suck my praise (angela edwards)

1 le malheur est quelque chose que tu ne connais pas, angela. tu es née dans une famille où ton genre était désiré, attendu, et apprécié ; ils voulaient tous voir en tête de l'arbre généalogique, une femme pour diriger ce monde masculin. seul petit bémol, aucun d’entre eux n'avaient prévu de te glisser une cuillère en argent dans la bouche contenant le fruit de la malice à ta naissance. 2 ta présence au sein de la grande maison – que tes invités pouvaient confondre avec château, a longtemps était un fléau pour tes différentes nounous ; tu étais turbulente, et détestais dès ton plus jeune âge recevoir des ordres. certaines sont parties en dépression, d'autres rapidement démissionnaient sous ton regard qui en disait long sur la menace. 3 en primaire, tu observais souvent tes camarades, surtout lorsqu'ils étaient tous dans les bras de leurs parents à se bécoter la joue ; alors que toi, tu étais assise à côté d'un homme en costard cravate dont tu ne connaissais pas le nom mais qui venait te chercher l'air stoïque tous les jours à l'école, lorsque tes parents étaient absents. 4 tu détestes les fêtes en général, mais par dessus tout : noël. tu ne comprends pas le but d'offrir à une date particulière des cadeaux – sans doute, parce que tu n'as jamais su faire une différence entre ce jour et toutes ces années où tes parents te couvraient d'offrandes, angela. tu hais aussi les repas de famille parce que pour toi, c'est un moyen d'ennui ou encore d'à nouveau ouvrir les foires aux questions sur ton avenir. tu trouves tes oncles et tantes espiègles, et ne te gênes surtout pas pour leur faire comprendre malgré les règles de bienséances. 5 tu as longtemps été bercée par l'influence médiatique : les filles s'habillent principalement en rose, ont les cheveux longs, se maquillent, et aiment les poupées. jusqu'à ce que tu découvres le monde réel, ton style était parmi les plus bas et tu avais des manières à en faire une réalité des clichés. 6 adieu les stéréotypes, c'est durant ton adolescence que tu te découvres une passion pour ta propre définition de la perfection. elle se résumait à trois mots, qui pouvaient parfois s'avérer dangereux les uns et les autres : folie, garce et sexy. c'est là que tu commences à créer ta personnalité, qui n'a rien de commun aux autres. 7 ta méchanceté était la justification de ton cercle de fréquentations qui ne se résumait qu'à une seule personne. ce n'était pas facile d'être ton ami, angela. il fallait beaucoup avoir de critères que d'autres gens n'avaient pas contrairement à toi, mais aussi beaucoup de courage. parce que oui, tu faisais de nombreux débats autour de l'harcèlement. tu as toi même poussé à bout de pauvres gamins de quinze ans pour ton simple et pur plaisir personnel. tu prêtais toujours attention à comment manipuler et briser les faibles. 8 pour faire toutes ces pires crasses, tu n'étais pas seule. logan, un garçon de ton âge avec lequel tu as grandi, te servait de partenaire. vous formiez le duo de choc que la population candide voulait connaître, mais aussi le duo sans pitié à éviter. personne n'osait se présenter sur le chemin que vous empruntiez, personne. ni même les professeurs dont vous aviez réussi à soutirer leur honte et leur secret. vous aviez une longueur d'avance sur tout ; et encore maintenant. 9 contrairement aux vrais topos de garce, tu n'as jamais fréquenté les boîtes. tout simplement parce que tu juges que ne pas vouloir se mélanger aux alcooliques, drogués et aux puceaux étaient meilleurs pour ta santé psychique. cependant, tu aimes organiser quelques fêtes privées où tu invites deux catégories de personnes que tu humilies à la fin de tes soirées par quelques petits coups bas, accompagné de ton meilleur ami. exemple : la fois où vous faisiez le jeu de la bouteille, la petite intello du groupe t'avait demandé si logan était ton copain. c'était une question que ton esprit ne s'était jamais posé. tu l'avais fixé cette nuit, et peut-être qu'il ne t'avait qu'échanger ce regard complice et espiègle que vous aviez toujours eu mais... tu as laissé tomber, et répliqué de façon hautaine qu'elle devrait aller dans d'autres endroits que chez toi, si elle était en manque de série à fleur bleue, la praline ou encore pour atténuer ses chaleurs. 10 angela, voilà maintenant vingt-et un an que tu es garce. joyeux anniversaire, honey. tu as soufflé tes bougies sous les caméras, parce que ça faisait télégénique de savoir que la edwards était bientôt proche de reprendre le flambeau d'une entreprise de riche. alors pour être parfaite, tu as souri aux téléspectateurs et puis, abandonné le plateau sous les regards ahuris de tes parents. tu n'es pas une bête de foire, angela. et tu comptes toi-même t’approprier de quoi concurrencer ce monde où les louanges hypocrites sont plus puissants que ton air faussement angélique.