✩ If I could melt your heart, we'd never be apart.
You only see what your eyes want to see How can life be what you want it to be You're frozen When your heart's not open You're so consumed with how much you get You waste your time with hate and regret You're broken When your heart's not open Mmm, if I could melt your heart Mmm, we'd never be apart Mmm, give yourself to me Mmm, you hold the key Now there's no point in placing the blame And you should know I suffer the same If I lose you My heart will be broken Love is a bird, she needs to fly Let all the hurt inside of you die You're frozen When your heart's not open…
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Un mois. Un mois, quatre semaines, trente jours et sept-cent-vingt heures. Cela fait tant de temps. Tant de temps qu’elle a passé sans sa fille à ses côtés. Elle ne l’a pas vue, elle ne l’a pas entendue, depuis tout ce temps. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, pourtant. Si, au début, elle a préféré lui laisser un peu de temps pour encaisser tous les bouleversements qu’elle a occasionnés dans sa vie… C’est différent depuis plusieurs jours. Depuis qu’elle est venue la retrouver, ici, à New-York. Car elle se rend bien compte qu’elle est en train de perdre sa fille, Cassey. Ce n’est pas du tout ce qu’elle cherchait, ni ce qu’elle voulait. Elle tentait uniquement de la protéger alors qu’un homme dangereux la menaçait de s’en prendre à elle. Elle, la prunelle de ses yeux. La jeune femme ne l’aurait jamais supporté. Elle a peut-être beaucoup de défauts. Elle n’est pas la mère parfaite, sûrement que non. Mais tout ce qu’elle a toujours fait, c’était uniquement pour Arya. Elle voulait la rendre heureuse, elle voulait la voir devenir une femme épanouie, avec la vie devant elle pour conquérir le monde. A la place, elle a dû l’éloigner, le plus loin possible, près de son oncle plutôt que la garder avec elle comme n’importe quelle mère digne de ce nom. En tentant de la préserver de ses problèmes, c’est leur relation qu’elle a mis en danger. Pourtant, elle ne regrette pas, Cassey. Elle préférerait que sa fille la déteste jusqu’à la fin de sa vie plutôt que l’imaginer s’arrêter. Car c’est cela, une mère, quelqu’un qui fait passer l’intérêt de son enfant avant le sien. Risquer la vie de sa fille, c’est… Simplement impossible. Inconcevable. Ce n’est pas pour autant qu’elle l’a abandonnée. Bien au contraire. Si elle est dans cette ville, aujourd’hui, c’est pour elle. Seulement pour elle. Comme tout ce qu’elle fait depuis dix-neuf ans.
Mais elle a conscience qu’Arya ne voit pas la situation de la même manière. Elle lui en veut terriblement de l’avoir envoyée chez Nikolaï, dans une ville qu’elle ne connaissait absolument pas qui plus est. Cassey le conçoit, tout ça, elle le comprend. C’est pour cette raison qu’elle a voulu lui laisser le temps de se préparer à sa venue. Pour cette raison qu’elle a mis des jours avant de grimper les marches de ce perron. Son frère l’a prévenue, l’accueil ne sera pas chaleureux. La blondinette refuse ses appels depuis un mois. Elle ne répond pas davantage à ses messages. Mais elle sait qu’elle est ici. Elle est préparée à sa venue. Reste à voir comment elle va réagir en se retrouve face à sa mère après plus d’un mois sans elle. Malgré l’appréhension, la jeune femme est aussi pressée, impatiente. Sa fille lui manque tant, plus que jamais, personne ne lui a manqué. Elle a besoin de revoir sa petite bouille, elle a besoin d’entendre sa voix. C’est cet empressement qui la pousse à sonner à la porte, sans guère attendre, sans guère réfléchir. Elle l’a déjà trop fait durant tous ces jours passés sans elle. Mais elle ne veut plus réfléchir, Cassey. Elle veut juste retrouver son bébé. Et, peu importe finalement, comment la conversation va se dérouler entre elles. L’essentiel, c’est qu’elle puisse crever l’abcès avec elle. L’essentiel, c’est qu’elle puisse enfin renouer un contact avec sa fille. Le premier depuis trop longtemps.
if I warned you that the fire’s gonna burn Would you walk in? Would you let me do it first?
