusé. En réalité, elle ne sait pas vraiment comment répondre. Nikolaï n’est pas forcément collant, mais il est vrai qu’il prend son rôle très à cœur. Trop à cœur, au vu de la situation. - Oui, il agit comme si rien n’avait changé. Alors que c’est le cas. Alors qu’ils ne se sont plus revus depuis des années. Et de ce fait, Arya a beaucoup de mal a accepté son autorité sur elle. En réalité, depuis des mois, elle a du mal a accepter l’autorité venant de n’importe qui. Alors peut-être que les choses seraient encore plus compliquées si elle devait de nouveau vivre avec sa mère. C’est de cette façon que la question s’échappe, la question sur Cassey et sur l’endroit où elle vit, désormais. Elle écoute ses paroles avec attention, Arya. Et les dernières lui serrent le cœur. Il est vrai qu’il s’agit là du genre de choses qu’elles ont toujours eu pour habitude de faire ensemble. - Si ce n’est que ça, je pourrais visiter avec toi. Elle fait mine de ne pas comprendre, de ne pas comprendre qu’elle veut vivre avec elle à nouveau. Mais elle ne lui ferme pas non plus totalement les portes, comme depuis le début, parce qu’elle n’est qu’un petit bébé Arya. Rien de plus. Et puis sa mère lui manque également. Elle a toujours eu besoin d’elle dans sa vie. Besoin d’elle pour tout, pour la conseiller, pour écouter ses histoires, pour lui remonter le moral à chaque fois qu’elle avait un petit chagrin. - Je ne sais pas si les appartements ici ressemblent à ceux de Los Angeles. Elle ne sait pas si elle se sentira de nouveau vraiment chez elle dans un autre endroit. Pas après avoir passé autant d’années là-bas.