Elle est là. Sa mère est là. A New-York. Dans cette ville où elle l’a expédié un mois plus tôt. Et elle ne comprend plus, Arya. Elle ne comprend plus rien. Depuis que Nikolaï lui a appris la nouvelle, elle ne sait plus quoi penser, elle ne sait plus quoi ressentir. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Elle est censée être loin, être en voyage, pour son travail. C’est ce qu’elle lui a dit. C’était son excuse pour l’envoyer vivre loin d’elle. Alors pourquoi est-elle revenue ? Pourquoi est-elle là, maintenant ? Si tôt ? Et surtout, que pense-t-elle trouver ici ? Depuis qu’elle a posé les pieds sur le sol New-Yorkais, Arya n’a plus donné aucun signe de vie à sa mère. Aucun. Ni appel, ni message. Et ce n’est pas parce qu’elle ne lui manque pas. C’est même tout le contraire, Cassey lui manque beaucoup plus qu’elle ne le voudrait. Elle a besoin de sa mère, Arya, elle n’a que dix-neuf ans et elle a besoin de la femme qui a toujours été la femme de sa vie. Mais elle a tellement mal. Elle est tellement blessée. Une blessure qui ne cesse de grandir de jours en jours. Alors elle ne veut pas avoir de contact avec elle. Elle ne veut pas lui donner l’impression que ce n’est pas grave, parce que c’est grave. Cassey est en train de la perdre. Aussi bien parce que leur relation ne sera plus jamais la même, que parce que la jolie blonde est en train de devenir une toute autre personne. Bien plus sombre, bien plus brisée. Et si elle continue à s’enfoncer de la sorte, elle pourrait ne jamais revenir à la surface, Arya. La seule et unique chose dont elle est certaine, c’est qu’elle ne veut pas voir sa mère. Cassey a fait son choix en l’envoyant ici. Elle a fait son choix en lui tournant le dos. Mais visiblement, sa mère n’est pas du même avis qu’elle. Arya est seule chez son oncle lorsqu’elle entend sonner à la porte. Alors elle va ouvrir, sans réfléchir, et c’est à cet instant précis qu’elle tombe face à elle. Sa mère. Son cœur se serre immédiatement, une partie d’elle, une grande partie, est vraiment bouleversée de la revoir. Mais sa fierté prend le dessus, et elle ne le montre pas. Elle ne veut pas le montrer. Ce serait bien trop facile, revenir comme cela et tout arranger alors qu’elle l’a abandonné un mois plus tôt. Rejetée, un mois plus tôt. Et surtout alors qu’elle a complètement retournée sa vie. Alors qu’elle lui a brisé le cœur, en quelque sorte. Nikolaï n’est pas là. C’est tout ce qu’elle trouve à lui dire, c’est tout ce qu’elle peut dire. Une ultime tentative de se préserver, de se protéger. Après tout, Cassey est partie une fois déjà. Elle est partie alors qu’Arya était persuadée que jamais sa mère ne l’abandonnerait. Tout a changé désormais. Et leur relation ne pourra plus jamais être celle qu’elle a été. Cassey a vraisemblablement choisi son travail, son travail plutôt qu’elle. Plutôt que sa propre fille. Et tout n’est peut-être pas si simple, mais elle l’ignore, Arya. Tout ce qu’elle sait, c’est uniquement ce qu’elle ressent, de la souffrance.
✩ If I could melt your heart, we'd never be apart.
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Rien de ce qu’elle fait n’est logique. Elle le sait. Ses derniers actes peuvent paraître incompréhensibles, insensés, inacceptables. Et, venir ici pour retrouver sa fille, un mois après l’y avoir laissée, ce n’est guère plus logique alors qu’elle affirmait devoir partir. Elle le sait, tout ça, Cassey. Elle a l’impression de faire n’importe quoi. Elle fait n’importe quoi. Et depuis tellement de temps, en plus. Mais, la vérité, c’est qu’elle s’est toujours laissée dirigée par ses émotions, ses sentiments. Sa raison, elle ne l’a jamais vraiment écoutée. C’est ce qui l’a plongée dans les ennuis jusqu’au cou, ce qui l’a poussée à éloigner Arya et, finalement, c’est ce qui la fait revenir vers elle. Simplement car elle lui manque à en crever. Son cœur l’appelle, il l’appelle depuis des jours et des jours. Elle ne pouvait plus faire comme si elle ne l’entendait pas. Ce n'est pas elle. Et, surtout, cela lui fait trop peur. L'idée de la perdre la terrorise comme rien d'autre n'a jamais pu lui faire peur. Alors, la voilà là, sur ce perron, prête à récupérer son bébé. Prête à reconquérir sa fille. Même si tout indique que ce ne sera pas aussi facile qu’elle le voudrait. A peine Arya ouvre-t-elle la porte qu’elle en a la confirmation. Son regard est, comme, glacial. Tout son être semble crispé alors qu’elle la fixe avec indifférence, elle, celle qui l’a mise au monde. – Arya… souffle-t-elle, bouleversée de la revoir. Elle est tellement émue, tellement bouleversée. Et, contrairement à sa fille, elle ne le cache pas. Car ce n’est qu’un masque, c’est obligatoirement un masque qu’elle prend, bordel. Elle ne peut pas n’en avoir rien à faire. Mais quand elle entend les premiers mots de la blondinette, quand elle entend sa voix pour la première fois depuis un mois, c’est pour lui dire que Nikolaï n’est pas là. Son cœur se serre, instinctivement, alors qu’elle accuse le coup. – Tu sais très bien que c’est pour toi que je suis là. dit-elle sans la quitter des yeux, tellement désireuse de la prendre dans ses bras mais… Elle n’ose pas. Elle que rien n’embarrasse, c’est tout de même un comble qu’elle se retrouve intimidée face à sa propre fille. La chair de sa chair. Son sang. Son bébé. Et c’est cette pensée qui la pousse, finalement, à avancer enfin pour la prendre dans ses bras. La serrer contre elle, juste, quelques secondes. Elle se dégage tout doucement, sans toutefois reculer, pour la regarder un instant. – Tu m’as tellement manqué, Arya. murmure-t-elle, sans la quitter des yeux. Elle profite de ces brèves secondes d’accalmie. Elles sont si précieuses car, elle le sait, la rancœur de sa fille ne va pas disparaître d’un claquement de doigt. Mais elle la retrouve enfin, après un mois entier passé loin d’elle. Jamais, le temps ne lui avait paru aussi long.
if I warned you that the fire’s gonna burn Would you walk in? Would you let me do it first?
Cassey semble bouleversée, émue, en la voyant. Au fond, elle aussi, elle a l’impression que cela fait des années qu’elles ne se sont pas revues. Mais elles ne vivent plus ensemble, elles ne vivent plus ensemble et c’est sa mère qui l’a décidé. C’est sa faute. Alors pourquoi est-ce qu’elle est déjà là ? Pourquoi est-ce qu’elle semble si émue ? En entendant ses paroles, la petite blonde détourne immédiatement le regard. Elle la laisse entrée, puisqu’elle n’a pas d’autre choix, mais cela ne signifie pas que c’est gagné d’avance. Bien au contraire. Elle a été bien trop blessée pour pouvoir s’ouvrir à nouveau. Leur relation en a pris un sacré coup, et quoi que Cassey puisse dire ou faire, ce qui s’est passé est irrémédiable. Alors comment peut-elle avoir le culot de lui affirmer être ici pour elle ? Vraiment ? Alors qu’elle l’a abandonné un mois et demi plus tôt. Elle n’est pas un objet, Arya. Sa mère ne peut pas la prendre et la laisser selon son bon vouloir, selon ses besoins. Pendant ce temps, elle avait besoin d’elle, Arya, mais Cassey n’a même pas dû y penser. Pas une seconde. Mais elle ne répond rien, elle n’en a pas le temps parce que Cassey s’approche d’elle et l’attrape dans ses bras. Elle la force presque. Mais Arya ne se débat pas, elle ne partage pas non plus cette étreinte, mais elle ne se débat pas. Elle ne se débat pas, parce qu’au fond, elle a besoin de cela. Elle a besoin de sa mère. Elle a besoin de la retrouver. Et ce même si elle ne l’avouera jamais. Même si elle n’est pas prête à lui pardonner. Arya se détache d’elle à son tour, et puis finalement elle se décide enfin à reprendre la parole. Tu es déjà revenue ? Parce que je ne comprend pas vraiment là. Elle croise les bras, réalisant que sa mère l’a expédié loin de chez elle, vivre ailleurs, pour seulement un petit mois et demi. Et l’espace de quelques instants, elle se demande ce qui ne tourne pas rond chez elle. Ou bien elle se demande si sa mère avait vraiment besoin d’une pause avec elle. Si elle n’en pouvait plus à ce point de vivre avec elle. Et puis qu’est-ce que tu fais ici, à New-York, plutôt que chez toi ? Chez toi. C’est volontaire, oui. Parce que Los Angeles n’est plus chez elle. C’est désormais ici qu’elle vit, à New-York, chez Nikolaï. C’est la maison que sa mère lui a imposée. La vie que sa mère lui a imposé.
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Elles n’ont jamais été séparées aussi longtemps toutes les deux. Elle n’a jamais été capable d’éloigner sa fille d’elle trop longtemps, Cassey. La plus longue séparation qu’elles aient connue, c’est lorsqu’Arya est partie en camp de vacances durant trois semaines. Les trois semaines les plus interminables de la vie de sa mère. Mais cela, c’était avant. Avant qu’elle ne l’envoie, ici, à New-York. Avant qu’elle ne gâche tout. Elle en a parfaitement conscience. Les réactions de sa fille ne font que confirmer les craintes qu’elle a en elle depuis le jour où elle l’a emmenée à l’aéroport de Los Angeles. Car l’attitude de la petite blonde en la voyant est loin de ressembler à celle qu’elle avait cet été-là, au retour de ses vacances. Elle est froide, si froide. Même lorsque Cassey la prend dans ses bras, elle ne réagit absolument pas. Elle se contente de rester de marbre, les bras ballants, alors que c’est sa mère qui la tient contre elle. Se reculant tout doucement, la jeune femme plonge son regard émeraude dans les yeux de sa fille qui semble déjà se replier sur elle-même. Elle a l’air indifférente, au mieux, perplexe. Elle le prouve d’ailleurs rapidement lorsqu’elle tente de comprendre ce qu’elle fait dans cette ville, plutôt que chez elle. Chez toi. Les mots percutent de plein fouet Cassey qui sent son cœur se serrer violemment dans sa poitrine. Elle parle comme s’il ne s’agissait plus de sa maison, elle parle comme si elle n’était plus… Sa mère. Elle déglutit difficilement mais tente de garder contenance devant elle. Hors de question de craquer, pas si vite. – Tu ne réponds à aucun de mes appels, Arya, tu pensais vraiment que je rentrerais à Los Angeles sans venir te retrouver ? Évidemment, elle ne dit pas tout. Elle ne lui dit pas que, à l’heure actuelle, il vaut vraiment mieux pour elle qu’elle évite de se retrouver à Los Angeles. Mais l’essentiel est là : Elle ne pouvait pas rester plus longtemps loin de sa fille en sachant qu’elle était en train de la perdre. C’était physiquement impossible pour elle. – Je sais que tu m’en veux de t’avoir envoyée ici. Mais c’est pour toi que je suis là. Tu es toujours ma fille, je n’ai aucune envie de te perdre ! Pire, elle en a peur. Terriblement peur. Car, elle le sent bien, tout a déjà changé entre elles. Leurs relations ont pu être conflictuelles, voire explosives. Mais, jamais, il n’y a eu cette indifférence de la part d’Arya. Celle qui brise à petits feux le cœur de sa mère.
if I warned you that the fire’s gonna burn Would you walk in? Would you let me do it first?
Ce qu’elle ressent est contradictoire, Arya. Elle a toujours eu besoin de sa mère. Elle a toujours eu besoin d’être près d’elle, avec elle. Elle a toujours eu besoin de cette relation, cette proximité, entre elles. Oui, elles n’ont jamais pu rester loin l’une de l’autre, jamais. Même l’espace de quelques jours. Mais là, cette distance entre elles, c’est une coupure. Une véritable coupure. C’est la première fois qu’elles sont loin si longtemps. La première fois qu’elles se retrouvent si loin. Mais le pire dans tout cela, c’est que c’est uniquement la faute de sa mère. Uniquement sa faute. C’est elle qui a décidé de l’éloigner. C’est elle qui a décidé de la rejeter. Et maintenant, elle se comporte comme si tout ceci était sa faute. Elle lui reproche presque de ne pas lui répondre, de ne plus lui répondre. A quoi bon ? Elle n’a absolument aucune envie de lui parler de sa vie ici. Elle n’a absolument aucune envie de lui dire comment cela se passe, entre elle et son oncle. Elle n’a aucune envie de lui expliquer à quel point elle est malheureuse, à quel point elle souffre d’être ici, loin d’elle. Et le problème, ce n’est pas New-York. Ce n’est pas Nikolaï. C’est uniquement leur relation. C’est uniquement elles. Et tout ce que cela implique pour Arya. Les bras croisés, elle reprend la parole, une nouvelle fois. Si je ne te répond pas c’est parce que je n’ai pas envie de te parler. Toi tu pensais vraiment qu’après m’avoir envoyé vivre ici j’allais faire comme si rien n’avait changé ? Parce que c’est faux. Tout a changé. Et peut-être qu’elle parvient parfaitement à jouer la comédie avec le reste de l’humanité, peut-être qu’elle parvient parfaitement à faire semblant, mais avec sa mère, c’est une toute autre histoire. Elle n’a jamais su mentir à Cassey. Alors plutôt que de devoir sans cesse prétendre qu’elle se fiche d’être ici, elle préfère ne plus répondre. Ne plus lui répondre. Et elle lui en veut tellement. Elle lui en veut tellement, à Cassey. Alors d’une voix un peu plus révoltée, elle répond immédiatement à ses secondes paroles. C’est un peu trop tard pour y penser ! Oui, trop tard. Trop tard parce que tout s’est brisé. Tout. C’est trop facile de revenir ici, sans prendre en compte ce que moi je ressens. Ce qu’elle ressent depuis que sa propre mère lui a tourné le dos. Depuis que sa propre mère a jugé bon de l’envoyer vivre loin d’elle.
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Fusionnelles. Trop fusionnelles. Elles ont toujours été toutes les deux, toujours si proches, jusqu’à l’adolescence d’Arya. Quelque chose a changé entre elle, sans que sa mère ne s’en rende véritablement compte, pas tout de suite. Peut-être que c’est là sa pire erreur. Elle a accordé moins de temps à sa fille au moment où, au contraire, elle en avait le plus besoin. Mais elle ne le savait pas, Cassey. Lorsqu’elle était ado, elle n’était pas du tout proche de sa mère. Elle aimait sa liberté, elle pensait qu’il en était autant pour sa fille. Mais elle se trompait lourdement. Leur relation n’a jamais ressemblé à celle qu’elle a toujours eue avec sa mère, elle est plus intense, plus forte que tout. Et c’est pour cette raison que la séparation a été aussi violente. L’éloignement et la distance ont eu un effet dévastateur sur leur relation, elle le voit rien qu’en se retrouvant face à son bébé qu’elle a tant de mal à reconnaître. Elle se cache. Elle sait qu’Arya ne cherche qu’à se protéger. Malgré les incompréhensions, malgré les non-dits, elle la connaît. Elle est celle qui l’a élevée, elle est… Sa mère. Simplement sa mère. Mais les réactions de la blondinette la blessent. Elle est tellement sur la défensive… Tellement prête à prendre le moindre mot de sa mère pour le retourner contre elle. Mais elle ne veut pas se disputer avec elle, Cassey. Elle veut la retrouver. Elle se mord la lèvre fébrilement, comme pour ne pas dire quelque chose qui empirerait plus encore la conversation. À la place, elle lui répond avec calme. – Je ne te faisais pas un reproche, tu me demandes pourquoi je suis là, je te réponds. Je suis là pour toi. Mais elle s’en fiche. Elle la déteste… Elle a l’air de tellement la détester. Elle n’a jamais été aussi glaciale avec elle. Elle l’atteint en plein cœur. Et c’est sûrement ce qu’elle veut. – Mais je ne demande que ça, savoir ce que tu ressens ! Ça fait dix-neuf ans que je ne pense qu’à ce que toi, tu ressens ! Mais qu’est-ce qu’elle attend d’elle, bon sang ? Elle voudrait qu’elle la laisse tranquille ? Qu’elle ne vienne plus jamais la retrouver ? Qu’elle l’abandonne alors que c’est précisément ce qu’elle lui reproche d’avoir fait ? – Et puis, en quoi est-ce que c’est « trop facile » ? Je ne suis pas une copine avec laquelle tu t’es disputée, Arya, je suis ta mère ! Tu voudrais quoi, qu’on reste dans cette situation ? Tu voudrais ne plus jamais me revoir ?
☾ ☾ ☾ if i told you this was only gonna hurt (cassey & arya)
Elle ne sait pas comment gérer. Absolument pas. Elle se retrouve face à sa mère, et au fond, elle aurait préféré que cela n’arrive pas. Elle aurait préféré rester dans ce silence. Parce que le silence, elle sait le gérer. C’est plus facile de faire semblant, c’est plus facile de jouer les dures, lorsqu’elle ne se retrouve pas face à Cassey. Mais là, tout est différent. Au fond, elle sait bien que non, non elles ne peuvent pas rester dans cette situation, sans ne plus jamais se voir. Mais elle ne sait pas non plus comment retrouver une sérénité avec elle. Pas alors qu’elles ne vivent même plus ensemble. Et elle n’a pas envie de se disputer avec elle. Elle n’a pas envie de se disputer alors qu’elle ne l’a pas vu depuis plusieurs semaines. Mais elle ne sait pas comment faire autrement. Elle ne sait pas, parce que tout est déjà allé bien trop loin désormais, la situation est déjà bien trop catastrophique. Et puis elle ne sait quoi lui répondre. Voilà la vérité. Cassey lui affirme qu’elle est là pour elle, qu’elle ne pense qu’à ce qu’elle, elle ressent. Mais il n’y a que sur ce point qu’elle ne peut pas la laisser dire cela, Arya. T’as pas pensé à ce que je ressentais quand tu m’as envoyé vivre ici ! C’est toute sa rancœur qui parle. C’est toute sa colère qui prend possession de son être, chaque jour un peu plus. Elle soupire, l’espace de quelques instants. Elle s’éloigne même un peu avant de finalement se retourner de nouveau vers sa mère. Très bien écoute, tu es là. Moi je vis chez Nikolaï maintenant. Qu’est-ce que tu veux que ça change ? Elle est là, la vraie question. Qu’est-ce que veut sa mère ? Qu’est-ce qu’elle compte faire pour arranger les choses ? Pour essayer de sauver les meubles ? Parce qu’Arya, elle, elle n’a aucune idée de ce qu’il faut faire. Et surtout, c’est une véritable guerre intérieure qu’elle est en train de vivre. Une partie d’elle n’est pas prête à faire le moindre effort alors qu’une autre crève de ne plus avoir sa maman dans sa vie. La petite blonde attend une réponse. Au fond, c’est peut-être un moyen de pousser Cassey dans ses retranchements. Un moyen de voir de quoi elle est capable. Et surtout, ce qu’elle est prête à faire pour la retrouver après l’avoir abandonné.
✩ If I could melt your heart, we'd never be apart.
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Cinq minutes qu’elles se sont retrouvées. Et, déjà, les reproches s’enchaînent. Elle lui en veut. Sa fille lui en veut à mort. Elle le voit bien, Cassey. Elle le savait, elle s’en doutait, elle a aussi été prévenue par Nikolaï. Mais… Mais peut-être qu’elle espérait, quand même, autre chose. Peut-être qu’une partie d’elle espérait que sa fille soit heureuse de la retrouver, malgré tout. Et elle se sent idiote d’y avoir cru. T’as pas pensé à ce que je ressentais quand tu m’as envoyée vivre ici ! Comment. Comment peut-elle lui dise une chose pareille ? Depuis dix-neuf ans, elle l’a toujours fait passer en priorité, Arya. Elle l’a fait passer avant l’amour, avant l’amitié, avant n’importe quelle relation qu’elle a pu avoir. Alors, certes, elle l’a envoyée chez son oncle à cause de ce prétendu voyage pour le travail. Mais, déjà, elle voulait uniquement la protéger. Puis, merde, même si elle l’avait fait, elle n’a pas le droit ? Elle n’a pas le droit, une seule fois dans sa putain de vie, de penser à elle ? Elle a l’impression que tout ce qu’elle a pu faire depuis la naissance d’Arya a totalement disparu. Que rien ne compte plus que ce seul acte. Et ça la rend dingue, Cassey. Elle essaie pourtant bien de garder son calme alors qu’elle reprend à l’intention de la jeune fille. – Je suis ta mère, Arya. Si je prends une décision, quelle qu’elle soit, j’ai forcément pensé à toi. Et si j’ai estimé que c’était la meilleure décision pour toi, c’est mon droit. Je ne m’excuserai pas, il faut que tu le comprennes bien. explique-t-elle, la voix plus calme qu’elle ne l’est en réalité. Elle est agacée, énervée. Elle voudrait juste retrouver sa fille, elle n’a pas l’impression de demander quelque chose de fou. Mais Arya se recule, elle s’éloigne. Elle a l’air perdue, bon sang. Et elle déteste la voir ainsi, Cassey. Elle voudrait lui faire réaliser que tout ce qu’elle veut, c’est son bien. Mais elle ne veut pas comprendre. Finalement, la petite blonde prend à nouveau la parole, plus froidement cette fois. Comme si elle n’était pas vraiment concernée, comme si elle pensait qu’il était déjà trop tard. À nouveau, sa mère s’avance jusqu’à elle. – Je veux te récupérer, c’est tout ! Tu ne vas pas vivre chez ton oncle éternellement. Elle veut vivre avec elle. Évidemment. Mais elle se rend bien compte que ce n’est pas ce qu’Arya veut. Elle se rend bien compte qu’elle va devoir se battre, pour la récupérer. – Je sais bien que tu as eu le temps de te construire quelque chose ici. Et je suis prête à rester, Arya, si c’est ce que tu veux. Ici, Los Angeles ou n’importe où ailleurs, je veux… Je veux juste être avec toi.
☾ ☾ ☾ if i told you this was only gonna hurt (cassey & arya)
Elle a l’impression d’être dans un monde parallèle, parfois, avec sa mère. Elle a l’impression qu’elles sont toutes les deux dans deux dimensions diamétralement opposées. Il y a quelques semaines de cela, Cassey l’a envoyé vivre ici pour partir travailler à l’étranger, et maintenant la voilà de retour dans le but de la « récupérer ». Des paroles qui font écho dans l’esprit d’Arya. Oui évidemment, elle est heureuse de voir que sa mère ne se fiche pas totalement d’elle, mais elle est aussi totalement perdue en voyant les revirements de situation qu’elle provoque. En réalité, elle est tellement déconcertée qu’elle ne sait absolument pas quoi répondre à toutes ses paroles. Elle ne sait plus sur quel pied danser, et elle est partagée entre colère et incompréhension. Je ne veux pas de tes excuses de toute manière, je ne les accepterais pas ! Alors ne t’en fais pas pour ça ! S’il ne s’agissait que d’une histoire d’excuses, les choses seraient beaucoup plus simples. Mais Cassey ne semble pas réaliser qu’elle a été véritablement blessée. Elle ne semble pas réalisée qu’elle se sent abandonnée. Vraiment abandonnée. Et au fond, Arya est persuadée que non, ce n’était pas la meilleure décision pour elle. Je crois que tu ne réalises pas, tu m’as forcé à quitter New-York, a lâcher toute ma vie là-bas, et un mois après tu reviens me chercher ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ? Et tu as déjà terminé ton travail à l’étranger ? Tout lui semble étrange. Cette histoire, c’est n’importe quoi. Si c’était pour partir si peu de temps, pourquoi n’aurait-elle pas pu rester chez elle en attendant, tout simplement. Elle a besoin d’avoir des réponses à toutes ces questions. Parce que Cassey lui a souvent reproché de faire n’importe quoi, mais au fond, elle a l’impression qu’elle aussi, elle fait n’importe quoi. Elle lui affirme même être prête à rester vivre ici. Après quelques secondes de silence, Arya reprend finalement la parole en la regardant. Moi je vis ici maintenant. Donc non, je ne vais pas encore changer d’école. Je ne vais pas encore déménager l’intégralité de mes affaires. Toi tu peux vivre où tu le souhaite. Ici… Si tu veux. Et voilà. Elle ne lui ferme pas complètement la porte. Sa carapace commence déjà à se fissurer. Mais Cassey ne peut pas lui demander de recommencer, une nouvelle fois. Elle ne le supporterait pas, Arya. Et surtout pas tant qu’elle n’aura pas eu d’explications. Et puis, elle n’est pas certaine de vouloir retourner à Los Angeles. Pas avec tout ce qu’elle a vécu là-bas.
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Sujet: Frozen. (Arya) 
Ven 8 Fév - 21:46
Un mois. Un mois, quatre semaines, trente jours et sept-cent-vingt heures. Cela fait tant de temps. Tant de temps qu’elle a passé sans sa fille à ses côtés. Elle ne l’a pas vue, elle ne l’a pas entendue, depuis tout ce temps. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, pourtant. Si, au début, elle a préféré lui laisser un peu de temps pour encaisser tous les bouleversements qu’elle a occasionnés dans sa vie… C’est différent depuis plusieurs jours. Depuis qu’elle est venue la retrouver, ici, à New-York. Car elle se rend bien compte qu’elle est en train de perdre sa fille, Cassey. Ce n’est pas du tout ce qu’elle cherchait, ni ce qu’elle voulait. Elle tentait uniquement de la protéger alors qu’un homme dangereux la menaçait de s’en prendre à elle. Elle, la prunelle de ses yeux. La jeune femme ne l’aurait jamais supporté. Elle a peut-être beaucoup de défauts. Elle n’est pas la mère parfaite, sûrement que non. Mais tout ce qu’elle a toujours fait, c’était uniquement pour Arya. Elle voulait la rendre heureuse, elle voulait la voir devenir une femme épanouie, avec la vie devant elle pour conquérir le monde. A la place, elle a dû l’éloigner, le plus loin possible, près de son oncle plutôt que la garder avec elle comme n’importe quelle mère digne de ce nom. En tentant de la préserver de ses problèmes, c’est leur relation qu’elle a mis en danger. Pourtant, elle ne regrette pas, Cassey. Elle préférerait que sa fille la déteste jusqu’à la fin de sa vie plutôt que l’imaginer s’arrêter. Car c’est cela, une mère, quelqu’un qui fait passer l’intérêt de son enfant avant le sien. Risquer la vie de sa fille, c’est… Simplement impossible. Inconcevable. Ce n’est pas pour autant qu’elle l’a abandonnée. Bien au contraire. Si elle est dans cette ville, aujourd’hui, c’est pour elle. Seulement pour elle. Comme tout ce qu’elle fait depuis dix-neuf ans. 
